Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 avril 2024 2 09 /04 /avril /2024 08:29
Pendant que nous construisons l’après-Macron, Raphaël Glucksman prépare l’après-Mélenchon !

Avec Glucksmann c'est la vieille gauche qui revient !

Ceux qui veulent le retour de François Hollande aux présidentielles peuvent voter pour Glucksmann aux européennes ou s'abstenir !

 

 

L'union de la gauche sans Mélenchon ? Manon Aubry répond à Raphaël Gluxmann...

...S’il y a un après à construire, c’est l’après-Macron, pas l’après Mélenchon. Et on ne peut pas le laisser dans les mains de Jordan Bardella et Marine Le Pen ni dans les mains de ceux qui ont créé Emmanuel Macron et permis son ascension. Voilà ce qui devrait nous occuper.

 

 

Source : Manon Aubry |

 

"  Cher Raphaël,

 

Dans une récente interview, tu as annoncé vouloir faire une union débarrassée de la ligne incarnée par Jean-Luc Mélenchon. “ Il faudra une union politique après ces élections mais ce ne sera pas sur la ligne de Jean-Luc Mélenchon[1] ”. Bien que je sois, tu t’en doutes, en profond désaccord, ta déclaration a le mérite de lever deux hypocrisies.

 

  • La première est de dire que cette élection européenne ne va pas impacter la structuration de la politique française.

Certains poussaient des cris d’orfraie quand nous parlions de l’importance capitale de cette élection dans le paysage politique national. Tu en fais désormais un argument de campagne en demandant la faveur des scrutins pour fonder une nouvelle union à gauche. Merci de nous donner raison sur ce point.

  • La seconde est que l’opposition à Mélenchon ne repose pas sur son style ou ses “ excès verbaux ”, mais bien sur sa ligne politique.

Cela a le mérite de la clarté. On comprend mieux pourquoi tu n’as pas soutenu le programme de la NUPES il y a deux ans, qui a pourtant remporté le 1er tour des élections législatives en 2022.

 


-  L’après-Macron plutôt que l’après-Mélenchon
Quand nous sommes occupés à construire l’après-Macron, tu prépares donc l’après-Mélenchon. C’est, je pense, une erreur politique à de nombreux titres.

  • Penser tout d’abord que le pouvoir pourra se conquérir sans le bloc populaire qu’a réuni Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise, seul parti de gauche à avoir dépassé les 20% ces 12 dernières années, c’est non seulement se priver d’une force populaire mais c’est nécessairement changer le barycentre politique.
  • Qu’est ce qui te pose problème dans “ la ligne Mélenchon ” et donc son corollaire le programme de l’avenir en commun ?
    • Est-ce l’engagement à rompre avec un modèle économique générateur d’inégalités et de désastres écologiques ?
    • La planification écologique ?
    • Le protectionnisme solidaire ?
    • La retraite à 60 ans ?
    • La taxation des plus riches et des multinationales ?

 

Renoncer à son ambition et à cette “ ligne ” c’est renoncer à une ambition écologique et sociale, dans l’espoir de charmer un électorat hypothétique, désillusionné par Macron, qui se contenterait de pansements sur une jambe de bois.

 

C’est sans doute ce qui caractérise le mieux la social-démocratie dont on a déjà bien vu avec François Hollande les limites et les échecs. L’union sans Mélenchon a déjà été testée entre 2012 et 2017. On a vu le résultat : la loi El Khomri, la déchéance de nationalité, le traité budgétaire européen et Manuel Valls à Matignon ! Merci, mais non merci.


La social-démocratie, ancrée dans une philosophie désormais obsolète, se limite à redistribuer les bénéfices d’une croissance économique, endossant ainsi tacitement les principes du capitalisme.

 

🔴 C’est, à mon sens, une double impasse.

  • Politiquement, cette approche ne remet pas en cause le rapport de forces favorisant ceux qui ont déjà amassé des richesses considérables - pas étonnant que tu ne vois d’ailleurs “ aucun problème si les riches paient leurs impôts”.
  • Structurellement, elle se base sur une croissance illimitée dans un monde aux ressources finies, déjà plongé dans une crise écologique insoutenable.
  • Figée dans ses origines, la social-démocratie a visé des gains mineurs dans le cadre du système économique actuel, sans explorer de véritables alternatives. Sa soumission aux lois du marché l’a même poussée à éroder les protections sociales qu’elle avait jadis mises en place.


Par conséquent, ses bases l’ont abandonnée, cherchant des ruptures politiques capables de mettre fin à la dégradation de leurs conditions de vie, tant écologiques que sociales.


C’est sur cette gauche laissée en jachère par les trahisons de François Hollande que nous avons cherché à reconstruire. C’est ce projet aussi qui m’a convaincue d’abandonner le monde associatif pour m’engager en politique il y a 5 ans quand la France insoumise est venue me chercher. Il fallait retrouver un récit et un horizon émancipateurs. Et rassembleurs. C’est le double défi que nous avons réussi, je crois, en 2022 avec le score de Jean-Luc Mélenchon de 22%.

 


-  Le programme de la NUPES comme boussole
Nous aurions pu à ce moment acter une victoire, comme une forme de revanche sur ceux qui ont fait perdre à la gauche sa boussole ces dernières années. Mais nous avons fait le choix d’ouvrir les portes et les fenêtres, de rassembler encore plus largement, pour créer la NUPES.


Derrière la NUPES une stratégie politique et un programme communs[2]. Sur lesquels le Parti Socialiste dont tu as pris la tête de liste pour les européennes, a pourtant fait campagne et lui a permis d’obtenir un groupe politique à l’Assemblée nationale.

  • Comment expliquer maintenant que le parti socialiste aurait renoncé à ce programme ? Sa stratégie ?
  • C’était juste un bout de papier sur lequel faire campagne pour sauver quelques sièges de députés ?


A toutes fins utiles, je rappelle que ce programme comportait un chapitre entier sur les questions européennes[2 chapitre 8]. Qui, je pense, pouvait marquer un moment fondateur au sein de la gauche, 17 ans après la déchirure du Traité Constitutionnel européen en reconnaissant enfin la primauté du vote des Français contre les règles libérales de l’Union européenne. Pour la 1ère fois, la gauche dans son ensemble était capable d’assumer les nécessaires rapports de force pour dépasser les blocages posés par les règles européennes.

 

  • Le marché de l’électricité européen impose une dérégulation de nos tarifs réglementés de l’électricité.
  • Les règles de la concurrence imposent la vente à la découpe de fret SNCF.
  • Les règles budgétaires imposent des coupes budgétaires dans nos services publics et la protection sociale comme les annonces de Bruno Le Maire le confirment.

🔴 Nous disons que nous n’appliquerons pas ces règles.


Je sais que tu n’as jamais soutenu la NUPES mais je veux ici interroger les millions d’électeurs et électrices de gauche qui ont cru et croient encore à son programme : veulent-ils un retour en arrière ?

 


-  Tu évoqueras certainement les questions internationales comme pomme de discorde.

Sur l’Ukraine, je connais nos divergences. Tu fais le choix de l’escalade militaire vers la guerre, je fais celui de l’action diplomatique pour la paix. Sur le plan de la guerre, tu sais que j’ai voté au Parlement européen tous les textes de soutien à l’Ukraine. J’ai d’ailleurs proposé également l’annulation de la dette ukrainienne plutôt que de les livrer aux griffes des marchés financiers. Nous étions bien seuls à mener ce combat. Mais nous refusons une escalade militaire qui pourrait se solder par une guerre généralisée entre deux puissances nucléaires. Le grand socialiste Jaurès ne disait-il pas “on ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre”. La guerre est une impasse, la seule issue est diplomatique.


Sur l’adhésion à l’Union européenne, je resterai fidèle au projet de la NUPES et continuerai de défendre l’harmonisation sociale, fiscale et environnementale comme condition préalable à tout élargissement. Je ne reviendrai pas sur l’échange fécond que tu as eu avec François Ruffin, lequel a minutieusement abordé cette divergence, notamment dans un contexte où le salaire minimum en Ukraine ne dépasse pas les 200 euros par mois. Après le précédent élargissement, la moitié des délocalisations a eu lieu au sein même de l’Union européenne et a accentué encore un peu plus une fracture entre les ouvriers et la construction européenne.


🔴 Ne reproduisons pas les mêmes erreurs.

 

 

-  La rupture, en France comme en Europe
L’unité pour l’unité n’a aucun sens. L’unité de la gauche ne saurait être réduite à une simple convergence de circonstances ou à un idéal abstrait.

 

  • Une vérité s’impose : la rupture a été le dénominateur commun entre des forces aux histoires, méthodes et projets politiques différents. Sans rupture, pas d’union. En incarnant cette ligne politique, Jean-Luc Mélenchon, a forgé cette union non par compromis, mais par la conviction ferme qu’un changement radical était impératif. Il a prouvé qu’une alternative était possible, et ce, contre toute attente.
  • Cette rupture n’est pas un mot théorique envoyé en l’air mais bien une réalité concrète et programmatique. Elle se manifeste à travers des choix politiques clairs, se distinguant de la voie empruntée par ceux qui préfèrent la cogestion confortable avec des forces opposées à nos valeurs.


🔴 C’est là peut-être là en réalité que se trouve notre point fondamental de divergence.

Je t’ai entendu dire “ faites de notre groupe le 1er groupe au Parlement européen ”. Outre que vous êtes donnés dans les sondages à une quarantaine de sièges du PPE, le groupe de droite et que le score français ne peut rien y changer, tu omets de préciser qu’en toute hypothèse le groupe socialiste ne sera jamais en mesure de gouverner seul les institutions européennes.

  • Une alliance sera donc reconduite entre les socialistes européens, le groupe des macronistes (Renew) et la droite comme vous avez gouverné ensemble avec la présidente de la commission européenne actuelle Ursula Von Der Leyen.
  • Une distribution des postes à prestige aura lieu dans un accord de couloir dont les institutions européennes ont coutume.
  • C’est le schéma qui se répète inlassablement : voilà plus de 40 ans que les socio-démocrates européens gouvernent avec la droite européenne.
  • Pour quelles politiques ? Aux côtés de la droite, les socialistes européens votent tous les accords de libre-échange, la réforme du marché de l’énergie qui va faire exploser nos factures d’énergie, ou encore la réforme du pacte asile-immigration, forme de copie bis de la loi Darmanin qui prévoit notamment le financement de murs aux frontières de l’Union européenne.
  • Les socialistes européens sont également responsables des nouvelles règles budgétaires qui prévoient la pire cure d’austérité que notre continent n’ait jamais connu. Cela fait des mois que j’alerte.

 

 

Nous avions déjà pris position sur ce sujet avec Jean-Luc Mélenchon en 2022, en mettant en garde contre un risque de hausse de la TVA. Nous y voilà : Bruno Le Maire et Emmanuel Macron déroulent leur plan de rigueur implacable et nous ont donné le menu de leur saignée sociale : suppression de postes dans les écoles, augmentation du reste à charge pour les médicaments et les consultations médicales, rabotage de la rénovation thermique des logements, nouvelle réforme de l’assurance chômage et donc, pour couronner le tout, une possible hausse de la TVA.


🔴 Bref, faire la poche des pauvres et des chômeurs plutôt que des profiteurs.

Tu vas me dire que tu ne partages pas forcément ces positions. Mais on ne parle pas de quelques positions isolées.

  • Lorsqu’elles sont majoritaires à plus de 90% dans ton groupe, comment penser sérieusement que cela va changer ?
  • Tu le sais comme moi, tous ces textes n’auraient pas été adoptés si la majorité du groupe socialiste européen ne les avait pas votés et soutenus.

 

-  Tirer les leçons des échecs passés
L’union que tu prônes en France est, en réalité, proche de celle que tu fais au sein du parlement européen : elle nie les leçons cruciales des deux dernières décennies. Faire abstraction des messages envoyés par le peuple, comme le rejet cinglant du traité constitutionnel européen de 2005, l’émergence déterminante du mouvement des Gilets jaunes, et les manifestations massives contre les réformes des retraites de Macron, c’est choisir sciemment l’aveuglement. Sans doute ils te paraissent étrangers car tu y as peu participé.


Mais ces événements ne sont pas anecdotiques à mon sens ; ils sont le reflet d’un désir profond de changement.
Prétendre repartir sur les bases d’une social-démocratie éculée, même repeinte aux couleurs de l’écologie, c’est ignorer les appels à une transformation radicale que les élections de 2022 ont rendus évidents.


🔴 La gauche doit être une force de rupture, pas d’accompagnement.

  • La véritable unité repose sur cette fondation.
  • Tout autre chemin est une impasse, une illusion dangereuse qui ne fera que perpétuer les cycles d’échecs et de désillusions.
  • Dès lors, tous ceux qui pensent que l’union se fera après les élections européennes contre sa force motrice nous condamnent à reproduire les erreurs de l’ère Hollande.


Cette lettre est peut-être un peu longue, mais la forme me paraît plus propice à l’échange intellectuel que quelques invectives sur twitter. Elle vise à nourrir la réflexion des électeurs de gauche, sans doute un peu circonspects (voire démobilisés) face à la désunion de la gauche.


Je veux leur dire que je continuerai de toutes mes forces à me battre pour réunir le plus largement possible sur la base du programme de la NUPES. C’est dans cet objectif que j’avais proposé la tête de liste aux écologistes[3] - je ne pense pas que beaucoup de responsables politiques aient déjà accepté de se retirer de la tête d’affiche ?


Pendant que certains veulent faire campagne contre la 1ère force de gauche, nous continuerons d’accueillir tous les orphelins de la NUPES[2][4]comme les écologistes Damien Carême (eurodéputé EELV), Camille Hachez (ancienne responsable des Jeunes écolos) ou Arash Saiedi (ex-coordinateur de Génération.s, le parti de Benoït Hamon).


🔴 Car s’il y a un après à construire, c’est l’après-Macron, pas l’après Mélenchon.
🔴 Et on ne peut pas le laisser dans les mains de Jordan Bardella et Marine Le Pen ni dans les mains de ceux qui ont créé Emmanuel Macron et permis son ascension. Voilà ce qui devrait nous occuper.


Manon Aubry "

 

Notes :

[1] Raphaël Glucksmann : La rupture avec Jean-Luc Mélenchon, sur le fond, est consommée

[2Programme partagé de gouvernement de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale

[3] Nous sommes prêts à ce que les écologistes mènent la liste commune, par exemple avec Marie Toussaint puisque c’est le choix qui a été fait par les membres d’EELV.

[4] Programme officiel de l'Union Populaire de Manon Aubry (Ce document s’appuie sur une version initiale rédigée à partir du programme des jeunes de la NUPES et du bilan de la délégation insoumise au Parlement européen.)

 

Pour en savoir plus

STOP ! Car avec Raphaël Glucksmann, un autre Macron est possible

 

Pendant que nous construisons l’après-Macron, Raphaël Glucksman prépare l’après-Mélenchon !
Partager cet article
Repost0
26 mars 2024 2 26 /03 /mars /2024 14:31
Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire
Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire
Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire
Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire
Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire
Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire
Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire
Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire

« L’action est aveugle sans la théorie. La théorie est vaine sans action. »

 

Le samedi 16 décembre 2023, les participant·es à l’Assemblée représentative de la France insoumise adoptaient la stratégie « L’Union populaire jusqu’à la victoire », ainsi que la feuille de route du mouvement pour 2024[0].
Aujourd'hui, retrouvez ci-dessous les fiches argumentaires de l‘Union populaire pour les élections européennes, le 9 juin 2024. Elles vous permettront d’avoir tous les arguments pour convaincre de voter pour la liste menée par Manon Aubry[1] et notre programme pour les élections européennes, qui est celui de la Nupes[3] réadapté[4].

 

 

Source : Eric DURAND | mis à jour le 14/04/2024

-  Faire un pôle public de l'énergie pour baisser les prix de l’électricité

Concrètement :

👉 Sortir du marché européen de l’électricité ;

👉 faire la gratuité des premiers kilowattheures ;

 

  • Ça veut dire quoi sortir du marché européen de l’électricité ?

Avant la mise en oeuvre du marché de l’électricité, le prix était basé sur son coût de production. L’énergie est désormais traitée comme une marchandise. Son prix varie selon la dernière source d’énergie activée - presque toujours les centrales à gaz, source la plus chère ! Il faut sortir du marché européen. Grâce à un pôle public de l’énergie, nous rétablirons des tarifs réglementés qui correspondent aux coûts de production et non à la spéculation des marchés. La sortie du marché n’empêche pas les échanges avec les autres pays, ils existaient avant le marché européen !

  • Les prix n’augmentent pas à cause de la guerre en Ukraine, mais des actionnaires

Le gaz représente entre 5 et 10 % du mix électrique français. Ce n’est pas la guerre en Ukraine qui a fait augmenter les prix de l’électricité. En réalité, le vrai coût de production de l’électricité ne varie pas depuis dix ans. Les factures flambent artificiellement à cause du racket organisé par les règles du marché, remplissant directement les poches des fournisseurs et des actionnaires.

  • Sortir du marché de l’électricité pour sortir de la précarité énergétique

La pauvreté explose partout en Europe. Environ 20 % des Françaises et Français ne peuvent pas se chauffer faute de moyens. Selon les estimations du magazine britannique libéral The Economist, 68 000 personnes sont mortes à cause de la crise énergétique en Europe au cours de l’hiver 2022-2023. En plus de réglementer les tarifs, nous proposons un vaste plan de rénovation de l’ensemble des passoires thermiques et la gratuité des premiers kilowattheures. Les députés de la France insoumise sont les seuls à s’être opposés à chaque étape à la continuation du marché de l’électricité en 2023.

 

🔴 CHIFFRES CLÉS
100 % : C’est la hausse des factures d’électricité depuis l’ouverture à la concurrence du secteur.
18,4 milliards € : C’est le montant des bénéfices distribués par TotalÉnergies à ses actionnaires en 2023. Un record !
42 millions : C’est le nombre de personnes en Europe qui ont souffert de précarité énergétique en 2022. Soit 35 % de plus qu’en 2021 (Eurostat).

 

Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire

 

- Transformer notre modèle agricole et alimentaire pour baisser les prix de l’alimentation en encadrant les marges des multinationales, sortir des pesticides & garantir une rémunération digne aux salariés de l’agriculture
Concrètement : 

👉 Garantir des prix planchers rémunérateurs aux agriculteurs et agricultrices ;
👉 Encadrer les marges de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution ;
👉 Renforcer les aides à l’installation des jeunes et des nouveaux agriculteurs et nouvelles agricultrices (y compris au-delà de 40 ans) ; 
👉 Adopter la clause de sauvegarde contre la concurrence déloyale ;
👉 Réduire le gaspillage alimentaire et viser un système 100 % biologique au plus tard en 2050 ;
👉 Appliquer une clause de sauvegarde sanitaire quand une production agricole importée contient des produits interdits en France pour des raisons de santé publique.

 

  • Les prix plancher de la France insoumise, un système « soviétique » ?

Non, ce système était le système prévalant dans l’Union européenne durant les 30 premières années de la PAC, jusqu’en 1992. C’est encore pratiqué dans de nombreux pays, dont le Canada ou les États-Unis ! Par ailleurs, nous ne proposons pas que l’État fixe unilatéralement les prix planchers. Nous proposons que la conférence publique de filière discute et détermine le prix plancher sur la base des coûts de production par bassin. Elle en a les moyens puisqu’elle réunit notamment les producteurs, les transformateurs, les distributeurs et les consommateurs. Le gouvernement intervient en dernier ressort si ce processus n’aboutit pas.

  • Faire une « pause » dans la réglementation environnementale ? Encore une mauvaise idée d’Emmanuel Macron

L’urgence climatique et environnementale ne permet pas de pause : ne pas agir, c’est menacer la capacité des générations futures de se nourrir. La France est déjà l’un des trois pays qui autorise le plus de substances actives de pesticides dans l’Union européenne (291 contre 220 en moyenne). La France dispose donc de 32 % de pesticides autorisés en plus que la moyenne des pays européens. 36 % de la population d’oiseaux des milieux agricoles a disparu depuis 1989. Nous ne pouvons pas nous complaire dans l’autosatisfaction. En revanche, il faut donner les moyens aux agriculteurs de réaliser la bifurcation agroécologique, en garantissant des prix rémunérateurs et des aides financières. Et en les protégeant de la concurrence déloyale par des mesures douanières et des clauses de sauvegarde, dans un protectionnisme solidaire. La Macronie, au contraire, abandonne les agriculteurs à la prédation des multinationales comme Lactalis qui paient un prix de misère.

  • Pour une agriculture biologique et garantie sans OGM

Les études scientifiques (CNRS, IDDRI, INRAE) convergent pour montrer qu’un système agricole 100 % biologique est possible en Europe d’ici 2050, et que cette bifurcation écologique est indispensable pour maintenir la capacité des générations futures à se nourrir ! En revanche, nous nous opposons à la déréglementation dangereuse des nouveaux OGM (NGT) prévue dans le plan de la Commission de la Ferme à la Fourchette - et que le Rassemblement National et Les Républicains soutiennent, en prétendant s’y opposer.

  • Non, la France insoumise ne veut pas priver les agriculteurs et agricultrices de 10 milliards d’euros par an en ayant voté contre la politique agricole commune (PAC)

Nous ne sommes pas contre la PAC mais nous avons voté contre la dernière réforme de la PAC, contrairement aux Macronistes, Républicains et Rassemblement National qui ont voté pour, car cette réforme est injuste et contraire à l’urgence écologique. Mais même si cette réforme n’avait pas été adoptée, la PAC précédente aurait continué à s’appliquer et l’argent aurait continué à être versé aux agriculteurs comme auparavant. Les 10 milliards de la PAC en France représentent en moyenne 25 000 euros par exploitation et par an : mais en réalité, quelques unes touchent beaucoup plus, et beaucoup touchent beaucoup moins ! Il faut redistribuer l’argent de la PAC aux
agriculteurs à travers une nouvelle réforme plus juste, plus écologique et plus respectueuse du bien-être animal.

  • Les lois Egalim ne garantissent pas les revenus des agriculteurs et agricultrices

Cela fait 6 ans que la loi Egalim 1 a été adoptée. Depuis, les rustines se multiplient : Egalim 2 (2021), Egalim 3 (2023). Si cela fonctionnait, les agriculteurs ne se mobiliseraient pas comme ils l’ont fait ces dernières semaines ! En réalité, quelles que soient les lois et les règles décidées par le parlement français dans les lois Egalim, la grande distribution fait tout pour les contourner. Les centrales d’achat européennes dans lesquelles se regroupent les grandes enseignes françaises choisissent d’éviter d’appliquer la loi française. Nous agirons pour frapper cette évasion juridique en imposant la loi française à toute entreprise qui commercialise en France et garantirons des prix rémunérateurs aux agriculteurs en fixant des prix planchers.

 

🔴 CHIFFRES CLÉS
16,2 % : C’est le taux de pauvreté monétaire dans les ménages agricoles (14 % en population générale) (INSEE 2024). Il est encore plus élevé dans certains secteurs : 24,9 % en maraîchage et horticulture, 23,6 % dans le secteur ovins, caprins.
100 000 : C’est le nombre de fermes qui ont disparu en 10 ans en France entre 2010 et 2020. Soit 10 000 par an. Près de 200 par semaine. Près de 30 par jour.

 

Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire
Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire

 

- Protéger notre santé, sortir des pesticides, abolir les règles anti-services publics

Concrètement : 

👉 Défendre la Sécurité sociale et le service public de santé, notamment l’hôpital public, combattre les injonctions de la Commission européenne d’y porter atteinte ;
👉 Constituer des pôles publics nationaux ou européens de production de médicaments (par exemple : paracétamol, pilule abortive) ;
👉 Renforcer les coopérations européennes en matière de santé, notamment concernant la prévention et la gestion des pandémies ;
👉 Généraliser et rendre obligatoire le Nutri-Score partout en Europe et y intégrer des critères de transparence sur la fabrication et le respect de l’environnement ;
👉 Organiser le déploiement de plateformes d’hébergement de données de santé publiques sécurisées dans chaque pays membre afin de garantir une souveraineté nationale aux membres de l’Union européenne sur leurs données de santé. 

 

  • L’Union européenne donne les armes à Macron pour casser l’hôpital public

En vingt ans, les services publics, piliers de l’État social français, ont été démantelés. La pandémie a démontré l’ampleur du désastre à l’hôpital, privé de bras et de matériel. L’asphyxie des services publics ne sort pas de nulle part, mais bien de la politique économique ultra-austéritaire impulsée par l’Union européenne et du zèle de Macron pour appliquer ses règles absurdes qui interdisent de dépenser de l’argent public pour protéger les gens. Elles peuvent pourtant être suspendues. Pour preuve, elles l’ont été pendant la crise Covid.

  • L’industrie alimentaire joue avec le cancer

Il faut en finir avec la malbouffe. Nous affrontons une épidémie de maladies chroniques et de cancers. L’agro-industrie et ses produits vendus à grand renfort d’additifs et de publicité en sont la cause. Les plus pauvres en sont les premières victimes. En finir avec la malbouffe est un enjeu de santé publique. Nous avons les moyens de produire autrement pour nous nourrir tous et mieux.

  • L’Union européenne empoisonne l’eau et l’air

En 2050, si on ne fait rien, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans. L’air, l’eau et les sols sont affectés par toutes sortes de pollutions plastiques, chimiques, industrielles. La pollution dans l’Union européenne est responsable de 250 000 décès prématurés chaque année. Nous refusons les logiques de financiarisation et marchandisation de la nature que l’Union européenne nous impose. C’est notre devoir de protéger ces biens communs essentiels à la survie humaine.

  • L’Union européenne a bloqué la levée des brevets sur les vaccins de l’Organisation mondiale du commerce (OMC)

Alors que l’Afrique du Sud et l’Inde étaient particulièrement touchés par le Covid-19, les deux pays avaient demandé la levée des brevets sur les vaccins auprès de l’OMC. Emmanuel Macron et l’Union européenne avaient préféré protéger l’industrie pharmaceutique et ses profits, plutôt que de participer à sauver des milliers de vies et de faciliter la sortie de la crise sanitaire. Jusqu’en 1959, il était interdit en France d’enfermer dans des brevets tous médicaments, dont les vaccins !

 

🔴 CHIFFRES CLÉS

90 % : C’est la part des Français qui sont pour la création d’un pôle public du médicament (Harris interactive, juin 2020).
98 % : C’est le pourcentage des Européens qui respirent un air pollué.
163 : C’est le nombre de services d’urgence qui ont dû fermer en France, au moins partiellement, au cours de l’été 2023.

 

Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire
Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire

 

- Assumer la désobéissance européenne, abolir les règles anti-services publics, mettre fin aux accords de libre-échange, contre le retour de la Commission européenne soutenue par la coalition de la droite, des macronistes et des socialistes

Concrètement : 

👉 Proposer de nouveaux traités respectueux de la souveraineté des peuples et les faire ratifier par référendum ;
👉 Mettre un terme à la concurrence libre et non-faussée qui empêche la constitution de pôles publics (énergie, transports, etc.) et la sortie des biens communs du marché

 

  • Pourquoi « sortir des traités » ?

Nous voulons bifurquer vers le mieux disant écologique et social. Or, un programme de rupture à la hauteur des urgences écologiques et sociales va à l’encontre des règles européennes actuelles : traités de libre-échange, concurrence libre et non faussée, marché européen de l’énergie, carcan budgétaire, politique agricole productiviste, Banque centrale européenne (BCE) dont les taux d’intérêt étranglent l’investissement des entreprises. « Sortir des traités » n’a qu’un sens pour nous : désobéir aux règles destructrices mises en œuvre par la Commission européenne, soutenue par la droite, les macronistes, et les socialistes européens !

  • Ça veut dire quoi désobéir ?

Notre premier objectif est de proposer aux États et peuples européens la rupture concertée avec les traités européens actuels avec la restauration de la souveraineté budgétaire, la modification du statut de la BCE, le protectionnisme solidaire, l’harmonisation sociale et écologique par le haut, etc. Si cela ne fonctionne pas, notre stratégie nationale n’a pas changé : nous portons l’application jusqu’au bout de notre programme en assumant la confrontation avec les institutions européennes. En conséquence, il nous faudra être prêts à désobéir à certaines règles. Ces deux stratégies s’alimentent : c’est en agissant en éclaireur qu’on pourra entraîner les autres peuples européens.

  • Mais alors à quoi ça sert de voter pour élire des députés insoumis aux européennes ?

Au Parlement européen, nous pouvons déjà bousculer les institutions pour ouvrir la voie, lancer l’alerte, bloquer la Commission européenne et arracher des avancées. Nous allons au Parlement européen pour mener des combats concrets et pas pour faire fonctionner leur système. Ces combats prolongent ceux de France et préparent ceux de notre campagne présidentielle en 2027. Nous sommes le rempart face à Macron et à l’extrême droite. Voter pour notre liste c’est voter pour la souveraineté des peuples, pour la planète, pour le camp de la paix, contre tous les génocides, et les crimes de guerre sans exception.

 

Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire

- Arrêter la concurrence entre les travailleurs européens, adopter la clause de présomption de salariat pour les travailleurs et travailleuses uberisés, stopper l’appauvrissement des jeunes

Concrètement : 

👉 Bloquer les prix des produits de première nécessité au niveau européen pour lutter contre l’inflation causée par les superprofits ;
👉 Mettre un terme au statut de travail détaché : les salariés détachés, y compris saisonniers, doivent relever intégralement, et seulement, du droit du pays d’accueil (horaires, salaires, cotisations sociales, indemnités, congés, etc.) ;
👉 Instaurer un impôt universel sur les entreprises (basant leur taxation sur l’activité effectivement réalisée dans les pays européens) et sur les revenus des particuliers dans les paradis fiscaux pour lutter contre l’évasion fiscale.

 

  • L’Union européenne précarise les travailleurs et les travailleuses

Avec le travail détaché, l’Union européenne met en concurrence les travailleuses et les travailleurs et fragilise leurs conditions de travail. Le système est simple : il permet par exemple à une entreprise française de faire travailler en France un travailleur étranger (ou français) en payant les cotisations sociales prévues par le pays d’origine. Cotisations qui sont souvent extrêmement faibles voire inexistantes selon les États ! Le travail détaché discrimine donc les travailleuses et travailleurs étrangers qui fournissent le même travail que leurs homologues locaux, provoque une concurrence déloyale avec les travailleuses et travailleurs français et un moins-disant social généralisé.

  • L’Union européenne pour les jeunes : un présent précaire, un futur effroyable

Pauvreté, chômage, dépression, précarité : les jeunes subissent de plein fouet les conséquences désastreuses des politiques uniquement guidées par la logique du profit immédiat. Contre cet appauvrissement de la jeunesse, nous renforcerons l’aide alimentaire, mettrons fin à la sélection à l’université et lancerons une directive pour que chaque jeune européen puisse bénéficier d’une garantie d’autonomie payée au-dessus du seuil de pauvreté (donc 1 158 euros en France). Et cela, dès 16 ans pour les élèves de l’enseignement professionnel.

  • L’Union européenne facilite la fraude fiscale

La crise sociale et écologique s’amplifie de jour en jour. Pour y répondre, il faudrait des investissements massifs dans nos services publics, dans les aides sociales, dans la lutte contre le dérèglement climatique, etc. Et pourtant, pendant ce temps, une poignée de privilégiés se gave et nous vole en ne payant pas leurs impôts. Parmi les tricheurs fiscaux, il y en a aussi qui nous gouvernent. Pas étonnant donc que l’Union européenne ne fasse rien pour lutter contre la fraude fiscale, y compris contre ses États membres qui sont des paradis fiscaux : Luxembourg, Irlande, Malte et les Pays-Bas.

 

🔴 CHIFFRES CLÉS

220 000 : C’est le nombre de travailleuses et de travailleurs (hors secteur routier) qui ont été détachés au moins une fois en France en 2022 par des entreprises étrangères établies à l’étranger.

4 : C’est le nombre de paradis fiscaux membres de l’Union européenne, selon l’ONG Oxfam : le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas et l’Irlande.
25,3 % : C’est le pourcentage de jeunes en Europe menacés par la pauvreté ou l’exclusion sociale (Eurostat 2021).

 

Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire
Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire

 

- Refuser l'austérité et le chantage de la dette publique, abolir les règles anti-services publics

Concrètement : 

👉 Obliger la Banque centrale européenne (BCE) à financer les politiques sociales et écologiques des États, en l’autorisant à racheter directement la dette des États sans passer par les banques privées, et en mettant en place une autorisation de découvert des États auprès d’elle (qui ainsi ne devront plus se financer sur les marchés financiers) ;
👉 Exiger que la BCE transforme la part de dettes des États qu’elle détient en dettes
perpétuelles à taux nul ;

👉 Organiser une conférence européenne sur les dettes souveraines sur la base d’audits citoyens pour préparer un réaménagement négocié de la dette publique.

 

  • La Commission européenne tue les services publics

En dehors d’être absurdes, les règles budgétaires européennes sont destructrices. Elles interdisent de dépenser de l’argent public pour protéger les gens en limitant le déficit public à 3 % du PIB et la dette à 60 % du PIB sans aucune raison économique rationnelle. Elles saccagent nos services publics, encouragent la privatisation et la mise en concurrence, affaiblissent nos systèmes de protection sociale et de santé et empêchent toute politique écologique. Ces injonctions ont eu des effets désastreux sur nos services publics. Elles permettent l’intensification de la concurrence dans le secteur de l’électricité et du ferroviaire, la baisse des allocations familiales et des aides au logement, la baisse de moyens alloués au système de santé… Nous proposons au contraire l’abolition de ces règles et la désobéissance aux traités. Ainsi fera-t-on chaque fois que ce sera nécessaire pour financer le nouveau modèle écologique d’agriculture, la rénovation des logements, le développement des énergies renouvelables et le transport ferroviaire.

  • La France ne vit pas au-dessus de ses moyens

L’État français n’est pas un acteur économique comme les autres. Il détermine le montant de ses dépenses mais aussi de ses recettes en fixant le niveau des impôts. L’État détermine aussi sur quelle durée il s’endette : la France émet des obligations à 30 ans tandis que certains États ont émis de la dette à 50 voire 100 ans. Enfin, les États ne remboursent pas leurs dettes : quand un titre de dette publique arrive à expiration, l’État réemprunte le même montant.

  • Oui, mais la France serait trop endettée ?

Non, le niveau de dette publique de la France est tout à fait soutenable. Même en prenant l’indicateur utilisé par les néolibéraux (le ratio dette / PIB), la dette de la France est inférieure à celle d’autres économies développées comparables : la dette des États-Unis représente 123 % de leur PIB, celle du Japon 217 %, tandis que la France est à 112 %. Ce n’est pas le montant total de la dette publique qui est important, mais le coût de cet endettement (donc le taux d’intérêt fixé par les marchés financiers), c’est pourquoi nous voulons sortir le financement de l’État des griffes de la finance ! Pour cela, il faut autoriser la Banque centrale européenne à prêter directement aux Etats.

  • La BCE veut étrangler les États

Les intérêts de la dette publique de la France ont beaucoup augmenté depuis trois ans. Cela pèse sur le budget de l’État. C’est la conséquence de choix politiques : d’une part, la BCE a arrêté de racheter la dette publique des États membres en circulation sur les marchés, et d’autre part, la BCE a augmenté les taux d’intérêt. En 2020, quand la BCE rachetait massivement la dette souveraine française et que ses taux d’intérêt étaient à 0 %, la charge d’intérêts s’élevait à 30 milliards d’euros. En 2024, elle s’élève à 52 milliards d’euros et pourrait atteindre 74 milliards en 2027. Nous exigeons que la BCE continue à racheter la dette publique en circulation sur les marchés et la transforme en dette perpétuelle à taux nul, afin que les États puissent se financer à bas coût.

 

🔴 CHIFFRES CLÉS

26 % : C’est la part de la dette publique française qui est détenue par la BCE et la Banque de France (au nom de la BCE) et qui correspond, fin février 2024, à 800 milliards d’euros.
3 % : C’est le taux auquel la France emprunte à 10 ans, sur les marchés financiers en février 2024. Entre juillet 2019 et septembre 2021, ce taux était négatif (en dessous de 0 %), grâce aux achats de dette souveraine de la BCE !
x 10 : C’est la différence entre le montant total de la dette publique française et celle des États-Unis, qui est 10 fois plus importante. 3088 milliards d’euros pour la dette française, ça peut paraître beaucoup mais ce n’est rien par rapport aux 34 trillions de dollars d’endettement public étasunien.

 

Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire
Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire

 

- Passer à l'écologie populaire, passer au 100 % énergies renouvelables à horizon 2050, taxer les riches et les superprofits

Concrètement : 
👉 Appliquer la règle verte à toutes les politiques européennes ;
👉 Atteindre la neutralité carbone en Europe à horizon 2040 ;
👉 Instaurer une taxation des biens et loisirs anti écologiques des ultra-riches, et interdire les plus climaticides ;
👉 Favoriser le développement et la rénovation des lignes de fret, des trains du quotidien et des trains de nuit entre pays européens ;
👉 Créer un tribunal international de justice climatique avec les États volontaires ;
👉 
Porter au niveau international la reconnaissance de l’écocide.

 

  • Le marché carbone : un passe-droit aux entreprises pour polluer

Le marché carbone est un système qui octroie aux entreprises chaque année un quota de droits à polluer gratuitement qu’elles sont censées ne pas dépasser. Si c’est le cas, aucune inquiétude pour elles, elles peuvent acheter des quotas supplémentaires, auprès d’autres entreprises mais aussi d’États membres qui mettent aux enchères des quotas supplémentaires. Ainsi, prétend la Commission européenne, ils peuvent récupérer des financements pour leurs politiques écologiques tout en permettant de polluer encore plus. C’est un fonctionnement absurde. Il faut enfin acter la défaillance de ce dispositif. Il est temps d’instaurer une véritable planification de la réduction des émissions dans les secteurs énergétique et industriel, par le biais d’objectifs sectoriels contraignants.

  • Taxer les riches, ça finance la bifurcation écologique

Les riches polluent. Bernard Arnault a une empreinte carbone de consommation 1 270 fois supérieure à un Français moyen. Une taxation juste des ultra-riches permettrait de lutter à la fois contre les inégalités et contre le changement climatique. Grâce à de nouvelles ressources comme l’impôt sur la fortune, la taxation des biens et loisirs anti-écologiques ou encore la taxe sur les superprofits, nous pourrions générer 3 000 milliards d’euros de recettes supplémentaires sur 5 ans dans toute l’Europe. De quoi financer la bifurcation écologique et la solidarité sociale ! Au lieu de cela, l’Union européenne veut étendre l’injuste taxe carbone aux ménages.

  • Nous taxer plutôt que nous aider

En avril dernier, le Parlement européen a voté en catimini un texte de la Commission européenne. Sous couvert d’accélérer
la diminution des émissions de gaz à effet de serre, ce texte contenait en réalité une extension injuste et absurde du marché carbone au chauffage et à l’essence pour les particuliers. Résultat, le prix du litre d’essence risque d’augmenter de cinquante centimes ! Pendant que les plus riches polluent en toute impunité, les plus pauvres vont devoir payer pour le prix de la transition écologique. Au contraire, nous proposons d’augmenter les aides à la rénovation des passoires thermiques et au développement des alternatives à la voiture individuelle.

  • Le nucléaire, une impasse mortelle

Les effets du dérèglement climatique s’accélèrent et les décisions cruciales doivent être prises maintenant : le nucléaire et les énergies fossiles sont une impasse dont nous sortirons. Les réacteurs nucléaires français sont vieillissants : rien que pour les maintenir en fonction, il faudrait investir plus de 100 milliards d’euros, qui manqueraient donc pour les énergies renouvelables. Aujourd’hui, ces dernières sont moins chères. S’ajoutent à cela les autres problèmes du nucléaire, comme les risques d’accidents, la nécessité d’importer les matières premières ou encore la vulnérabilité des centrales au changement climatique.

 

🔴 CHIFFRES CLÉS

10 % : Les 10 % les plus riches sont responsables de plus de la moitié des émissions mondiales.
100 milliards € : C’est ce que coûterait la prolongation des réacteurs nucléaires français.
100 milliards € : C’est aussi le montant des quotas de pollution offerts gratuitement à l’industrie par les États membres de l’Union européenne entre 2013 et 2021.

 

Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire
Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire

 

- L’extrême droite contre nos droits fondamentaux, inclure le droit à l’IVG et à la contraception, et leur accès gratuit pour toutes les femmes, dans la Charte européenne des droits fondamentaux

Concrètement : 
👉 Parler devant l’assemblée, lancer les alertes, résister face aux remises en cause des droits, c’est la première tâche de nos députés face aux réactionnaires et aux indifférents qui préfèrent regarder ailleurs ;
👉 Combattre toutes les formes de racisme et de discriminations, liées aux origines, aux handicaps, à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre en faisant aboutir le projet de directive globale et universelle de l’Union européenne contre toutes les discriminations ;
👉 Lutter contre les violences faites aux femmes et proposer une loi européenne sur le consentement ;
👉 Lutter contre les mouvements dits « anti-genre » qui s’opposent aux droits des femmes et des personnes LGBTI à travers toute l’Europe ;
👉 Combattre toutes les manifestations du racisme, notamment les violences antisémites et l’islamophobie ;
👉 Garantir l’égalité des droits pour les couples de même sexe (union civile, mariage, adoption et filiation des enfants) dans toute l’Union européenne ;
👉 Donner des droits identiques au reste de la population à toutes les personnes en situation de handicap : éducation, emploi, déplacements, prestations sociales, vie politique.

 

  • L’extrême droite : une arnaque sociale[2]

Le Rassemblement national prétend être du côté du peuple. Pourtant ses parlementaires ont voté contre l’augmentation du SMIC, contre l’élargissement de la taxe sur les superprofits à tous les secteurs, contre l’instauration d’un impôt sur la fortune (ISF) européen et d’un impôt européen sur les hauts revenus, pour la Politique Agricole Commune qui profite surtout aux gros exploitants. Ils ne défendent que les riches et leurs intérêts.

  • L’extrême droite menace le droit à l’avortement

Les droits des femmes sont sans arrêt attaqués par l’extrême droite et les conservateurs. L’extrême droite a voté contre l’accès universel des femmes à l’avortement au Parlement européen. En Slovaquie, 11 propositions de loi ont été déposées entre 2018 et 2020 pour restreindre l’avortement par des alliés du Rassemblement National et des Républicains. En Pologne, l’avortement est seulement autorisé en cas de viol, d’inceste ou de danger pour la vie de la mère. À Malte, il est totalement interdit. Face aux réactionnaires, la France insoumise défend toujours les droits des femmes. La France a marqué l’histoire en devenant, à partir d’une proposition insoumise, le premier pays au monde à inscrire le droit à l’avortement dans sa Constitution. Nous élargirons le combat afin que chaque personne en Europe puisse avoir le même droit fondamental à disposer seule de son corps.

  • Les personnes LGBTI sont toujours la cible de violences

Les discriminations à l’égard des personnes LGBTI restent nombreuses aujourd’hui en Europe. La Hongrie de Viktor Orbán et la Pologne de Mateusz Morawiecki ont pris des mesures discriminantes en étant soutenus par les parlementaires d’extrême droite au Parlement européen. Ils ont refusé de condamner une loi associant homosexualité et pédophilie en Hongrie. Ils ont également voté contre la reconnaissance des mariages et autre unions de personnes de même sexe à travers toute l’Union européenne. La France insoumise portera toutes les mesures nécessaires pour lutter contre ces discriminations, garantir l’égalité des droits pour les couples de même sexe dans toute l’Union européenne et permettre la reconnaissance entre États des couples de même sexe, mais aussi celle de la parentalité trans.

  • Le racisme et l’extrême droite : deux courbes qui augmentent simultanément

Le Rassemblement National a un discours au racisme assumé. Parmi ses députés, siège un ancien patron de librairie négationiste et antisémite condamné pour violences en réunion avec arme. Ses partis alliés au Parlement européen ne sont pas en reste. L’AFD, son homologue allemand, ne cache même pas son programme néo-nazi en ayant travaillé sur un plan d’expulsion violente (appelé « remigration ») de 2 millions de personnes. Face à la montée des racismes, la France insoumise sera toujours du côté du principe d’égalité. Face à la montée de l’extrême droite et à la diffusion de ses idées racistes et antisémites partout en Europe, nous construirons un barrage antiraciste et antifasciste.

 

🔴 CHIFFRES CLÉS

2 555 : C’est le nombre de femmes qui meurent chaque année sous les coups de leur conjoint ou d’un membre de leur famille en Europe.
40 % : C’est le pourcentage de personnes LGBTI qui subissent du harcèlement chaque année en Europe en raison de leur orientation sexuelle ou identité de genre réelle ou supposée.
45 % : C’est le pourcentage de personnes noires en Europe qui déclarent avoir été victimes de discriminations sur la base de leur couleur de peau dans les cinq dernières années.

 

Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire
Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire

 

- Pour une politique migratoire humaniste en Europe, garantir le droit d’asile sur le sol européen

Concrètement : 
👉 Lutter contre l’exil forcé et ses causes ;
👉 Agir pour la lutte contre le dérèglement climatique et créer un statut de détresse environnementale couvrant tout type de catastrophe ayant entraîné une migration forcée ;
👉 Remplacer l’agence meurtrière Frontex par une agence européenne civile de sauvetage en mer et sur terre, en appui de l’agence de l’Union européenne pour l’asile (AUEA) ;
👉 Combattre la criminalisation et les campagnes de harcèlement conduites à l’encontre des associations d’aide et des personnes solidaires avec les migrants.

 

  • Nous pouvons sauver des vies

Aux frontières de l’Union européenne, pas une semaine ne se passe sans qu’un nouveau drame ne se produise, qu’un nouveau mur ou une nouvelle clôture ne s’érige. La Méditerranée et la Manche sont devenues des cimetières à ciel ouvert. Au large de Mytilène en Grèce, c’est même un filet de 27 km en mer dont il a été question. L’agence Frontex a été accusée à plusieurs reprises d’avoir repoussé illégalement des bateaux de migrants. On comprend mieux pourquoi son ancien président est désormais candidat avec le Rassemblement National. Nous sanctionnerons tous ces refoulements illégaux. En parallèle, il s’agit de protéger l’activité des navires humanitaires et d’ouvrir des voies de migrations légales et sécurisées pour éviter, à chaque fois que cela est possible, que des êtres humains risquent leur vie sur la route de l’exil.

  • Plutôt que de créer de la souffrance et du désordre, agir sur les causes des migrations forcées

Les pays les plus riches ont souvent la responsabilité des migrations forcées de par leur implication dans la multiplication des conflits armés, la destruction des économies locales par la mondialisation et le réchauffement climatique. Face à cela, l’Union européenne doit porter la voix de la paix en étant non-alignée et en défendant le droit international, dont fait partie la sécurité alimentaire. Elle doit aussi mettre fin aux accords inéquitables passés avec les pays de départ et les remplacer par des partenariats durables, notamment dans les domaines du commerce et de la pêche. Nous créerons également un statut de détresse environnementale couvrant tout type de catastrophe ayant entraîné une migration forcée.

  • Non, l’immigration ne coûte pas cher à la société

L’immigration a une contribution positive à la société française. Certains aspects de cette contribution sont peu mesurables, comme ses apports à la culture française, aux horizons musicaux, culinaires, linguistiques, cinématographiques de l’ensemble de ses citoyens. Combien de prix Nobel français ont immigré en France comme réfugiés ? D’autres en revanche le sont : il s’agit des aspects socio-économiques, également cruciaux pour notre société. La présence de personnes immigrées sur le sol français n’est pas un coût pour les finances publiques, mais présente un solde positif. Nos régimes de retraite et notre assurance-maladie sont alimentés par les travailleurs étrangers. Quant à leurs luttes, elles ont transformé en mieux le droit français. C’est par exemple grâce aux luttes de travailleurs étrangers que l’empoisonnement au plomb sur le lieu de travail est poursuivi

 

  • Il n’y a pas de « submersion migratoire »

Les Nations Unies estiment à 281 millions le nombre de personnes migrantes en 2020. Cela représente 3,6 % de la population mondiale, soit une infime minorité. En Europe, les arrivées de populations ne sont pas massives non plus : la même année, les réfugiés représentent 0,6 % de la population totale. La majorité des migrations s’effectuent dans la même région que le pays d’origine. Nous pouvons accueillir dignement celles et ceux qui cherchent refuge sur notre sol, comme cela a été le cas avec les Ukrainiens. Il n’y a pas d’invasion migratoire mais des instrumentalisations xénophobes.

 

🔴 CHIFFRES CLÉS

7,7 % : C’est le pourcentage d’étrangers, étudiants compris, vivant sur le sol français d’après l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE). Il est inférieur à la moyenne de l’Union européenne qui est de 8,4 %.
50 % : C’est la part de migrations estudiantines dans la hausse des titres de séjour. Leur nombre est passé de 193 000 en 2005 à 311 000 en 2022 d’après l’Institut Convergences Migrations (Collège de France). Non, nous ne ferons pas la guerre aux étudiants !
29 056 : C’est le nombre de migrants disparus en Méditerranée depuis 10 ans selon l’Organisation Internationale pour les migrations (OIM).

Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire
Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire

 

- Respecter la souveraineté des peuples, chasser les lobbies des institutions européennes

Concrètement : 
👉 Proposer de nouveaux traités respectueux de la souveraineté des peuples et les faire ratifier par référendum ;
👉 Interdire les rémunérations annexes des députés et responsables européens susceptibles de créer des conflits d’intérêts, tout comme les cadeaux et voyages offerts ;
👉 Créer un RIC européen en réformant le dispositif d’initiative citoyenne européenne.

 

  • La voix des peuples ignorée par la caste qui nous gouverne

En 2005, les peuples de France et des Pays-Bas ont rejeté par référendum le projet de constitution européenne. Ce texte a
ensuite été recyclé dans le Traité de Lisbonne, adopté en 2009 par une procédure parlementaire violant le vote populaire. L’architecture actuelle de l’Union européenne est donc illégitime. Il faut rétablir la souveraineté des peuples en Europe en faisant respecter les votes populaires. Retrouver la souveraineté populaire passe déjà par mettre fin à la culture d’opacité qui mine la confiance des citoyens. Cela nécessite dans un premier temps de rendre l’ensemble des votes des parlementaires public et lisible pour chaque citoyen. Enfin, pour que la voix des peuples soit vraiment écoutée, toute révision des traités, tout élargissement de l’Union européenne, devrait être soumis à ratification par des référendums nationaux.

  • La lobbycratie à Bruxelles : un cas d’école

Le Parlement européen est envahi par les lobbyistes : plus de 70 par parlementaire. Le secteur représente un business estimé à 3 milliards d’euros par an au sein de l’Union européenne. Une activité lucrative pour le secteur privé (tabac, chimie, automobile, filière laitière, etc.) qui représente 70 % des lobbyistes présents mais pas seulement ! On estime entre 4 et 11,5 millions d’euros le montant des rémunérations annexes perçues chaque année par les parlementaires européens. Un quart des députés sont impliqués dans des affaires ou des scandales (détournement de fonds, corruption, etc.). Aucun des nôtres ! Nous continuerons le combat mené par Manon Aubry pour chasser les lobbies. Aujourd’hui, grâce à elle, les parlementaires sont obligés de publier leur déclaration de patrimoine ainsi que tous leurs rendez-vous et ceux de leurs assistants. Nous irons plus loin : fini les cadeaux, voyages et toute forme de rémunération annexe pour les parlementaires, avec nous ce sera interdit.

  • La France peut se retirer unilatéralement de certains programmes

L’histoire entière de l’Union européenne est faite de rapports de force et coopérations à géométrie variable. Plusieurs pays ont obtenu des options de retrait (opt-out) de certaines politiques européennes. De fait, ces dispositions ne se sont jamais appliquées à eux ! Ces opt-out peuvent se négocier au moment de la signature du traité. L’Irlande a ainsi obtenu un opt-out sur l’espace Schengen et le Danemark ne participe ni à la politique de défense et de sécurité commune ni à l’euro. Les opt-out peuvent aussi s’obtenir si le traité est déjà signé : c’est le cas de la Suède, qui s’était engagée à rentrer dans un mécanisme des taux de change européens dans le cadre de l’euro, mais qui a dû y renoncer à la suite d’un référendum. Pour éviter un blocage de tout le processus, la Commission européenne et la Banque centrale européenne ont préféré lui accorder un opt-out de facto. Notre ligne d’action n’est donc en rien une exception quant aux moyens qu’elle utilise. Mais elle l’est quand elle utilise ces moyens au service d’une tout autre politique que celle des libéraux et des sociaux-démocrates en rendant sa souveraineté au peuple.

 

🔴 CHIFFRES CLÉS

26 500 : C’est le nombre de lobbyistes présents de façon régulière à Bruxelles, soit plus de 70 lobbyistes par parlementaire.
50 % : C’est le pourcentage d’anciens commissaires européens devenus lobbyistes.
Entre 4 millions et 11,5 millions € : C’est le montant des rémunérations annexes perçues chaque année par les parlementaires européens.
55 % : C’est le pourcentage d’électeurs français qui ont voté « non » au traité européen en 2005. 

 

Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire
Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire

- Élargissement : une catastrophe sociale et environnementale, refuser l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne

Concrètement : 
👉 Refuser tout nouvel élargissement de l’Union européenne tant qu’une harmonisation écologique, sociale, fiscale et des droits humains n’a pas été décidée ;
👉 9 pays sont actuellement candidats à l’entrée dans l’Union européenne : la Turquie, le Monténégro, la Serbie, l’Albanie, la Macédoine du Nord, la Bosnie-Herzégovine, la Géorgie, la Moldavie et l’Ukraine.

 

  • Une mise en concurrence déloyale pour l’agriculture française

En rejoignant l’Union européenne, l’Ukraine deviendrait le plus grand bénéficiaire des subventions de la Politique agricole commune (PAC), devant la France. Et cela alors que la France donne déjà à l’Europe 9 milliards de plus qu’elle reçoit. Cela réduirait les subventions agricoles aux États membres actuels d’environ 20 % par hectare cultivé… et anéantirait l’aide aux agriculteurs de France. D’autant que le prix des aliments est également beaucoup moins cher qu’en France avec des normes au rabais. Le prix du filet de poulet ukrainien est inférieur de 40 % à celui du poulet français. L’agriculture ukrainienne ruine déjà celle des autres pays de l’Union européenne : suite à la suppression des droits de douane en mai 2022, les importations de viandes de volailles ukrainiennes en France ont bondi de 74 % dès le premier semestre suivant cet accord.

  • Une mise en concurrence déloyale pour l’agriculture française

En rejoignant l’Union européenne, l’Ukraine deviendrait le plus grand bénéficiaire des subventions de la Politique agricole commune (PAC), devant la France. Et cela alors que la France donne déjà à l’Europe 9 milliards de plus qu’elle reçoit. Cela réduirait les subventions agricoles aux États membres actuels d’environ 20 % par hectare cultivé… et anéantirait l’aide aux agriculteurs de France. D’autant que le prix des aliments est également beaucoup moins cher qu’en France avec des normes au rabais. Le prix du filet de poulet ukrainien est inférieur de 40 % à celui du poulet français. L’agriculture ukrainienne ruine déjà celle des autres pays de l’Union européenne : suite à la suppression des droits de douane en mai 2022, les importations de viandes de volailles ukrainiennes en France ont bondi de 74 % dès le premier semestre suivant cet accord.

  • Ce n’est pas aider l’Ukraine

L’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne est complètement irréaliste alors que le pays est en guerre. Cela signifierait une cobelligérance immédiate. Nous proposons des mesures concrètes, immédiatement applicables, pour aider les Ukrainiens et Ukrainiennes, telles qu’une annulation de la dette ukrainienne et l’octroi de subventions directes plutôt que de prêts conditionnés à des réformes néolibérales.

 

🔴 CHIFFRES CLÉS

- de 200 € : C’est le montant du salaire minimum en Ukraine. Presque 10 fois inférieur au salaire minimum français.
40 % : C’est la différence de prix entre le filet de poulet français et le filet de poulet ukrainien.

 

Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire

 

- Porter la voix de la paix en Europe, défendre un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza, incarner la voix de la paix en Europe

Concrètement : 
👉 Refuser l’alignement de la France au sein de l’Union européenne ainsi que sur toute autre puissance et défendre le droit international, l’inviolabilité des frontières et la paix ;
👉 Relancer les initiatives internationales pour le désarmement nucléaire multilatéral et coordonné, contre la course mondiale au renforcement des capacités militaires conventionnelles ;
👉 Refuser une Europe de la défense arrimée à l’OTAN car elle ne serait qu’une extension des intérêts géopolitiques des États-Unis et un débouché contraint supplémentaire pour son industrie de l’armement.

 

  • C’est quoi le « non-alignement » ?

En politique étrangère, la France insoumise juge selon le droit international et ses principes, et non en fonction de l’alignement dans un bloc au service d’une puissance ou d’une autre. Nous refusons le deux poids, deux mesures qui consiste à défendre le droit international dans un cas, et à le refuser dans un autre. Le non-alignement ne doit pas être confondu avec une neutralité ou une équidistance. Il permet à la fois de condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie et le massacre en cours à Gaza, tous deux des violations flagrantes du droit international. À l’inverse, Emmanuel Macron et son gouvernement félicitent la Cour internationale de justice lorsqu’elle condamne la Russie, mais remettent en cause les ordonnances de cette dernière dans le cadre du conflit israélo-palestinien. Face à tous les « va-t-en-guerre », nous choisirons toujours le camp du droit international et de la paix ! La formule : la France doit être un agent de la solution pas une cause des problèmes.

  • Quelle est la position de la France insoumise sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine ?

En février 2022, Jean-Luc Mélenchon a immédiatement condamné, deux heures après l’invasion, et dans les termes les plus fermes, l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’offensive militaire russe est une violation intolérable de la Charte des Nations Unies et de tous les engagements internationaux de la Russie. Dès le début du conflit, la France insoumise a souligné qu’il n’y aurait pas d’issue militaire à cette guerre. La prolongation des hostilités fait courir le risque d’une escalade militaire dangereuse entre la Russie, puissance nucléaire, et les pays de l’OTAN, soutiens de l’Ukraine. L’envoi de soldats français en Ukraine, comme évoqué par Emmanuel Macron, serait une folie. Ce conflit fait également courir le risque d’une catastrophe environnementale sans précédent, l’Ukraine abritant des dizaines de centrales nucléaires sur son territoire. Nous condamnons l’escalade guerrière et nous exigeons d’en revenir à l’action diplomatique : cessez-le-feu, sécurisation des centrales nucléaires, conférence sur les frontières et la sécurité collective en Europe. Ni vainqueur, ni vaincu : vote des populations des territoires disputés.

  • Que peut faire l’Union européenne face au massacre en cours à Gaza ?

Le 26 janvier 2024, la Cour internationale de justice a reconnu l’existence d’un risque de génocide contre les Palestiniens de la bande de Gaza. L’inaction de la France et de l’Union européenne face à un tel risque est une faute d’une gravité extrême. Des sanctions claires doivent être prises contre toutes les personnes et entités dont l’action viole le droit humanitaire international et les résolutions de l’ONU sur le conflit israélo-palestinien. Nous proposons un embargo européen sur les livraisons d’armes à l’État d’Israël, ainsi que la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et l’État d’Israël tant que perdureront l’occupation et la colonisation des territoires palestiniens. Les violations répétées et aggravées du droit international par le gouvernement d’extrême droite de Netanyahou ne peuvent plus rester impunies. Nous réclamons la création de corridors humanitaires, le retour de tous les déplacés et la fin immédiate du blocus de la bande de Gaza. Dans le même temps, nous demandons que la France et l’Union européenne prennent toutes les initiatives diplomatiques visant à obtenir un cessez-le-feu immédiat et permanent. Nous demandons la libération de tous les otages, et aussi des prisonniers palestiniens détenus arbitrairement par Netanyahu. Nous agirons pour la reconnaissance de l’État palestinien.

  • Pourquoi la France insoumise est-elle opposée à l’Europe de la défense ?

Dans le cadre des traités européens actuels, l’OTAN est, pour les États européens qui en sont membres (23 États contre 4, l’Autriche, Malte, Chypre et l’Irlande), « le fondement de leur défense collective et l’instance de sa mise en œuvre » (article 42 du traité sur l’Union européenne). Dès lors, l’Europe de la défense n’est rien d’autre que le renforcement du volet européen de l’OTAN, et consacre notre alignement sur les États-Unis d’Amérique. Nous défendons l’indépendance et le non-alignement de la France. Nous ne pouvons donc pas accepter de participer à une telle Europe de la défense qui mutualiserait l’arme nucléaire française avec des pays alignés sur Washington. En revanche, nous sommes ouverts à la mise en place de coopérations stratégiques avec les pays européens ayant des centres et des aires d’intérêt communs, en particulier au service de la paix dans le bassin méditerranéen.

 

🔴 CHIFFRES CLÉS

30 000 : C’est le nombre de Palestiniens morts à Gaza depuis le début de l’offensive militaire israélienne. 40 % des morts palestiniens à Gaza sont des enfants. Plus de 9 000 enfants ont été blessés, dont 1 000 ont dû être amputés. Selon une récente étude d’épidémiologistes, plus de 85 000 Palestiniens supplémentaires pourraient mourir en cas d’offensive militaire israélienne prolongée.
2 200 milliards : C’est le montant cumulé des dépenses militaires dans le monde, selon une estimation de l’Institut international d’études stratégiques. Il s’agit là d’un montant record, dont la moitié est imputable à l’OTAN, 1/3 aux seuls États-Unis d’Amérique. À titre de comparaison, selon différentes études, il faudrait 30 à 40 milliards de dollars supplémentaires par an pour éradiquer la faim dans le monde d’ici 2030.

 

Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire
Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire

 

Le 9 Juin, lors des élections européennes,

faites vous respecter !

 

Par votre bulletin de vote, sanctionnez Macron, combattez Le Pen et le RN, et imposez un autre futur !

Un autre monde est toujours possible !

 

Européennes 2024 : des éléments pour débattre et convaincre de voter pour l'Union Populaire
Partager cet article
Repost0
5 janvier 2024 5 05 /01 /janvier /2024 17:44
Adopté : " L'Union Populaire jusqu'à la victoire ! "

92,80% des Insoumis ont adopté la stratégie de « l’Union populaire jusqu’à la victoire »

Aux élections européennes 2024, faisons grandir l'Union Populaire

 

 

Le samedi 16 décembre, les participant·es à l’Assemblée représentative de la France insoumise[1] ont adopté la stratégie « L’Union populaire jusqu’à la victoire », ainsi que la feuille de route du mouvement pour 2024.
Ces deux textes ont ensuite été soumis à la votation de tou·tes les insoumis·es ayant rejoint notre mouvement avant le 16 décembre 2023, entre le 16 décembre et le 3 janvier.
Au total, 57 409 insoumis·es ont participé à cette votation.
- 92,80% ont adopté la stratégie de « l’Union populaire jusqu’à la victoire »
- 90,25% ont validé la feuille de route du mouvement pour 2024
Découvrez le texte stratégique de « l’Union populaire jusqu’à la victoire » ci-dessous.

 

 

Sources : La France insoumise | mis à jour le 06/03/2024

Le moment de l’histoire est celui d’une montée en tension des sociétés humaines. En combinant leurs effets, plusieurs données mondiales étendent leur impact sur la vie de chacun·e. Ainsi avec le dérèglement climatique, la recrudescence des conflits armés, l’extension sans fin du domaine de la marchandisation, la bascule dans les procédés numériques entremêlent leurs conséquences et réorganisent tout, toujours plus vite et toujours davantage.

 

Aucun sujet ne se traite séparément. Une cause commune les domine tous : le déploiement du mode de production capitaliste et productiviste irresponsable, animé par un objectif absurde d’accumulation sans limite de profits au bénéfice d’une petite minorité et au détriment d’une grande partie du peuple qui s’enfonce dans la pauvreté, et de la planète.

 

 

- Un monde en crise, des peuples en lutte

Le meilleur comme le pire peuvent résulter de ce contexte. Un nouvel élan de la civilisation humaine, ou son effondrement ? En toute hypothèse, la solution est dans le peuple et dans sa capacité à se mettre en mouvement. Encore faut-il qu’il se donne les moyens d’agir. Il le tente de multiples manières sous toutes les latitudes. Nous sommes totalement engagé·es en son sein dans ses efforts d’insoumission. Pour y répondre, nous proposons un programme, l’Avenir en commun, une stratégie, l’union populaire pour la Révolution citoyenne, avec un mouvement évolutif et tourné vers l’action, la France insoumise, et une source de décryptage intellectuel et de formation, l’Institut La Boétie.

 

En épousant à chaque étape les causes du peuple, nous avons contribué à de magnifiques avancées. En Europe, elles confèrent à l’action du peuple de France une singularité d’audace et de combativité. La percée électorale aux élections présidentielles et législatives de l’an passé en sont un signal. Il a été amplifié par la mobilisation sociale la plus importante depuis cinquante ans dans la lutte pour le droit à la retraite à 60 ans.

 

Nous connaissons nos forces, les moyens par lesquels nous les avons acquises et par lesquels nous continuons à avancer. Mais nous connaissons aussi nos difficultés et nos faiblesses. Nombre se règlent sur le terrain par la pratique, l’initiative et la créativité de l’action militante. Le chemin se construit par nos pas.

 

Il se construit à l’heure où les idées d’extrême droite et fascistes progressent partout dans le monde et gangrènent une grande partie de l’arc politique et des médias, tenus par une poignée de milliardaires. L’idée du “ redressement moral ” de la France, la lutte “ du bien contre le mal ” chère à la théorie du choc des civilisations, le racisme, la stigmatisation des étranger·es ou d’un “ ennemi de l’intérieur ” comme boucs émissaires des difficultés sociales, la montée en puissance des politiques sécuritaires et de répression comme réponse à toute revendication légitime ne sont plus aujourd’hui l’apanage de la seule extrême droite politique.

 

La droite dans son ensemble et le président de la République lui-même souscrivent à ces idées, jusqu’à les traduire dans leurs propositions comme l’ont montré les débats sur la Loi Immigration et à réprimer toute contestation sociale ou écologique. Leur objectif est de diviser le peuple pour maintenir ce système à bout de souffle, qui engendre toujours plus de misère, de pauvreté et la destruction de nos écosystèmes, et contre lequel les contestations sociales légitimes s’unissent et se multiplient. Cette banalisation des idées d’extrême droite se traduit dans les rues où des groupuscules violents profitent d’un climat d’impunité pour défiler aux cris de slogans racistes ou pour intimider une partie de la population

 

Dans ce contexte :

  • il est de notre responsabilité d’opposer à ces logiques de division le regroupement du peuple autour de causes communes en rupture avec l’ordre établi, comme l’a fait en son temps le Front populaire et le mouvement ouvrier face à la menace des ligues fascistes.
  • C’est notre rôle de démonter l’arnaque sociale du Rassemblement national, en particulier dans les secteurs géographiques où l’extrême droite a réussi à renforcer son implantation.
  • Et c’est notre devoir de nous doter des moyens d’auto-défense nécessaires pour garantir notre capacité à défendre nos idées dans la société.

 

Il n’y a aucune fatalité ! Là encore, la victoire du Front populaire sur la base d’un grand programme social en 1936 et en pleine montée des idées d’extrême droite montre que le succès est possible. Le pays balance entre la mobilisation collective et le repli sur soi. Tout est possible. Notre devoir est d’offrir une alternative au macronisme déclinant et à l’extrême droite menaçante. Nous refusons la survie d’un pouvoir qui ne tient qu’à travers des 49.3 à répétition et nous voulons bâtir une 6ème République écologique et sociale.

 

Dans cette optique, notre tactique d’action est confrontée à l’impasse dans laquelle se trouve aujourd’hui la NUPES. L’Union populaire, c’est-à-dire le rassemblement du peuple autour de causes communes et d’une politique de rupture avec le système, reste notre stratégie. Nous devons donc nous demander simplement et concrètement comment la faire vivre dans de nouvelles conditions plus durables, en lien avec les grandes forces sociales du pays et celles et ceux qui résistent politiquement à la normalisation de toute vie par un système injuste et prédateur de notre planète.

 

Nous devons faire l’union populaire dans des formes comprises du grand nombre pour qui la crédibilité commence par la clarté des méthodes, des objectifs et le respect mutuel dans l’action. Sans rancune ni procès contre celles et ceux qui portent la responsabilité de cette impasse, en conservant toujours la possibilité de les faire changer d’avis, nous nous en tiendrons à un choix positif : comment continuer à travailler à l’Union populaire ? Ce texte se concentre sur cette seule question et propose une façon d’agir concrète.

 

 

- Les insoumises et insoumis, premiers artisans et partisans de la Nupes

En mai 2022, après le résultat de 22 % de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle, nous avons constitué la NUPES[2]. Sa mise en place fut un événement inédit. Pour la première fois de l’histoire, nous avons présenté, sur toutes les circonscriptions de l’hexagone, des candidatures communes porteuses d’un programme de gouvernement[4], en rupture avec le capitalisme et le productivisme.

 

Il s’en est fallu de peu, en voix comme en pourcentage, pour qu’elle obtienne l’élection d’une majorité de député·es à l’Assemblée nationale. La NUPES est arrivée en tête du premier tour et elle a multiplié par trois le nombre de député·es de l’opposition de gauche. Elle a donné l’espoir d’une véritable alternative pour des millions de citoyennes et de citoyens face au macronisme et à la menace de l’extrême droite.

 

Depuis lors, les insoumis·es se sont mobilisé·es, nationalement comme localement, partout en France pour travailler au renforcement de la NUPES à travers des initiatives communes, car c’est bien l’action de terrain qui convainc et fédère.

  • Nous avons ainsi proposé d’initier partout des “ assemblées de la NUPES ” à l’échelle des communes ou des circonscriptions permettant de réunir toutes celles et tous ceux qui voulaient défendre son programme.
  • Nous avons souhaité faire vivre et grandir le Parlement de la NUPES[3], mis en place pendant les élections législatives afin de réunir des figures syndicales et associatives, les intellectuel·les et les personnalités du monde de l’art et de la culture.
  • Nous nous sommes battu·es pour construire la NUPES aussi bien à l’Assemblée nationale qu’au Sénat en proposant un groupe commun à l’Assemblée nationale et des listes communes pour les élections sénatoriales.
  • Nous avons milité et soutenu toutes les initiatives pour former une liste commune aux élections européennes dont celles des jeunes de la NUPES et avons proposé aux écologistes de conduire cette liste de rassemblement.
  • Nous avons souhaité préparer ensemble les élections municipales.

Nous nous sommes mobilisé·es sans cesse pour renforcer la NUPES, plus court chemin pour permettre la prise du pouvoir en 2027 et gouverner pour l’intérêt général.

 

 

- Les blocages de la " gauche d'avant "

Malheureusement, malgré tous nos efforts et les attentes populaires, notre volonté d’approfondir la NUPES s’est heurtée aux blocages des appareils de la « gauche d’avant ». Ainsi, nos différentes propositions ont toutes, sans exception, été refusées par une partie ou par l’ensemble des autres forces de la NUPES. Et à aucun moment, il ne nous a été fait de contre-propositions permettant de dépasser des situations de blocage. Si certains de nos partenaires ont pu y contribuer, c’est bien souvent la persévérance des insoumis·es qui a permis que des assemblées locales se réunissent ou que des actions conjointes se fassent sur le terrain.

 

De fait, face à cette obstruction organisée, notre rassemblement inédit s’est vite réduit à une simple structure de coordination entre groupes parlementaires à l’Assemblée nationale. Et les derniers mois ont révélé les tentations de certains de nos partenaires à rompre avec le programme de la NUPES pour revenir aux logiques de la gauche d’avant, qui soutient et se compromet, qui s’aligne avec les théories du choc des civilisations en excluant la France insoumise.

 

Nous connaissons la suite :

  • début octobre, le PCF, après maintes déclarations hostiles, a pris la décision de quitter la NUPES ;
  • le PS a suspendu sa participation aux réunions de l’intergroupe à l’Assemblée nationale avant d’effacer toute référence à notre alliance dans le nom de son groupe parlementaire ;
  • quant à EELV, sa direction persiste à empêcher toute liste commune de la NUPES aux élections européennes et a refusé la poursuite du Parlement de la NUPES.

 

 

-  L’Union Populaire jusqu'à la victoire !
Mais les raisons qui ont conduit à vouloir la NUPES demeurent. Tout comme les espoirs qu’elle a suscités. Ils ne peuvent pas être effacés par le refus de telle ou telle formation politique de poursuivre sur le chemin de l’unité. Tout comme il ne peut pas être question de remettre en cause des engagements programmatiques pris devant les électrices et les électeurs.

 

Peut-on poursuivre et renforcer la démarche ? Oui, en élargissant l’adhésion populaire autour du programme de la NUPES, en combattant sans relâche l’abstention, la résignation et le repli sur soi. C’est à l’ensemble des groupes politiques, personnalités, militant·es engagé·es dans une organisation politique, syndicalistes, militant·es du monde associatif, citoyen·nes que nous nous adressons.

 

Nous leur disons que le refus objecté par des appareils politiques de la gauche d’avant ne doit pas empêcher de nous réunir pour préparer ensemble la grande confrontation démocratique de 2027. Et pour cela nous devons faire de chaque rendez-vous électoral un rendez-vous d’adhésion avec notre programme de rupture et notre méthode d’implication populaire à la base. Nous leur proposons :

  • de nous retrouver ensemble dans un nouvel espace, inspiré du Parlement de l’Union populaire, pour faire vivre notre démarche de rassemblement ;
  • de nous regrouper partout en France dans des assemblées de l’Union populaire ouvertes à toutes celles et tous ceux qui se retrouvent dans le programme ;
  • de poursuivre le travail programmatique des jeunes de la NUPES[5], à partir du programme partagé déjà signé entre les partis en 2022, pour porter un programme commun pour les élections européennes de juin 2024 ;
  • de bâtir ensemble une liste commune de candidat·es pour porter ce programme dans cette élection ;
  • d’œuvrer ensemble dans le cadre de cette Union populaire à la préparation de tous les scrutins suivants, à commencer par les élections municipales et consulaires de 2026 ;
  • de réunir une Convention de l’Union populaire le week-end des 16 et 17 mars prochain afin de lancer ensemble cette dynamique.

 

 

-  Aux élections européennes, faisons grandir l'Union Populaire !
Les élections européennes de juin 2024 auraient dû être l’occasion d’une liste commune de la NUPES. C’était là se donner les meilleures chances de battre les macronistes et l’extrême droite, de prolonger l’espoir de notre victoire au premier tour des législatives et de préparer la prise du pouvoir en 2027. Mais cette possibilité a été refusée par les appareils écologistes, communistes et socialistes, malgré le travail programmatique et la démarche formidable engagée par les jeunes de la NUPES. Cela ne doit pas nous arrêter. L’union peut se faire sans ceux qui la divisent. C’est notre devoir de l’entreprendre.

 

C’est pourquoi, en cohérence avec notre démarche de construction de l’Union populaire, nous porterons une liste ouverte, porteuse du programme commun de la NUPES[4]. Manon Aubry, co-présidente du groupe de la Gauche au Parlement européen, sera en charge de la coordination du travail préparatoire à ces élections, en lien avec Nathalie Oziol et Paul Vannier, pour l’espace Batailles électorales, et avec Clémence Guetté et Hadrien Clouet, pour l’espace Bataille des idées.

 


-  Défendre le programme commun de la Nupes
Pendant cette campagne, nous défendrons les propositions du programme commun de la NUPES[4], comprenant notamment un chapitre entier sur les questions européennes, autour duquel ont été élu·es 151 député·es à l’Assemblée nationale. Nous nous appuierons également sur le travail programmatique des jeunes de la NUPES[5], sur le travail des groupes thématiques de la France insoumise et sur les propositions des syndicalistes, activistes, militant·es associatifs, intellectuel·les ou artistes qui s’associeront à cette démarche.

 

Ce programme présentera les combats concrets que mèneront les eurodéputé·es de l’Union populaire, dans la continuité du travail effectué depuis 2019 par la délégation insoumise au Parlement européen : pour la conquête de nouveaux droits écologiques, féministes, sociaux et démocratiques, face à l’arc réactionnaire qui se constitue à Bruxelles et à Strasbourg alliant une partie des néolibéraux jusqu’à l’extrême droite.

Face à l’explosion des prix, à la maltraitance sociale qui frappe les peuples en Europe, à la multiplication des catastrophes climatiques, notre programme porte une rupture avec le cours actuel néolibéral, productiviste et anti-démocratique de l’Union européenne. Nous devons rompre avec les dogmes néolibéraux d’austérité, de libre-échange et de marché : cela devra nécessairement passer par des rapports de force et par la désobéissance pour revoir les traités européens en profondeur.

 

Fidèles à notre doctrine du non-alignement, nous serons également les défenseur·es de la paix, du respect du droit international et de la justice pénale internationale en toute circonstance contre les invasions, les crimes de guerre et le crime organisé au niveau mondial. C’est pourquoi nous porterons l’exigence de cessez-le-feu immédiat et permanent en Palestine et la demande de sanctions contre le gouvernement israélien responsable des massacres à Gazaet des exactions des colons en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

 

-  Une liste à l'image de l'Union Populaire
Notre liste sera bien évidemment à l’image de l’Union populaire, en regroupant des organisations politiques, des syndicalistes, des militant·es des associations, des intellectuel·es et des figures engagées dans les combats sociaux, écologistes, féministes, antiracistes ou altermondialistes. Elle sera à l’image du peuple dans toute sa diversité.

 

Elle s’appuiera sur le travail et l’expérience de la délégation des eurodéputé·es insoumis·es et sera ouverte à toutes celles et ceux qui souhaitent une rupture avec les politiques européennes actuelles pour répondre aux défis du chaos climatique, à l’explosion des inégalités et à l’instabilité géopolitique que notre continent doit d’urgence relever. Elle le fera en lien avec nos allié·es à travers toute l’Union européenne, rassemblé·es au sein de la coalition « Maintenant le Peuple » que nous voulons élargir à de nouveaux partenaires européens.

 

En pratique, et dès le mois de janvier 2024, un appel à candidatures sera adressé aux insoumis·es souhaitant s’engager comme candidat·e dans notre campagne européenne. Les candidatures reçues seront transmises aux boucles départementales du département de résidence de ces candidat·es, chargées de les examiner entre le 17 et le 25 janvier 2024 en vue de transmettre un avis au Comité électoral de la France insoumise.

 

Parallèlement, nous travaillerons à l’ouverture de notre liste à des candidatures d’Union populaire hors des rangs actuels de la France insoumise. Au cours du mois de février, le Comité électoral de la France insoumise élaborera et ordonnera notre liste de 83 candidat·es puis proposera cette liste à l’approbation des insoumis·es par un vote en ligne. Le programme et la liste seront présentés en mars 2024 lors de la Convention de l’Union populaire.

 

 

🔴 A votre disposition en téléchargement : La Stratégie : « L’union populaire jusqu’à la victoire » !

Partager cet article
Repost0
7 décembre 2023 4 07 /12 /décembre /2023 15:32
Union populaire ou choc des civilisations ?

Ici, modestement, je veux donc essayer de simplifier le diagnostic et tenter de dire où nous en sommes et où il nous faut aller.

On arrête quand de sacrifier les intérêts populaires sur celui des petits partis ? Car ce n’est pas en partant des anciens partis et de leur coalition que l’on parviendra à construire une majorité populaire sur un projet alternatif pour notre société[0].

 

 

Je reprends du service derrière le clavier.

Je crois le moment politique décisif. Dangereux. Il exige de penser et de parler clair. Il revêt un caractère d’urgence qui nécessite d’aller à l’essentiel. Je vois ceux qui sont aux responsabilités nous mener droit dans le mur. Mais j’observe affligé la plupart de ceux qui prétendent aux responsabilités. Ils ne sont pas à la hauteur. Le niveau des débats politiques s’est considérablement affaibli.

Les uns poussent le pays à l’affrontement en son propre sein.

Les autres sont prêts à tout ou presque pour obtenir leur petite part de lumière, construire leur prétendu « récit » et mettre à tout prix en avant leur « singularité », melons gonflants. Mais quand on les écoute, qu’entend-on ? De l’eau tiède. On s’ennuie, pour rester poli. Une actualité chasse l’autre. La tonalité générale est celle de l’égout éditorial. Et dans ce foisonnement, tout est confus.

Modestement, je veux donc essayer de simplifier le diagnostic et tenter de dire où nous en sommes et où il nous faut aller. 

 

 

Sources : Adrien Quattenens | mis à jour le 01/01/2024

- On souffre

De quand date le dernier porte-à-porte de ceux qui parlent au nom des « gens » à la télé ? Les gens morflent sévère. C’est l’enfer. Ils vivent dans des taudis. Dans des appartements pourris. Le chauffage ne marche pas. Pourtant il leur est facturé. Cher. Il faut laisser les manteaux à l’intérieur. Parfois, il n’y a plus d’eau chaude. Il faut pourtant se laver. Il y a du moisi sur les plafonds et les murs. Les salles de bain sont irrespirables. Les enfants sont malades. Il y a des nuisibles dans les parties communes. Il n’y a pas assez de place pour tout le monde. Pas d’intimité. On partage les chambres. Souvent, des membres de la famille dorment aussi dans le salon. L’ascenseur est en panne. Le bailleur social ne répond pas. On ne vit pas. On survit à peine.

 

Pourtant, on fait de son mieux. Mais on a l’impression que tout le monde s’en fout. Que quand on est pauvre, on ne compte pas. Les emplois sont précaires. Les salaires sont trop bas. Les minima sociaux aussi. Les prix sont trop hauts. On saute des repas. On mange mal. La santé se dégrade. Se soigner coûte trop cher. Et il faut attendre longtemps. D’ailleurs, tout coûte trop cher. C’est la débrouille. Le système D. Il ne reste plus que l’entraide. La télé pour seul loisir. On se sent abandonnés. On est fatigués. La vie est dure. Quel en est le sens ? Ce n’est pas drôle. Il faut se battre. Pour tout. Tout le temps. Et quand on reprend un peu de souffle, les factures arrivent qui viennent vous scier les deux jambes. On a plein de volonté mais on ne vous donne pas votre chance. On exige de vous de l’expérience que personne ne vous offre. Dehors, juste en faisant le guet, des gamins touchent en une journée ce que leurs parents en un mois ne percevront jamais[1]. C’est la lutte pour que les enfants ne succombent pas aux sirènes du trafic.

 

Toute cette souffrance n’est pas vue à la télé. On n’y montre pas les causes. On exploite juste les conséquences. Au mépris des gens. Le tableau est trop sombre pour être vrai ? Allez-donc voir vous-mêmes ! Certes, ce n’est pas encore généralisé. Mais on en prend le chemin. On tombe dans la pauvreté aussi vite qu’on glisse sur un toboggan. Et une fois qu’on est en bas, bon courage pour remonter ! Le quart-monde gagne du terrain. Au milieu il y a, bien sûr, tous ceux qui n’en sont pas encore là. Pour eux, ce n’est pas simple mais ça va encore. Ça tient. Les salaires permettent de « s’en sortir ». « S’en sortir », ce n’est pas mener la grande vie, mais ça tient à flot. Cependant, la peur de la glissade est réelle. L’équilibre est fragile. Tout ou presque est précaire. On est en France. Sixième puissance économique du monde.

 

 

- Ils se gavent
À quelques pas de là, il y a une autre France. Ceux qui la composent méconnaissent les premiers. Et inversement.


Pour elle, tout va bien. Elle a le sou, largement. Le pouvoir actuel lui en a redonné plus qu’elle ne lui en réclamait. Rémunérations indécentes. Baisses massives des impôts. Explosion des dividendes. Elle, elle s’en fout que les services publics se cassent la gueule. Les services publics sont le patrimoine de ceux qui n’en ont pas. Elle, du patrimoine, elle en a. Elle peut tout se payer. Même la santé ! Tout s’achète ! C’est la fête ! Cette petite île de prospérité flotte au milieu d’un océan de malheur. Elle s’en fout. Ils ne tiendraient pas trois jours dans les conditions de vie décrites au paragraphes précédent. Mais ça ne les concerne pas. Ils ne savent même pas que ça existe. Si le monde court à sa perte et que la planète brûle, s’il n’y en a plus pour longtemps, autant profiter un max tant qu’il est encore temps !

 

Osez les critiquer ! On dira de vous que « vous n’aimez pas les riches ». Là n’est pourtant pas la question. Nous refusons la misère. Or, elle ne tombe pas du ciel. C’est parce que certains sont trop riches que les autres sont trop pauvres. On dira qu’ils ont « pris des risques » ! Parce que les autres n’en prennent pas ? On dira qu’ils « créent la richesse », alors qu’ils se l’accaparent ! Parce que les autres n’en créent pas ? Ceux qui ont l’argent ont le pouvoir. Les politiques publiques sont faites par et pour eux. Tous les autres sont de la main d’oeuvre, des statistiques ou un encombrement.

 

🔴 Elle est là, la fracture française :

  • Entre ceux qui galèrent ou qui ont peur de galérer 1 jour, & ceux qui se gavent ;
  • Entre ceux qui subissent & ceux qui dirigent ;
  • Entre le peuple & l’oligarchie.

Elle est là, la fracture française. Elle est là. Elle n’est pas ailleurs, même s’ils veulent le faire croire.  

 

 

- Faîtes qu’ils se battent entre eux !
La principale préoccupation des Français et de loin, c’est évidemment le « pouvoir d’achat ». Ce sont « les revenus ». C’est en fait la possibilité de vivre, tout simplement. De se loger, se nourrir, se soigner, de s’éduquer et d’accéder à la culture et aux loisirs.

  • Imaginez que ceux qui en sont privés et ceux qui ont peur d’en être privés un jour soient unis, rassemblés !
  • Imaginez qu’ils acquièrent la pleine conscience qu’aux origines de leurs malheurs, il y a ceux qui se gavent et qui jouent avec des milliards !
  • Pire, imaginez qu’ils sortent ensemble dans la rue !
  • Mieux : qu’ils aillent tous au bureau de vote avec l’envie furieuse d’en découdre, de renverser la table, sans faire dans la petite dentelle mollassonne !

L’Union populaire face à l’oligarchie : le cauchemar des puissants. Il leur faut donc imposer un autre clivage. Et la machine tourne à plein régime pour atteindre cet objectif.


Nommons le clivage qu’ils veulent imposer sans tourner autour du pot. Celui dont ils espèrent qu’il structurera durablement la vie politique. C’est un clivage civilisationnel. Plutôt que le peuple face à l’oligarchie, ils veulent que le peuple se sépare en son propre sein.


🔴 Les premiers séparatistes, ce sont les racistes et leurs alliés. Allumez la télé ! C’est gros comme un nez au milieu de la figure.

  • Le problème n’est pas le financier. Le problème, c’est l’immigré !
  • Le clivage n’est pas entre le peuple et l’oligarchie. Le clivage, une fois les détails élagués, c’est tous contre les arabes !

Pour le dire autrement : quoi de mieux, pour empêcher le peuple de s’unir autour de ses revendications sociales communes, que de l’inviter à se diviser à propos de ses origines, de sa couleur de peau ou de son appartenance réelle ou supposée à telle ou telle autre religion

 

 

- Ils sont en avance
Soyons lucides : dans la course de vitesse pour imposer l’un de ces deux clivages (civilisationnel ou social), les partisans du clivage civilisationnel ont une longueur d’avance.  Large. Cette extrême-droitisation de la France, comme elle s’opère presque partout en Europe, est d’autant plus permise que les puissants ont fait leurs calculs : s’ils ne partagent pas nécessairement ses vues identitaires, ils ont bien scruté les programmes.


🔴 Ils savent que l’accession au pouvoir de l’extrême-droite ne contraindra pas leurs intérêts.

  • En effet, l’extrême-droite ne prévoit pas de partager les richesses.
  • Elle ne prévoit pas d’augmenter les salaires ni les minima sociaux.
  • Elle ne prévoit pas d’augmenter les impôts des plus riches.
  • Elle ne prévoit pas de réparer nos services publics.
  • Elle ne prévoit pas d’engager la planification écologique.
  • Elle ne prévoit pas de rompre avec le capitalisme financiarisé[2].

Les capitalistes n’ont rien à craindre de l’accession au pouvoir de l’extrême-droite. Face à l’impasse libérale incarnée par un macronisme finissant, ils préfèreront l’extrême-droite à la gauche de rupture, c’est évident.

 

Rappelons qu’en France, l’essentiel des médias sont tenus par neuf milliardaires[3]. Des milliardaires qui investissent dans les médias même quand ces investissements leur font perdre de l’argent. S’ils n’investissent pas pour le gain à court-terme, quels intérêts servent-ils donc ? Il suffit de constater la nature du discours économique dominant dans les médias. Et, dans un même mouvement, de constater l’extrême-droitisation des esprits. Un pilonnage incessant. C’est ainsi qu’un Bolloré qui a exploité un port en Afrique pendant des années, et dont l’action économique a contribué aux mouvements contraints de population, finance une chaine de télé qui popularise les thèses de l’extrême-droite ! Sa récente parodie, qui a connu un certain succès en ligne, est si peu éloignée de la réalité. Mais cette avancée de l’extrême-droite est aussi et surtout rendue possible par celles et ceux qui participent à sa banalisation tout en diabolisant les partisans de l’union populaire.

 

🔴 De même, les fossoyeurs de la NUPES et partisans d’un retour à la gauche d’avant, par lâcheté, par opportunisme ou les deux, sont devenus des boulets plutôt que des alliés dans la lutte jusqu’au bout qui est désormais engagée

 

 

- Très Proche-Orient
Le traitement politique et médiatique en France de la guerre au Proche-Orient est révélateur de la recomposition qui est à l’œuvre. Pire, nos adversaires s’en servent comme d’un alibi.


La dernière fois que je me suis installé derrière mon clavier pour vous écrire, c’était le 11 octobre. Depuis cette date, il y a eu environ 14 000 morts de plus à Gaza[4]. Pour l’essentiel des civils. Pour plus de la moitié, des femmes et des enfants. 15 000 morts. Dont 62 journalistes et 101 membres du personnel de l’ONU tués. Plus d’1,7 million de Palestiniens déplacés. Au moins 67 700 bâtiments détruits. Plus de 206 écoles détruites ou endommagées. Plus de 20 hôpitaux rendus hors service par les bombardements. Israël a largué 40 000 tonnes d’explosifs depuis le 7 octobre. Ces chiffres sont tellement énormes qu’on peine à imaginer ce que cela signifie.


A Gaza, les bombes pleuvent de manière incessante. L’électricité et l’eau sont coupées. C’est le blocus généralisé. Les femmes, les hommes, les enfants y sont traités en « animaux humains » comme le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, en formait le souhait[5]. En vérité, on ne supporterait pas davantage que des animaux soient traités de la sorte. C’est le même ministre israélien de la Défense auquel le ministre français des armées, Sébastien Lecornu, est allé rendre une petite visite amicale et s’y est félicité de partager avec lui « les valeurs humanistes ». En Cisjordanie, les colons israéliens poursuivent leurs raids jusqu’au cœur des villes palestiniennes.


Le droit international humanitaire n’existe plus. Ces 15 000 morts[4bis] et ce traitement inhumain réservé aux Gazaouis sont la réponse du gouvernement d’extrême-droite Israélien aux crimes de guerre commis par le Hamas le 7 octobre. Cet acte de terreur avait fait 1200 morts et 240 personnes enlevées. 

 

 

- Interdit de penser 
Face à l’effroi suscité par les actes barbares du 7 octobre contre des civils israéliens, la propagande s’est immédiatement mise en marche pour imposer sa grille de lecture et permettre, en réponse, un massacre encore bien plus important à Gaza. Elle tient en peu de mots : Hamas = terroristes = Daech = le mal = nécessaire guerre au terrorisme. Et gare à quiconque refuserait d’avaler cette grille d’analyse ! Car, comme l’a déjà déclaré le revenant Manuel Valls : « Expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser. » Mais lui peut, avec d’autres, se dire tranquillement opposé au cessez-le-feu ! Dès lors, quiconque oserait replacer les actes effroyables du 7 octobre dans le contexte de guerre coloniale imposée aux Palestiniens depuis des décennies[6] serait immédiatement accusé de les « justifier ». Non, rien ne les justifie. Rien ne justifie l’assassinat de civils. Rien. Jamais.


🔴 Mais :

  • Sommes-nous pour autant interdits de dire la responsabilité du gouvernement israélien dans la situation ?
  • Sommes-nous obligés d’adhérer à la fumeuse doctrine de « guerre au terrorisme », le lot de massacres qu’elle permet et l’impasse politique dans laquelle elle mène inévitablement ?
  • Quiconque oserait mettre en cause le gouvernement d’extrême-droite de l’État d’Israël serait immédiatement accusé d’antisémitisme. Non, nous ne sommes pas des racistes. Nous ne sommes pas antisémites.
  • Quiconque serait mis en cause pour ses convictions religieuses nous trouverait à ses côtés.
  • Quiconque, quelle que soit sa religion.

On doit pouvoir critiquer l’action d’un État et de son gouvernement sans être accusé d’antisémitisme. Réfléchir, analyser, comprendre et discuter vous disqualifie d’office. 

 

 

- Le diable rouge
Première cible de ces accusations infamantes : Jean-Luc Mélenchon. Qu’importe qu’il ait été le premier responsable politique français à réagir et à condamner l’attaque du Hamas et à exprimer l’horreur et la compassion pour toutes les victimes civiles. Parce qu’il a été le premier à réclamer le cessez-le-feu et à réaffirmer que c’est une guerre de territoire qui se joue au Proche-Orient, Jean-Luc Mélenchon fait l’objet d’une diabolisation médiatique et politique incessante. Matin, midi, soir et même la nuit, de façon continue ! La machine infernale fonctionne à plein régime.

 

Qu’importe que Mélenchon affirme sa « compassion » pour toutes les victimes, les médias lui reprochent son « manque de compassion » ! Qu’importe que Mélenchon rappelle qu’il s’agit d’une guerre de territoire et prône la solution à deux États comme le prévoit le droit international, les médias lui reprochent ses prétendues « ambiguïtés » ! Mélenchon critique le gouvernement d’extrême-droite d’Israël, donc « Mélenchon est antisémite » ou « complice du Hamas » !

 

🔴 Mais pourquoi Jean-Luc Mélenchon tout spécialement ? C’est vrai après tout. Est-il le seul à dire ce qu’il dit ? Non, loin de là.

  • Dominique de Villepin, ancien ministre des Affaires Étrangères et Premier ministre de Jacques Chirac le dit.
  • Gérard Araud, ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis et en Israël et tellement d’autres experts et organisations le disent.
  • Amnesty International, l’AFP et tant d’autres refusent de résumer le Hamas au qualificatif de « terroriste » par souci de précision.

Minorent-ils les actes de terreur et les crimes de guerre du Hamas ? Assurément non. Ils parlent de « crimes de guerre ». Est-ce un caprice rhétorique de leur part ? Non. C’est une référence précise au droit et un refus de succomber à des injonctions purement politiciennes. Sont-ils tous antisémites ? Surement pas.

 

🔴 Dès lors, si Jean-Luc Mélenchon est loin d’être le seul à porter la même analyse et la même explication de cette guerre, pourquoi est-il, lui spécialement, visé par des accusations infamantes ?

  • La première raison de cela, c’est que contrairement aux autres, Jean-Luc Mélenchon a fait 22% à l’élection présidentielle et porte un programme de rupture.
  • L’autre raison, c’est la recomposition politique que tentent d’imposer en France la macronie, la droite et l’extrême-droite sur le dos de la guerre de territoire qui se joue au Proche-Orient.
  • Un « nouveau front républicain » (dont on voit mal ce qui lui reste de République) contre La France insoumise, comme le décrivait Jean-Pierre Raffarin. 

 

- Le grand remplacement d’un racisme par un autre 
La marche du 12 novembre appelée par Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher fut une honte. Elle aurait pu, et même elle aurait dû, être un grand moment de rassemblement républicain. Au lieu de quoi, elle fut une instrumentalisation dangereuse de la lutte contre l’antisémitisme pour appuyer « le soutien inconditionnel » à l’État d’Israël affaibli dans l’opinion publique de par le massacre qu’il perpétue envers les civils de Gaza en réponse aux actes barbares du Hamas le 7 octobre. À la banderole de tête, c’était la nuit des morts-vivants. On trouvait là tout le vieux monde politique que la vague dégagiste a déjà emporté. Mêmes ceux dont on avait oublié l’existence ! Certaines personnalités participant à la marche interrogées par les médias sur leurs motivations clarifiaient : ils étaient là pour « soutenir Israël ». Ils ne se sont pourtant pas trompés de marche ?

 

Même l’absence du Président de la République qui venait, pour la première fois après trente jours de massacre et 10 000 morts à Gaza, d’appeler au cessez-le feu, a été vivement critiquée. Le communiqué du CRIF contre le Président de la République était inacceptable. Sur une chaine de télévision française, pour avoir réclamé le cessez-le-feu, Emmanuel Macron a été à son tour accusé d’antisémitisme. Où étaient les macronistes pour défendre leur champion ? Nulle part. Comprendre : lutter contre l’antisémitisme et soutenir Israël, c’est la même chose. Critiquer l’action de l’État israélien, c’est être antisémite. La messe est dite[8] !

 

Pire, cette marche a servi de grande lessiveuse à l’extrême-droite antisémite héritière de Pétain[7] . Elle a maintenant droit de cité dans le prétendu « arc républicain » puisque sa cible principale a changé. L’ennemi de l’intérieur aujourd’hui, c’est d’abord le musulman. Dès les premières minutes de la marche, les discours islamophobes de Zemmour et Maréchal Le Pen se faisaient entendre. Nous étions donc appelés à marcher contre le racisme avec des racistes ! Sur place, les juifs de gauche qui protestaient contre la présence de l’extrême-droite se voyaient retirer leurs pancartes par la police. Juste à côté, on voyait des porteurs de pancartes où l’on pouvait lire : « face à l’antisémitisme, une seule solution : remigration ! ». Ceux-là n’ont bien sûr pas été inquiétés. La substitution d’un racisme par un autre, le soutien inconditionnel à l’État d’Israël, la finalisation de l’opération de banalisation de l’extrême-droite. Voilà les buts politiques de la marche appelée par la Présidente de l’Assemblée nationale et le Président du Sénat.

 

Il aurait suffi qu’ils appellent à marcher « contre l’antisémitisme et tous les racismes » et le problème était réglé. Mais ils ne l’ont pas fait. Le soir même, des responsables politiques de droite, comme Edouard Philippe, continuaient d’affirmer que la présence de l’extrême-droite ne posait pas de problème.


Evidemment, nombre de participants étaient présents à juste titre pour le mot d’ordre « contre l’antisémitisme » et n’avaient aucune idée de l’opération politicienne dans laquelle ils étaient embarqués contre leur volonté. A ceux-là il ne s’agit pas de faire le procès. L’augmentation du nombre d’actes antisémites mérite notre vigilance et notre pleine mobilisation. L’augmentation des actes antimusulmans, tout autant. Tous les racismes disloquent la République et rendent impossible l’union populaire. 

 

 

- La " gochélézékologiste " plus solennelle ! 
Que des citoyens aient participé à cette marche sans avoir conscience des sous-entendus politiques qu’elle accomplissait, c’est évident. En revanche, que des responsables politiques de gauche y aient participé fièrement sans comprendre ce qui était en train de se jouer, est hautement improbable.

 

Pourquoi donc Fabien Roussel, Marine Tondelier et Olivier Faure ont estimé qu’il fallait être présents à cette marche, dans ces conditions, quitte à se faire traiter de « fachos » par quelques excités comme ce fut le cas devant les caméras dès leurs premiers pas ?

 

🔴 D’abord, la trouille. C’est elle qui dicte l’essentiel de leurs choix politiques.

  • Qu’importe qu’une énorme manipulation politique soit en cours, si elle s’appelle « marche contre l’antisémitisme », Roussel, Faure et Tondelier pensent qu’il est impossible d’assumer de ne pas y être sous peine d’être taxés à tort d’antisémitisme !
  • À Lille, c’est cette gauche qui a organisé le même jour un rassemblement contre l’antisémitisme. Et comme c’était prévisible, il a été récupéré  et détourné par la macronie, la droite et plusieurs nuances des soutiens inconditionnels d’Israël, et la gauche s’est faite grassement huer au rassemblement qu’elle avait elle-même appelé !
  • Les gros nuls ! Ce sont les mêmes qui participaient à la marche des policiers devant l’Assemblée nationale parce que, vous comprenez, même si des factieux y criaient que « le problème de la police, c’est la justice »[9], il fallait bien soutenir inconditionnellement les policiers !

Si on compte bien, ils ont peut-être participé à plus de manifestations avec Eric Zemmour qu’avec Jean-Luc Mélenchon !

 

Ils sont de cette gauche qui considère à tort qu’en donnant des gages de respectabilité au système, le système les caressera dans le sens du poil le jour où ils prétendront aux responsabilités. C’est une erreur d’évaluation absolue. Le système ne vous caresse dans le sens du poil que tant que vous ne représentez aucun danger pour lui. Mieux encore, si vous critiquez celui qui incarne la rupture ET la capacité d’accéder au pouvoir, alors vous avez automatiquement les faveurs du système.

Le meilleur exemple de cela s’appelle Fabien Roussel.

Un Fabien Roussel, communiste, à 22% n’aurait jamais les faveurs du système ! Mais Fabien Roussel ne fera jamais 22%. Le système le sait. Fabien Roussel aussi. De plus, Fabien Roussel est parfait dans le rôle de l’anti-Mélenchon. Du coup, le système aime vraiment beaucoup Fabien Roussel. On le présente même comme « l’homme de gauche préféré de la droite ». Et l’intéressé sourit. Il est content. Il pense qu’il élargit sa base. Il pense que ces gens qui l’aiment pour ces raisons voteront peut-être un jour pour lui. Ce que, naturellement, ils ne feront jamais parce que, même compatible avec le système, Fabien Roussel est communiste ! Je prends Fabien Roussel parce qu’il est l’exemple le plus évident[10]. Ça n’a rien, ou si peu, de personnel. Je pourrais prendre d’autres exemples chez ses amis de la gauche d’avant anti-Mélenchon. On a même les nôtres à La France insoumise ! C’est dire !

 

🔴 Je lance une annonce : vous êtes de gauche, vous avez toujours rêvé de passer à la télévision ? Dîtes du mal de Jean-Luc Mélenchon ! 

 

 

- Rompre la NUPES doit se payer cher

Si Jean-Luc Mélenchon et quelques-uns de ses compagnons de route n’avaient pas rompu avec le Parti socialiste après le référendum de 2005 pour reconstruire patiemment une gauche radicale digne de ce nom, point d’appui populaire solide, la gauche aujourd’hui en France serait à l’état résiduel des scores rikiki de nos concurrents de 2022. 

  • En 2017, ils ont pris les 19% de Mélenchon comme un accident de parcours.
  • En 2022, ils ont continué à le taper sans relâche et, même avec les communistes en moins, la mobilisation populaire nous a porté à 400 000 voix seulement du second tour.

Sans rancune, nous avons vu et saisi l’occasion qui se présentait de nous hisser à la hauteur de l’Histoire.

 

Aux législatives, la gauche pouvait se rassembler autour d’un programme de rupture et ainsi prétendre bâtir une majorité alternative. La NUPES[11] est née de cette volonté. La vérité, c’est qu’elle n’était pas vraiment partagée. Seule La France insoumise inscrivait le moment dans la grande Histoire. Les autres voulaient, en gros, l’un sauver ses sièges, l’autre avoir un groupe.

 

🔴 Avec le recul, je pense qu’ils auraient été prêts à signer « l’Avenir en Commun » tout entier pour avoir leurs « circos ».

  • Ils ont tout de même signé un programme de 650 mesures[11bis] !
  • La NUPES, c’est la gauche rassemblée avec La France insoumise dans la locomotive.

C’est donc une ligne politique. Pas juste un assemblage. C’est avec ça que nous avons gagné tous ensemble le premier tour des élections législatives. Il a manqué moins de 30 000[12] voix à l’échelle du pays pour que la NUPES remporte une majorité absolue (NDLR : Ces 10 circonscriptions où la Nupes a perdu par moins de 150 voix d’écart[12bis]). On ne l’aurait jamais fait si la NUPES avait été emmenée par Jadot, Hidalgo ou Roussel. Sommes-nous d’accord ?


Alors ce ne peut pas être « on change de conducteur à chaque virage » maintenant. Les gens ne veulent pas que la ligne de l’ancienne gauche dirige la coalition. Est-ce clair ? Sinon, ils auraient voté pour eux à la présidentielle ! Après deux présidentielles, on pouvait avoir l’illusion de croire que c’était compris. Leur en faudra-t-il une troisième comme ça avec le risque que Le Pen l’emporte au carrefour ? Hé ho ! On arrête quand les conneries ? On arrête quand de sacrifier les intérêts populaires sur celui des petits partis ?


🔴 La NUPES a été un immense espoir. Immense. Des gens attendaient que leur vie change tout de suite si ce programme s’appliquait. Les 151 députés élus l’ont été sur un programme et, la plupart du temps, avec la tête de Jean-Luc Mélenchon et le logo de La France insoumise sur leurs professions de foi. Quand il s’agissait de se faire élire avec sa tête sur les tracts, « Jean-Luc » était le meilleur. Mais maintenant que les élections intermédiaires approchent, « Jean-Luc » serait le problème ! On a même entendu qu’il fallait « lui couper Twitter » ! Le truc, c’est qu’un tweet de « Jean-Luc » fait une audience de masse quand leurs petits tours sur les plateaux télé intéressent une dizaine de personnes. Jean-Luc les surpasse toujours tous dans les sondages et de très loin.


Et bon sang, ce n’est pas une guerre d’égos ni même une question de personnes ! Ce n’est pas juste qu’il est le meilleur. Je pense personnellement qu’il a mis la barre bien trop haute pour que quiconque parmi les actuels prétendants « fasse mieux », c’est clair ! Mais ça, ça se travaille. Non, ce n’est pas la personne de Jean-Luc Mélenchon mais la ligne politique qu’il incarne qui emporte le plus l’adhésion populaire.


🔴 On aurait pu choisir de faire sans eux en 2022 compte tenu du rapport de force de la présidentielle. Je ne regrette pas notre décision de faire la NUPES. Il fallait le faire. Parce que la NUPES est incontestablement le chemin le plus court pour l’emporter. C’est la raison pour laquelle ceux qui sont en train de la faire exploser sur des prétextes à la noix pour mieux servir leurs petits intérêts boutiquiers devront le payer cher. Ruiner un tel espoir, ruiner les efforts des jeunes de la NUPES, ruiner tout ce travail acharné, rompre les engagements pris devant les électeurs, être aussi irresponsables en dispersant nos forces alors que l’extrême-droite menace et que les sondages montrent qu’ensemble aux européennes de juin prochain nous pourrions la battre… OUI, ruiner tout cela doit se payer cher.


Qu’il ne soit plus permis à aucun de ceux-là de se plaindre de la montée de l’extrême-droite. On ne peut pas se plaindre de la montée de l’extrême-droite tout en détruisant la coalition la plus capable de la battre ! C’est trop grave. Si l’extrême droite gagne, ce n’est pas eux qui en subiront le plus les conséquences ! A l’inverse, celles et ceux qui, d’où qu’ils viennent, veulent continuer à bâtir l’union populaire et rester fidèles au programme et à l’élan de la NUPES doivent être encouragés et accueillis à bras grands ouverts. 

 

 

- Eteindre l’incendie avec un filet d’eau tiède ?
Il n’y a pas d’avenir à gauche sans rupture avec le capitalisme. C’est la leçon des deux dernières élections présidentielles. Même si Hollande, Cazeneuve et Delga ne le comprennent pas, l’heure de la social-démocratie est révolue. On n’éteint pas un incendie avec un petit filet d’eau tiède. Or, ça crame de partout ! Partout en Europe, l’extrême-droite progresse sur les cendres chaudes d’un néolibéralisme qu’elle épouse discrètement[13]. En France, ils l’ont tous utilisée en l’aidant jusqu’à sa qualification au second tour, persuadés qu’à la fin, les Français voteraient toujours contre l’extrême-droite. Mais entre deux élections remportées face à l’extrême-droite, ils ont continué à mener des politiques qui sèment le désastre social sur lequel la même extrême-droite prospère tout en imposant son folklore identitaire. Le discours qui consiste à dire que le problème c’est l’immigré est plus facile à déployer et avaler que le discours qui explique que le problème c’est le financier.

 

🔴 Pour la première fois, je crois très probable que dans un face-à-face avec l’extrême-droite, le prochain cheval de la droite macroniste, qu’il s’appelle Philippe, Darmanin, Le Maire, Attal ou Véran, se fasse plier bien méchamment. Et je récuse absolument l’idée selon laquelle une gauche « recentrée », plus molle, social-démocrate ait le moindre avenir. Les gens sont à bout, ils souffrent, ils sont en colère, ils ont peur et ils ont de quoi et l’extrême-droite est aux portes du pouvoir : ce n’est pas l’heure des François Hollande !

 

🔴 Je suis en désaccord total avec ceux de mes camarades qui pensent que La France Insoumise étant la force motrice à gauche, elle doit polir son discours pour gagner en respectabilité, s’occuper un peu moins des quartiers populaires et aller chercher la gauche plus modérée, ce qui signerait une plus grande capacité à gouverner.

  • Ce discours petit bourgeois est consternant !
  • La gauche ne gagnera plus jamais sans mobilisation massive des milieux populaires les plus abstentionnistes.
  • A part les 2% de Roussel, je ne vois pas sur quel électorat existant mordre pour atteindre l’objectif. Qu’ils nous disent lequel ?

Bien sûr, on ne doit jamais renoncer à faire changer d’avis. Seul un effet puissant de vote utile, qui suppose d’avoir suffisamment de force de départ, fera passer les hésitants et l’eau tiède du côté du camp de la rupture. C’est ainsi que le plafond des 19% de 2017 est monté de trois points en 2022. Entre temps, on ne peut pas dire que Jean-Luc Mélenchon avait été particulièrement ménagé !

 

🔴 Mon expérience de terrain me conforte dans l’idée que le salut de la gauche passe par un sursaut de participation et que ce sursaut ne peut s’atteindre que par un travail de terrain acharné qui nécessite bien plus d’huile de coude que la rédaction de belles dissertations de salon à propos du « bon ton » à adopter !

 

Moi aussi, j’ai mes sujets préférés. Je préfère parler d’économie et d’industrie. Mais quand l’extrême-droite violente  instrumentalise des faits divers, descend faire des ratonnades dans la rue[14] et que le discours qui s’impose est celui d’un ennemi de l’intérieur, je ne vais pas me planquer en attendant que l’on puisse reparler d’économie et d’industrie sous prétexte que ce serait électoralement plus vendeur que la lutte antiraciste ! Tout ça, c’est du petit marketing politique imbécile. Nous ne vendons pas des savonnettes ! Nous devons assumer une responsabilité historique à l’heure où la fracture du pays peut mener au pire. 

 

 

- Alors, on fait quoi ?
D’abord, vérifions que nous sommes tous d’accord pour dire que, compte tenu de l’urgence de la situation, on n’a plus le temps mais juste des délais. Est-ce entendu ? Si oui, je propose qu’on arrête d’être la gauche qui se coupe sans cesse les cheveux en quatre, qui tergiverse et qui blablate, qui pense tous les six mois qu’elle doit tout recommencer à zéro, tout réinventer et tout réécrire alors qu’elle a le meilleur programme, que rien ne va plus alors qu’elle fait déjà tout ça dix fois mieux que tous les autres, qui pense et dit qu’elle fait tout mal.

 

🔴 À la place, on se retrousse les manches et on occupe le terrain tous azimuts du matin jusqu’au soir... On parle un peu moins et on agit encore plus.

👉 Au porte à porte dans les quartiers populaires les plus abstentionnistes[15], plus de la moitié des gens à qui on pose la question veulent être recontactés par La France insoumise ! Encore faut-il leur poser la question !

  • On les écoute, on s’intéresse à eux, à leur vie, à l’état de leur logement ;
  • On leur fait connaitre nos propositions ;
  • On se rend utile comme on peut pour aider ;
  • On fait s’inscrire sur les listes électorales ;
  • On mène des actions collectives ;
  • On gagne la confiance ;
  • On redonne confiance ;
  • Quand ils sont intéressés, on les accueille dans nos groupes d’action ;
  • On s’insère dans la vie de nos quartiers, de nos villes, de nos villages ;
  • On crée du lien direct avec les gens ;
  • On mène des actions de solidarité concrètes ;

Tout ça prend énormément de temps. Dépensons-le !

 

🔴 Faisons en sorte d’être toujours plus nombreux.

  • On se dresse en rempart intraitables contre les logiques de guerre civile ;
  • On fait République de tout bois envers et contre tout ;
  • On tient bon sur les principes, même quand c’est difficile et que tous les autres s’aplatissent comme des crêpes ;
  • On construit l’union populaire avec toutes les bonnes volontés ;
  • On affronte les partisans de la division du peuple et on contourne ceux qui se mettent en travers de son chemin.

Et surtout, surtout… on n’oublie jamais pour qui et pour quoi on fait tout ça. D’abord pour ceux qui souffrent et pour que la vie soit plus belle.


L’insoumission est un état d’esprit. Cultivons-le sans relâche !

  • Ça poussera.
  • Et ça fleurira. 

 

Notes :

[0] Jean-Luc Mélenchon : ce n’est pas en partant des anciens partis et de leur coalition que l’on parviendra à construire une majorité populaire sur un projet alternatif pour notre société.

[1Dans nos quartiers : violence, délinquance, drogue... il faut s'attaquer aux causes avant de réprimer !

[2] Le RN : discours de gauche.... et politique de droite par les actes... c'est ça l'extrême droite !

[3] Bolloré, Arnault, Drahi, Niel… Vers la fin des 9 oligarques détenant 90% des médias ?

[4] Guerre Israël-Hamas : ONU Plus de 14 000 morts, dont au moins les deux tiers étaient des enfants et des femmes

[4bisPrès de 15 000 morts à Gaza, trêve imminente... l'essentiel de ce jeudi

[5Le ministre israélien de la Défense, Yoav Galant, a déclaré que les Palestiniens sont " des animaux humains " et constitue un appel à commettre des crimes de guerre"

[6Chronologie : Palestine de 1917 à 2017

[7] 12 Novembre 2023 : « Le jour où l’extrême droite a été réhabilitée par la droite »

[8] Alerte : non, antisionisme et antisémitisme ne sont pas synonymes !

[9Désarroi au PS, au PCF et chez EELV après la manifestation des policiers

[10] Quatennens analyse Roussel

[11] La Nupes

[11bis] le programme de la Nupes

[12Législatives : « Le Monde » : la Nupes rate la victoire entre 0,13 et 0,25 % du total des voix

[12bis] Ces 10 circonscriptions où la Nupes a perdu par moins de 150 voix d’écart

[13Le RN : discours de gauche.... et politique de droite par les actes... c'est ça l'extrême droite !

[14Le terrorisme d'extrême droite s'incruste en France au service de l'extrême droite politique (RN - ZEMMOUR)

[15] Cagé, Piketty : à la conquête du 4ème bloc ?

 

Pour en savoir plus :

Quatennens analyse Roussel

Alliance selon les uns, reddition selon les autres... la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale, la fameuse Nupes, rebat les cartes de la gauche française.

- L’appel de ces députés NUPES pour l’union populaire : « Il faut continuer le combat pour le programme de rupture signé par chacun en 2022 »

- « Regroupons-nous autour du programme » : après le vote de la loi Immigration, Bompard propose une réunion d’urgence de la NUPES

- Manuel Bompard : Cagé, Piketty : à la conquête du 4ème bloc ?

 

Partager cet article
Repost0
9 octobre 2023 1 09 /10 /octobre /2023 14:06
La gauche actualise sa stratégie à l’aune du livre de Cagé et Piketty

La France insoumise peaufine la stratégie du « 4e bloc »[3]

 

 

Les conclusions de l’essai de Julia Cagé et Thomas Piketty sur l’importance du critère de classe dans le vote et le retard du « bloc social-écologique » dans les classes populaires rurales alimentent les réflexions et les controverses d’une gauche en recherche d’une stratégie victorieuse.

 

 

Source : Médiapart extrait | mis à jour le 14/12/2023

- Le 20 septembre, Jean-Luc Mélenchon ne boudait pas son plaisir d’accueillir Julia Cagé et Thomas Piketty dans un amphithéâtre rempli au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), à Paris, pour une conférence de l’Institut La Boétie (ILB), qu’il copréside.

« Vous êtes ici, en quelque sorte, chez vous », a-t-il lancé aux coauteurs de l’essai de la rentrée, " Une histoire du conflit politique (Seuil) ", précisant que s’il n’y a pas de compagnonnage politique entre eux et La France insoumise (LFI), au moins y a-t-il une parenté de pensée : « Les Insoumis et les Insoumises pensent que l’analyse électorale est un enjeu idéologique. »

 

Dans leur somme de 851 pages, les deux économistes décortiquent les résultats de 12 élections présidentielles et 41 élections législatives, de 1789 à 2022, dans les 36 000 communes de France. Un travail qui ne pouvait donc qu’intéresser les Insoumis. Par la quantité de données analysées, révélant les failles et les marges de progression de chaque bloc politique, les deux économistes se sont de fait quasiment convertis en oracles de la gauche. Leurs conclusions – sur le caractère plus déterminant que jamais de la classe sociale dans le vote, la marge de progression du bloc social-écologique dans les classes populaires rurales et le potentiel retour d’une bipolarisation gauche/droite – ont de quoi rendre le camp mélenchoniste optimiste.

 

 

- Mais des nuances sur la stratégie électorale qui découle des enseignements du livre se dessinent.

L’insistance des auteurs sur les écarts de vote entre mondes rural et urbain et l’idée que « la gauche n’a pas de proposition très construite pour attirer les classes populaires rurales » confortent l’analyse formulée par François Ruffin après les élections législatives de 2022. Celui-ci avait identifié les campagnes populaires, la France des bourgs et des villages, comme le point faible de LFI, sur lequel le mouvement devait travailler en priorité – même s’il a déjà progressé en 2022 par rapport à 2017, en remportant des législatives dans la Creuse, l’Ille-et-Vilaine ou encore la Haute-Vienne. Lors d’un débat avec Clémentine Autain à la Fête de l’Humanité le 16 septembre, le député de la Somme a fait référence à cette source de légitimation scientifique, estimant que désormais, pour lui, le chemin était « clair ».

 

 

- La France insoumise peaufine la stratégie du « 4e bloc »
« Non seulement le livre de Julia Cagé et Thomas Piketty offre un élan d’optimisme sur une victoire de la gauche, mais il permet d’objectiver quelque chose qui se dessinait après les législatives de 2022, que François avait posé dans le débat public, à savoir les enjeux géographiques du travail qu’il nous reste à faire », abonde Clémentine Autain, interrogée par Mediapart. Pour la députée de Seine-Saint-Denis, « la question des services publics est une partie de la réponse pour atteindre l’objectif d’unifier les classes populaires rurales et urbaines : il galvanise notre propre public, et peut contribuer à l’élargir ».

 

🔴 Ce n’est pas tout à fait la lecture que fait Jean-Luc Mélenchon, pour qui la clef d’une prochaine victoire de la gauche réside dans la mobilisation du « 4e bloc », c’est-à-dire les 26 millions d’abstentionnistes du second tour des législatives de 2022. Il vise en particulier les jeunes de 18 à 24 ans, qui ont voté pour lui à 38 % au premier tour de la présidentielle, mais se sont abstenus à 66 %, et les quartiers populaires.

 

🔴 « Bien sûr, il faut aller chercher les milieux ruraux déclassés : qui va dire le contraire ? Mais le gros de la troupe qui va nous faire gagner, ce sont les quartiers populaires, où on vote pour nous à 80 % au premier tour mais où 30 % seulement vont voter. […] La priorité, c’est de les convaincre eux, et pour ça, il faut parler clair, cru, dru, et dur », a-t-il lancé à ses convives le 20 septembre. Il se distingue ainsi des observations faites par François Ruffin cet été, estimant que « poser la radicalité n’est plus utile ». Le livre de Cagé et Piketty a donc rapidement alimenté des controverses préexistantes, chacun ayant tendance à y voir une confirmation de sa propre thèse.

 

 

- Nous pouvons l’emporter en parvenant à mobiliser davantage les catégories populaires. Manuel Bompard, coordinateur national de La France insoumise

Interrogé par Mediapart, Manuel Bompard, coordinateur national de LFI, qui a dialogué avec Julia Cagé et Thomas Piketty, estime ainsi que leur travail légitime la stratégie insoumise de conquête des abstentionnistes. Les deux universitaires montrent que pendant une longue période, notamment les années 1960-1970, « les communes pauvres votaient plus que les communes riches », en particulier dans les banlieues populaires, du fait du travail de mobilisation du Parti communiste français (PCF). Il y aurait donc une réserve de voix à récupérer.

  • « L’analyse sur le temps long démontre que la plus faible participation électorale des classes populaires n’est pas une fatalité ; les classes populaires participaient autant, voire à certaines périodes davantage que les classes dominantes. Nous avons donc raison quand nous disons que nous pouvons l’emporter en parvenant à mobiliser davantage les catégories populaires », analyse Manuel Bompard.
  • « C’était une époque où les catégories populaires s’imaginaient conquérir l’appareil d’État. Aujourd’hui, elles ont tellement été trahies par ceux qui l’ont conquis en leur nom, qu’on se retrouve avec la situation présente », abonde le député insoumis Hadrien Clouet, élu dans la Haute-Garonne avec un taux de participation en nette hausse par rapport à 2017 (+ 7 points), ce qui en fait un cas à part.
  • À ses yeux, pour que LFI passe du stade de « pôle de résistance » à une force alternative majoritaire, il faut s’appuyer sur un travail militant acharné auprès des classes populaires. Il rapporte ainsi avoir fait « une campagne massive pour l’accès aux droits dans les banlieues populaires » : « Les gens m’ont tous vu trois fois sur le seuil de leur porte, pour leur dire des choses socialement utiles, alors que l’État se retire de partout. » Une pratique plus difficile dans les campagnes pavillonnaires, où « on subit la disparition des lieux de sociabilité », rapporte-t-il.

 

🔴 À la conférence de l’ILB, la sociologue Marion Carrel abondait dans ce sens, affirmant, d’une part, quil serait « dramatique » de « laisser tomber les abstentionnistes au motif que stratégiquement ils sont trop loin du vote » et, d’autre part, que « les conditions sociales et politiques d’une remobilisation existent ».

 

🔴 « L’expérience des discriminations, en particulier territoriales, raciales et religieuses, suscite une politisation ordinaire qui a du mal à être captée par les organisations politiques et associatives. Cette politisation ordinaire peut amener à un retour possible au vote, à condition d’un travail militant de longue haleine, qui s’appuie sur des leaders de quartier, et que les formats d’engagement soient participatifs, portés sur l’action », a-t-elle décrit.

 

 

- Unifier les classes populaires : un objectif partagé
Sur le plan programmatique, alors que la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), basée sur le programme de LFI[2], est traversée de tensions du fait de la volonté de ses partenaires de rééquilibrer l’alliance vers le centre pour « rassurer » un électorat de gauche modéré, le travail de Cagé et Piketty leur donne tort aux yeux des Insoumis :

 

🔴 « Les classes populaires participent davantage lorsque la gauche est organisée autour d’un pôle de rupture avec le capitalisme (PCF historique ; PS des années 1970 et du Programme commun), ce qui valide notre positionnement programmatique. Et j’ajoute que l’on voit s’esquisser une hausse de la participation populaire entre 2017 et 2022, à laquelle nous ne sommes sans doute pas étrangers », argumente Manuel Bompard.

 

Au-delà des rangs insoumis, le livre incite les partis à des convergences politiques : une audition de Cagé et Piketty est d’ailleurs prévue à l’Assemblée nationale le 4 octobre par des député·es de la Nupes. Pour Chloé Ridel, porte-parole du Parti socialiste (PS), l’un des apports du livre est d’affirmer « que le sentiment de désaffection des classes populaires n’est pas d’abord lié à une panique morale et identitaire mais à un sentiment de relégation économique et sociale en dehors des métropoles. Les solutions, c’est de ramener de l’emploi et des services publics dans les zones périurbaines ».


Cet enseignement permet de mettre à distance l’idée d’« insécurité culturelle » un temps popularisée par le Printemps républicain avec l’essayiste Christophe Guilluy, qui avait fait dériver le PS vers des thématiques identitaires – une pente que semble prendre aujourd’hui le PCF de Fabien Roussel lorsqu’il flatte un chauvinisme supposé de la France des villages.

 

Pour les écologistes aussi, le livre donne matière à penser. Le diagnostic à leur égard y est plus déprimant. Cagé et Piketty décrivent un profil de vote écologiste atypique à gauche, très urbain et où « plus les communes sont riches, plus elles votent pour l’écologie politique, sauf au sommet de la distribution des revenus ». Ils concluent : « Pour de nombreux électeurs issus des catégories populaires ou des territoires défavorisés, le vote écologiste est souvent associé à un discours certes respectable et même indispensable sur le plan des objectifs, mais qui en pratique tend à négliger la question des inégalités sociales et risque de se retourner contre les plus modestes, qui ne semblent pas toujours figurer parmi les priorités de ce courant politique, généralement considéré comme plus proche des classes urbaines relativement favorisées. »

 

🔴 Pour avoir la majorité aux législatives, il faut gagner dans plus de 289 circonscriptions, donc il faut aussi gagner dans des endroits où on est plus fragiles.

 

 

- Dialogues avec Cagé et Piketty : Géographie des votes de gauche et stratégie de conquête électorale

L’Institut La Boétie a pour vocation d’organiser, pour le camp de l’émancipation, le dialogue, l’interface entre monde politique et monde universitaire. C’est pourquoi il a organisé, le 20 septembre 2023, une soirée d’échanges autour de cet ouvrage " Une histoire du conflit politique : Elections et inégalités sociales en France, 1789-2022 " 

 

 

- Ce livre est " Une histoire du conflit politique : Elections et inégalités sociales en France, 1789-2022 "

  • Qui vote pour qui et pourquoi ?
  • Comment la structure sociale des élec­torats des différents courants politiques en France a-t-elle évolué de 1789 à 2022 ?

En s’appuyant sur un travail inédit de numérisation des données électorales et socio-économiques des 36 000 communes de France couvrant plus de deux siècles, cet ouvrage propose une his­toire du vote et des inégalités à partir du laboratoire français.

 

 

- Au-delà de son intérêt historique, ce livre apporte un regard neuf sur les crises du présent et leur possible dénouement.

La tripartition de la vie politique issue des élections de 2022, avec d’une part un bloc central regroupant un électorat socialement beaucoup plus favorisé que la moyenne – et réunissant d’après les sources ici rassemblées le vote le plus bourgeois de toute l’histoire de France –, et de l’autre des classes populaires urbaines et rurales divisées entre les deux autres blocs[1], ne peut être correctement analysée qu’en prenant le recul historique nécessaire. En particulier, ce n’est qu’en remontant à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, à une époque où l’on observait des formes similaires de tripartition avant que la bipolarisation ne l’emporte pendant la majeure partie du siècle dernier, que l’on peut comprendre les tensions à l’œuvre aujourd’hui. La tripartition a toujours été instable alors que c’est la bipartition qui a permis le progrès économique et social. Comparer de façon minutieuse les différentes configurations permet de mieux envisager plusieurs trajectoires d’évolutions possibles pour les décennies à venir.

 

Une entreprise d’une ambition unique qui ouvre des perspectives nouvelles pour sortir de la crise actuelle. Toutes les données collectées au niveau des quelques 36 000 com­munes de France sont disponibles en ligne en accès libre sur le site unehistoireduconflitpolitique.fr, qui comprend des centaines de cartes, graphiques et tableaux interactifs auxquels le lecteur pourra se reporter afin d’approfondir ses propres analyses et hypothèses.

 

-  Par :

  • Julia Cagé professeure à Sciences Po Paris et lauréate du Prix du meilleur jeune économiste (2023)
  • Thomas Piketty directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales et professeur à l’École d’économie de Paris.

Éditions : Les Editions SEUIL

Date de parution : 8 septembre 2023

Pages : 864

Disponibilité : ICI

Format : 15,6 cm x 21,9 cm

Prix papier TTC : 27 €

 

Notes :

[1Les 3 blocs et l’avenir de l’Union populaire par Jean-Luc Mélenchon

[2] Programme partagé de gouvernement de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale

[3] Manuel Bompard ; Cagé, Piketty : à la conquête du 4ème bloc ?

 

Pour en savoir plus :

- LES OBSTACLES À « LA RECONQUÊTE DU VOTE POPULAIRE RURAL » : DISCUSSION SUR L’OUVRAGE DE CAGÉ ET PIKETTY

- L’appel de ces députés NUPES pour l’union populaire : « Il faut continuer le combat pour le programme de rupture signé par chacun en 2022 »

 

Partager cet article
Repost0
24 août 2023 4 24 /08 /août /2023 17:13
Qu’est-ce que La France insoumise d'aujourd'hui ?

- Pourquoi La France insoumise, ses origines ?

- La France insoumise : comment ?

- La France insoumise : pour quoi faire ?

- La France insoumise, comment ça marche[1] ?

Autant de questions dont vous trouverez les réponses ci-dessous...

 

 

À l'occasion des #Amfis2023, découvrez la nouvelle brochure de la France insoumise qui explique comment la France insoumise s’est structurée autour d’un programme, point d’équilibre de toute la vie interne du mouvement, pour être utile à la mise en œuvre d’une stratégie : la révolution citoyenne.

 

 

Sources : La France Insoumise | mis à jour le 27/09/2023

- La France insoumise un outil politique pour faire gagner la voie du peuple !

Pour tenir en échec la droite et l'extrême droite, il faut des objectifs de progrès pour la société. Sinon, il n'y a pas de victoire possible... c'est notre responsabilité.

 

 

- Introduction, co-signée par Clémence Guetté et Manuel Bompard :
« La France insoumise, en tant qu’acteur politique, est un objet nouveau, en constante mutation. La question « Qu’est-ce que la France insoumise ? » se pose donc. Pour y répondre, nous reviendrons d’abord à la genèse de la France insoumise, et aux fondements théoriques qui ont présidé à sa naissance. Ces éléments nous permettront ensuite de comprendre son évolution depuis sa création jusqu’à son organisation actuelle arrêtée par l’Assemblée représentative du 10 décembre 2022. Enfin, nous verrons comment la France insoumise s’est structurée autour d’un programme, pour être utile à la mise en œuvre d’une stratégie : la révolution citoyenne. »

 

🔴 Pour accéder au document, cliquez ICI 👇

 

Qu’est-ce que La France insoumise ? - Nouvelle brochure

 

🔴 Téléchargement du document, à votre disposition ICI 👇

Partager cet article
Repost0
9 juillet 2023 7 09 /07 /juillet /2023 13:00
Entretien de Jean-Luc Mélenchon avec Mediapart le 4 juillet 2023 : « Le pouvoir ne contrôle plus la police, il en a peur »

Il y a un retournement du front républicain, transformé en « front antipopulaire » ?

 

 

Une semaine après la mort du jeune Nahel, le chef de file de La France insoumise revient sur la nécessité d’apporter des réponses politiques aux violences policières et à la relégation des quartiers populaires. Et appelle la gauche à « se réveiller » face à l’extrême droite.
Le ton est de nouveau monté, mardi 4 juillet, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Interrogée par la présidente du groupe La France insoumise (LFI), Mathilde Panot, sur l’absence de réponses politiques une semaine après la mort du jeune Nahel, tué à bout portant par un policier, la première ministre s’est encore attaquée au mouvement de Jean-Luc Mélenchon. « Vous sortez du champ républicain », a-t-elle cette fois lancé aux député·es insoumis.

Depuis le drame de Nanterre, les critiques de la droite et de l’extrême droite se sont concentrées sur LFI, gagnant peu à peu les rangs de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). Le débat sur les violences policières et les quartiers populaires, lui, a été complètement éclipsé. Dans un entretien accordé à Mediapart, Jean-Luc Mélenchon analyse les ressorts de ce basculement, derrière lequel il perçoit l’avènement d’un « front antipopulaire ».

 

 

Sources : Médiapart par Mathieu Dejean, Fabien Escalona et Ellen Salvi | mis à jour le 23/08/2023

- Mediapart : Cela fait une semaine que Nahel a été tué à bout portant par un policier. Très vite, le débat n’a plus porté sur les violences policières, mais sur celles des jeunes des quartiers populaires. Quel regard portez-vous sur ce basculement ?
Jean-Luc Mélenchon : Le président aurait dû répondre, séance tenante, aux problèmes qui ont créé les circonstances de la mort de Nahel, c’est-à-dire immédiatement suspendre cette loi « permis de tuer » Cazeneuve de 2017. Mais comme son intention n’est pas de répondre aux problèmes qui sont ici posés, il en a inventé d’autres. C’est une tactique de diversion.

 

Il a d’abord pointé la responsabilité des parents – ce qui est un propos insultant, qui manifeste son refus de prendre en compte leur situation sociale. Puis, il a mis en cause les jeux vidéo – ce qui est une assertion digne du café du commerce, car il n’y a aucune étude qui atteste d’un lien entre ces jeux et la violence. Enfin, la majorité nous a pointés, nous, les Insoumis.

 

Quand j’ai expliqué que nous appelions à la justice, on en a déduit que je n’appelais pas au calme et cela nous a été reproché. Pourtant, nous intervenons sur notre terrain. Nous ne sommes pas des sociologues ou des urbanistes. Notre rôle consiste à formuler une évaluation politique d’un problème politique pour lui apporter des réponses politiques.

 


- Mediapart : Comment jugez-vous celles du pouvoir ?
Jean-Luc Mélenchon : Je note que la première réaction de Macron, lorsqu’il a été informé de la mise à mort d’un jeune homme de 17 ans, a été humaine. Comme n’importe quel parent, il a estimé que cet événement était inacceptable, ce qui est vrai. Et il s’est arrêté là, laissant le soin à un ministre d’appeler la mère de Nahel. Il aurait pu l’appeler lui-même ou aller la voir, ce qui aurait été un geste extrêmement fort, pour montrer qu’il n’y avait pas de décrochage entre la population et les autorités.

 

Au lieu de cela, il a passé son temps à courir derrière la police. Ce qui a été immédiatement compris par les syndicats policiers Alliance et Unsa Police, qui ont produit un communiqué en tous points inacceptable. Or, nous n’avons pas entendu une seule critique. Quand on a interrogé Dupond-Moretti ou d’autres dirigeants, ils ont dit que ce n’était pas leurs paroles, voire qu’ils n’avaient pas de commentaire à faire. Ce qui veut dire que nous sommes plus en danger que nous ne le pensions.

 

Le président et son gouvernement n’ont toujours pas fait une seule proposition en rapport avec les événements.

 

L’organisation majoritaire de la police déclare que « l’heure n’est pas à l’action syndicale mais au combat » et même que « les policiers sont au combat car nous sommes en guerre ». Je parle là comme le représentant politique d’une partie de l’opinion des Français, qui se sent menacée par un pouvoir qui se comporte de cette manière face à la population des quartiers populaires. Et qui ne fait rien quand des bandes armées de fascistes viennent dans les rues choper des gamins et les livrer à la police. J’insiste donc : nous sommes en danger car le pouvoir ne contrôle plus la police. Il en a peur. Il lui est soumis.

 

Voilà la situation au bout d’une semaine. Avec ce constat inouï que le président et son gouvernement n’ont toujours pas fait une seule proposition en rapport avec les événements, à part envoyer 45 000 hommes [chargés du maintien de l’ordre – un chiffre volontairement surestimé par le ministère de l’intérieur, selon Le Canard enchaîné – ndlr] dans tout le pays. Même Jacques Chirac, en 2005, avait tenu un discours qui essayait de préserver un terrain commun, sur lequel les gens de tous bords pouvaient se retrouver.

 

À l’époque, Claude Dilain, le maire de Clichy-sous-Bois, avait eu cette phrase magnifique au congrès du PS, tenu à la sortie des révoltes urbaines : « Vous souhaitez un retour à la normale, mais c’est la normale qui est insupportable. » Nous savons que la normale est insupportable et que le peuple qui se trouve là la supporte avec un courage et une patience incroyables. La réponse, c’est donc la justice. Autrement dit : le calme, ça se construit.

 

 

- Mediapart : Vous affirmez que le pouvoir a peur de la police. C’est une parole forte. Est-ce selon vous une situation inédite sous la Ve République ?
Jean-Luc Mélenchon : C’est justement une situation similaire qui a donné la Constitution de 1958, car le pouvoir ne contrôlait plus l’armée. Là, il [Ndlr : Macron] ne contrôle plus la police, dont les syndicats majoritaires utilisent des mots directement tirés du répertoire de l’extrême droite, en traitant la population qui lui résiste de « nuisibles ». On avait eu un premier signal d’alerte quand Christophe Castaner s’était prononcé contre les clés d’étranglement. On avait alors été stupéfaits de voir des policiers réclamer que leur soit laissé le droit d’étrangler. À ce moment-là, on avait compris que pour montrer une telle audace, il fallait qu’ils sentent un rapport de force favorable. De fait, M. Castaner y a laissé son ministère.

 


- Mediapart : Comment expliquez-vous qu’il soit devenu impossible d’avoir un discours critique sur la police ? De tout simplement dire qu’il y a un problème de racisme dans la police sans être immédiatement mis au ban de la République ?
Jean-Luc Mélenchon : Au point de départ, il y a une confrontation de deux visions du monde et des rapports sociaux : l’extrême droite et les Insoumis. Ceux qui partageaient la doctrine économique du libéralisme se sont retrouvés face à une population qui résistait massivement à leur politique. Ils ont alors accepté le discours de diversion de l’extrême droite, prétendant que le problème c’est l’immigré, et même le musulman, afin d’introduire une coupure dans la population française. Ce faisant, ils ont dévalé la pente. C’est le destin promis à quiconque cède un mètre de terrain à l’extrême droite.

 

Il y a eu un retournement du front républicain, transformé en “ front antipopulaire ”.

 

Cette évolution vers le pire se traduit politiquement par ce que les économistes Bruno Amable et Stefano Palombarini appellent le « bloc bourgeois ». On a bien vu au second tour des législatives que le pouvoir considérait que le pire, ce n’était pas l’extrême droite mais nous. Puis, il y a eu le tournant de l’élection partielle en Ariège, où une candidate insoumise, arrivée nettement en tête au premier tour, a vu tous les autres se mettre d’accord pour la battre au second. Aussitôt, nous avons entendu Jean-Pierre Raffarin affirmer qu’un front républicain à l’envers s’était constitué[1]. Et en effet, il y a eu un retournement du front républicain, transformé en « front antipopulaire ».

 

J’utilise cette expression, car elle rappelle la situation de 1936, lorsque tous les autres s’étaient mis d’accord contre le Front populaire, selon le slogan « mieux vaut Hitler que le Front populaire ». La formation de ce front antipopulaire est une porte ouverte à la catastrophe pour notre pays.

 

 

- Mediapart : Vous et le mouvement LFI avez cristallisé les critiques. Vos détracteurs vous excluent de l’arc républicain. Comment comptez-vous briser cet isolement ?
Jean-Luc Mélenchon : D’abord, on ne se sent pas isolés. Nous représentons un secteur de la population. Notre ciblage n’est en fait qu’un prétexte à une autre visée politique, à savoir l’unification des droites. Le défi qui nous est posé, c’est de ne jamais mettre à distance les milieux sociaux que l’on représente, même quand ils ont des contradictions – parce que ça ne fait plaisir à personne que des voitures brûlent. Nous devons empêcher qu’une partie de notre bloc bascule du côté du parti de la répression. Pour cela, il faut continuer d’être l’expression politique de ce bloc, même quand c’est difficile. La justice partout est sa cause commune !

 

De toute façon, aucune propagande n’effacera les données du problème.

  • Premièrement, les quartiers populaires ont été mis au ban de la République, avec des populations racisées par le regard des autres, assignées à résidence et à religion, qui bénéficient de moins d’argent, de transports et d’offre médicale que les autres.
  • Deuxièmement, les riches ont fait sécession. Ils se sont réfugiés dans leurs quartiers avec une vision fantasmée du reste de la société. De manière générale, tout ce qui était de l’ordre de la mise en commun disparaît, avec pour résultat « chacun chez soi ».

 

 

- Mediapart : Vous évoquez « les riches », mais les comportements de sécession sociale peuvent aussi toucher les classes moyennes…
Jean-Luc Mélenchon : Parlons-en. Déjà dans les années 1930, les classes moyennes représentaient un enjeu électoral. Elles étaient plus hétérogènes qu’aujourd’hui, avec beaucoup de boutiquiers et de paysans. La droite opposait le sort de ces groupes à celui des ouvriers, dans son combat contre le Front populaire. Aujourd’hui, on fait face à un milieu plus homogène qu’à cette époque, en raison d’une communauté matérielle de fait dans la dépendance aux réseaux.

 

Regardons de plus près. Pour que la stratégie de centre-gauche fonctionne, comme dans les années 1970, il faut des classes moyennes ascendantes. Quand j’étais adhérent socialiste à Lons-le-Saunier [dans le Jura – ndlr], ma secrétaire de section était une assistante sociale, mon premier secrétaire fédéral était un maître de conférences à la faculté. Qui étaient ces gens-là ? Des enfants d’ouvriers syndiqués, en ascension sociale et communiant dans des mots d’ordre transversaux, comme celui de l’autogestion.

 

La différence, c’est qu’aujourd’hui les classes moyennes ne sont plus ascendantes. Elles sont appauvries et en voie de déclassement. Leur rapport à la politique est déterminé par une incertitude : dans la polarisation sociale, de quel côté vont-elles aller ? Là, en ce moment, elles penchent vers le retour au calme. Dans huit jours, cependant, vous aurez une avalanche de documents, d’articles, de tribunes sur les conditions de vie dans les banlieues. À ce moment-là, je pense que les classes moyennes « sachantes » et éduquées vont reprendre leur sang-froid, et seront convaincues qu’il n’y a pas de solution policière à une situation pareille.

 

 

- Mediapart : Quelle stratégie politique adopter dans une arène médiatique hystérisée et binarisée ? Vous avez pour principe de ne jamais reculer sur vos prises de position, mais n’est-ce pas prendre le risque de devoir vous justifier sans cesse sur la forme, au détriment du fond ?
Jean-Luc Mélenchon : Je vous rappelle que nous ne vendons pas des glaces. Nous appartenons à un camp politique, on ne peut pas marchander nos convictions. Et c’est la condition pour être entendus ensuite.

  • Si nous ne tenons pas bon, qui va le faire ?
  • De qui gagnerait-on la sympathie en cédant ? Des gens qui s’affolent ? De ceux qui ont peur ? Il faudrait alimenter celle-ci ? Non.

Notre devoir est de tenir bon. À cet égard, je suis formidablement et agréablement surpris par la capacité de résistance du groupe parlementaire des Insoumis. Beaucoup ont été élus pour la première fois de leur vie. Ils ont à peine un an d’Assemblée nationale, avec des reproches constants à supporter.

 

À chaque étape, à chaque pas, on dit quelque chose à quelqu’un qui se sent plus digne, plus fort.

 

Nous ne perdons pas de temps à nous expliquer sur la forme, car de forme il n’y en a pas : c’est une pure invention. Aucun d’entre nous n’a appelé à l’insurrection ou à mettre le feu. En revanche, quand je vais à la télévision et que je raconte la situation des mères qui ont du mal à faire face, je suis entendu par des milliers de femmes qui sont la substance du quartier populaire. À chaque étape, à chaque pas, on dit quelque chose à quelqu’un qui se sent plus digne, plus fort.

 

 

- Mediapart : Revenons à la mort de Nahel. Le gouvernement de Bernard Cazeneuve et François Hollande a fait voter en février 2017 une loi permettant un usage facilité des armes à feu pour les forces de l’ordre. Tout le groupe PS avait voté pour. Est-ce possible aujourd’hui pour la Nupes d’avoir une position commune pour son abrogation ?
Jean-Luc Mélenchon : Vous avez raison de pointer cette loi[2]. Ç’eût été le bon sens élémentaire de la suspendre après la mort d’un enfant. Le signal que recevrait la police, c’est : on ne tire plus. En légitime défense, personne n’a jamais discuté du fait qu’ils se servent de leurs armes. Ils le savent. Mais je suis toujours pour limiter la casse. J’avais ainsi été conduit à dire qu’il faut les désarmer pour encadrer les manifestations. Nous défendons aussi le dépaysement immédiat de toute affaire de violences policières, ce qui est une revendication du Syndicat de la magistrature, et la création d’une commission « Vérité et justice ». Nous en avons besoin, car il y a un grand nombre d’affaires où il n’y a pas encore de décision de justice.

 

Venons à celles et ceux qui ont voté cette loi. Pour commencer, ni les Verts ni les communistes ne l’ont fait – c’est un bon début. Quant aux socialistes, leur groupe à l’Assemblée a fait un communiqué qui dit ceci : « Parce que nous sommes attachés à l’ordre républicain, [...] nous le disons clairement : il faut urgemment redéfinir une doctrine de maintien de l’ordre, travailler à une réforme de la formation des policiers, à une refonte des autorités de contrôle et de sanction de nos forces de l’ordre, mais aussi à une nécessaire évaluation de l’application de la loi de 2017, en vue de la réviser. » Ils veulent donc la réviser, c’est mieux que rien. Quel besoin d’aller ensuite dire qu’ils ont une divergence fondamentale avec moi ? De quoi parlent-ils ?

 

 

- Mediapart : Juste après la mort de Nahel, vous avez dit que la police devait être « entièrement refondée ». Qu’est-ce que ça veut dire concrètement ? Et que répondez-vous à toutes celles et ceux qui, à gauche, estiment que la police sera toujours une force de répression au service de l’État ?
Jean-Luc Mélenchon : Il y a besoin d’une police dans toutes les sociétés, c’est l’évidence depuis que les villes existent. Je ne pense pas qu’on se passera de la nécessité de faire appliquer la loi par des gens qui représentent l’État. Pourquoi ? Parce qu’on ne veut pas que tout le monde s’en mêle. Il y a une police, pour que tout le monde ne la fasse pas, et parce qu’il faut la faire bien. C’est donc un métier et une délégation de pouvoir qui doivent rester sous étroit contrôle politique. Traditionnellement, les grandes forteresses de l’État sont cogérées. Le ministre de l’intérieur compose avec les syndicats de police. Mais entre composer et lui donner le pouvoir, il y a une marge !

 

Les enquêtes démontrent que près de 50 % des policiers votent à l’extrême droite[3]. Comment se fait-il que le corps chargé du maintien de l’ordre républicain ait majoritairement comme opinion des idées qui ne le sont pas ? Qu’est-ce qui fait qu’un homme de 24 ans tire sur un gamin ? Ou sur une jeune femme ? C’est parce qu’il n’y voit pas son frère ou sa copine. Je ne dis pas qu’ils tirent par racisme, mais leur racisme leur fait oublier sur qui ils sont en train de tirer. C’est ma conviction.

 

Il faut donc refonder la police, en commençant par la formation, la reprise en main de l’encadrement, le rétablissement du code de déontologie de Pierre Joxe... Je vous rappelle d’ailleurs que lorsque celui-ci était ministre de l’intérieur et que des policiers sont venus manifester en armes sous ses fenêtres, il en a mis à pied cent vingt, et exclu quatre. Je vous garantis qu’après cela il y avait une ambiance de travail. Les revendications, oui, c’est la vie syndicale. Mais le syndicat qui écrit « nous sommes en guerre », ce devrait être une mise à pied directe.

 

Entretien de Jean-Luc Mélenchon avec Mediapart le 4 juillet 2023 : « Le pouvoir ne contrôle plus la police, il en a peur »
Entretien de Jean-Luc Mélenchon avec Mediapart le 4 juillet 2023 : « Le pouvoir ne contrôle plus la police, il en a peur »
Entretien de Jean-Luc Mélenchon avec Mediapart le 4 juillet 2023 : « Le pouvoir ne contrôle plus la police, il en a peur »
Entretien de Jean-Luc Mélenchon avec Mediapart le 4 juillet 2023 : « Le pouvoir ne contrôle plus la police, il en a peur »
Entretien de Jean-Luc Mélenchon avec Mediapart le 4 juillet 2023 : « Le pouvoir ne contrôle plus la police, il en a peur »
Entretien de Jean-Luc Mélenchon avec Mediapart le 4 juillet 2023 : « Le pouvoir ne contrôle plus la police, il en a peur »
Entretien de Jean-Luc Mélenchon avec Mediapart le 4 juillet 2023 : « Le pouvoir ne contrôle plus la police, il en a peur »
Entretien de Jean-Luc Mélenchon avec Mediapart le 4 juillet 2023 : « Le pouvoir ne contrôle plus la police, il en a peur »
Entretien de Jean-Luc Mélenchon avec Mediapart le 4 juillet 2023 : « Le pouvoir ne contrôle plus la police, il en a peur »
Entretien de Jean-Luc Mélenchon avec Mediapart le 4 juillet 2023 : « Le pouvoir ne contrôle plus la police, il en a peur »

 

 

- Mediapart : Vous avez évolué sur les questions d’islamophobie. Peut-on dire la même chose à l’égard de la violence en politique ?
Jean-Luc Mélenchon : Par rapport à mes 20 ans, incontestablement. À 20 ans, j’étais un admirateur de la guerre de guérilla du Che. Ensuite, après le coup d’État de Pinochet, j’étais d’accord avec ceux qui faisaient de la résistance armée. Et puis, j’ai fait le bilan de tout ça : avons-nous eu un résultat significatif où que ce soit, d’une quelconque manière ? Non, et les meilleurs sont morts.

 

Je pense définitivement que la violence comme stratégie politique ne mène nulle part. Non parce que je serais une espèce de saint que la violence effraierait, mais parce que ça ne mène qu’à des désastres. Je prône les stratégies non violentes. La seule stratégie révolutionnaire, c’est le vote.

 

 

- Mediapart : Comment expliquez-vous alors qu’on vous accuse d’être du côté de la violence ?
Jean-Luc Mélenchon : Nous devons passer notre temps à nous défendre d’être des violents, alors que c’est le pouvoir qui institutionnalise la violence. Par ailleurs, il y a aussi une dérive sémantique du vocabulaire. Quand j’entends Macron parler de « décivilisation », ça me fait peur. Même lorsqu’on parle d’émeutes, par habitude de langage, cela suggère que c’est un truc fou et aveugle, alors qu’on voit bien que les choses sont plus compliquées. Nous sommes dans une situation de révoltes urbaines. Elles prennent des formes qui épousent le terrain.

 

 

- Mediapart : Justement, vous insistez beaucoup sur le fait urbain dans votre ouvrage « L’Ère du peuple ». En 1989, déjà, le texte fondateur de la Nouvelle école socialiste théorisait le concept de « social-démocratie urbaine ». Comment les habitant·es des quartiers populaires peuvent-ils reprendre le contrôle collectif sur cet espace ?

Jean-Luc Mélenchon : Mon idée, à l’époque, c’était qu’avec l’urbanisation du monde, les nouvelles organisations progressistes, socialistes et collectivistes naîtraient de la structure urbaine et pas dans les entreprises. La ville n’est pas un décor, elle correspond à son époque. Logiquement, elle a accompagné les diverses mutations du capitalisme.

 

Sous l’ère fordiste et keynésienne, on avait découpé la ville en morceaux : l’endroit où l’on habite, l’endroit où l’on va se balader, l’endroit où l’on mange, etc. Mais c’était une ville de contrat social, dans laquelle tout le monde vivait ensemble. Puis, on est passé à la ville néolibérale, marquée par une dynamique de gentrification. Aujourd’hui, dans Paris, si vous êtes une famille et que vous n’avez pas 5 000 euros à deux, vous ne pouvez pas y arriver.

 

La ville produit aussi des formes politiques spécifiques. Lorsque ses habitants sont sans ressources, ils entrent dans des phases de révolte qui sont des éruptions. Il n’y a plus de médiation pour que ça se traduise dans des formes où un compromis soit possible. La ville n’en est pas moins le nouveau terrain de la conflictualité sociale, parce que pour produire et reproduire votre existence matérielle, vous avez besoin des réseaux. Et avec un réseau, on ne négocie pas. L’eau du robinet coule ou elle ne coule pas. Il y a de l’électricité ou il n’y en a pas.

  • J’appelle chacun à surmonter l’esprit de clan, afin de se mettre à la hauteur des événements.

 

 

- Mediapart : La coupure de la classe politique avec des quartiers populaires ne date pas d’hier. Jusqu’où la faites-vous remonter et comment renouer le lien entre les habitant·es de ces quartiers et les structures politiques ?
Jean-Luc Mélenchon : Cette rupture dépend du rapport de force social. Depuis toujours, les possédants répètent que les classes sociales soumises et opprimées sont dangereuses. Pendant la Commune de Paris, Émile Zola s’en va en disant : « C’est une cause merveilleuse mais elle est mal représentée. »

 

Quand les syndicats ont perdu leur puissance, détruite par le néolibéralisme, il n’y a plus eu de ligne de résistance sociale et politique. Les partis au pouvoir n’allaient pas donner raison à ceux qui protestaient contre leur gestion, c’est-à-dire les quartiers populaires. L’ultime ligne de défense que nous avions, c’étaient les associations, et elles ont aussi été démontées. On a laissé des millions de gens désarmés. Et le discours des dominants continue : les révoltes sont de la faute des révoltés. Il n’y a absolument rien de nouveau sous le soleil depuis un siècle.

 

Les Insoumis disposent de 4 000 référents d’immeuble. Il n’y a pas une seule autre organisation qui fasse ça. On est encore loin du compte, il nous en faudrait 4 à 5 fois plus. Il y a aussi la représentation politique. C’est-à-dire faire élire Rachel Keke, Carlos Martens Bilongo, ou Louis Boyard, qui vient lui aussi d’un quartier populaire. Donc, le problème est posé et on essaie d’y répondre.

 

Mais je considère que c’est la restructuration sociale qui produira sa propre représentation politique. La loi prévoit déjà que les villes de plus de 20 000 habitants doivent faire des comités de quartier. Mais dans combien de villes y en a-t-il vraiment ? À partir du moment où vous avez des immensités urbaines, sans bords, sans limites, il est évident que la question de la gestion se pose différemment, et que la bonne échelle, c’est le quartier.

 

 

- Mediapart : Le mouvement social contre la réforme des retraites a subi une défaite, on voit l’agenda sécuritaire s’imposer et plusieurs responsables politiques parler comme l’extrême droite. Quelles initiatives concrètes la gauche doit-elle lancer pour ne pas subir cet agenda mortifère ?
Jean-Luc Mélenchon : Il faut d’abord que la gauche existe. En politique, nous avons réussi à surmonter la division – au prix de nombreuses difficultés – en proposant la coalition Nupes pour les élections législatives. Mais ça ne suffit pas. La stratégie, c’est l’union populaire[4], pas seulement l’union des partis politiques. L’union populaire, c’est un objectif qui s’adresse à la masse et qui transite aussi par des formes organisées. On l’a vu pendant la bataille des retraites, nous n’avons toujours pas surmonté l’absurde division entre forces sociales et forces politiques. Naturellement, nos adversaires profitent à 100 % de la situation : ils opposent les syndicats aux organisations politiques, puis les organisations politiques entre elles.

 

Après une semaine de révoltes et sans aucune réponse du pouvoir, sommes-nous capables d’appeler ensemble à une mobilisation ? Pouvons-nous porter des mots d’ordre communs comme « la vérité et la justice » ? Les marches de samedi y répondent [un appel collectif au rassemblement a été lancé pour le 8 juillet – ndlr]. Cela préfigure bien l’union populaire.

 

  • Les discussions ont lieu, on fait ce qu’on peut, mais nos adversaires sont très habiles : en me diabolisant, ils essaient de me rendre infréquentable. Ma personne n’est pas le sujet. C’est pourquoi j’appelle chacun à surmonter l’esprit de clan, de chapelle et de groupe, afin de se mettre à la hauteur des événements. Quand vous avez des fachos dans la rue, il est quand même temps de se réveiller, non ? Il faut être capable d’y opposer un front non violent, mais qui, pour être efficace, doit être dix fois, cent fois plus massif que celui des violents.

 

 

----------------------------

 

 

-  La révolte des quartiers est une lutte de classes

Retrouvez l'intervention de Jean-Luc Mélenchon à l'occasion de l'observatoire politique de La France insoumise ne juillet 2023.

 

 

Notes :

[1Législative partielle : «Un front républicain anti-Nupes est en cours de constitution», lâche Raffarin

[2] article 435-1 du Code de la sécurité intérieure issu d’une loi de 2017 de Bernard Cazeneuve

[3] Selon le sociologue Luc Rouban, lors du premier tour de la présidentielle de 2017, 41 % des militaires et 54 % des policiers interrogés ont voté Marine Le Pen (contre 16 % de l’ensemble de la population).

[4] Jean-Luc Melenchon : après l'union de la gauche, vite L'UNION POPULAIRE !

 

Pour en savoir plus :

- « S'il existe encore un barrage pseudo-républicain en France, c'est désormais contre la gauche antilibérale »

Plutôt Hitler que le Front Populaire dans les années 30, plutôt Le Pen que Mélenchon aujourd’hui

- Après la mort de Nahel, LFI veut abroger une loi de Cazeneuve, accusée d’être « un permis de tuer »

- Radicalisation policière : le poids de l’extrême droite dans les forces de l’ordre

- Policier écroué à Marseille : un sociologue constate une "fronde organisée à l'intérieur de l'État" après les propos du directeur de la police

- La justice est " la seule légitime pour décider du placement ou non en détention provisoire des personnes qui lui sont présentées ", a rappelé lundi 24 juillet le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), en pleine polémique sur l'incarcération d'un policier à Marseille

- 12 juillet 2023 : lors de l'élection du secrétaire de la mission d'information « sécurité civile », la Macronie et LR ont fait élire un député RN pour empêcher la victoire du député France insoumise/Nupes Florian Chauche ! Ils prétendent être l'#ArcRépublicain, ils sont l'#ArcRéactionnaire !

- De la république policière à la république fasciste ?

- Août 2023 : Un homme de 23 ans, policier auxiliaire, arrêté après plusieurs incendies commis à Tours

 

Entretien de Jean-Luc Mélenchon avec Mediapart le 4 juillet 2023 : « Le pouvoir ne contrôle plus la police, il en a peur »
Partager cet article
Repost0
21 juin 2023 3 21 /06 /juin /2023 19:48
Contre Macron et son monde, vite une majorité populaire !

Texte débattu, amendé et voté par l’Assemblée représentative de La France Insoumise ce 17 juin 2023[1].

 

 

L’Assemblée représentative de la France insoumise s'est tenue le samedi 17 juin 2023 à Paris.
Elle a réuni les animateur·rices des Pôles et des Espaces du mouvement, ainsi qu’un·e insoumis·e tiré·e au sort parmi les animateur·rices de groupes d’action certifiés de chaque département, des Outre-mer et des Français·es de l’étranger.
L’Assemblée représentative est l’occasion de faire le bilan de la séquence politique écoulée et d’échanger sur les perspectives pour la France insoumise et la NUPES dans la séquence à venir, notamment électorale. Elle permet également de faire un bilan de l’activité des Espaces et Pôles de notre mouvement depuis la dernière Assemblée et un point d’étape sur les évolutions en cours.

 

 

Sources : La France insoumise | 

- Retraites : pour nous, c'est toujours 60 ans !

Depuis plusieurs mois, le pays vit un mouvement social parmi les plus puissants de ces 50 dernières années face à la volonté d’Emmanuel Macron et son gouvernement de reporter l’âge de la retraite à 64 ans. Il s’est exprimé à travers 14 journées de mobilisation réunissant plusieurs millions de personnes, des mouvements de grève reconductible, des actions de blocage dans des lieux de travail et d’études ou ailleurs, des manifestations spontanées ou des casserolades accompagnant Macron, ses ministres ou les parlementaires qui le soutiennent. Tout au long de la mobilisation, celle-ci a été soutenue par la très grande majorité du peuple français et par l’ensemble des organisations syndicales. La majorité populaire contre cette réforme n’a pas faibli. La bataille culturelle contre le report de l’âge légal et pour la retraite à 60 ans a clairement été gagnée.

 

La France insoumise a pris toute sa part dans cette mobilisation. Elle a organisé partout sur le territoire près de 300 réunions publiques, parfois seule ou parfois avec nos partenaires de la NUPES ou encore avec des représentant·es syndicaux·les ou associatif·ves. Ses militant·es ont mené une intense campagne de conviction, distribuant plus de 17 millions de tracts et collant plus d’un million d’affiches. Elle a initié une caisse de grève, récoltant plus d’1 million d’euros reversés en solidarité avec les grévistes qui en ont fait la demande. Elle a multiplié les initiatives de communication sur les réseaux sociaux et a organisé une émission par semaine consacrée à la mobilisation sociale. C’est un effort sans précédent, sans commune mesure avec l’action des autres organisations politiques et unique dans le pays.

 

La France insoumise et son groupe parlementaire ont poussé autant que possible à la mise en place d’un cadre commun de discussion entre les organisations de la NUPES, les organisations syndicales et associatives, qui n’a malheureusement pas vu le jour au niveau national. Localement, elle s’est fortement impliquée dans le travail unitaire, en impulsant la création de nombreux collectifs locaux de défense des retraites et parfois de caisses de grève locales. Nous poursuivrons ce travail de construction de cadres collectifs inter-organisations à chaque fois que possible afin de mener conjointement la bataille contre les attaques de Macron, à commencer par celles sur les salaires et les minimas sociaux.

 

Malgré cette mobilisation d’ampleur soutenue par une très large majorité de la population, le pouvoir en place a fait le choix du passage en force. Il a d’abord tenté de prendre le mouvement social de court en utilisant une procédure accélérée pour l’examen du texte à l’Assemblée nationale. Nous saluons l’action des député·es de la France insoumise qui ont empêché par leur détermination la mise en place du scénario gouvernemental, laissant ainsi au mouvement social le temps nécessaire pour se déployer dans tout le pays.

 

Mis en échec à l’Assemblée, le gouvernement a déclenché l’article 49.3 de la Constitution et fait adopter son texte sans vote. Le 8 juin, lors de la niche LIOT, le vote sur l’abrogation de la retraite à 64 ans a été empêché par un usage abusif de l’article 40 et la remise en cause du droit d’amendement des parlementaires en séance, comme auparavant en commission des Affaires sociales. Au mépris des droits de l’opposition, le Président de la commission des Finances Eric Coquerel a été mis en cause par la macronie. La Présidente de l’Assemblée nationale a agi sur ordre de Macron, au détriment de la séparation des pouvoirs et des droits de l’opposition dont elle est censée être la garante. Ainsi, la confrontation sociale s’est transformée en crise institutionnelle.

 

Face à la colère populaire qui s’est exprimée spontanément contre son coup de force, la macronie a, comme pendant le mouvement des Gilets jaunes, eu recours à une brutale répression policière et judiciaire, usant de dispositions juridiques prévues en cas de menaces terroristes, avec des décrets d’interdiction de manifestation illégaux et des arrestations arbitraires Cette nouvelle démonstration de l’autoritarisme du pouvoir a valu à notre pays des condamnations de nombreuses instances nationales et internationales de défense des droits humains. Le groupe parlementaire de la France insoumise s’est déplacé dans les commissariats pour constater et dénoncer les gardes à vue abusives. Il a également saisi les instances internationales au sujet de l’état de notre démocratie.

Nous dénonçons la remise en cause sans précédent de l’État de droit et la régression démocratique et appelons à constituer un front commun, large et unitaire, de défense des droits et libertés publiques civiles.

 

Ce projet de réforme des retraites n’a ni légitimité populaire, ni légitimité parlementaire. Et contrairement à ce que souhaitent Emmanuel Macron et Marine Le Pen, sa meilleure alliée, invisible à l’Assemblée et appelant à la fin des mobilisations, la page est loin d’être tournée. Le combat pour l’abrogation de la retraite à 64 ans et le retour à la retraite à 60 ans se poursuit. C’est ce qu’a affirmé avec force le serment des député·es de la NUPES prononcé le 8 juin.

 

Macron ne sortira pas indemne de cette séquence. Cette mobilisation historique est un point d’appui important pour ancrer la culture de la lutte et poursuivre la bataille idéologique.

 

À l’occasion de la fin des “100 jours d’apaisement” annoncés par Macron et de l’anniversaire du 14 juillet, nous organiserons des initiatives festives et unitaires qui en rappellent la nature révolutionnaire et l’urgence d’une 6e République.

 

 

- De la crise sociale à la crise démocratique : vite, la 6e République

Si le pouvoir en place a pu faire passer en force sa réforme, c’est parce qu’il peut s’appuyer sur les institutions autoritaires de la 5e République. Elles ont démontré dans cette situation leur caractère antidémocratique et à quel point elles permettent à un homme seul de décider contre le pays tout entier. Cette mobilisation sociale inédite aura donc servi de puissant révélateur pour des millions de citoyen·nes sur les dangers de la monarchie présidentielle.

 

Le sursaut populaire constaté lors de l’usage du 49.3 a marqué le début d’une crise de régime structurelle que l’on peut qualifier de phase “destituante”. À nous désormais de porter l’exigence d’une Constituante pour passer à la 6e République, par et pour le peuple. Par le peuple : c’est la Constituante et l’intervention populaire. Pour le peuple : ce sont de nouveaux droits et libertés. Pour sortir de la crise civique et démocratique, il faut changer les règles du jeu. Mais qui peut changer ces règles, si ce n’est le peuple lui-même, qui est seul titulaire du pouvoir constituant ? L’ensemble des citoyennes et des citoyens doivent pouvoir s’impliquer personnellement dans la réécriture collective du pacte qui fonde notre peuple.

 

La France insoumise lance partout dans le pays une campagne pour le passage à une 6e République : cafés populaires, ateliers des lois, réunions publiques, etc.

 

 

- En finir avec la vie chère

 Alors que le pouvoir en place a pris la responsabilité de bloquer le pays pendant plusieurs mois pour imposer une attaque contre les retraites, les difficultés de nos concitoyen·nes s’accumulent. Elles sont d’abord sociales. Alors que les prix flambent, les salaires ne suivent pas et le pouvoir d’achat s’effondre. Ce sont les ménages aux revenus modestes qui trinquent, les grands actionnaires et les plus riches qui en profitent. L’inflation frappe lourdement une grande partie de la population qui peine de plus en plus à se nourrir de manière saine et en quantités suffisantes, se loger ou se soigner correctement. Les prix alimentaires ont bondi de plus de 15%, les charges liées à l’énergie explosent, les loyers s’envolent, les transports coûtent de plus en plus chers, notamment dans les territoires ruraux et enclavés. Mais les retraites et les salaires, eux, stagnent et ne suivent pas l’envolée des prix. Les salaires réels (en tenant compte de l’inflation) ont ainsi baissé de près de 3% en un an. Ce sont des millions de personnes qui se serrent la ceinture ou sont dans l’incapacité de payer chaque mois leurs charges. Le pouvoir d’achat des retraités a baissé de 7,6% en 6 ans. De nombreuses personnes n’arrivent plus à se soigner. Un Français sur trois a moins de 100 euros sur son compte bancaire au 10 du mois.

 

Face à cette situation, le gouvernement multiplie les appels à « faire des efforts » aux multinationales de l’agroalimentaire ou de l’énergie. Mais il ne prend aucune mesure contraignante alors que les marges de ces entreprises sont responsables d’une partie significative de la hausse des prix. À l’inverse, il ne protège pas les petits commerçants et artisans victimes de l’inflation et notamment de l’explosion des prix de l’électricité. Avec la NUPES, nous nous sommes battu·es avec succès à l’Assemblée nationale pour permettre aux PME et TPE de bénéficier de nouveau des tarifs réglementés de l’énergie. Et non seulement les macronistes refusent de mettre à contribution le grand capital et les profiteurs de crise, mais ils s’attaquent aux plus précaires, à commencer par les chômeur·ses et bénéficiaires du RSA. C’est l’objectif du projet de loi sur le travail qui sera discuté dans quelques semaines à l’Assemblée. Ils continuent par ailleurs à dégrader notre système de protection sociale en réduisant les remboursements de la Sécurité sociale.

 

Plus que jamais, le gel des loyers, la limitation des charges locatives, le blocage des prix des produits de première nécessité, le plafonnement des dividendes, la hausse du SMIC à 1600 euros et des minimas sociaux, la création d’une allocation autonomie pour les jeunes, l’indexation des salaires et des retraites sur l’inflation et le retour aux tarifs réglementés de l’énergie sont des urgences vitales. Au Parlement, nos député·es se sont battu·es pour le gel des loyers et contre la possibilité d’une nouvelle hausse de 3,5%, adoptée par les macronistes avec la complicité de LR et du RN.

 

Alors que le gouvernement tente un « social washing » de sa politique ultralibérale avec un projet de loi sur le « partage de la valeur », nous allons saisir l’occasion pour exiger une réelle politique de partage des richesses et de hausse des salaires : indexation des salaires sur l’inflation, hausse du SMIC, plafonnement des dividendes.

 

Dans le pays, de nombreuses luttes émergent pour la hausse des salaires. Nous saluons la mobilisation courageuse des salarié·es de Vertbaudet qui a débouché sur une victoire, prouvant que la grève et la détermination sont les meilleures armes pour de nouvelles conquêtes sociales !

 

La France insoumise soutient toutes les luttes pour l’augmentation générale des salaires, ainsi que les luttes citoyennes contre la vie chère (locataires, étudiant·es…). Elle poursuivra ses actions de solidarité partout dans le pays (collectes, distributions alimentaires, ciné populaires…) et organisera cet été une caravane populaire contre la vie chère pour faire connaître ses propositions.

 

 

- Faire face à la crise écologique

La crise est également écologique. Le premier mandat d’Emmanuel Macron était déjà un mandat perdu pour le climat. Depuis un an, le gouvernement n’a cessé de rejeter les propositions, même quand elles étaient majoritaires, pour se hisser à la hauteur du défi climatique. Ce refus n’est pas juste le résultat d’un échec ou d’un manque de priorité. Il illustre l’impossibilité d’une véritable bifurcation écologique sans rompre avec les principes d’un capitalisme productiviste prédateur des ressources naturelles, qui fait deux victimes : les êtres humains et notre écosystème. Un capitalisme qui produit et accentue les inégalités climatiques : les plus riches protégé·es dans leurs bunkers saccagent, les plus pauvres les plus exposé·es subissent le plus durement inondations, ilôts de chaleur, pollutions atmosphériques…

 

Que ce soit sur les questions énergétiques ou d’agriculture, Macron réitère les recettes du vieux monde : relance du nucléaire et renforcement du modèle agro-industriel. En témoignent les projets écocides de méga-bassines soutenus par le gouvernement mais contestés par les militant·es du climat. Une contestation là aussi fortement réprimée, comme à Sainte-Soline en mars dernier. La France insoumise est engagée dans ce combat et apporte son soutien aux militant·es et collectifs tels que Les soulèvements de la Terre qui sont de véritables lanceurs d’alerte.

 

Aujourd’hui, le gouvernement avoue son renoncement à s’inscrire dans le cadre des accords de Paris en préparant un scénario d’adaptation à une hausse de la température mondiale de 4 degrés. C’est inadmissible. Nous voyons déjà sous nos yeux les conséquences du changement climatique, qui dérègle notamment le cycle de l’eau. Les évènements climatiques extrêmes se multiplient : sécheresses importantes et canicules alternent déjà avec des épisodes de pluies intenses et d’inondations sans recharge des nappes. Les conflits d’usage entre l’eau potable au robinet et celle utilisée par l’industrie, l’agriculture, la production d’énergie, ou le tourisme apparaissent et sont déjà problématiques. À cela s’ajoute l’imperméabilisation des sols urbains et agricoles qui empêchent l’eau de rejoindre les nappes souterraines. Macron et son gouvernement font mine de découvrir le problème : impréparation et inaction, voilà comment qualifier leur politique !

 

Notre plan Eau prévoit de sortir les biens communs des logiques du marché, de généraliser la sécurisation de la fourniture d’eau potable de chaque collectivité, de développer partout des gestions publiques et citoyennes de l’eau de façon raisonnée au plus près des besoins, d’investir massivement dans la résorption des fuites, de désimperméabiliser les sols, de transformer l’agriculture productiviste et chimique en implantant l’agroécologie, la permaculture et le bio, d’interdire tout ce qui interrompt les flux naturels de l’eau comme les retenues collinaires et les bassines.

 

Plus que de simples gestes individuels, la situation nécessite un changement systémique. Il est temps de planifier sérieusement la bifurcation écologique de notre modèle de production, de consommation et de distribution, d’appliquer la règle verte et le protectionnisme solidaire, d’investir massivement dans le développement des énergies renouvelables et dans la rénovation énergétique, de sortir des pesticides et d’investir massivement dans une agriculture paysanne, locale et biologique, respectueuse du vivant et permettant de sortir de la malbouffe.

 

Parce que les plus riches et les grandes entreprises sont les principaux émetteur·rices de gaz à effet de serre, ce sont elles et eux qui doivent d’abord être mis à contribution y compris en mettant fin au droit à polluer. Nous refusons la volonté du gouvernement comme de la Commission européenne de faire payer la facture au peuple.

 

La France insoumise mettra en place dans les prochains mois une campagne d’action sur l’eau et contre la sécheresse.

 

 

-  Combattre l'extrême droite, assurance-vie du système

En instituant l’autoritarisme comme mode de gouvernement, la macronie a légitimé la violence de l’extrême droite. Celle-ci multiplie attaques et intimidations de toutes sortes (contre le Planning familial, des associations LGBTI, des centres d’accueil de personnes exilées, les élu·es qui les mettent en place et leurs soutiens…) sans réelle réaction des autorités. Le silence assourdissant du gouvernement macroniste contraste avec ses bruyants appels du pied répétés au Rassemblement national. Son nouveau projet de loi raciste et xénophobe sur l’immigration en fait partie. Prévu pour être discuté après la réforme des retraites, il n’a cessé d’être repoussé face la force du mouvement social qui n’a laissé aucune prise à cette grossière tentative de division du peuple. Nous nous opposerons à cette attaque avec détermination.

 

Le Rassemblement national, parti d’extrême droite fondé par des collaborateurs du régime de Pétain, est aujourd’hui porté aux nues par tout le système politico-médiatique qui le présente comme l’opposition “respectable”. Après avoir refusé de soutenir les candidat·es de la NUPES face au RN en juin 2022, la macronie a fait élire deux député·es RN à la vice-présidence de l’Assemblée nationale. Le Pen l’en a aussitôt remercié en votant avec ses troupes contre l’augmentation du SMIC, le gel des loyers, le rétablissement de l’ISF ou encore la lutte contre les déserts médicaux. L’extrême droite “normalisée” reste tout aussi dangereuse. Sous les costumes-cravates, son ADN est foncièrement antisocial, antiécologique et antidémocratique. Semant la haine, incitant à la guerre de tou·tes contre tou·tes, elle se place toujours au service du capital et jamais à celui de l’intérêt général

 

Nous la combattrons sans relâche.

Nous lancerons dans les prochains jours une campagne de démystification qui détaillera les impostures du RN dans ses votes et dans ses propositions programmatiques. Afin de s’adapter aux enjeux propres à chaque territoire, cette campagne sera déclinée par différents matériels (tracts, affiches, bandeaux, visuels…).

La France insoumise accompagnera les groupes d’action par des formations et des fiches argumentaires qui permettront de faire face à la montée de l’extrême droite dans les territoires ruraux, dans la jeunesse, dans les quartiers populaires. Elle les aidera à opérer une veille sur leur territoire (votes et activité des élu·es RN, groupuscules d’extrême droite, etc). Elle sera aux côtés de ses militant·es lorsqu’elles et ils seront victimes des attaques, des menaces des groupuscules violents. Le service d’ordre du mouvement sera d’ailleurs renforcé.

Face à la montée de la menace d’extrême droite, notre mouvement doit favoriser la création de collectifs unitaires avec les autres forces du mouvement social : syndicats, NUPES, associations de défense des droits humains, associations anti-fascistes.

 

 

- Une France insoumise renforcée pour faire gagner la Nupes

Pour faire face à ces défis, les prochaines échéances électorales seront décisives. Face au macronisme déclinant et face à l’extrême droite qui menace, nous sommes les partisans et partisanes de la Révolution citoyenne. Notre objectif est donc la conquête du pouvoir par les urnes pour changer radicalement les politiques de notre pays. En juin dernier, nous avons constitué la NUPES en réunissant sous une même bannière et autour d’un programme de rupture les forces de gauche et écologistes. Loin d’être un simple accord électoral, nous voulons faire de la NUPES un outil politique large et commun, ancré localement et œuvrant au quotidien avec toutes celles et tous ceux, organisé·es ou non, qui aspirent à une autre société.

 

Pour y parvenir, nous avons besoin d’une France insoumise puissante et mobilisée. Depuis un an, notre mouvement politique avec la NUPES est devenu le principal mouvement d’opposition du pays. Ses militantes et ses militants ont agi sans relâche pour informer, convaincre, soutenir et mobiliser. Ses parlementaires ont porté la voix du peuple à l’Assemblée nationale comme au Parlement européen. Nous l’avons fait sous le flot quotidien des attaques lancées par nos adversaires et relayées par un système médiatique qui s’est illustré comme le dernier rempart d’un pouvoir à bout de souffle. Mais notre travail patient et déterminé porte peu à peu ses fruits. Depuis le 1er janvier, la France insoumise a gagné plus de 30 000 inscrit·es et plus de 350 groupes d’action ont été créés. Cette dynamique doit être consolidée dans tous les territoires, avec l’appui des groupes d’action déjà existants.

 

Pour renforcer son efficacité, nous avons défini au mois de décembre dernier une feuille de route pour la France insoumise. Un certain nombre de chantiers ont d’ores et déjà été réalisés. La première promotion de l’Institut la Boétie a terminé la première partie de son cursus de formation et trois stages régionaux seront organisés au début du mois de juillet. Les cafés populaires ont été mis en place. Les ateliers des lois continuent à susciter l’implication citoyenne dans tout le pays. Notre réseau des élu·es locaux·les se structure et se forme. Notre mouvement s’est tenu aux côtés de la jeunesse mobilisée contre la réforme des retraites mais aussi contre la précarité, le SNU et la réforme de l’enseignement professionnel. Les boucles départementales ont été initiée et ont tenu leurs premières réunions. Ces réunions ont permis d’expérimenter des méthodes de délibération et de décision au consensus, qui seront encore développées et donneront lieu également à des formations. Les boucles départementales se dotent de référent·es qui prendront en charge des tâches, en y étant formé·es par les différents pôles du mouvement. Plus largement, des formations seront organisées localement pour répondre aux besoins des insoumis·es ; une attention particulière sera portée pour faciliter l’usage d’Action populaire par toutes et tous. Les espaces nationaux du mouvement se sont organisés et ont produit un premier bilan de leur action à l’occasion de notre Assemblée représentative.

 

La France insoumise a également accompagné la création d’un média insoumis papier mensuel, Le Journal de l’insoumission, par sa fusion avec L’insoumission hebdo. Elle a produit une émission hebdomadaire d’actualité sur les réseaux sociaux. Dans un environnement médiatique dominé par quelques milliardaires s’offrant ainsi une zone d’influence, la maîtrise et la diffusion d’informations sont des outils indispensables à la nécessaire bataille culturelle des idées.

 

D’autres chantiers ont été engagés et vont se poursuivre dans les prochains mois. Des premières réunions pour la campagne d’achat des locaux ont pu avoir lieu et les premiers achats sont en attente de la réception par le mouvement de son financement public qui n’est toujours pas effectif. Ces locaux permettront d’augmenter la visibilité de la France insoumise. Ils seront des outils d’action tournés vers l’extérieur et vers l’accueil du public, et pourront être mis à disposition des collectifs et associations qui le souhaitent. Des premiers budgets pour les boucles départementales vont pouvoir être mis en place après leur installation. Le pôle des développeur·ses a pu organiser un premier week-end d’échanges avec l’objectif de pouvoir commencer ce travail de développement à partir de la rentrée de septembre.

 

Comme depuis sa fondation, le mouvement de la France insoumise reste un mouvement évolutif qui se construit en avançant. L’organisation de cette Assemblée représentative du mois de juin a inclus une phase de débats au sein des boucles départementales nouvellement créées, débats restitués par les personnes tirées au sort au sein de ces boucles pour les représenter à l’Assemblée. Ce processus inédit a donc permis une délibération collective en deux temps : d’abord dans tous les départements puis au niveau national. Il sera encore renforcé à la prochaine édition en donnant plus de temps aux insoumis·es pour s’approprier les textes et en discuter dans les groupes d’action.

Votez sur l’approfondissement de la NUPES avec une liste commune aux élections européennes !

 

Une votation en ligne sera également effectuée pour permettre à l’ensemble des insoumis·es de se prononcer sur le texte stratégique[2] soumis à discussion concernant la NUPES. 👉

 

 

------------------------------------

 

Une nouvelle Assemblée représentative aura lieu à la fin de l’année 2023 pour faire le bilan des évolutions apportées en décembre dernier et se doter d’une nouvelle feuille de route.

D’ici là, nous invitons à nous retrouver par milliers à Valence aux Journées Jeunes, qui auront lieu des 19 au 23 août, et aux AMFIS 2023, qui auront lieu du 23 au 27 août.

Partager cet article
Repost0
17 juin 2022 5 17 /06 /juin /2022 21:03
Meeting Mélenchon Parc des expos ©Blandine Le Cain

Meeting Mélenchon Parc des expos ©Blandine Le Cain

Jean-Luc Mélenchon 13/07/2022 : « Une nouvelle histoire de la gauche commence[4] »

 

« Le Monde » : la Nupes rate la victoire entre 0,13 et 0,25 % du total des voix[1]

 

La Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES) vient de réussir un exploit : devenir la première force d’opposition lors du premier tour des élections législatives, avec 26,11% des voix, face à un président réélu. Évènement historique dans l’histoire de la Ve République, ce score a également une signification.
En unissant sous une même bannière l’ensemble des partis traditionnels de gauche, la NUPES a imposé dans le paysage politique une ligne de rupture avec le social-libéralisme.
Loin d’une trahison ou d’une soumission, comme l’ont prétendu bon nombre de commentateurs en reprenant les cris d’orfraie de leurs prédécesseurs lors de la campagne de François Mitterrand en 1981, il s’agit néanmoins d’un tournant majeur.
À ce titre,...

 

Sources :  LVSL - Article initialement publié dans El País/Agenda Publíca par Victor Woillet. 

- Il convient de revenir non seulement sur sa portée, mais également sur son origine historique.

Si les rapprochements avec la « gauche plurielle » (i.e. le gouvernement de cohabitation mené par Lionel Jospin de 1997 à 2002) ou encore le Front populaire de 1936 peuvent avoir leur pertinence, l’origine stratégique de ce qu’opère Jean-Luc Mélenchon aujourd’hui est ailleurs. En effet, de nombreuses fois, pour expliquer ce qu’il a souhaité faire avec l’Union Populaire, le représentant de la France insoumise s’est référé à François Mitterrand. Pourtant, une telle analogie ne va pas de soi. 

 

 

- Faire l'union à la base

De ses propres mots, Jean-Luc Mélenchon a qualifié la stratégie derrière l’Union Populaire « d’union à la base » lorsque celle « au sommet » est impossible. Pour comprendre à quoi le représentant de la France insoumise fait référence à travers ces éléments de discours, il faut avoir à l’esprit ce que François Mitterrand a lui-même effectué en son temps. Après avoir mis en ballottage De Gaulle lors de la présidentielle de 1965, Mitterrand constitue une première union de la gauche regroupant l’ensemble des forces anti-communistes (la SFIO, le Parti Radical et le Convention des institutions républicaines). Si cette coalition marque un tournant, notamment lors des législatives de 1967, le Parti communiste français se maintient à des scores extrêmement élevés et obtient 21,3 % des voix lors de l’élection présidentielle de 1969. 

 

Il faut attendre 1972, après le Congrès d’Épinay, pour qu’une nouvelle forme d’union puisse voir le jour. En associant, par la signature du Programme Commun, les communistes à l’union de la gauche, Mitterrand élargit grandement sa base électorale et ne se contente plus d’une union « au sommet ». Ce choix fait d’ailleurs suite à la visite de Mitterrand lui-même au Chili alors gouverné par « l’Unité Populaire » de Salvador Allende, ce qui lui vaudra le surnom « d’Allende français ». 

 

Même si l’union vole en éclat en 1977 à la suite des positions de Mitterrand sur la défense nationale, le tournant a eu lieu. En 1981, grâce au CERES animé notamment par Chevènement et Didier Motchane, François Mitterrand conserve la tête du PS malgré les critiques de la « deuxième gauche » de Michel Rocard. Pour la présidentielle de la même année, si le Programme Commun n’est plus là, les « 110 propositions » qui constituent le programme de Mitterrand alors en reprennent le fond. Arrivé au second-tour de la présidentielle, les communistes se ravisent et finissent par rejoindre la candidature de Mitterrand. Ayant réussi l’union par la base, en élargissant son assise électorale et en intégrant de nombreuses revendications portées par les communistes (la retraite à 60 ans, la nationalisation de nombreux secteurs de l’économie, la diminution du temps de travail…), le sommet suit…

 

 

- Un tournant politique, condition du changement historique
Telle est la logique dans laquelle Jean-Luc Mélenchon se situe lorsqu’il fonde l’Union Populaire dans le cadre de la présidentielle de 2022. Si ce rapprochement discursif et stratégique peut faire l’objet de critiques sur le plan historique, il révèle un élément frappant : la relatéralisation de la gauche française. Le « tournant de la rigueur » budgétaire opéré par le gouvernement de Pierre Mauroy en 1982-1983 ne devait initialement être qu’une « pause », pour reprendre l’expression de Léon Blum en 1937, dans l’agenda des réformes d’inspiration keynésienne défendues face à la situation monétaire d’alors. Ce qui fut présenté comme une pause, une nécessité face à la conjoncture s’est en réalité avéré bien plus long. C’était le début de la « parenthèse néolibérale » française qui n’a jamais réellement été refermée depuis.

 

 

- Cette parenthèse a notamment favorisé les tenants de la « deuxième gauche » au sein du Parti socialiste, autour de Michel Rocard, Pierre Mauroy ou encore Jacques Delors.
Ces derniers, bien plus libéraux que les artisans du Programme Commun, ont occupé de nombreuses places dans les instances partisanes mais aussi institutionnelles. En 1988, après la réélection de Mitterrand, Michel Rocard est nommé Premier ministre. En mars 1990, il s’allie à Lionel Jospin. Un an plus tard, même s’il perd son poste de Premier ministre, il devient premier secrétaire du PS. Lors du gouvernement de coalition de 1997-2002 mené par Lionel Jospin, la « deuxième gauche » rocardienne fait partie du gouvernement d’union des gauches au même titre que ses opposants historiques.

 

 

- Avec le vote majoritaire pour le « non » au référendum pour une constitution européenne en 2005, une première union de la gauche de circonstance apparaît

Cette union de la gauche de circonstance s’oppose aux héritiers de la « deuxième gauche » française qui sont alors particulièrement représentés au sein du Parti socialiste.
Jean-Luc Mélenchon en est l’un des artisans. En 2008, cette union informelle trouve une première tentative de débouché politique : le Parti de Gauche[2], fondé par Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez ainsi que d’autres élus issus des rangs du PS ou des Verts. Dès lors, cette formation n’a cessé d’incarner l’opposition aux représentants d’une gauche favorable au néo-libéralisme et aux contraintes budgétaires, de François Hollande à Emmanuel Macron.  

 

 

- En 2012 puis en 2017 (avec le Front de gauche[3]), Jean-Luc Mélenchon, rejoint par les communistes, a représenté ce courant de la gauche antilibérale au sein du paysage politique français.

Fort de son score à la présidentielle de 2022, attestant d’une base électorale en faveur d’un programme net de rupture avec le néo-libéralisme et les contraintes budgétaires européennes, Jean-Luc Mélenchon a opéré un tournant dans le paysage politique français : la fin de la parenthèse néolibérale qui restait béante jusqu’à maintenant.

 

Deux conditions demeurent cependant pour que ce tournant politique et discursif profond prenne la forme d’un tournant historique :

  • Premièrement le succès de cette union de la gauche française lors du second tour des élections législatives le 19 juin, mais surtout la politique menée par le gouvernement qui accéderait alors au pouvoir.
  • Dans un contexte inflationniste touchant l’ensemble des matières premières, la lutte à mener contre le chômage et en faveur d’un investissement massif dans de nombreux secteurs nécessaires à la transition écologique sera particulièrement âpre, mais elle pourrait bien constituer un véritable signal pour le reste de la gauche européenne et entériner la fin d’une parenthèse qui a tant duré.

 

--------------------------------

 

13/07/2022 - Jean-Luc Mélenchon :

« Par des cheminements intellectuels, la radicalisation de la société va se poursuivre[4]. » ;

« Le sort des élections se joue dans la conjonction des classes populaires et des classes moyennes[4]. » ;

« L’ordre géopolitique va basculer en même temps que l’ordre climatique[5]. »

 

Jean-Luc Mélenchon : « Une nouvelle histoire de la gauche commence » Jean-Luc Mélenchon : « Je lutterai jusqu’à mon dernier souffle. »

 

 

Notes :

[1« Le Monde » : la Nupes rate la victoire entre 0,13 et 0,25 % du total des voix

[2] Le Parti de Gauche

[3] Front de gauche

[4] Jean-Luc Mélenchon : « Une nouvelle histoire de la gauche commence »

[5] Jean-Luc Mélenchon : « Je lutterai jusqu’à mon dernier souffle. »

 

Pour en savoir plus :

- sur les débats récents à propos du  « tournant de la rigueur » de 1983, lire sur LVSL cet article de Neil Warner.

- Jean-Luc Mélenchon : " Après le séisme "

- Législatives 2022 : quel camp peut vraiment se dire « social-démocrate » ?

- Jean-Luc Mélenchon : " « Le Monde » : la Nupes rate la victoire entre 0,13 et 0,25 % du total des voix "

- Recomposition politique en France : Trois blocs et deux perdants

- « Plutôt Le Pen que Mélenchon » : quand le retournement du barrage républicain était prédit par Frédéric Lordon

Georges Marchais, Robert Fabreloeil, Roland Leroy, Francois Mitterrand, la signature Programme commun 1972

Georges Marchais, Robert Fabreloeil, Roland Leroy, Francois Mitterrand, la signature Programme commun 1972

Partager cet article
Repost0
17 juin 2022 5 17 /06 /juin /2022 14:07

Cet article est reposté depuis Rue du Blogule Rouge Insoumis.

Partager cet article
Repost0
4 mai 2022 3 04 /05 /mai /2022 13:50
2022 : On y va !

1936/2022 le peuple écrit de nouveau l’Histoire !

 

1936 a été une date-clef dans l’organisation de la classe ouvrière, dans le développement de la conscience de classe chez une majorité de salariés[1]

La reconstruction d’un rapport de forces et la conscience que celui-ci peut changer la donne mérite une réappropriation, non seulement de connaissances historiques, mais d’une culture de « mise en commun » de forces atomisées ou disséminées.

Aujourd'hui, la nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale, héritière du Front Populaire, prend vie.

La lutte pour pour la conquête sociale et écologique reprend avec Jean-Luc Mélenchon qui en est l'initiateur car " Nous sommes le mouvement de la révolution citoyenne en France.[2] "

 

 

Sources :  Fabrice Aubert | mis à jour le 16/10/2022

- Petit rappel historique

Jean-Luc MELENCHON, après avoir vécu l’expérience de l’échec du Parti Socialiste, part et crée un nouveau parti politique le « Parti de Gauche[3] » pour une République écosocialiste qui va lui permettre de fonder le « Front de Gauche ».

Candidat du Front de Gauche aux Présidentielles de 2O12, après une très bonne campagne il finit à 12 %.
Devant les hésitations stratégiques du P.C.F qui hésite entre rupture avec le P.S et stratégie à la carte, permettant de réaliser des alliances de circonstance, Mélenchon quitte le Front de Gauche et contribue à créer les Insoumis.

 

En 2017, candidat aux Présidentielles, il finit à 19 % et aux législatives sans accords avec les autre forces politiques de gauche, les insoumis obtiennent 17 Députés, qui font un remarquable travail législatif d’opposition et de propositions.

 

En 2022, soutenu par les militants (150.000 signatures), il décide alors de présenter à nouveau sa candidature et il finit à 22 % dans le cadre d’une désunion totale à gauche (5 candidatures). Et à 420.000 voix près il était au second tour. Aujourd’hui dans le cadre d’une alliance d’union populaire avec les autres forces de gauche, les sondages donnent entre 27 à 34 % selon les configurations.

 

 

- Printemps populaire

Loin de renoncer, s’appuyant à la fois sur le débat catastrophique du deuxième tour, du sentiment de dégout et de frustration engendré par cette élection, démocratique en « trompe l’œil » (pas de débat, sondages manipulés, propagande effrénée des thématiques de Le Pen, situation de guerre etc) et surtout sur les résultats analysés du premier tour, Jean-Luc Mélenchon lance l’idée et la démarche politique du « troisième tour ». De fait il transforme des Législatives anonymes de 577 circonscriptions, en troisième tour des Présidentielles, avec ce slogan : « Elisez moi premier ministre », ce qui en termes de démarche politique, est tout simplement à la fois intelligent et révolutionnaire : 

  •  Intelligent car cela revient juste à donner une valeur politique de l’article 20 de la Constitution, qui rappelle que : « Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation. » et que donc toute majorité législative oblige le Président à nommer comme premier ministre, le responsable du groupe majoritaire à l’Assemblée Nationale. Il transforme une simple opération administrative d’exécution constitutionnelle, en nouvelle bataille politique, sur le fond du programme.
  • Révolutionnaire du fait que si cette majorité est obtenue, elle permet de renverser l’ordre des pouvoirs, et faire de l’assemblée Nationale, le véritable lieu du pouvoir. Le Président n’ayant plus dans le cadre d’une « cohabitation » qu’à couper les rubans des inaugurations.

 

 

- Hégémonie ou tortue sage ?

Dénoncé comme hégémonique (« domination sans partage ») Mélenchon et les insoumis proposent, malgré les profondes dissensions des Présidentielles, un accord de gouvernement dans le cadre d’une alliance intégrant les Verts, le P.C.F, le N.P.A et le P.S pour obtenir une majorité de députés aux législatives de Juin. Au vu de l’accord trouvé avec EELV, sur 100 circonscriptions, on voit que la volonté d’Hégémonie n’existe pas, et qu’il faut remercier au contraire « Tortue Sagace » de sa ténacité à tenir bon sur un programme « l’avenir en commun » et une stratégie : « l’Union Populaire »[4].
 

 

- L'intelligence militante

Observons en chiffres bruts que la démarche initiée par le Camarade Mélenchon porte ses fruits. Passé de 12 % en 2012 à 22 % en 2022 et possible victoire de l’Union Populaire aux législatives aujourd’hui donné entre 27 et 34 et ce sans que la campagne n’est commencée, est quelque chose d’Historique qui renvoie à la période Historique du « Front Populaire » de 1936 et ce justement, dans le cadre d’une situation de crise et de guerre encore plus grave qu’en 1936.

 

Il ne faut donc dans ces conditions pas parler d’hégémonie, mais d’intelligence militante, " intelligence militante ", au sens où ce qui se déroule sous nos yeux est le résulté d’une démarche politique construite, patiemment et qui s’appuie sur une analyse de l’Histoire, de ses contradictions et de la situation actuelle dont Mélenchon, quel que soient les critiques faites à son égard et sur lui, fut le patient maitre d’ouvrage et maitre d’œuvre au cours de ces 20 dernières années.

  • Si l’union Populaire, devient majoritaire en Juin à l’Assemblée Nationale et impulse la politique du Pays (blocage des prix, SMIC à 1.400 euros net, retraite à 60 ans (40 annuités), Allocation d’études, 6ème semaine de congés payés, 6ème république), il faudra alors se rappeler en permanence à quelle démarche on doit ces progrès sociaux…

 

- Mélenchon l'intelligence historique

Alors il faut le dire, ce qui se passe aujourd’hui et qui renoue avec le passé historique (« Le front populaire ») on le doit à un homme dont l’entêtement patient est en train de se matérialiser en possible historique. Il faudra toujours s’en rappeler.
 

--------------------------------

 

- Législatives : on peut encore changer le cours de l'histoire

Dimanche 1er mai, Jean-Luc Mélenchon était l’invité de l’Émission « On est en direct », et à cette occasion, il a : 

  • parlé de l’état de pauvreté dans lequel est le pays et dont Macron ne se rend pas compte ;
  • rappelé qu’alors que le président avait dit qu’il pourrait y avoir un référendum sur la retraite à 65 ans, Bruno Le Maire avait quant à lui dit qu’il n’exclurait pas un 49-3 sur le sujet ; 
  • rappelé aussi qu’au sortir de l’élection présidentielle, il existe 3 blocs politiques : le bloc libéral de M. Macron, le bloc d’extrême droite et le bloc populaire ;
  • dit qu’il fallait y ajouter le bloc de l’abstention et a exhorté les abstentionnistes à entrer dans l’action politique pour trancher entre ces 3 blocs. 


Revenant sur la possibilité d’un accord avec les forces du bloc populaire, Jean-Luc Mélenchon a :

  • expliqué comment trancher des sujets comme la désobéissance aux règles européennes et la sortie du nucléaire ;
  • rappelé que cette élection pouvait permettre de trancher de grands sujets comme la crise de l’eau et a affirmé que l’Union populaire avait les moyens de remporter cette élection.

 

2022 : On y va !
2022 : On y va !
Partager cet article
Repost0
3 mai 2022 2 03 /05 /mai /2022 12:49
1. LIVRET-Conférence-C.indd
Une brochure écrite par Jean-Luc Mélenchon

 

" Nous sommes le mouvement de la révolution citoyenne en France. "

 

L’élection présidentielle de 2022 a été pour le pays un moment politique intense. Non pas, comme c’est le cas avec les élections présidentielle lors des périodes de stabilité, parce qu’elle aura purgé de grands conflits qui traversent la société.

C’est le contraire, son second tour n’a rien réglé des grands sujets de notre époque. Mais elle a fait émerger un nouveau paysage politique, achevé en quelque sorte une recomposition à l’œuvre depuis 2017. Nous en avons été les acteurs de premier plan et non des observateurs extérieurs. Pourtant, une fois la poussière retombée, nous devons nous efforcer d’un travail théorique et d’analyse.

 

Sources :  Le Blog de Jean-Luc Mélenchon

En effet, le raisonnement théorique permet le raisonnement stratégique et les conclusions tactiques. Pour citer un grand nom parmi d’autres, Kant dit : « la théorie sans la pratique est absurde ». Et il ajoute : « la pratique sans la théorie est aveugle ».

 

 

- Car l’analyse des résultats d’une élection est toujours un enjeu idéologique.

Les chiffres ne parlent pas d’eux-mêmes. Il faut les mettre en rapport les uns avec les autres, les comparer, les additionner, les mettre en perspective pour qu’ils prennent du sens. Ainsi, faire parler les chiffres n’est pas un exercice neutre. C’est pourquoi, pour une force comme la nôtre, il est impossible de laisser aux autres le soin d’interpréter les résultats d’une élection comme la présidentielle 2022.

 

Cette analyse se place dans le cadre qui a été depuis le début celui de notre action : la théorie de l’ère du peuple et de la révolution citoyenne. Nous sommes le mouvement de la révolution citoyenne en France. C’est-à-dire du processus politique de rupture du peuple, entendu comme nouvel acteur central de la modernité.

  

1. LIVRET-Conférence-C.indd
Une brochure écrite par Jean-Luc Mélenchon

- Nous avons vu ce type de révolution dans de nombreux endroits du monde et nous avons pu en apprendre les principales caractéristiques.

Elles ne ressemblent pas aux révolutions du passé. Ce sont des révolutions qui mettent au coeur de leurs objectifs la reprise du contrôle sur sa vie. C’est pourquoi elles embrassent non seulement les questions sociales mais aussi démocratiques, écologiques et de liberté individuelle. La révolution féministe, par exemple, est pleinement inscrite dans ce processus puisqu’elle exprime une synthèse entre les questions sociales, environnementales et individuelles de la politique.

 

Ainsi, nous ne pouvons pas agir d’une manière conséquente par rapport à nos objectifs sans une compréhension théorique claire du monde dans lequel nous vivons, de ce qui le met en mouvement, des principes autoorganisateurs qui font les sociétés et les orientent. L’analyse électorale du premier et du second tour sont intéressantes non seulement pour comprendre mais donc aussi pour agir. Elles nous aident à définir notre cap pour la prochaine séquence de notre combat.

 

  • Ce document (Les 3 blocs et l'avenir de l'Union Populaire) doit être lu comme une contribution à tout cela.

Il a été constitué à partir de la conférence donnée le 21 avril 2022 à la Maison de la Chimie et des graphiques qui y ont été présentés. Un ultime chapitre a été ajouté sur le second tour, à partir de ma déclaration du 24 avril 2022.

 

-------------------------------

 

- Ci dessous l'état des lieux de la 1ére circonscription de Charente Maritime

 

Les 3 blocs et l’avenir de l’Union populaire par Jean-Luc Mélenchon

 

- Macron, Mélenchon, Le Pen : quel avenir pour les trois blocs ? 

Retrouvez la conférence des AMFIS 2022 intitulée : « Macron, Mélenchon, Le Pen : quel avenir pour les trois blocs ? », avec :
• Stathis Kouvélakis, philosophe
• Nadège Abomangoli, députée LFI-NUPES
• Jérôme Legavre, député LFI-NUPES

 

Partager cet article
Repost0
30 avril 2022 6 30 /04 /avril /2022 21:10
Législatives. Jean-Luc Mélenchon : « La lutte reprend : on peut conquérir le pouvoir »

Car, avec ce troisième tour, la lutte reprend : « Ne laissons pas les pleins pouvoirs à Emmanuel Macron »

 

Le candidat FI, qui a réuni 22 % des voix au premier tour de la présidentielle[1], appelle la gauche à bâtir une « fédération » pour remporter la majorité aux scrutins des 12 et 19 juin.

Dans l’entre-deux-tours, le candidat de l’Union populaire a lancé un appel à faire des élections législatives le « troisième tour » de la présidentielle et à l’« élire premier ministre ». Marine Le Pen désormais battue, Jean-Luc Mélenchon, qui fait « le pari qu’il n’y aura pas de prime au président si mal élu », estime nécessaire d’« unifier le maximum de forces » pour l’emporter. Alors qu’un accord est en cours de négociation à gauche[2], il détaille les objectifs de la France insoumise.

 

Sources : l'Humanité

- L'Huma : Vous appelez les citoyens à vous élire premier ministre. Comment les convaincre qu’une victoire est possible aux législatives ?
Jean-Luc Mélenchon : La présidentielle a recomposé le paysage politique en faisant émerger trois blocs politiques à peu près égaux : le bloc libéral, qui inclut la droite traditionnelle, celui d’extrême droite et enfin ce que nous avons appelé le bloc populaire. Ce dernier est le résultat d’une stratégie, dont le début est dans le Front de gauche de 2012, d’une construction patiente qui a aggloméré successivement plusieurs pans de la population autour d’une idée portée par « l’Avenir en commun ». C’est un bloc social, celui des déshérités, et un bloc cohérent sur les mesures de rupture avec le capitalisme. La présidentielle n’a pas fait naître une véritable majorité politique. Tous les voyants de la crise démocratique restent allumés, comme tous ceux de la crise écologique et sociale. Ça fait beaucoup. Ceux qui ont porté ma candidature ressentent une frustration d’avoir raté la marche du second tour à 420 000 voix. Nous aurions pu le faire si nous avions été organisés comme avant dans une alliance avec les communistes. Mais ce n’est pas une frustration résignée. Car, avec ce troisième tour, la lutte reprend : on peut conquérir le pouvoir. L’enjeu est immense : tous ceux qui attendaient l’augmentation du Smic ou la retraite à 60 ans en savent quelque chose. Le dernier élément clé, c’est notre capacité à démontrer qu’on fait tout ce qu’on peut pour unifier le maximum de forces.

 

 

- L'Huma : Les macronistes persiflent sur un tel scénario de cohabitation avec vous, expliquant que c’est impossible compte tenu de la logique du calendrier électoral de la Ve République. Que leur opposez-vous ?

Jean-Luc Mélenchon : C’est vrai quand l’élu gagne à la loyale avec un vrai choix. Mais c’est la troisième fois qu’on fait le coup au pays du vote par contrainte. En 2007, trois quarts des électeurs étaient représentés par les candidats du second tour, là c’est à peine un tiers des inscrits. L’abstention a progressé et le gagnant a perdu presque 2 millions de voix par rapport à l’élection précédente. C’est un gouffre.

Je fais le pari qu’il n’y aura pas de prime au président si mal élu.

 

 

- L'Huma : Certains vous reprochent de personnaliser les législatives et ainsi de participer aux travers de la Ve République…
Jean-Luc Mélenchon : J’ai même entendu dire que c’était dévaloriser les élections législatives que de les qualifier de troisième tour de la présidentielle. C’est exactement l’inverse : il s’agit d’élever l’enjeu d’une élection considérée comme une formalité administrative au niveau de la présidentielle. C’est déjà un peu de la VIe République dans la Ve.

 


- L'Huma : À quoi ressembleraient vos premiers jours à Matignon ?
Jean-Luc Mélenchon : La retraite à 60 ans, le refus du RSA-travail forcé, la réduction des écarts de salaires, l’allocation dignité, la garantie d’autonomie des étudiants… Il s’agirait aussi, en discussion avec le président de la République, d’obtenir soit un processus constituant, soit, si c’est impossible, le RIC (référendum d’initiative citoyenne – NDLR) et le référendum révocatoire par la négociation entre les deux Chambres. Les marqueurs essentiels de la présidentielle se retrouvent dans le programme des législatives. Et cela non parce que nous voudrions être « hégémoniques », mais parce que nous avons passé vingt mois de campagne à convaincre, jour après jour, par des milliers de rencontres.

 

 

- L'Huma : Quelles seraient vos marges de manœuvre dans le cadre d’une cohabitation avec Emmanuel Macron ?
Jean-Luc Mélenchon : La Ve République est l’enfant de circonstances : on sortait d’un régime d’Assemblée, d’une crise nationale épouvantable liée à la décolonisation et de Gaulle a mis ses œufs dans plusieurs paniers.

Si bien que la Constitution donne à la fois un rôle absolument extravagant au chef de l’État mais elle confère aussi beaucoup de pouvoir au premier ministre.

L’article 20 dit même qu’il « détermine et conduit la politique de la nation ».

 


- L'Huma : Deux mois après l’invasion russe, la guerre en Ukraine s’enlise et fait craindre le pire. Quelles initiatives prendre en faveur de la paix ?
Jean-Luc Mélenchon : La guerre, dont Poutine porte la responsabilité entière, est un tremblement de terre géopolitique dont on n’a pas encore mesuré toutes les conséquences. Dans un premier temps, il faut obtenir de la Russie la fin des combats et l’évacuation du territoire ukrainien. Les sites nucléaires doivent aussi être protégés, et le premier ministre peut proposer d’y envoyer les casques bleus, et, s’il le faut, tous français. Ensuite, on ne peut pas parler de sanctions économiques sans dire les moyens de s’en protéger nous-mêmes. Nous ne pouvons nous passer ni de gaz ni de pétrole. Il faut donc penser des alternatives, par exemple avec l’Algérie pour un pacte blé contre pétrole et gaz. Nous avions affirmé, nous, Français, que jamais plus l’Europe ne serait le théâtre d’une guerre et que la dissuasion nous en protégerait. Mais la guerre a lieu, et nous n’avons rien pu faire ! Un énorme défi nous est lancé. Ma politique reste celle d’un non-aligné. Les Français n’ont pas intérêt à aller s’enferrer dans tous les combats du monde sans avoir décidé par eux-mêmes ce qui est le plus conforme à leur intérêt.

 

 

- L'Huma : Vous appelez à « élargir l’Union populaire ». Que proposez-vous concrètement aux autres forces politiques ?
Jean-Luc Mélenchon : Le vote a tranché au moins une question : qui de la rupture ou de l’accompagnement du néolibéralisme est majoritaire à gauche. Ça donne un cap, une orientation générale. Et les citoyens ont autant voté pour le programme que pour un candidat. « L’Avenir en commun[3] » est un programme de rupture. Il est héritier des luttes de la société française. C’est un prolongement de « l’Humain d’abord », programme du Front de gauche en 2012. Sa mise à jour à travers les combats parlementaires s’est faite souvent avec des votes convergents des socialistes, et dans 98 % des cas des communistes. Les différences entre notre programme et celui des communistes ne sont pas si importantes qu’elles justifient la séparation imposée par la campagne présidentielle.

 

Ensuite, ce n’est pas un accord électoral que nous proposons, même s’il est inclus. C’est un accord programmatique sans lequel il ne peut y avoir d’accord électoral. Nous voulons un programme qui nous permette de gouverner. Ce que nous proposons n’est pas l’ancienne union de la gauche. Il s’agissait alors d’un parti dominant sans aucune structure de médiation avec les autres. Nous proposons que chacun ait un groupe parlementaire, et en même temps un intergroupe. Et un Parlement commun sur le mode de l’Union populaire actuelle. Une fois d’accord, on peut ainsi continuer à tenir la ligne pendant cinq ans.

  • Avec le vocable « union de la gauche », on reste enfermé dans la logique de la collection des logos et du commandement politique vertical.
  • L’Union populaire est une démarche sur un programme. Elle donne une méthode qui permet à chaque organisation de rester elle-même et au peuple d’entrer en action. Je parle ici d’une fédération, ou d’une confédération, qui crée un cadre commun, un programme partagé, un Parlement commun.

 


- L'Huma : En 2017, vous estimiez que le rassemblement des forces de gauche représentait un repoussoir. Qu’est-ce qui a changé depuis ?

Jean-Luc Mélenchon : Rien. Mais notre score a tranché. Il faut tourner la page et jeter la rancune à la rivière. Ou bien les masses tranchent les problèmes par le vote, ou bien on reste coincé dans les conflits. Ce ne sont pas nos arguments qui changent la réalité, c’est la pratique. Si les communistes aujourd’hui acceptent l’accord qu’on leur propose, ils sont les bienvenus et on travaillera ensemble.

 

 

- L'Huma : Cette présidentielle confirme une recomposition politique en trois blocs. Élément majeur de ce scrutin, le centre de gravité de la gauche s’est déplacé d’un social-libéralisme à une gauche de transformation sociale. Comment analysez-vous cette première victoire idéologique et comment la faire fructifier ?
Jean-Luc Mélenchon : En 2017, on avait déjà gagné. Mais comme tout avait l’air accidentel, y compris le surgissement de Macron, beaucoup n’ont pas vu ce que signifiait l’effondrement des deux partis traditionnels qu’étaient LR et le PS. En France, l’un des pays au centre du capitalisme mondial, la gauche radicale a été à deux doigts d’arriver au second tour. Ce progrès n’est pas définitif, mais le scénario à l’italienne de l’éradication de la gauche de rupture est derrière nous. D’autant que, dans l’intervalle, les sociaux-libéraux ont perdu la capacité d’entraînement de la société. La composition sociale du centre gauche l’empêche d’entraîner les classes populaires dans une illusion collective libérale du mieux-être pour demain. C’est aussi une raison pour laquelle l’alliance avec les communistes est si importante. La culture communiste est une culture de rupture avec le capitalisme. Nous avons ce socle en commun, et il est très important qu’il soit le plus fort possible.

 

En ce qui concerne la gauche, elle a toujours existé, et elle existera toujours. Toute ma vie est liée à la gauche. Mais j’ai proposé de laisser ce mot en friche, c’est-à-dire d’attendre qu’il manifeste une nouvelle fécondité. Nous n’y sommes pas encore. Ce qui faisait notre force auparavant, c’étaient des masses concentrées : des ouvriers dans des usines, des statuts de la fonction publique regroupant des millions de personnes. Un acteur nouveau joue ce rôle central aujourd’hui : le peuple. Avec des penseurs communistes, on s’est un peu accrochés sur le concept de peuple. Mais je veux en discuter. Le XXIe siècle a besoin d’une théorie matérialiste de la révolution citoyenne, objectif commun de nos deux organisations.

 

 

- L'Huma : Douze millions d’électeurs ne sont pas allés voter au premier tour. Une partie des classes populaires, notamment celles des territoires ruraux ou désindustrialisés, s’est davantage tournée vers l’abstention et l’extrême droite…
Jean-Luc Mélenchon : Il y a en effet un quatrième bloc abstentionniste. Il contient différentes composantes : les mal-inscrits – plusieurs millions tout de même –, et d’autres qui ne votent pas en estimant que ça ne sert à rien. Que leur vote n’a jamais changé leur vie. Difficile de leur donner tort. La gauche des 35 heures commence à dater. Le programme commun, c’est Vercingétorix pour les plus jeunes. Nous avons un travail acharné à mener. Je n’adhère pas au concept de « France périphérique », selon laquelle les citoyens sont réductibles à leur adresse. Comme ils ne le sont pas à leur religion. Ils sont tout cela à la fois et bien d’autres choses. Quant à l’extrême droite, beaucoup de citoyens pensent qu’elle est le plus gros bâton pour taper Macron. Il faut être présent sur le terrain comme nous contre l’imposture sociale du RN[4]. Cessons de mythifier les classes sociales en leur attribuant une pensée automatique. En effet, le vote Le Pen au second tour a représenté pour certains un « vote de classe ». Ils ont été encouragés à ça. Notamment par ceux qui ont aboyé avec les loups contre les musulmans ou nié les violences policières ! Ils ont aussi mené une guerre stupide contre les outils intellectuels nous montrant comment la question des discriminations religieuses pouvait croiser celle de la classe sociale : l’intersectionnalité, tournée en dérision par des ignorants. Ils n’ont jamais lu Frantz Fanon ! Rompre les consensus pourris, comme ceux-là, cela fait partie de nos tâches. L’intersectionnalité est un outil pour comprendre le réel, comme le matérialisme.

 

- L'Huma : Serez-vous candidat aux élections législatives ?
Jean-Luc Mélenchon :  Je ne cherche pas à créer un faux suspense mais j’hésite encore. Je n’ai pas besoin d’être député pour être premier ministre. Six sur 24 depuis 1958 ne l’étaient pas. Pour l’immédiat, gagner les législatives, c’est ce qui m’intéresse.

 

Législatives. Jean-Luc Mélenchon : « La lutte reprend : on peut conquérir le pouvoir »
Législatives. Jean-Luc Mélenchon : « La lutte reprend : on peut conquérir le pouvoir »
Législatives. Jean-Luc Mélenchon : « La lutte reprend : on peut conquérir le pouvoir »

Notes :

[1Présidentielles 2022 : ne cédons pas à la déception... la lutte continue !

[2] Législatives. La gauche sera-t-elle unie en juin ?

[3] L'Avenir En Commun

[4] Didier Eribon : « Mélenchon a mobilisé un électorat qui ne votait plus »

 

Pour en savoir plus sur :

Une fuite des électeurs à colmater d’ici le troisième tour

- Courrier à l’attention du Nouveau Parti Anticapitaliste

- Courrier à l’attention du Parti Communiste Français

- Courrier à l’attention d’Europe Écologie - Les Verts

- Dans un communiqué, le #PS dit vouloir « faire naître une nouvelle espérance en construisant, à l’occasion des élections législatives, un large rassemblement de la gauche et de l'écologie, populaire et citoyen »

- Législatives 2022 : Mélenchon exhorte ses électeurs à « arrêter » Macron pour ne pas «lui laisser les pleins pouvoirs»

- Union de la gauche aux législatives: «Pour le moment, tout flotte» mais Jean-Luc Mélenchon se dit « optimiste »

- Législatives : le PS suspend les négociations avec LFI et attend plus de " pluralité "

- LÉGISLATIVES: MÉLENCHON APPELLE SES PARTENAIRES À GAUCHE À SORTIR DE LA " CULTURE DE LA DÉFAITE "

  • Les accords

- Accord entre la France insoumise et Génération.s pour les élections législative 2022

- Accord entre la France insoumise et EELV pour les élections législative 2022

- Accord entre la France insoumise et le PCF pour les élections législative 2022

Accord entre la France insoumise et le Parti socialiste pour les élections législatives 2022

- Premier bilan politique des législatives

 

Partager cet article
Repost0
19 avril 2022 2 19 /04 /avril /2022 21:29
L’union populaire : une stratégie globale

 

Le sociologue Didier Eribon, qui a soutenu la campagne de Jean-Luc Mélenchon, analyse les causes de la poussée de l’extrême droite, et les défis qui attendent La France insoumise pour reconstituer durablement une pensée de gauche.

 

 

Dans Retour à Reims (Fayard, 2009)[1], récemment adapté au cinéma par Jean-Gabriel Périot, le philosophe et sociologue Didier Eribon analyse, à travers le récit intime de sa famille, le glissement du vote de la classe ouvrière du communisme vers le Front national (FN), puis le Rassemblement national (RN). Le résultat du premier tour de l’élection présidentielle, le 10 avril, confirme selon lui l’inscription dans le temps d’un « vote de classe » favorable à l’extrême droite.

Une partie des causes de ce basculement est à chercher dans la conversion au néolibéralisme du Parti socialiste (PS), qui a « créé de la colère, de l’abstention, et finalement le vote » des classes populaires qu’il devait représenter contre lui – c’était l’objet de son essai, D’une révolution conservatrice et de ses effets sur la gauche française (Léo Scheer, 2007). Le score piteux du PS (1,75 %) marque à ce titre « l’aboutissement d’un processus entamé au début des années 1980 », et qui a abouti à l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, explique-t-il.

Il estime cependant que la dynamique de Jean-Luc Mélenchon[2] (qu’il a soutenu publiquement), plébiscité dans les quartiers populaires, peut être de nature à faire dérailler l’anéantissement « programmé » de la gauche.

 

Sources : Didier Eribon | mis à jour le 29/11/2022

- Le premier enseignement de ce premier tour de l’élection présidentielle, c’est que l’extrême droite obtient plus de 30 % des voix, et qu’elle s’installe pour la deuxième fois consécutive au deuxième tour de ce scrutin. Comment interprétez-vous ce phénomène structurant de la vie politique française ?

Didier Eribon : Je crois que malheureusement le vote à l’extrême droite est bien installé. Cela s’est produit progressivement, depuis le milieu des années 1980. Au départ, c’était en grande partie un vote de protestation. Quand j’ai demandé à ma mère pourquoi elle avait voté Le Pen pour la première fois, elle m’a dit : « Pour donner un coup de semonce ». La deuxième fois, c’était sans doute pour donner un deuxième coup de semonce. Et la troisième fois, cela devient le vote naturel qui a remplacé celui d’autrefois pour la gauche.

 

Cela signifie que c’est toute la perception du monde qui change. Les conversations quotidiennes, le rapport aux autres, aux partis politiques, à ses propres aspirations personnelles. Le vote n’est pas seulement un acte électoral.

 

C’est aussi une sorte de culture au sens très large du terme. Comme je le disais dans Retour à Reims, dans ma famille, on ne votait pas seulement pour le Parti communiste français (PCF) : c’était toute une culture qui allait avec. On parlait le langage du Parti communiste. Il y avait une culture communiste, qui s’est délitée, laissant les individus à l’état d’abandon politico-idéologique.

 

C’est, bien sûr, lié à la transformation du monde du travail. Quand ma mère était ouvrière, dans les années 1970 et 1980, aux Verreries mécaniques champenoises, il y avait 1 700 ouvriers, dont 500 étaient membres de la CGT. C’était une force mobilisable, et souvent mobilisée, une force collective considérable.

 

L’usine a fermé dans les années 1980. Les enfants et petits-enfants de ces ouvriers n’ont pas retrouvé de travail dans ce type d’usines, qui fermaient les unes après les autres.

 

Quand ils ne sont pas chômeurs, ou au RSA, ou occupant des emplois temporaires, ils travaillent maintenant beaucoup dans la logistique, dans les entrepôts d’Amazon. Or, si vous êtes livreur, que vous travaillez dans un entrepôt, où la syndicalisation est difficile et risquée, il est évident que vous n’avez plus le même rapport à la politique. Vous étiez une force collective, vous êtes devenu un individu isolé.

 

  • Les gens privés de cette culture politique, et du mode d’expression qu’elle leur conférait, se sont reconstitué individuellement et collectivement une autre culture et un autre moyen de s’exprimer : le vote pour le FN, puis le RN. Pour eux, c’est une manière de se constituer collectivement comme sujet politique.

 

C’est ainsi que Marine Le Pen obtient des scores impressionnants dans l’Aisne, le Pas-de-Calais, le Nord, la Moselle, la Meurthe-et-Moselle, etc., c’est-à-dire les anciens bastions ouvriers, miniers, qui avaient été les berceaux du mouvement ouvrier français, et qui sont désormais désindustrialisés, précarisés, désespérés.

 

Si c’est une autre forme de vote ouvrier, de vote des catégories populaires, on peut donc dire que c’est un vote de classe. Ce qui est inquiétant, c’est que ce vote de classe s’est durablement inscrit dans le paysage politique. Il faut alors essayer de comprendre pourquoi. Et on ne peut pas comprendre ce qui se passe si on ne fait pas l’histoire dans le temps long, en remontant à la fin des années 1970.

 

 

- Dans votre livre sorti en 2007, D’une révolution conservatrice et de ses effets sur la gauche française, vous situez l’origine de ce que nous vivons au tournant idéologique effectué par le Parti socialiste (PS) dans les années 1980. Pensez-vous qu’avec le score réalisé par le PS à cette élection, 1,75 %, on est arrivés au bout de cette séquence politique ?

Didier Eribon : On assiste à l’aboutissement d’un processus entamé au début des années 1980. La démarche critique, politique et intellectuelle a certes reflué par des effets structuraux après l’effervescence des années 1960 et 1970. Mais il y a eu aussi une volonté intellectuelle mise en œuvre par des think tanks dont l’objectif explicite était de défaire tout ce qui faisait que la gauche était la gauche, en démantelant la pensée de gauche, la pensée critique : Foucault, Bourdieu, Derrida étaient – déjà ! – les cibles principales.

 

Des cénacles se sont créés, comme la fondation Saint-Simon, créée par François Furet, avec des universitaires, des patrons de l’industrie et de la banque comme Roger Fauroux, Jean Peyrelevade, des journalistes, etc.

 

Ils ont activement organisé ce basculement vers la droite du champ politico-intellectuel en combattant la pensée de gauche – François Furet n’avançait pas masqué, puisque sa référence était Raymond Aron. Le Parti socialiste (PS) a été l’un des acteurs et des vecteurs de ce glissement organisé vers la droite. Si vous remplacez la notion de classe sociale, l’idée de mobilisation sociale et l’idée pourtant élémentaire qu’un parti de gauche doit s’appuyer sur ces réalités et sur ces processus, et doit représenter les ouvriers, les précaires, les chômeurs, et porter leur voix dans l’espace public, si tout cela est ignoré, repoussé et combattu idéologiquement, qui va se reconnaître dans ces partis de gauche ?

 

Pierre Bourdieu m’avait dit au milieu des années 1990 : « Ce pur produit de l’ENA [École nationale d’administration] qu’est François Hollande, se faisant élire à Tulle, ça veut dire le FN à 20 % dans dix ans. »

 

  • Que des technocrates élus sous l’étiquette PS dans des régions ouvrières développent des politiques néolibérales destructrices pour les vies des gens qui les ont élus, cela crée de la colère, de l’abstention, et finalement le vote contre ces gens-là.

 

Si les partis de gauche ne représentent plus, ne soutiennent plus, ne se font plus les porte-voix des ouvriers, des précaires, dans la sphère publique, alors ceux qui sont ainsi abandonnés ne votent plus à gauche, ils s’abstiennent ou votent FN. J’ai observé comment quasiment toute ma famille est passée en moins de dix ans d’un vote communiste à un vote FN.

 

En écrivant Retour à Reims, je me suis aperçu, par exemple, que c’était devenu aussi naturel pour un de mes frères de voter FN que pour mes parents de voter communiste autrefois. Il n’y a pas eu de transmission d’héritage politique, si ce n’est un héritage de révolte, de colère contre la situation qui est faite aux subalternes, et du vote comme moyen collectif de protestation. Le contenu du vote a changé, mais le geste est le même.

 

  • Si la gauche avait été du côté de Bourdieu au moment de la grande grève de décembre 1995, et pas du côté des cénacles qui la dénonçaient et qui insultaient les grévistes et les intellectuels qui la soutenaient, si elle avait soutenu et représenté les mouvements sociaux au lieu de les combattre, nous n’en serions pas là.

 

Les journalistes ont aussi une part de responsabilité. Libération employait contre Bourdieu des vocables que ce journal n’employait même pas contre Le Pen. Dans The Class Ceiling : Why It Pays to Be Privileged, de Sam Friedman et Daniel Laurison, il y a un tableau qui montre que les professions dont l’accès est le plus réservé aux classes supérieures, c’est la médecine puis le journalisme. Cette homogénéité ne peut pas ne pas avoir de conséquences. Cela explique évidemment le soutien de la presse à Emmanuel Macron en 2017 : l’affinité des habitus l’emporte sur les différences de surface.

 

 

 

- Finalement, nous aurions pu vivre en France un scénario à l’italienne, c’est-à-dire une disparition de la gauche ?

Didier Eribon : C’était programmé, en effet. Le PS a renoncé depuis longtemps à faire vivre la pensée de gauche. À la parution de mon livre sur la révolution conservatrice, Christian Paul m’avait dit vouloir créer des ateliers pour réinventer cette pensée. Le premier invité était Alain Finkielkraut, et le deuxième était Marcel Gauchet. Réinventer la gauche avec des idéologues aussi réactionnaires ! Vous voyez où on en était.

 

Il est évident que quelque chose se jouait à ce moment-là. Le PS s’est de plus en plus dissocié à la fois des classes populaires d’un côté, et des intellectuels de gauche de l’autre. C’est devenu un parti d’énarques dont les références intellectuelles se situent très, très, très à droite.

 

Ça a commencé sous Jospin, et l’aboutissement de tous ces processus a été la présidence Hollande, élu contre Sarkozy. Son secrétaire général adjoint était Emmanuel Macron, devenu son ministre de l’économie.

 

Rétrospectivement, on se dit : si le ministre de l’économie d’un gouvernement qui se disait de gauche à ce moment-là était Emmanuel Macron, comment aurait-il pu être possible que les classes populaires se reconnaissent dans le PS ? Le divorce, qui était déjà bien entamé, allait devenir un gouffre. C’était évident. Hollande n’a même pas pu se représenter.

 

Puis la droite a soutenu Macron, aux côtés de tous les hiérarques socialistes, préoccupés par leurs postes : on a vu Olivier Véran et Muriel Pénicaud gouverner avec Bruno Le Maire et Gérald Darmanin. S’ils peuvent cohabiter dans un même gouvernement, c’est qu’ils pensent tout simplement la même chose. Ils sont les mêmes : des représentants des classes supérieures qui regardent le monde social d’en haut et imposent leurs décisions. Tout cela a provoqué chez les électeurs de gauche un sentiment profond de révolte, de fureur même…

 

  • L’effondrement du PS est l’aboutissement de cette droitisation. Et l’aboutissement logique de cette séquence, c’est Macron, l’enfant idéologique de François Hollande et de la technocratie néolibérale qu’il avait épousée en noces publiques en édictant la loi Travail, et autres mesures du même genre.

 

 

Macron est l’incarnation de cette séquence historique. Il n’a pas de talent particulier : il est un effet, un produit de ces processus historiques. Il n’y a plus besoin d’un PS néolibéral, oxymore qui se retrouve condensé dans sa personne. Et la vraie droite et la fausse gauche réunies dans leur programme commun.

 

C’était le projet de la fondation Saint-Simon dans les années 1980. Réunir droite et gauche au « centre », ce qui veut dire à droite.

Au fond, Furet et Rosanvallon étaient les prédécesseurs de Blanquer et Vidal, avec leur assaut contre la pensée critique, qui représentait à leurs yeux une menace pour la « cohésion sociale », le « pacte social », la « rationalité gouvernementale », la « modernité économique », et toutes ces notions qui ressortissent à une perception bourgeoise, conservatrice et autoritaire de la vie politique. Bourdieu était leur cible principale. On voit aujourd’hui le beau résultat de leurs agissements délétères.

 

 

 

- Jean-Luc Mélenchon a-t-il réussi à faire dérailler durablement ce scénario à l’italienne programmé depuis les années 1980 ? Est-il de nature à desserrer l’étau qui nous enferme dans l’alternative entre l’extrême droite et l’extrême libéralisme de Macron ?

Didier Eribon : C’est l’autre phénomène le plus frappant de cette élection de 2022 : la dynamique qu’a su créer Jean-Luc Mélenchon en mobilisant les énergies à gauche, sur un programme élaboré. Ce succès est insuffisant, mais tout de même incroyable. Il faut s’interroger sur ce que ça peut signifier pour les possibilités futures de recréer une dynamique de gauche.

 

Sartre dit, dans un entretien, qu’il y avait une puissante force collective de transformation sociale en mai 1968, qui s’est effondrée quand chacun s’est retrouvé dans l’isoloir, le 30 juin. Le régime gaulliste a été sauvé par les votes des millions de travailleurs dont les grèves l’avaient si brutalement ébranlé.

 

Au fond, le PS des années 1980, 1990, 2000 a rêvé, comme la droite, d’un 30 juin permanent, c’est-à-dire de la fin de la protestation sociale et la soumission des gouvernés aux décisions des gouvernants. Ce à quoi il est urgent et nécessaire d’opposer un « Mai 68 » permanent ou en tout cas un « esprit de 68 ».

 

Je pense que les mouvements sociaux de ces dernières années ont réinventé une dimension collective de la perception de soi. La violence de la répression subie par ces mouvements a accentué cette dimension collective. Et, cette fois-ci, Mélenchon a su faire passer l’idée qu’une dynamique de gauche était encore possible dans les manifestations, mais aussi à travers le vote, pensé comme un acte de regroupement, de reconstitution d’une force qui va compter, qui va peser. On n’est plus les objets de la décision politique, on redevient des sujets.

 

Olivier Masclet a écrit un livre important sur la manière dont la gauche n’a jamais su s’intéresser aux énergies dans les quartiers populaires (La gauche et les cités. Enquête sur un rendez-vous manqué, 2006 – ndlr[3]). La gauche a méprisé, oublié les habitants de ces quartiers. Ils ne vont plus voter. Mélenchon a su les respecter, les défendre, les soutenir et leur faire considérer qu’ils pouvaient se faire entendre dans l’espace public par le moyen de leur vote.

 

On voit ce qui s’est passé à Marseille, à Roubaix, ou en Seine-Saint-Denis : une bonne partie du vote des quartiers populaires s’est portée sur son nom. Il a mobilisé un électorat qui ne votait plus. Mélenchon, malgré toutes les critiques que je peux lui faire, a réussi à recréer une dynamique de gauche.

 

 

- Mais est-ce durable ? Mélenchon a fait des scores importants dans l’ancienne ceinture rouge de la banlieue parisienne, où le PCF n’existe plus. Mais La France insoumise (LFI) n’a pas les structures partisanes du PCF de la grande époque…

Didier Eribon : Il est entouré d’une équipe de gens très talentueux, dont j’admire le travail et l’engagement. Maintenant, il est vrai qu’ils n’ont pas beaucoup de mairies, ni d’implantation dans des structures stables comme le PCF ou le PS, dans les régions ouvrières du Nord, en avaient autrefois. J’imagine que les Insoumis s’en préoccupent. À lire aussi Jean-Luc Mélenchon a rassemblé plus de 22 % des suffrages au niveau national et réalisé une percée spectaculaire dans les grandes villes et les banlieues alentour[4].

 

Quand le meeting, la manifestation, l’élection s’arrêtent, il faut faire perdurer la mobilisation dans le « pratico-inerte », selon le mot de Sartre, rappelé par Geoffroy de Lagasnerie dans Sortir de notre impuissance politique : c’est-à-dire dans la vie quotidienne, sur les lieux de travail, dans les quartiers, etc.

 

Ce n’est pas simple. Et je ne donne pas de leçons. Je sais que cela ne se décrète pas. Il faut aussi que des gens le veuillent et le puissent, alors qu’ils ont des préoccupations quotidiennes plus urgentes. Le vote ouvrier (blanc et non diplômé) du Nord et de l’Est est d’ailleurs allé globalement davantage à Marine Le Pen, alors que celui des jeunes urbains des villes universitaires (Nantes, Grenoble…) est allé à Mélenchon. Ce sont des blocs importants, dans les deux cas, la question étant pour la gauche de savoir comment les rapprocher, les réconcilier.

 

 

 

- Cette composition de son électorat ne donne-t-elle pas finalement raison au rapport de Terra Nova sorti en 2011 (« Gauche : quelle majorité électorale pour 2012[5] »), dans lequel on lisait : « La classe ouvrière n’est plus le cœur du vote de gauche, elle n’est plus en phase avec l’ensemble de ses valeurs. » L’électorat de Mélenchon, urbain, jeune, diplômé, ne confirme-t-il pas ce rapport, malgré lui ?

Didier Eribon : Pour moi, ça ne donne pas du tout raison à Terra Nova, car leur rapport concluait qu’il ne faut plus s’occuper des classes populaires, qu’elles seraient définitivement perdues. Si vous voulez seulement vous occuper du féminisme, de l’écologie et du mouvement LGBT (et je n’ai pas besoin de préciser à quel point ces mouvements sont importants à mes yeux), délaissant les questions sociales, vous laissez des pans entiers de la société en déshérence politique, sans cadre pour se penser, et qui finissent par voter FN, ou qui continueront à le faire...

 

Ce rapport était un signe supplémentaire que la bourgeoisie socialiste cherchait à justifier son effacement des questions ouvrières. David Gaborieau, un sociologue qui travaille sur les métiers de la logistique et les entrepôts d’Amazon, montre bien qu’il y a une classe ouvrière nouvelle, qui ne ressemble pas à celle des années 1950 ou 1960.

 

Il suffit de voir le film de Ken Loach, Sorry We Missed You, pour le comprendre. La classe ouvrière aujourd’hui, c’est, pour une bonne part, le livreur Amazon et l’aide à domicile. Mais sans la grande usine, comment se mobiliser ? Il n’y a plus de lieu où peut se créer la solidarité de classe.

 

  • Au lieu de les effacer du paysage intellectuel et organisationnel de la gauche, il faut au contraire les y intégrer en multipliant et renforçant les organisations syndicales et politiques qui offrent à cette nouvelle classe ouvrière les moyens de se penser comme sujet politique collectif.

 

 

- Vous plaidez pour le retour d’un discours de classe ?

Didier Eribon : La classe ouvrière est une réalité économique et objective. Mais c’est aussi une production discursive performative. Il y a des classes sociales, parce que Marx a dit qu’il y avait des classes, et la théorie, en proposant une perception du monde, façonne la réalité et notamment celle des luttes.

 

Il faut repenser, retravailler ces cadres théoriques qu’on ne peut jamais tenir pour acquis et définitifs. La réalité change. La théorie doit changer. La grande tâche de LFI est d’élaborer un tel cadre théorique, qui donne un cadre politique pour se penser soi-même comme une force collective de gauche.

 

Quand le PCF faisait ses meilleurs scores (plus de 20 % des voix), c’étaient à peu près 30 % à 40 % des ouvriers qui votaient pour lui, et les autres, c’étaient des enseignants, des employés, le monde de la culture, etc... Pourtant, ce parti se présentait comme le parti de la classe ouvrière et, d’une certaine manière, il l’était effectivement. Il l’était pour mes parents, ma famille, des millions d’autres, même si de nombreux ouvriers votaient à droite.

 

Le cadre discursif produit performativement le creuset, le foyer politique, dans lequel un « bloc », pour parler comme Gramsci, constitué de catégories différentes, peut s’agréger.

 

Et je ne pense pas que le concept central puisse en être la notion de « peuple ». Je n’adhère pas à l’idée d’un « populisme de gauche », même dans la version éminemment sophistiquée et séduisante qu’en propose mon amie Chantal Mouffe.

 

L’idée de « peuple » ne peut pas venir remplacer l’idée de classe, même s’il s’agit d’articuler les « équivalences » entre différents mouvements – classe, genre, race, écologie... La notion de « peuple » peut paraître combler les manques de la notion de classe mais elle revient à dire qu’une demande sociale ne devient politique que si elle se réfère à une notion commune de « peuple » et se transcende dans cette notion.

 

Il me semble qu’il faut au contraire penser la multiplicité, la spécificité et l’autonomie des mouvements, chacun ayant ses traditions, ses revendications, ses formes d’organisation, ses divergences internes… Disons que ce serait déployer une activité critique généralisée, tant théorique que pratique, pour défaire les différentes formes instituées de pouvoir et de domination.

 

La notion de « peuple » construit la politique en référence à une identité fictive, alors que, selon moi, il faut ancrer la politique dans les expériences et les identités vécues, les oppressions concrètes…. Et il incombe aux organisations politiques telles que LFI d’essayer de « travailler avec » tous ces mouvements pour proposer des débouchés politiques effectifs. Cela s’appelle la gauche. Une démarche de gauche.

 

 

- À l’aune de la campagne de Mélenchon en 2022, peut-on dire que le « moment populiste » de 2017 est terminé ?

Didier Eribon : Je ne sais pas. Il peut prendre d’autres formes. Ou resurgir plus tard ou ailleurs. Et cela peut toujours avoir des effets mobilisateurs. Mais l’essentiel pour moi n’est pas là. Je crois qu’opposer le « peuple » à la « caste », ou à l’ « oligarchie », n’est pas une stratégie pertinente ni viable à long terme.

 

On voit ce que ça a produit en Espagne, où les fascistes de Vox sont à 18 %, en prétendant défendre le « peuple », et Podemos à 10 ou 11 %. L’idée de peuple est dangereuse à manipuler. Marine Le Pen peut très bien elle aussi opposer le « peuple » à « l’oligarchie ». Si « peuple » est un « signifiant vide », comme le disent Laclau et Mouffe, on peut hélas y mettre ce qu’on veut, et cela ne correspond pas toujours aux souhaits agréables de ces deux auteurs.

 

Il est plus difficile pour l’extrême droite de se réclamer d’une idée de « classe ouvrière » organisée, de mobilisations sociales ancrées dans une perspective de justice sociale, de solidarité collective, de protection sociale, d’égalité, de développement des droits sociaux…

 

Un des défis de LFI est de construire un cadre qui puisse rendre compte des transformations de la classe ouvrière : la précarisation, le chômage… Comment s’adresser au père ou à la mère d’Édouard Louis, qui sont au RSA et qu’on menace de radier s’ils ne reprennent pas un travail, alors qu’ils ont le dos brisé, les articulations usées, et qui ont souvent voté FN ? Il faut justement leur donner un moyen de s’exprimer qui ne passe pas par le vote Le Pen. Un programme social comme celui de LFI (l'Avenir en Commun[6])peut contribuer à ce changement.

 

Je suis frappé quand on dit de Mélenchon qu’il est de gauche radicale. Mélenchon a un projet social-démocrate classique. Dans " L’Esprit de 45[7] ", Ken Loach montre bien ce qu’était le projet des travaillistes britanniques après la Deuxième Guerre mondiale : création de services publics dans tous les secteurs, nationalisations… C’est ce projet, largement réalisé, que la droite s’est acharnée à détruire par la suite avec le thatchérisme, et qu’aujourd’hui on considérerait comme extrémiste, quasiment soviétique.

 

  • Mélenchon ne pourrait même pas envisager d’aller si loin. Celui qui a un programme extrémiste, c’est Macron, il est du côté du thatchérisme, de la violence sociale du néolibéralisme.

 

 

- L’électorat de Mélenchon se divise sur l’attitude à avoir au deuxième tour. Il a donné pour consigne de ne pas donner une seule voix à l’extrême droite, mais ça ne suffira peut-être pas…

Didier Eribon : Tous mes amis ont voté pour Mélenchon et, évidemment, personne ne songe, même une seule seconde, à voter Marine Le Pen. Cela va de soi. Certains vont se résigner à voter Macron, malgré le dégoût profond qu’il leur inspire…

 

Mais nous ne sommes pas représentatifs de l’électorat de Mélenchon, et il est possible que la colère contre Macron soit si forte que certains dans d’autres catégories sociales soient prêts à faire n’importe quoi pour le lui faire savoir.

 

 

Plusieurs de mes amis vont s’abstenir. Et c’est ce que je vais faire aussi. Il m’est difficile de voter pour quelqu’un qui, à chaque fois que j’ai voulu exprimer mon opinion, m’a envoyé la police la plus violemment répressive, m’a asphyxié dans des nuages de gaz lacrymogène, a terrorisé des gens pour qu’ils ne manifestent plus. Selon l’Observatoire des street-médics[8], il y a eu 28 000 blessés dans les manifestations entre fin 2018 et début 2020. Le bilan du macronisme est effarant.

 

Et puis, il ne faut pas inverser les responsabilités. J’ai soutenu les grèves de 1995, j’ai manifesté contre la loi Travail, contre les réformes des retraites, j’ai soutenu l’hôpital public, j’ai prévenu que la destruction des services publics et l’appauvrissement et la précarisation des plus pauvres allaient faire monter l’extrême droite.

 

Depuis 30 ans, je « fais barrage ». J’ai écrit avant le premier tour de 2017 que voter Macron aurait pour résultat inéluctable de faire monter Le Pen. J’avais raison. Ceux qui nous ont combattus, insultés, réprimés sont les responsables de la situation actuelle. Les responsables, ce sont ceux qui ont installé le macronisme, soutenu cette politique ! Pas moi !

 

J’ajoute que ceux qui voulaient faire barrage à Marine Le Pen avaient un moyen très simple : voter pour Mélenchon au premier tour. Il lui a manqué un point. Et je n’oublie pas que ceux qui viennent donner des leçons aujourd’hui allaient jusqu’à proclamer que, en cas de deuxième tour entre Mélenchon et Le Pen, ils s’abstiendraient, ou même iraient jusqu’à voter Le Pen. Je n’invente rien !

 

  • Et ils viennent nous dire désormais que s’abstenir, c’est être complice de Le Pen, alors qu’ils étaient prêts à voter pour elle, il y a encore quelques jours ? On croit rêver.

- La possible victoire de Marine Le Pen, alors qu’on sait ce qu’elle ferait si elle arrivait au pouvoir, ne vous oblige-t-elle pas, justement, à faire barrage malgré tout ?

Didier Eribon : Je pense vraiment qu’il y a fort peu de chances pour que Le Pen puisse gagner cette élection. Le risque est très faible, quasiment inexistant. On essaie de nous faire peur pour augmenter le score de Macron afin qu’il puisse ensuite affirmer que son projet a été soutenu par un grand nombre d’électeurs.

 

Et dès qu’il sera élu, il reprendra sa politique de démolition, et accueillera tous ceux qui voudront protester avec des charges policières, des grenades lacrymogènes, des « balles de défense », provoquant à nouveau blessures et mutilations.

 

  • Ce n’est donc pas seulement que je ne veux pas voter pour Macron, c’est que je ne peux pas. La politique de classe qu’il incarne me révulse. Il a fait barrage aux mouvement sociaux, aux revendications syndicales, aux demandes sociales.
  • Il a fait barrage aux libertés publiques, à la démocratie. Il nous dit qu’il va changer, qu’il va écouter, mais c’est évidemment une obscène plaisanterie. Comment pourrait-il changer ?
  • Non, sauf dans le cas tout à fait improbable où les sondages indiqueraient qu’il existe un danger réel, je ne voterai pas pour lui.

 

 

--------------------------------

 

- François Ruffin, député France insoumise

Les campagnes de la Somme ont voté, hors Amiens, à 61% pour Marine Le Pen. Alors, on fait quoi ? On les abandonne au RN ? Non, on relève le gant, ici et ailleurs. Sur le papier, électoralement, je suis mort ! Et pourtant, on va ressusciter, et pourtant, à la fin, c'est nous qu'on va gagner !

 

 

- Retrouvez la conférence des #AMFIS2022 intitulée : « Qui a voté pour l’extrême droite en 2022

 « Qui a voté pour l’extrême droite en 2022 ? », avec :
• Alexis Corbière, député LFI-NUPES
• Boris Bilia, statisticien et co-animateur d’Intérêt général
• Gala Kabbaj, chercheuse, en charge du programme Stratégies contre l’extrême droite de Transform!
• Lucie Delaporte, journaliste à Mediapart, spécialiste de l’extrême droite

 

Partager cet article
Repost0
10 avril 2022 7 10 /04 /avril /2022 22:42
Présidentielles 2022 : ne cédons pas à la déception... la lutte continue !

Il ne faut pas donner une seule voix à madame Le Pen, et... les législatives seront le 3éme tour des présidentielles ! !

 

 

Sources : Patrick Job |  Mis à jour le 23/04/2022

- Une nouvelle page du combat s'ouvre.
Résultats du premier tour des élections présidentielles à 11 h 37 le 11/04/2022[1] :

Macron 27,84% ; Le Pen : 23,15% ; Mélenchon : 21,95 % ; Zemmour : 7,07% ; Pécresse : 4,78% ; Jadot : 4,63% ; Lassalle : 3,13%  ; Roussel : 2,28% ; Dupont-Aignant : 2,06% ; Hidalgo : 1,75% ; Poutou : 0,77% ; Arthaud : 0,56%

M. Jean-Luc MÉLENCHON : 7 714 949 voix pour 21,95 % (il a manqué 421 420 voix, soit 1,2% pour être au 2iéme tour victime d'une abstention de 11 892 648 d'électeurs en hausse de 1 314 193 voix et 2.91 % sur 2017)

 

  • Rappel des résultats du premier tour des présidentielles de 2017

M. Jean-Luc MÉLENCHON : 7 059 951 voix pour 19,58 % (il avait manqué 618 540 voix pour être au 2iéme tour malgré une abstention de 10 578 455 électeurs)

Résultats de l'élection présidentielle 2017

 

- Pour 1.46 %, (soit 504 306 voix) Jean-Luc Mélenchon, 3ème , ne participera donc pas au deuxième tour.

Exit les propositions de l'AEC. C'était le pronostic préféré des sondeurs et des médias au service des milliardaires.

  • Pour autant, pas une voix insoumise n'ira au deuxième tour au fascisme !
  • Pas une voix de l'Union Populaire pour Le Pen et le Rassemblement National !
  • Pas de xénophobie. Pas de préférence nationale !

 

Pourtant, les propositions contenues dans l'Avenir en commun, la lutte réelle contre le réchauffement climatique, un meilleur partage des richesses, la retraite à 60 ans, l'augmentation du SMIC, l'éradication de la grande pauvreté, la défense et l'extension des services publics, etc. étaient majoritaires dans le pays.

 

Pourtant, notre campagne ne nous laisse aucun regret et au contraire une grande fierté. Au quotidien, des milliers de discussions dans les porte à porte, sur les marchés, des distributions de tracts, des collages d'affiches. Nos meetings, grands ou petits, avec ou sans notre candidat, ont été tous de grandes réussites. Ils avaient permis de lancer une belle dynamique qui aurait pu aller au bout.

 

Pourtant, Jean-Luc Mélenchon, notre candidat, bien qu'il ait été comme d'habitude, caricaturé, son image tordue pour en faire un personnage agressif, toujours à la bouche ouverte et grimaçante, éructant, accusé de tous les maux, antisémite, islamo-gauchiste, ami des dictateurs, clivant, à l'ego sur-dimensionné, a été un excellent porte-parole des intérêts populaires, un très bon tribun.

 

 

- Alors que s'est-il passé ?

Il l'a dit,... il ne l'a pas fait !

Nous n'avons tout simplement pas su convaincre assez d'électeurs d'aller voter pour nos propositions. Peut-être encore trop ont-ils pensé qu'elles n'étaient pas réalisables. Nos opposants libéraux ne l'ont-ils pas répété jusqu'à plus soif : une autre politique que la leur, ce n'est pas réaliste !

  • Est-ce pourtant la fin de l'histoire ?

Préparons-nous à souffrir dorénavant mille maux supplémentaires.

Il n'y aura dorénavant personne parmi nos futurs gouvernants, que ce soient des “Macron“ ou des “Le Pen“  pour lutter contre le dérèglement climatique. Personne à agir pour une meilleure répartition des richesses. Nous devrons travailler plus, plus longtemps et bénéficier de moins en moins de services publics. L'hôpital, l'Enseignement, seront encore plus privatisés. La police sera chargée des basses œuvres et la démocratie continuera de se dégrader.

  • Laisserons-nous faire ?

Évidemment non ! Les luttes sociales continueront.

Elles devront même s'amplifier face aux désastres annoncés. Elles compteront sur l'appui des députés de l'Union populaire que vous allez devoir envoyer à l'Assemblée Nationale le plus nombreux possible.

Une force nouvelle est née en effet : l'Union populaire sur laquelle doivent pouvoir s'appuyer les nécessaires luttes à venir .

 

Pour cela, votez et faites voter partout pour les candidats de l'Union Populaire aux élections législatives de juin.

 

 

- Sociologie de l'électorat selon l'âge, rapporté au nombre d'électeurs

On a tout sous les yeux !
Les jeunes 18/34 ans sont ceux qui ont le plus voté pour le candidat de l'#UnionPopulaire, Jean-Luc Mélenchon (voir la ligne rouge)
Or, selon la ligne en jaune qui concerne l'abstention, témoigne que ce sont les mêmes 18/34 ans qui se sont le plus abstenus pour le plus grand plaisir du couple Macron/Le Pen.

 

 

 

🔴 Pour accéder à UNE ANALYSE détaillée DES RÉSULTATS DU 1ER TOUR DES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES 👉 ICI

 

 

-  La lutte continue ! - Discours de Jean-Luc Mélenchon après le 1er tour

Une nouvelle page du combat s'ouvre. Vous l’aborderez, nous l’aborderons dans la fierté du travail accompli.

Cette force immense que nous avons construite de nos mains tant de fois sous le mépris et les insultes, mais elle est là. Et pour chaque étape, elle est là si vous décidez de la préserver, de l'entourer comme vous l'avez fait jusqu'à cette heure en dépit de tout.

 

Ce matin, il faisait beau à Marseille. Sur la mer fuyante, les rayons du soleil bondissaient d'une vague à l'autre. Ce matin, tandis que je me préparais à entrer dans cet événement dont je ne savais rien, me sont arrivés bientôt les échos de l'Oyapock, frontière française sur le Brésil. Et puis ceux du Maroni. Et puis ceux de la Martinique. Et puis ceux de la Guadeloupe. Et puis ceux de la Réunion. Qui dès le premier tour, dès le premier tour, m’élisaient pour leur Président. Et j'ai vu dans leurs décisions ce qu'elles signifiaient pleinement et entièrement. L'état dans lequel se trouvent la patrie et son peuple sur tous les points du territoire : un état d'exaspération et le sentiment d'être entré dans un état d'urgence écologique, social et maintenant, encore une fois, nous le voyons ce soir, un état d'urgence politique. 

 

Car le tableau, le tableau que vous avez sous les yeux, tel qu'il a été voulu non de notre fait, ni même du fait du peuple français, mais des institutions de la cinquième République et de cet étrange système de tirage au sort qui aboutit à vous demander de choisir entre deux maux dont vous vous sentez à la fois qu'ils sont terribles pour vous mêmes et qu'ils ne sont pas de même nature. Et chacun d'entre vous se trouve mis au pied du mur de sa conscience, de la décision qu'il doit prendre. C'est la condition humaine d'être sans cesse confronté à des décisions qui sont souvent difficiles à prendre. 

 

  • Eh bien, la dernière fois, que s'est-il passé ? Je vous ai dit ce que je vous redirai. Non, je connais votre colère, mes compatriotes, vous tous dont j'ai parlé il y a quelques instants. Je connais votre colère. Ne vous abandonnez pas à ce qu'elle vienne à vous faire commettre des erreurs qui seraient définitivement irréparables.
  • Tant que la vie continue, le combat continue ! Et c'est mon devoir de vous dire, comme étant le plus ancien d'entre vous, que la seule tâche qu'on a à se donner, c'est celle qu’accomplit le mythe de Sisyphe : la pierre retombe en bas du ravin, alors on la remonte.
  • Vous n'êtes ni faibles, ni sans moyens. Vous êtes en état de mener cette bataille, et la suivante, et la suivante autant qu'il y en aura. Regardez-moi : je n'ai jamais lâché prise, je n'ai jamais cédé, je n'ai jamais baissé le regard et c'est de cette façon-là que nous avons construit cette force.

 

Alors maintenant, c'est à vous de faire. Dans la bataille qui arrive, nous avons constitué le pôle populaire. Parce qu'il était là, toutes sortes de gens ont pu prendre appui dessus pour faire un vote et nous amener jusqu'à ce point.

 

Les batailles arrivent devant vous. Ne commettons pas l'erreur de nous fourvoyer à peine entrés sur le chemin.

Nous savons pour qui nous ne voterons jamais. Et pour le reste, comme je vous l'ai dit il y a cinq ans. Vous souvenez-vous qu'il y a eu quelques dégâts après notre déclaration ? Pour qui prendrait-on les Français ? Ils sont incapables de savoir quoi faire ? Ils sont capables de décider ce qui est bon pour le pays. Jamais nous ne perdrons notre confiance dans la démocratie. Donc vous ne devez pas donner une voix à madame Le Pen.

 

Alors je le sais bien, je répète parce que des fois, il arrive que même quand je dis les choses, c'est comme si je ne les avais pas dites. Alors je recommence à cet endroit du film : il ne faut pas donner une seule voix à madame Le Pen. Il ne faut pas donner une seule voix à madame Le Pen. Il ne faut pas donner une seule voix à madame Le Pen. Voilà, je crois que le message pour cette partie a été entendu. Alors maintenant, qu'allons nous faire ? On va ouvrir la page et les 310 000 personnes qui m'ont parrainé donneront leur point de vue. 

 

Ceci posé, ne nous cachons pas la violence de la déception. La violence de la déception, elle est d'abord en pensant à tout ce qui aurait été entrepris et qui ne le sera pas. Et ceci plus que le reste me cuit. Ce que je me préparais à faire, ce que je croyais immédiatement à portée de main, les belles équipes dont nous disposons et qui étaient prêtes à se déployer pour assumer toutes les tâches qu'il y avait à assumer.

  • Oui, c'est une déception. Mais en même temps, comment se cacher ?
  • Je suis comme vous, entre les deux. Comment se cacher aussi la fierté du travail accompli ?
  • Le Pôle populaire existe. Si nous n’y étions pas, que resterait-il ? Qu’aurions-nous ? Rien.
  • Et nous avons construit cette force(...). La lutte continue. La lutte continue.

 

Présidentielles 2022 : ne cédons pas à la déception... la lutte continue !
Partager cet article
Repost0
7 avril 2022 4 07 /04 /avril /2022 15:34

Cet article est reposté depuis Rue du Blogule Rouge Insoumis.

Partager cet article
Repost0
25 mars 2022 5 25 /03 /mars /2022 21:09
Ces communistes qui s'engagent dans la bataille de l'#UnionPopulaire 2022

Témoignage...

« Il faut à tout prix éviter un second tour entre la droite et l’extrême droite. Et aujourd’hui, à gauche, le mieux placé, c’est Jean-Luc Mélenchon. »

Même si j'ai quitté le PCF en 2021, je soutiens Jean-Luc Mélenchon, car je suis pleinement communiste !... rejoignant l'appel de communistes à voter pour le candidat de l'Union Populaire[1]

 

 

Sources : Patrick Varache | mis à jour le 31/03/2022

-  Ce mardi 22 mars à Bléville lors d'une réunion publique de soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon avec Adrien Quatennens et Clémence Guetté en présence de 300 personnes, j'ai témoigné :


Bonjour à toutes et tous,


Merci de me permettre ce témoignage.


Dans un article publié en octobre 2021 dans le journal Info Ouvrière[2], je donnais les raisons de ma démission du Pcf un mois auparavant, ainsi que ma décision de mener la campagne Présidentielle de l’Avenir En Commun de Jean-Luc Mélenchon. Je trouvais irresponsable en effet qu’après deux campagnes 2012 et 2017 avec une forte progression de cette gauche radicale rassemblée, qu’on ne tente pas la victoire en 2022.


Comme beaucoup de mes camarades, j’ai considéré la candidature communiste comme un renoncement à la Présidentielle de 2022, avec pour objectif de se refaire une santé avec le retour aux alliances avec la social-démocratie, malgré ses nombreuses trahisons. 


Au-delà de ces stratégies électorales ce qui m’a vraiment déçu c’est cet aveuglement devant la gravité de la situation, devant les défis énormes qui sont devant nous et le fait que nos conditions de vie et de travail allaient considérablement se dégrader si on en reprenait pour 5 ans. Je vais y revenir.


En tant que militant Cgt, j’ai pu mesurer concrètement sur le terrain, après la loi travail de 2016 et les ordonnances macron qui ont suivi, c’est 50% d’effectif militant en moins, la fusion des instances représentatives du personnel et la perte de nombreux droits pour les travailleurs, notamment concernant les licenciements.  


Cette fusion a également mis un terme aux Chsct (Comité d’Hygiènes de Sécurité et des Conditions de Travail), remplacés par une commission du CSE aux pouvoirs amoindris, faisant courir des risques importants aux travailleurs et à l’environnement. Notre région havraise avec son port et sa 3ème zone industrielle de France, compte pas moins de 23 sites classés Séveso, dont 17 seuil haut. Ce qui signifie des normes très sévères, que les Chsct avaient le pouvoir de faire respecter.


Désormais les patrons sont maitres à la fois de la mise en œuvre et en même temps du contrôle des mesures de sécurité liées au fonctionnement de nos installations. Quand on connait la volonté de ces grandes entreprises de réduire les couts de maintenance et de fonctionnement on peut craindre pour la sécurité en générale.


Cette escalade de la régression sociale et ses effets dangereux sur la sécurité et les conditions de travail est très inquiétante et cela ne peut que s’accentuer, puisque la gestion de ces grandes entreprises est principalement orientée sur la rentabilité maximum, dans le temps le plus court possible.


Depuis 40 ans les libéraux au pouvoir sont au service de ces grandes entreprises et l’Aec se propose d’y mettre un terme, notamment à travers l’abolition de la loi travail et le rétablissement des CHSCT.

 


-  Mais au-delà, c’est la gravité de l’instant que nous vivons qui m’a décidé.

En effet, tous les observateurs sérieux analysent la période actuelle comme étant celle de tous les dangers, avec un risque de basculement sociétal gravissime. Les enjeux et défis qui sont devant nous imposent de sortir d’urgence du libéralisme.

 

Il est donc impératif, voire vital que la gauche radicale soit au pouvoir en 2022, car cette possibilité ne se représentera peut-être plus car la situation est la suivante :

  • Une extrême droitisation du régime et aussi d’une partie grandissante de la population, qui nous emmène vers société totalitaire ;
  • Une crise économique et sociale qui a déjà plongé 10 millions de personnes dans la pauvreté, qui va s’accélérer avec les politiques libérales et laisser de plus en plus de gens sur le côté ;
  • un défi climatique et de la biodiversité, on parle tout de même de fin du vivant, pour lesquels des réponses politiques urgentes en rupture avec le libéralisme, doivent être apportées pour accompagner cette évolution.

Et nous savons tous que les libéraux ne feront rien car cela risquerait de réduire les profits des 1% les plus riches.

 

 

-  C’est pour toutes ces raisons qu’en tant que communiste j’ai décidé de faire campagne pour le programme de L’AEC.

Un programme qui mesure parfaitement les enjeux, les défis et l’urgence à agir et qui est le seul à proposer une planification écologique essentielle pour surmonter les transformations climatiques et sociales.

Un programme qui parle de démocratie directe avec une constituante, de Ric, de tirage au sort, de mandats courts et révocables et une volonté de désobéir aux traités européens de régression sociale.


La dynamique engagé derrière le programme ambitieux de L’AEC et il faut le signaler, avec les convictions et le talent des rédactrices et rédacteurs, et en tête JLM, est une véritable chance pour notre classe sociale.


Merci

 

Note :

[1APPEL Communistes, nous voterons Jean-Luc Mélenchon

[2] Texte de mon article publié en octobre 2021 dans le journal Info Ouvrière

Ces communistes qui s'engagent dans la bataille de l'#UnionPopulaire 2022

 

Partager cet article
Repost0
1 août 2021 7 01 /08 /août /2021 09:30
L'intégrale des coulisses de la campagne de #Mélenchon2022

En 17 épisodes à la date du 9 avril 2022 : " 2022 : Nos pas ouvrent le chemin " raconté dans une série documentaire... pensée pour qu'ils sortent au fur et à mesure de la campagne présidentielle[1]

 

Une élection présidentielle, c’est remettre l’ouvrage sur le métier. 
Qui, mieux que Jean-Luc Mélenchon pouvait nous ouvrir les portes sur les coulisses de son engagement tant personnel que politique ? Personne.

Ainsi, avec la série « 2022 : Nos pas ouvrent le chemin », nous vous proposons d’entrer dans les coulisses de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon, avec des images inédites. Vous y découvrirez, épisode après épisode, toute une partie du travail collectif réalisé pour faire vivre cette campagne et remporter la victoire en 2022.

« Ce documentaire c’est notre plus belle manière de militer, montrer que les insoumis sont des militants qui veulent changer le monde ». Un pari sacrément réussi.

 

 

Sources : Jean-Luc Melenchon | Mis à jour le 09/04/2022

- Ce 1er épisode est consacré à son entrée en campagne, le 8 novembre 2020.

  • Pourquoi avoir choisi ce moment ?
  • Comment la pandémie du Covid-19 a impacté les décisions prises autour de cette campagne ?
  • Quel est le processus de mise à jour du programme « L’Avenir en commun » ?
  • Pourquoi construire cette campagne autour d’un site internet permettant de recueillir des parrainages citoyens ?
  • D’où vient l’idée d’affiches décalées avec des couleurs vives ?
  • C’est à toutes ces questions que cet épisode se propose notamment de répondre.

 

- Ce 2ième épisode est consacré au mois de décembre 2020.

Il revient sur le contexte politique expliquant les raisons de l’engouement autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon, mais aussi sur le déplacement sur l’île de la Réunion à l’occasion du 20 décembre, date anniversaire de l’abolition de l’esclavage sur l’île.

 

Cet épisode revient aussi sur le groupe parlementaire, grande spécificité de cette campagne et sur les prochaines étapes de la campagne présidentielle.

 

 

- Ce 3ième épisode est consacré aux mois de janvier et de février 2021.
Il revient sur l'examen à l'Assemblée nationale du projet de loi sur le séparatisme attaquant la laïcité et la loi de 1905 et la lutte des députés insoumis pour sauvegarder la séparation des églises et de l'État. 

 

Cet épisode montre les coulisses de la préparation d'un discours de Jean-Luc Mélenchon à la tribune de l'Assemblée nationale et les coulisses du premier Forum Thématique consacré aux questions de démocratie et de libertés.

 

Enfin, ce troisième épisode offre des images inédites de la préparation et de l'émission Balance Ton Post de Cyril Hanouna à laquelle Jean-Luc Mélenchon a participé, et explique les raisons de sa participation.

 

 

- Ce 4ième épisode est consacré aux mois mars et d’avril 2021

Il revient sur l’examen à l’Assemblée nationale de la " loi Climat ", sur la votation citoyenne organisée par Mathilde Panot et les insoumis pour placer la question de l’eau au centre de la campagne présidentielle et sur le déplacement de Jean-Luc Mélenchon en Bolivie.

 

Dans cet épisode, vous retrouverez aussi des images inédites des coulisses du meeting en réalité augmentée sur l’eau et de déplacements à Marseille et au bord de la Durance. 

 

Vous pouvez y découvrir les témoignages de Loïc Prud’homme, député, et de Mathilde Panot, vice-présidente du groupe parlementaire de La France insoumise..

 

- Ce 5ième épisode est consacré aux mois de mai et de juin 2021

Il revient sur la séquence programmatique liée aux questions sociales mais aussi sur le sursaut de l'extrême-droite entamé par un tribune de militaires factieux et poursuivi par les menaces d'un YouTuber d'extrême-droite vis à vis des insoumis. Dans cet épisode, vous retrouverez aussi des images inédites des coulisses du meeting d'Aubin et des déplacements de Jean-Luc Mélenchon en soutien aux salariés d'entreprises en lutte.

 

- Ce 6ième épisode est consacré aux mois de juillet et d'août 2021

Il revient sur le déplacement de Jean-Luc Mélenchon et d'une délégation insoumise au Burkina Faso. Là-bas, Jean-Luc Mélenchon a tenu une conférence sur la francophonie et a rencontré le Président du pays pour aborder la question de la sécurité au Sahel, puis que la sœur de Thomas Sankara pour discuter autonomie alimentaire. Dans cet épisode, vous retrouverez aussi des images inédites des coulisses du meeting de Château-Arnoux-Saint-Auban et des AMFiS, ainsi que d'autres déplacement de Jean-Luc Mélenchon.

 

- Ce 7ième épisode est consacré aux mois de septembre et d'octobre 2021

Il s'ouvre sur le retour des AMFiS et la montée en puissance médiatique d'Eric Zemmour. On suit Jean-Luc Mélenchon en déplacement en soutien aux salariés en grève de Transdev puis en conférence en Belgique avec Raoul Hedebouw du PTB sur la montée de l'autoritarisme en Europe.

 

Ensuite, l'épisode revient sur le débat entre Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour, avec les coulisses de la préparation. Enfin, l'épisode aborde la Convention de l'Union Populaire qui s'est tenue à Reims les 16 et 17 octobre.

 

- Ce 8ième épisode est consacré aux mois d'octobre et novembre 2021

Il s'ouvre sur le déplacement de Jean-Luc Mélenchon en Guyane où il y a rencontré Gabriel Serville, président de l'Assemblée de Guyane, puis les élèves du lycée Bertène Juminer. Il visite ensuite le Centre Spatial Guyannais et assiste au décollage d'Ariane 5. De retour en métropole, l'épisode revient sur les coulisses du premier #AlloMélenchon, puis nous suivons Jean-Luc Mélenchon à la rencontre d'habitants vivants dans la précarité énergétique. Enfin, l'épisode se termine sur le meeting de lancement du Parlement Populaire, le 5 décembre, à la Défense.

 

- Ce 9ième épisode est consacré au déplacement de Jean-Luc Mélenchon, Mathilde Panot et Manuel Bompard à la Guadeloupe et à la Martinique en décembre 2021

Il s'ouvre sur l'arrivée de Jean-Luc Mélenchon à Pointe-à-Pitre où il s'est rendu au CHU pour rencontrer des soignants en lutte contre l'obligation vaccinale. Avec la délégation insoumise, il se rend ensuite à une réunion avec des habitants pour échanger sur les difficultés d''accès à l'eau potable. Jean-Luc Mélenchon donne ensuite un meeting au Gosier, et échange avec des journalistes. Pour la fin de son déplacement à la Guadeloupe, le candidat à l'élection présidentielle se rend à Petit Canal sur les Marches aux Esclaves pour rendre hommage aux victimes de l'esclavage et rappeler la leçon de l'esclavage qui est la victoire de la liberté, de la créolisation et de l'égalité.

 

Arrivé à la Martinique, Jean-Luc Mélenchon visite un moulin hydroélectrique à Gros-Morne pour étudier son fonctionnement. Puis nous le suivons dans le quartier populaire de Volga Plage à la rencontre des habitants. Enfin, l'épisode se termine par un hommage à Aimé Césaire.

 

- Ce 10ième épisode est principalement consacré aux préparatifs du meeting immersif de Nantes, mais il montre aussi d’autres moments forts du mois de janvier.
Il s'ouvre sur la bataille à l’Assemblée nationale contre le pass vaccinal, puis aborde la niche parlementaire de la France insoumise.

 

On suit ensuite Jean-Luc Mélenchon qui discute avec deux jeunes étudiants après une manifestation des personnels de l’Éducation nationale. Puis le candidat à l’élection présidentielle va voir la première éolienne flottante de France avant de visiter le musée de l’imprimerie de Nantes.

 

Enfin, l'épisode revient sur le meeting immersif de Nantes, avec les 24 dernières heures de préparation.

 

- Ce 11ième épisode est principalement consacré aux coulisses de l'émission “Élysée 2022” sur France 2, mais il montre aussi d’autres moments forts du mois de janvier et de février

Il s'ouvre sur l’émission de Cyril Hanouna “Face à Baba” sur C8, puis aborde le déplacement et le meeting de Bordeaux. Ensuite, nous suivons Jean-Luc Mélenchon rencontrant la Fondation Abbé Pierre lors de la présentation de leur rapport annuel sur le mal-logement. Puis le candidat à l’élection présidentielle va à la rencontre d'étudiants à Tours afin de discuter de leurs situations.

 

Nous découvrons ensuite les coulisses de “Élysée 2022” avec un happening surprise de Jean-Luc Mélenchon. Enfin, l'épisode revient sur la préparation du meeting de Montpellier.

 

 

- Ce 12ième épisode revient sur le déplacement de Jean-Luc Mélenchon à Digne-les-Bains pour sa participation à l'émission La France dans les yeux, sur BFM TV

Après l'émission il s'est rendu à Éourres puis à rencontré des maires de communes rurales pour amener le thème de la ruralité dans la campagne présidentielle. Ensuite, Jean-Luc Mélenchon s'est rendu au Parlement de l'Union populaire pour un échange avec ses membres.

 

- Ce 13ième épisode revient sur le déplacement de Jean-Luc Mélenchon à la Réunion, bouleversé par le déclenchement de la guerre en Ukraine par la Russie

Il montre comment le candidat a répondu à cet évènement tragique sur le fond, tout en poursuivant sa campagne présidentielle, notamment en abordant, à La Réunion, la question de l’agriculture. L’épisode traite également de la préparation du meeting pour la paix qui a eu lieu à Lyon quelques jours plus tard et a réuni plus de 15 000 personnes.

 

- Ce 14ième épisode revient sur la préparation de l'émission de chiffrage de « L’Avenir en commun », le programme de Jean-Luc Mélenchon.

Puis, on suit les derniers instants en loge avec le candidat avant son passage dans l'émission « La France face à la guerre ».

 

L'épisode traite également d'une réunion de campagne animée par Manuel Bompard, le directeur de campagne, et d'une rencontre inopinée entre Jean-Luc Mélenchon et des enfants à la sortie de sa rencontre avec l'Association des Maires de France.

 

- Ce 15ième épisode revient sur les meetings du 20 mars à Paris et du 27 mars à Marseille

L’épisode s’ouvre sur une réunion du Parlement de l’Union Populaire où Jean-Luc Mélenchon est intervenu pour faire un bilan d’étape de la campagne présidentielle.

 

On assiste ensuite à la préparation de la place de la République, à Paris, la nuit précédant la marche et le meeting pour la 6e République.

 

Puis on suit le candidat de l’Union Populaire lors de cet évènement. Au lendemain du 20 mars, Manuel Bompard anime une réunion  avec l’équipe de campagne.

 

Puis, on suit Jean-Luc Mélenchon en coulisse avant ses interventions au JT de 20 heures de TF1 et au 19h45 de M6 où il parle notamment de l’importance du meeting politique dans une campagne électorale. L’épisode se termine sur le meeting de Marseille.

 

- Ce 16ième épisode revient sur le meeting de Toulouse du 3 avril 2022.

L’épisode s’ouvre sur la préparation par le secrétariat général de campagne des 84 réunions publiques qui auront lieu les 6 et 7 avril.

 

Puis, Jean-Luc Mélenchon fait un point avec l'équipe de campagne pour un bilan avant le sprint final. Ensuite, Jean-Luc Mélenchon se rend au Couvent des Bernardins, à Paris, pour rencontrer les différentes professions qui s'activent sur le chantier de restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

 

Enfin, on suit le candidat de l'Union Populaire dans les derniers instants de préparation de son discours au meeting de Toulouse, avant son passage sur scène.

 

- Ce 17ième épisode revient sur le multi-meeting en hologrammes du 5 avril 2022.

L’épisode s’ouvre sur la préparation du meeting avec les derniers tests techniques.

Puis, Jean-Luc Mélenchon fait un point avec une partie de l'équipe après le meeting.

 

Ensuite, le candidat de l'Union Populaire prépare son passage au JT de 20h de TF1, avant de tourner une FAQ diffusée sur sa chaîne YouTube.

Partager cet article
Repost0
25 juillet 2020 6 25 /07 /juillet /2020 13:28
De la nécessité de la fédération populaire
De la nécessité de la fédération populaire
De la nécessité de la fédération populaire
De la nécessité de la fédération populaire
De la nécessité de la fédération populaire
De la nécessité de la fédération populaire
De la nécessité de la fédération populaire
De la nécessité de la fédération populaire

" Celui qui exerce le pouvoir sans l’appui du peuple est condamné à gouverner contre lui " Eric Coquerel 

 

Eric Coquerel (député France insoumise) : " Nous avons du travail ! Pour que des mobilisations sociales viennent opposer une résistance à un exécutif qui prépare à un retour vers le passé en remettant sa réforme de retraite sur la table. Sur le terrain des mobilisations comme des urnes, qui ne peuvent s’opposer dans une perspective de transformation radicale, il est urgent de proposer une alternative au retour d’une union de la gauche dont le centre de gravité serait une ligne « socialécolo- libérale ».

C’est notre proposition de fédération populaire. Un cadre d’unité social et électoral capable de réunir des forces politiques mais aussi, syndicales et associatives, et plus largement citoyennes, pour une stratégie politique de rupture et de conquête du pouvoir. Ce cadre pourrait agir dans les mobilisations et se présenter à toutes les élections qui nous séparent des présidentielles et législatives tout comme dans les mobilisations sociales.

Nous sommes en plein dans l’œil du cyclone. Je le dis, car la vie politique ne se résume pas à une analyse froide de résultats éléctoraux. Nous ne gagnerons pas sans la mobilisation populaire, et nous n’exercerons pas le pouvoir correctement si nous ne sommes pas un débouché politique concret à la résistance du peuple. C’est au fond, aussi, l’avertissement que je formule sur ces municipales : " celui qui exerce le pouvoir sans l’appui du peuple est condamné à gouverner contre lui[1] ".

 

Sources : ARNAUD GUVENATAM | mis à jour le 08/11/2020

- L’institut de sondages IFOP a sorti une enquête très intéressante au sujet de la perception des français quant à leur propre positionnement politique.
L’enquête menée sur 2041 personnes du 7 au 10 juillet 2020, tout de même, montre que les français s’auto-positionnent de moins en moins à gauche sur un axe Gauche-Droite[2]. En effet, seuls 13% des français se définissent comme de gauche dans cette étude (dans la même enquête produite en juin 2019, seulement 15% des Français déclaraient se reconnaître dans la notion de " Gauche "[3]). Dans le même temps, ils sont respectivement 32% et 39% à se positionner au centre et à droite de l’échiquier politique. Notons quand même que 16% des personnes interrogées ne se prononcent pas quant à leur auto-positionnement sur cet axe. Le journal droitier Le Point, ayant commandé le sondage, y voit que c’est le signe d’une droitisation de la France. A mon sens, le journal fait une erreur d’analyse de la situation politique de notre pays.

 

Question : On classe habituellement les Français sur une echelle qui va de la gauche à la droite, où - est la position la plus à gauche et 10 la position la plus à droite.

Vous personnellement, où diriez-vous que vous vous situez sur cette échelle ?

 

De la nécessité de la fédération populaire

 

- L’effondrement du concept de Gauche dans la tête des gens n’est dû qu’à la politique menée par les gens se réclamant de la Gauche
Autant le dire tout de suite, dans l’esprit de beaucoup, François Hollande a été le dernier Président de la République de gauche que la France ait connue. Ce constat est malheureux, mais la moindre diffusion de tracts sur les marchés donne la température de cet ancrage très vivace dans les têtes de nos concitoyens. Et disons-le, le Parti Socialiste avec Hollande Président, ce fût un long chemin de croix. Toutes les trahisons y sont passées. L’ANI (accord national interprofessionnel), le CICE, les lois sécuritaires, la loi El Khormi, les lois Macron, la fermeture de Florange,  la déchéance de nationalité, Manuel Valls Premier Ministre, l’absence de renégociation de TSCG et la promesse non tenue d’amnistier les syndicalistes condamnés pour leurs luttes de défense des emplois, et ainsi de suite. Bref, chacun connait le réquisitoire. Ces gens ont tué l’idée de gauche dans notre pays pour des dizaines d’années.

 

 

 

- Si le concept de gauche est mort et enterré dans la tête de nos concitoyens, les idées de gauche n’ont jamais eu autant le vent en poupe.
Pensons à la relocalisation de l’industrie, le développement l’agriculture paysanne, biologique et zéro déchet, le partage des richesses, la planification écologique, l’investissement fort dans un système de santé universel, le RIC, la sixième république et que sais-je encore. Néanmoins, vue la défiance qu’ont les citoyens, à tort ou à raison, chacun pourra se faire son idée, envers la représentation politique de façon générale, et de la gauche en particulier, ânonner sans cesse à l’union de la gauche peut apparaître comme un formidable repoussoir à l’arrivée au pouvoir des idées pourtant bien ancrées à gauche. C’est pourtant ce que n’ont et ne cessent de faire les thuriféraires de la social-démocratie mollassonne et eurobéate.

De la nécessité de la fédération populaire

 

- C’est dans ce contexte que Jean-Luc Mélenchon, depuis 2018, a proposé l’émergence de ce que les insoumis appellent une « Fédération Populaire[4] ».
Nos camarades de la GRS (Gauche Républicaine et Socialiste) avec Emmanuel Maurel parlent quant à eux de « Front Populaire du XXIème siècle ». Si les appellations sont différentes, nous sommes fondés à penser que le fond est relativement proche.  Il s’agit donc de fédérer les forces associatives, syndicales, politiques et citoyennes. Pas dans un but électoraliste, mais avec l’idée qu’à partir de là peut s’auto-organiser la société et la constitution d’un véritable front populaire. La chose n’est pas aisée, et la formule, loin d’être magique.

 

A mon échelle, en septembre 2019, j’ai eu le plaisir de répondre favorablement à l’invitation de mon camarade Denis Lamard, conseiller régional GRS de Bourgogne-Franche-Comté à leur rentrée politique. Durant un court discours, j’y avais défendu devant des représentants d’EELV et de Génération.s l’impérieuse nécessité de fédérer les luttes afin de gagner des batailles culturelles et politiques. J’ai donc parlé de fédération populaire[5], pensant à cette époque, comme aujourd’hui, qu’elle serait la seule voie à une prise de pouvoir en 2022. Non pas juste une prise de pouvoir institutionnelle, mais avec un réel soutien populaire et ancré profondément dans la société. Car prendre le pouvoir sans les forces vives du pays, c’est risquer des échecs terribles.

 

 

- Mais pour fédérer le Peuple, encore faut-il commencer par s’adresser à lui dans son ensemble.
C’est par exemple en cela que Jean-Luc Mélenchon est présent sur YouTube, mais aussi plus récemment sur Twitch et TikTok. Il est absolument inenvisageable de manquer de s’adresser à une foultitude de personnes qui ne seront jamais exposées, de près ou de loin, aux propositions que nous pouvons faire pour le pays. Avec seulement 13% de français se définissant de gauche (contre 15% en 2019), il semble illusoire que tout miser sur la réactivation du mot de gauche soit d’une aide quelconque pour la prise du pouvoir. A y regarder de plus près, l’auto-positionnement des sympathisants de la France insoumise est intéressant : alors que 41% d’entre eux se définissent de gauche (c’est beaucoup), 59% ne se positionnent pas là, et se répartissent entre le centre, le non-choix et la droite. Nous observons le même phénomène avec les électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2017. Je vous incite à regarder également où s’auto-positionnent les électeurs de Benoît Hamon et les sympathisants EELV.

 

De la nécessité de la fédération populaire

Celles et ceux qui se définissent de gauche savent pertinemment que la France insoumise porte un projet fondamentalement ancré dans l’histoire de ce courant politique : l'AVENIR EN COMMUM[6]. Le problème n’est donc pas là.

 

Le plus ardu réside dans le fait d’amener la masse de nos concitoyens sur un programme de gauche sans agiter le repoussoir de la Hollandie et ses queues de comètes gesticulantes. C’est bel et bien la constitution d’une Fédération Populaire qui doit nous occuper. Demain, ce n’est pas si loin…

 

-------------------------------------

 

- Débat aux universités d’été de la France insoumise à Valence : Fédération populaire ou union de la gauche ?

  • Avec : Olivier Besancenot (ancien candidat à l'élection présidentielle, NPA, visio) - Aurélie Trouvé (porte-parole d'Attac) - Benoit Teste (secrétaire général de la FSU) - Pierre Lacaze (responsable des élections au PCF) - Jérôme Gleyzes (ex-membre de la direction d'EELV) - Claire Monod (porte-parole de Génération·s) - Eric Coquerel (député LFI) - Sarah Legrain (coordination des espaces LFI)

 

 

-  Présidentielle 2022 : pour une investiture populaire de 150 000 parrainages citoyens
Le mardi 27 octobre 2020, Jean-Luc Mélenchon tenait une conférence de presse à l’Assemblée nationale pour présenter une proposition de loi qu’il déposait ce jour pour permettre un parrainage citoyen à l’élection présidentielle.

 

Le président du groupe « La France insoumise » a expliqué qu’il s’appuyait sur la proposition de la commission Jospin sur la rénovation et la déontologie de la vie politique créée en 2012 par François Hollande. Il a dit que cette proposition serait une deuxième voie qui pourrait exister à côté du parrainage par les 500 signatures de maires. Il a appelé à en discuter dans le cadre de la commission Debré qui étudiait la possibilité d’un report des élections départementales et régionales.

 

Jean-Luc Mélenchon a mis en garde contre une abstention qui pourrait être record pour l’élection présidentielle de 2022, comme le montrait un sondage récent. Il a appelé à permettre une implication citoyenne renforcée dans cette élection.

[6] Le monde d’après peut commencer maintenant - « L’Avenir en commun » mis à jour

L'Avenir en commun édition mise à jour novembre 2020

Cliquez sur l’image pour voir le document PDF mis à jour

 

👉  L’avenir en commun est le programme porté par Jean-Luc Mélenchon. Co-écrit par des milliers de citoyens, il a été choisi par 7 millions d’électeurs en 2017. Cette version est actualisée pour tenir compte de 3 années de mobilisations sociales et de travail parlementaire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour en savoir plus :

- Refonder la gauche ? Méfions nous des évidences de " l'union "

- J.L. Melenchon : Notre programme contre le piège de l’union nationale

- Le << rassemblement de l'opposition de gauche >> ne peut pas avoir lieu avec des gens qui ont choisi de ne pas s'opposer.

- Le Macronisme, la maladie infantile du Parti Socialiste

- La fédération populaire VS l’unité de la gauche ? par Eric Coquerel 

Le leader de La France insoumise invite la gauche à se rassembler, sans « tambouilles », pour « se préparer à gouverner autrement ».

- Rouges, verts et recomposition : ce dont il est question.

- En réponse à Jospin, Mélenchon évoque une « nouvelle force politique » pour 2022 – Interview dans L’Obs

- Alexis Corbière : Nous devons nous adresser aux milieux populaires qui dans ce temps brouillé ne savent plus vers qui se tourner. Parlons du fond et du programme.

- Manifeste : une Bretagne en commun, une Bretagne pour demain

- 2022 : « J-L Mélenchon propose un horizon heureux pour le pays »

Partager cet article
Repost0

Rédacteur

  • Pour une Révolution citoyenne par les urnes
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT  de 1978 à 2022.
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.

La France insoumise

-Pour une MAJORITÉ POPULAIRE, renforcer la France insoumise pour GAGNER !

🔴  La France insoumise et ses 75 députés sont au service des Françaises et des Français face à l'inflation et l'accaparement des richesses par l'oligarchie.

✅ La dissolution, nous y sommes prêts ! 
Avec la #Nupes, la France Insoumise propose l’alternative 


📌 Pourquoi La France insoumise, ses origines ? La France insoumise : comment ? La France insoumise : pour quoi faire ?

Autant de questions dont vous trouverez les réponses... ✍️ en cliquant ci-dessous 👇

 

Qu’est-ce que La France insoumise ? - Nouvelle brochure

 

-N'attendez pas la consigne !

✅ Pour rejoindre la France insoumise et AGIR ENSEMBLE pour GAGNER : cliquez ci-dessous 👇

 

La France insoumise

 

- La chaîne télé de Jean Luc Melenchon : cliquez ci-dessous 👇

 

- Le blog de Jean Luc Melenchon : cliquez ci-dessous 👇

Jean-Luc Mélenchon le blog

 

Recherche

La France insoumise à l'Assemblée Nationale

 Pour accéder au site : cliquez ci-dessous 👇

Sur les réseaux sociaux  :

Facebook  - Twitter

Le JOURNAL L'INSOUMISSION

✍️ cliquez ci-dessous 👇

L'Insoumission

 

✅ S'inscrire à la Newsletter 👇

 

 

Le site du Parti de Gauche

 Pour accéder au site : cliquez ci-dessous 👇

 

Manifeste pour l'Ecosocialisme

 Pour accéder au site : cliquez ci-dessous 👇

 

Mouvement pour la 6e République

 Pour accéder au site : cliquez ci-dessous 👇

 

Des outils pour combattre le FN et l'idéologie d'extrême droite française

🔴  Observatoire de l’extrême droite de l'Insoumission

 Pour accéder au site (cliquez ci-dessous) 👇

Observatoire de l’extrême droite l'insoumission

 

 Pour accéder au site (cliquez ci-dessous) 👇


🔴  et aussi : Observatoire national pour « mettre sous surveillance » l’extrême droite

 Pour accéder au site (cliquez ci-dessous) 👇