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5 janvier 2024 5 05 /01 /janvier /2024 17:44
Adopté : " L'Union Populaire jusqu'à la victoire ! "

92,80% des Insoumis ont adopté la stratégie de « l’Union populaire jusqu’à la victoire »

Aux élections européennes 2024, faisons grandir l'Union Populaire

 

 

Le samedi 16 décembre, les participant·es à l’Assemblée représentative de la France insoumise[1] ont adopté la stratégie « L’Union populaire jusqu’à la victoire », ainsi que la feuille de route du mouvement pour 2024.
Ces deux textes ont ensuite été soumis à la votation de tou·tes les insoumis·es ayant rejoint notre mouvement avant le 16 décembre 2023, entre le 16 décembre et le 3 janvier.
Au total, 57 409 insoumis·es ont participé à cette votation.
- 92,80% ont adopté la stratégie de « l’Union populaire jusqu’à la victoire »
- 90,25% ont validé la feuille de route du mouvement pour 2024
Découvrez le texte stratégique de « l’Union populaire jusqu’à la victoire » ci-dessous.

 

 

Sources : La France insoumise | mis à jour le 06/03/2024

Le moment de l’histoire est celui d’une montée en tension des sociétés humaines. En combinant leurs effets, plusieurs données mondiales étendent leur impact sur la vie de chacun·e. Ainsi avec le dérèglement climatique, la recrudescence des conflits armés, l’extension sans fin du domaine de la marchandisation, la bascule dans les procédés numériques entremêlent leurs conséquences et réorganisent tout, toujours plus vite et toujours davantage.

 

Aucun sujet ne se traite séparément. Une cause commune les domine tous : le déploiement du mode de production capitaliste et productiviste irresponsable, animé par un objectif absurde d’accumulation sans limite de profits au bénéfice d’une petite minorité et au détriment d’une grande partie du peuple qui s’enfonce dans la pauvreté, et de la planète.

 

 

- Un monde en crise, des peuples en lutte

Le meilleur comme le pire peuvent résulter de ce contexte. Un nouvel élan de la civilisation humaine, ou son effondrement ? En toute hypothèse, la solution est dans le peuple et dans sa capacité à se mettre en mouvement. Encore faut-il qu’il se donne les moyens d’agir. Il le tente de multiples manières sous toutes les latitudes. Nous sommes totalement engagé·es en son sein dans ses efforts d’insoumission. Pour y répondre, nous proposons un programme, l’Avenir en commun, une stratégie, l’union populaire pour la Révolution citoyenne, avec un mouvement évolutif et tourné vers l’action, la France insoumise, et une source de décryptage intellectuel et de formation, l’Institut La Boétie.

 

En épousant à chaque étape les causes du peuple, nous avons contribué à de magnifiques avancées. En Europe, elles confèrent à l’action du peuple de France une singularité d’audace et de combativité. La percée électorale aux élections présidentielles et législatives de l’an passé en sont un signal. Il a été amplifié par la mobilisation sociale la plus importante depuis cinquante ans dans la lutte pour le droit à la retraite à 60 ans.

 

Nous connaissons nos forces, les moyens par lesquels nous les avons acquises et par lesquels nous continuons à avancer. Mais nous connaissons aussi nos difficultés et nos faiblesses. Nombre se règlent sur le terrain par la pratique, l’initiative et la créativité de l’action militante. Le chemin se construit par nos pas.

 

Il se construit à l’heure où les idées d’extrême droite et fascistes progressent partout dans le monde et gangrènent une grande partie de l’arc politique et des médias, tenus par une poignée de milliardaires. L’idée du “ redressement moral ” de la France, la lutte “ du bien contre le mal ” chère à la théorie du choc des civilisations, le racisme, la stigmatisation des étranger·es ou d’un “ ennemi de l’intérieur ” comme boucs émissaires des difficultés sociales, la montée en puissance des politiques sécuritaires et de répression comme réponse à toute revendication légitime ne sont plus aujourd’hui l’apanage de la seule extrême droite politique.

 

La droite dans son ensemble et le président de la République lui-même souscrivent à ces idées, jusqu’à les traduire dans leurs propositions comme l’ont montré les débats sur la Loi Immigration et à réprimer toute contestation sociale ou écologique. Leur objectif est de diviser le peuple pour maintenir ce système à bout de souffle, qui engendre toujours plus de misère, de pauvreté et la destruction de nos écosystèmes, et contre lequel les contestations sociales légitimes s’unissent et se multiplient. Cette banalisation des idées d’extrême droite se traduit dans les rues où des groupuscules violents profitent d’un climat d’impunité pour défiler aux cris de slogans racistes ou pour intimider une partie de la population

 

Dans ce contexte :

  • il est de notre responsabilité d’opposer à ces logiques de division le regroupement du peuple autour de causes communes en rupture avec l’ordre établi, comme l’a fait en son temps le Front populaire et le mouvement ouvrier face à la menace des ligues fascistes.
  • C’est notre rôle de démonter l’arnaque sociale du Rassemblement national, en particulier dans les secteurs géographiques où l’extrême droite a réussi à renforcer son implantation.
  • Et c’est notre devoir de nous doter des moyens d’auto-défense nécessaires pour garantir notre capacité à défendre nos idées dans la société.

 

Il n’y a aucune fatalité ! Là encore, la victoire du Front populaire sur la base d’un grand programme social en 1936 et en pleine montée des idées d’extrême droite montre que le succès est possible. Le pays balance entre la mobilisation collective et le repli sur soi. Tout est possible. Notre devoir est d’offrir une alternative au macronisme déclinant et à l’extrême droite menaçante. Nous refusons la survie d’un pouvoir qui ne tient qu’à travers des 49.3 à répétition et nous voulons bâtir une 6ème République écologique et sociale.

 

Dans cette optique, notre tactique d’action est confrontée à l’impasse dans laquelle se trouve aujourd’hui la NUPES. L’Union populaire, c’est-à-dire le rassemblement du peuple autour de causes communes et d’une politique de rupture avec le système, reste notre stratégie. Nous devons donc nous demander simplement et concrètement comment la faire vivre dans de nouvelles conditions plus durables, en lien avec les grandes forces sociales du pays et celles et ceux qui résistent politiquement à la normalisation de toute vie par un système injuste et prédateur de notre planète.

 

Nous devons faire l’union populaire dans des formes comprises du grand nombre pour qui la crédibilité commence par la clarté des méthodes, des objectifs et le respect mutuel dans l’action. Sans rancune ni procès contre celles et ceux qui portent la responsabilité de cette impasse, en conservant toujours la possibilité de les faire changer d’avis, nous nous en tiendrons à un choix positif : comment continuer à travailler à l’Union populaire ? Ce texte se concentre sur cette seule question et propose une façon d’agir concrète.

 

 

- Les insoumises et insoumis, premiers artisans et partisans de la Nupes

En mai 2022, après le résultat de 22 % de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle, nous avons constitué la NUPES[2]. Sa mise en place fut un événement inédit. Pour la première fois de l’histoire, nous avons présenté, sur toutes les circonscriptions de l’hexagone, des candidatures communes porteuses d’un programme de gouvernement[4], en rupture avec le capitalisme et le productivisme.

 

Il s’en est fallu de peu, en voix comme en pourcentage, pour qu’elle obtienne l’élection d’une majorité de député·es à l’Assemblée nationale. La NUPES est arrivée en tête du premier tour et elle a multiplié par trois le nombre de député·es de l’opposition de gauche. Elle a donné l’espoir d’une véritable alternative pour des millions de citoyennes et de citoyens face au macronisme et à la menace de l’extrême droite.

 

Depuis lors, les insoumis·es se sont mobilisé·es, nationalement comme localement, partout en France pour travailler au renforcement de la NUPES à travers des initiatives communes, car c’est bien l’action de terrain qui convainc et fédère.

  • Nous avons ainsi proposé d’initier partout des “ assemblées de la NUPES ” à l’échelle des communes ou des circonscriptions permettant de réunir toutes celles et tous ceux qui voulaient défendre son programme.
  • Nous avons souhaité faire vivre et grandir le Parlement de la NUPES[3], mis en place pendant les élections législatives afin de réunir des figures syndicales et associatives, les intellectuel·les et les personnalités du monde de l’art et de la culture.
  • Nous nous sommes battu·es pour construire la NUPES aussi bien à l’Assemblée nationale qu’au Sénat en proposant un groupe commun à l’Assemblée nationale et des listes communes pour les élections sénatoriales.
  • Nous avons milité et soutenu toutes les initiatives pour former une liste commune aux élections européennes dont celles des jeunes de la NUPES et avons proposé aux écologistes de conduire cette liste de rassemblement.
  • Nous avons souhaité préparer ensemble les élections municipales.

Nous nous sommes mobilisé·es sans cesse pour renforcer la NUPES, plus court chemin pour permettre la prise du pouvoir en 2027 et gouverner pour l’intérêt général.

 

 

- Les blocages de la " gauche d'avant "

Malheureusement, malgré tous nos efforts et les attentes populaires, notre volonté d’approfondir la NUPES s’est heurtée aux blocages des appareils de la « gauche d’avant ». Ainsi, nos différentes propositions ont toutes, sans exception, été refusées par une partie ou par l’ensemble des autres forces de la NUPES. Et à aucun moment, il ne nous a été fait de contre-propositions permettant de dépasser des situations de blocage. Si certains de nos partenaires ont pu y contribuer, c’est bien souvent la persévérance des insoumis·es qui a permis que des assemblées locales se réunissent ou que des actions conjointes se fassent sur le terrain.

 

De fait, face à cette obstruction organisée, notre rassemblement inédit s’est vite réduit à une simple structure de coordination entre groupes parlementaires à l’Assemblée nationale. Et les derniers mois ont révélé les tentations de certains de nos partenaires à rompre avec le programme de la NUPES pour revenir aux logiques de la gauche d’avant, qui soutient et se compromet, qui s’aligne avec les théories du choc des civilisations en excluant la France insoumise.

 

Nous connaissons la suite :

  • début octobre, le PCF, après maintes déclarations hostiles, a pris la décision de quitter la NUPES ;
  • le PS a suspendu sa participation aux réunions de l’intergroupe à l’Assemblée nationale avant d’effacer toute référence à notre alliance dans le nom de son groupe parlementaire ;
  • quant à EELV, sa direction persiste à empêcher toute liste commune de la NUPES aux élections européennes et a refusé la poursuite du Parlement de la NUPES.

 

 

-  L’Union Populaire jusqu'à la victoire !
Mais les raisons qui ont conduit à vouloir la NUPES demeurent. Tout comme les espoirs qu’elle a suscités. Ils ne peuvent pas être effacés par le refus de telle ou telle formation politique de poursuivre sur le chemin de l’unité. Tout comme il ne peut pas être question de remettre en cause des engagements programmatiques pris devant les électrices et les électeurs.

 

Peut-on poursuivre et renforcer la démarche ? Oui, en élargissant l’adhésion populaire autour du programme de la NUPES, en combattant sans relâche l’abstention, la résignation et le repli sur soi. C’est à l’ensemble des groupes politiques, personnalités, militant·es engagé·es dans une organisation politique, syndicalistes, militant·es du monde associatif, citoyen·nes que nous nous adressons.

 

Nous leur disons que le refus objecté par des appareils politiques de la gauche d’avant ne doit pas empêcher de nous réunir pour préparer ensemble la grande confrontation démocratique de 2027. Et pour cela nous devons faire de chaque rendez-vous électoral un rendez-vous d’adhésion avec notre programme de rupture et notre méthode d’implication populaire à la base. Nous leur proposons :

  • de nous retrouver ensemble dans un nouvel espace, inspiré du Parlement de l’Union populaire, pour faire vivre notre démarche de rassemblement ;
  • de nous regrouper partout en France dans des assemblées de l’Union populaire ouvertes à toutes celles et tous ceux qui se retrouvent dans le programme ;
  • de poursuivre le travail programmatique des jeunes de la NUPES[5], à partir du programme partagé déjà signé entre les partis en 2022, pour porter un programme commun pour les élections européennes de juin 2024 ;
  • de bâtir ensemble une liste commune de candidat·es pour porter ce programme dans cette élection ;
  • d’œuvrer ensemble dans le cadre de cette Union populaire à la préparation de tous les scrutins suivants, à commencer par les élections municipales et consulaires de 2026 ;
  • de réunir une Convention de l’Union populaire le week-end des 16 et 17 mars prochain afin de lancer ensemble cette dynamique.

 

 

-  Aux élections européennes, faisons grandir l'Union Populaire !
Les élections européennes de juin 2024 auraient dû être l’occasion d’une liste commune de la NUPES. C’était là se donner les meilleures chances de battre les macronistes et l’extrême droite, de prolonger l’espoir de notre victoire au premier tour des législatives et de préparer la prise du pouvoir en 2027. Mais cette possibilité a été refusée par les appareils écologistes, communistes et socialistes, malgré le travail programmatique et la démarche formidable engagée par les jeunes de la NUPES. Cela ne doit pas nous arrêter. L’union peut se faire sans ceux qui la divisent. C’est notre devoir de l’entreprendre.

 

C’est pourquoi, en cohérence avec notre démarche de construction de l’Union populaire, nous porterons une liste ouverte, porteuse du programme commun de la NUPES[4]. Manon Aubry, co-présidente du groupe de la Gauche au Parlement européen, sera en charge de la coordination du travail préparatoire à ces élections, en lien avec Nathalie Oziol et Paul Vannier, pour l’espace Batailles électorales, et avec Clémence Guetté et Hadrien Clouet, pour l’espace Bataille des idées.

 


-  Défendre le programme commun de la Nupes
Pendant cette campagne, nous défendrons les propositions du programme commun de la NUPES[4], comprenant notamment un chapitre entier sur les questions européennes, autour duquel ont été élu·es 151 député·es à l’Assemblée nationale. Nous nous appuierons également sur le travail programmatique des jeunes de la NUPES[5], sur le travail des groupes thématiques de la France insoumise et sur les propositions des syndicalistes, activistes, militant·es associatifs, intellectuel·les ou artistes qui s’associeront à cette démarche.

 

Ce programme présentera les combats concrets que mèneront les eurodéputé·es de l’Union populaire, dans la continuité du travail effectué depuis 2019 par la délégation insoumise au Parlement européen : pour la conquête de nouveaux droits écologiques, féministes, sociaux et démocratiques, face à l’arc réactionnaire qui se constitue à Bruxelles et à Strasbourg alliant une partie des néolibéraux jusqu’à l’extrême droite.

Face à l’explosion des prix, à la maltraitance sociale qui frappe les peuples en Europe, à la multiplication des catastrophes climatiques, notre programme porte une rupture avec le cours actuel néolibéral, productiviste et anti-démocratique de l’Union européenne. Nous devons rompre avec les dogmes néolibéraux d’austérité, de libre-échange et de marché : cela devra nécessairement passer par des rapports de force et par la désobéissance pour revoir les traités européens en profondeur.

 

Fidèles à notre doctrine du non-alignement, nous serons également les défenseur·es de la paix, du respect du droit international et de la justice pénale internationale en toute circonstance contre les invasions, les crimes de guerre et le crime organisé au niveau mondial. C’est pourquoi nous porterons l’exigence de cessez-le-feu immédiat et permanent en Palestine et la demande de sanctions contre le gouvernement israélien responsable des massacres à Gazaet des exactions des colons en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

 

-  Une liste à l'image de l'Union Populaire
Notre liste sera bien évidemment à l’image de l’Union populaire, en regroupant des organisations politiques, des syndicalistes, des militant·es des associations, des intellectuel·es et des figures engagées dans les combats sociaux, écologistes, féministes, antiracistes ou altermondialistes. Elle sera à l’image du peuple dans toute sa diversité.

 

Elle s’appuiera sur le travail et l’expérience de la délégation des eurodéputé·es insoumis·es et sera ouverte à toutes celles et ceux qui souhaitent une rupture avec les politiques européennes actuelles pour répondre aux défis du chaos climatique, à l’explosion des inégalités et à l’instabilité géopolitique que notre continent doit d’urgence relever. Elle le fera en lien avec nos allié·es à travers toute l’Union européenne, rassemblé·es au sein de la coalition « Maintenant le Peuple » que nous voulons élargir à de nouveaux partenaires européens.

 

En pratique, et dès le mois de janvier 2024, un appel à candidatures sera adressé aux insoumis·es souhaitant s’engager comme candidat·e dans notre campagne européenne. Les candidatures reçues seront transmises aux boucles départementales du département de résidence de ces candidat·es, chargées de les examiner entre le 17 et le 25 janvier 2024 en vue de transmettre un avis au Comité électoral de la France insoumise.

 

Parallèlement, nous travaillerons à l’ouverture de notre liste à des candidatures d’Union populaire hors des rangs actuels de la France insoumise. Au cours du mois de février, le Comité électoral de la France insoumise élaborera et ordonnera notre liste de 83 candidat·es puis proposera cette liste à l’approbation des insoumis·es par un vote en ligne. Le programme et la liste seront présentés en mars 2024 lors de la Convention de l’Union populaire.

 

 

🔴 A votre disposition en téléchargement : La Stratégie : « L’union populaire jusqu’à la victoire » !

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7 décembre 2023 4 07 /12 /décembre /2023 15:32
Union populaire ou choc des civilisations ?

Ici, modestement, je veux donc essayer de simplifier le diagnostic et tenter de dire où nous en sommes et où il nous faut aller.

On arrête quand de sacrifier les intérêts populaires sur celui des petits partis ? Car ce n’est pas en partant des anciens partis et de leur coalition que l’on parviendra à construire une majorité populaire sur un projet alternatif pour notre société[0].

 

 

Je reprends du service derrière le clavier.

Je crois le moment politique décisif. Dangereux. Il exige de penser et de parler clair. Il revêt un caractère d’urgence qui nécessite d’aller à l’essentiel. Je vois ceux qui sont aux responsabilités nous mener droit dans le mur. Mais j’observe affligé la plupart de ceux qui prétendent aux responsabilités. Ils ne sont pas à la hauteur. Le niveau des débats politiques s’est considérablement affaibli.

Les uns poussent le pays à l’affrontement en son propre sein.

Les autres sont prêts à tout ou presque pour obtenir leur petite part de lumière, construire leur prétendu « récit » et mettre à tout prix en avant leur « singularité », melons gonflants. Mais quand on les écoute, qu’entend-on ? De l’eau tiède. On s’ennuie, pour rester poli. Une actualité chasse l’autre. La tonalité générale est celle de l’égout éditorial. Et dans ce foisonnement, tout est confus.

Modestement, je veux donc essayer de simplifier le diagnostic et tenter de dire où nous en sommes et où il nous faut aller. 

 

 

Sources : Adrien Quattenens | mis à jour le 01/01/2024

- On souffre

De quand date le dernier porte-à-porte de ceux qui parlent au nom des « gens » à la télé ? Les gens morflent sévère. C’est l’enfer. Ils vivent dans des taudis. Dans des appartements pourris. Le chauffage ne marche pas. Pourtant il leur est facturé. Cher. Il faut laisser les manteaux à l’intérieur. Parfois, il n’y a plus d’eau chaude. Il faut pourtant se laver. Il y a du moisi sur les plafonds et les murs. Les salles de bain sont irrespirables. Les enfants sont malades. Il y a des nuisibles dans les parties communes. Il n’y a pas assez de place pour tout le monde. Pas d’intimité. On partage les chambres. Souvent, des membres de la famille dorment aussi dans le salon. L’ascenseur est en panne. Le bailleur social ne répond pas. On ne vit pas. On survit à peine.

 

Pourtant, on fait de son mieux. Mais on a l’impression que tout le monde s’en fout. Que quand on est pauvre, on ne compte pas. Les emplois sont précaires. Les salaires sont trop bas. Les minima sociaux aussi. Les prix sont trop hauts. On saute des repas. On mange mal. La santé se dégrade. Se soigner coûte trop cher. Et il faut attendre longtemps. D’ailleurs, tout coûte trop cher. C’est la débrouille. Le système D. Il ne reste plus que l’entraide. La télé pour seul loisir. On se sent abandonnés. On est fatigués. La vie est dure. Quel en est le sens ? Ce n’est pas drôle. Il faut se battre. Pour tout. Tout le temps. Et quand on reprend un peu de souffle, les factures arrivent qui viennent vous scier les deux jambes. On a plein de volonté mais on ne vous donne pas votre chance. On exige de vous de l’expérience que personne ne vous offre. Dehors, juste en faisant le guet, des gamins touchent en une journée ce que leurs parents en un mois ne percevront jamais[1]. C’est la lutte pour que les enfants ne succombent pas aux sirènes du trafic.

 

Toute cette souffrance n’est pas vue à la télé. On n’y montre pas les causes. On exploite juste les conséquences. Au mépris des gens. Le tableau est trop sombre pour être vrai ? Allez-donc voir vous-mêmes ! Certes, ce n’est pas encore généralisé. Mais on en prend le chemin. On tombe dans la pauvreté aussi vite qu’on glisse sur un toboggan. Et une fois qu’on est en bas, bon courage pour remonter ! Le quart-monde gagne du terrain. Au milieu il y a, bien sûr, tous ceux qui n’en sont pas encore là. Pour eux, ce n’est pas simple mais ça va encore. Ça tient. Les salaires permettent de « s’en sortir ». « S’en sortir », ce n’est pas mener la grande vie, mais ça tient à flot. Cependant, la peur de la glissade est réelle. L’équilibre est fragile. Tout ou presque est précaire. On est en France. Sixième puissance économique du monde.

 

 

- Ils se gavent
À quelques pas de là, il y a une autre France. Ceux qui la composent méconnaissent les premiers. Et inversement.


Pour elle, tout va bien. Elle a le sou, largement. Le pouvoir actuel lui en a redonné plus qu’elle ne lui en réclamait. Rémunérations indécentes. Baisses massives des impôts. Explosion des dividendes. Elle, elle s’en fout que les services publics se cassent la gueule. Les services publics sont le patrimoine de ceux qui n’en ont pas. Elle, du patrimoine, elle en a. Elle peut tout se payer. Même la santé ! Tout s’achète ! C’est la fête ! Cette petite île de prospérité flotte au milieu d’un océan de malheur. Elle s’en fout. Ils ne tiendraient pas trois jours dans les conditions de vie décrites au paragraphes précédent. Mais ça ne les concerne pas. Ils ne savent même pas que ça existe. Si le monde court à sa perte et que la planète brûle, s’il n’y en a plus pour longtemps, autant profiter un max tant qu’il est encore temps !

 

Osez les critiquer ! On dira de vous que « vous n’aimez pas les riches ». Là n’est pourtant pas la question. Nous refusons la misère. Or, elle ne tombe pas du ciel. C’est parce que certains sont trop riches que les autres sont trop pauvres. On dira qu’ils ont « pris des risques » ! Parce que les autres n’en prennent pas ? On dira qu’ils « créent la richesse », alors qu’ils se l’accaparent ! Parce que les autres n’en créent pas ? Ceux qui ont l’argent ont le pouvoir. Les politiques publiques sont faites par et pour eux. Tous les autres sont de la main d’oeuvre, des statistiques ou un encombrement.

 

🔴 Elle est là, la fracture française :

  • Entre ceux qui galèrent ou qui ont peur de galérer 1 jour, & ceux qui se gavent ;
  • Entre ceux qui subissent & ceux qui dirigent ;
  • Entre le peuple & l’oligarchie.

Elle est là, la fracture française. Elle est là. Elle n’est pas ailleurs, même s’ils veulent le faire croire.  

 

 

- Faîtes qu’ils se battent entre eux !
La principale préoccupation des Français et de loin, c’est évidemment le « pouvoir d’achat ». Ce sont « les revenus ». C’est en fait la possibilité de vivre, tout simplement. De se loger, se nourrir, se soigner, de s’éduquer et d’accéder à la culture et aux loisirs.

  • Imaginez que ceux qui en sont privés et ceux qui ont peur d’en être privés un jour soient unis, rassemblés !
  • Imaginez qu’ils acquièrent la pleine conscience qu’aux origines de leurs malheurs, il y a ceux qui se gavent et qui jouent avec des milliards !
  • Pire, imaginez qu’ils sortent ensemble dans la rue !
  • Mieux : qu’ils aillent tous au bureau de vote avec l’envie furieuse d’en découdre, de renverser la table, sans faire dans la petite dentelle mollassonne !

L’Union populaire face à l’oligarchie : le cauchemar des puissants. Il leur faut donc imposer un autre clivage. Et la machine tourne à plein régime pour atteindre cet objectif.


Nommons le clivage qu’ils veulent imposer sans tourner autour du pot. Celui dont ils espèrent qu’il structurera durablement la vie politique. C’est un clivage civilisationnel. Plutôt que le peuple face à l’oligarchie, ils veulent que le peuple se sépare en son propre sein.


🔴 Les premiers séparatistes, ce sont les racistes et leurs alliés. Allumez la télé ! C’est gros comme un nez au milieu de la figure.

  • Le problème n’est pas le financier. Le problème, c’est l’immigré !
  • Le clivage n’est pas entre le peuple et l’oligarchie. Le clivage, une fois les détails élagués, c’est tous contre les arabes !

Pour le dire autrement : quoi de mieux, pour empêcher le peuple de s’unir autour de ses revendications sociales communes, que de l’inviter à se diviser à propos de ses origines, de sa couleur de peau ou de son appartenance réelle ou supposée à telle ou telle autre religion

 

 

- Ils sont en avance
Soyons lucides : dans la course de vitesse pour imposer l’un de ces deux clivages (civilisationnel ou social), les partisans du clivage civilisationnel ont une longueur d’avance.  Large. Cette extrême-droitisation de la France, comme elle s’opère presque partout en Europe, est d’autant plus permise que les puissants ont fait leurs calculs : s’ils ne partagent pas nécessairement ses vues identitaires, ils ont bien scruté les programmes.


🔴 Ils savent que l’accession au pouvoir de l’extrême-droite ne contraindra pas leurs intérêts.

  • En effet, l’extrême-droite ne prévoit pas de partager les richesses.
  • Elle ne prévoit pas d’augmenter les salaires ni les minima sociaux.
  • Elle ne prévoit pas d’augmenter les impôts des plus riches.
  • Elle ne prévoit pas de réparer nos services publics.
  • Elle ne prévoit pas d’engager la planification écologique.
  • Elle ne prévoit pas de rompre avec le capitalisme financiarisé[2].

Les capitalistes n’ont rien à craindre de l’accession au pouvoir de l’extrême-droite. Face à l’impasse libérale incarnée par un macronisme finissant, ils préfèreront l’extrême-droite à la gauche de rupture, c’est évident.

 

Rappelons qu’en France, l’essentiel des médias sont tenus par neuf milliardaires[3]. Des milliardaires qui investissent dans les médias même quand ces investissements leur font perdre de l’argent. S’ils n’investissent pas pour le gain à court-terme, quels intérêts servent-ils donc ? Il suffit de constater la nature du discours économique dominant dans les médias. Et, dans un même mouvement, de constater l’extrême-droitisation des esprits. Un pilonnage incessant. C’est ainsi qu’un Bolloré qui a exploité un port en Afrique pendant des années, et dont l’action économique a contribué aux mouvements contraints de population, finance une chaine de télé qui popularise les thèses de l’extrême-droite ! Sa récente parodie, qui a connu un certain succès en ligne, est si peu éloignée de la réalité. Mais cette avancée de l’extrême-droite est aussi et surtout rendue possible par celles et ceux qui participent à sa banalisation tout en diabolisant les partisans de l’union populaire.

 

🔴 De même, les fossoyeurs de la NUPES et partisans d’un retour à la gauche d’avant, par lâcheté, par opportunisme ou les deux, sont devenus des boulets plutôt que des alliés dans la lutte jusqu’au bout qui est désormais engagée

 

 

- Très Proche-Orient
Le traitement politique et médiatique en France de la guerre au Proche-Orient est révélateur de la recomposition qui est à l’œuvre. Pire, nos adversaires s’en servent comme d’un alibi.


La dernière fois que je me suis installé derrière mon clavier pour vous écrire, c’était le 11 octobre. Depuis cette date, il y a eu environ 14 000 morts de plus à Gaza[4]. Pour l’essentiel des civils. Pour plus de la moitié, des femmes et des enfants. 15 000 morts. Dont 62 journalistes et 101 membres du personnel de l’ONU tués. Plus d’1,7 million de Palestiniens déplacés. Au moins 67 700 bâtiments détruits. Plus de 206 écoles détruites ou endommagées. Plus de 20 hôpitaux rendus hors service par les bombardements. Israël a largué 40 000 tonnes d’explosifs depuis le 7 octobre. Ces chiffres sont tellement énormes qu’on peine à imaginer ce que cela signifie.


A Gaza, les bombes pleuvent de manière incessante. L’électricité et l’eau sont coupées. C’est le blocus généralisé. Les femmes, les hommes, les enfants y sont traités en « animaux humains » comme le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, en formait le souhait[5]. En vérité, on ne supporterait pas davantage que des animaux soient traités de la sorte. C’est le même ministre israélien de la Défense auquel le ministre français des armées, Sébastien Lecornu, est allé rendre une petite visite amicale et s’y est félicité de partager avec lui « les valeurs humanistes ». En Cisjordanie, les colons israéliens poursuivent leurs raids jusqu’au cœur des villes palestiniennes.


Le droit international humanitaire n’existe plus. Ces 15 000 morts[4bis] et ce traitement inhumain réservé aux Gazaouis sont la réponse du gouvernement d’extrême-droite Israélien aux crimes de guerre commis par le Hamas le 7 octobre. Cet acte de terreur avait fait 1200 morts et 240 personnes enlevées. 

 

 

- Interdit de penser 
Face à l’effroi suscité par les actes barbares du 7 octobre contre des civils israéliens, la propagande s’est immédiatement mise en marche pour imposer sa grille de lecture et permettre, en réponse, un massacre encore bien plus important à Gaza. Elle tient en peu de mots : Hamas = terroristes = Daech = le mal = nécessaire guerre au terrorisme. Et gare à quiconque refuserait d’avaler cette grille d’analyse ! Car, comme l’a déjà déclaré le revenant Manuel Valls : « Expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser. » Mais lui peut, avec d’autres, se dire tranquillement opposé au cessez-le-feu ! Dès lors, quiconque oserait replacer les actes effroyables du 7 octobre dans le contexte de guerre coloniale imposée aux Palestiniens depuis des décennies[6] serait immédiatement accusé de les « justifier ». Non, rien ne les justifie. Rien ne justifie l’assassinat de civils. Rien. Jamais.


🔴 Mais :

  • Sommes-nous pour autant interdits de dire la responsabilité du gouvernement israélien dans la situation ?
  • Sommes-nous obligés d’adhérer à la fumeuse doctrine de « guerre au terrorisme », le lot de massacres qu’elle permet et l’impasse politique dans laquelle elle mène inévitablement ?
  • Quiconque oserait mettre en cause le gouvernement d’extrême-droite de l’État d’Israël serait immédiatement accusé d’antisémitisme. Non, nous ne sommes pas des racistes. Nous ne sommes pas antisémites.
  • Quiconque serait mis en cause pour ses convictions religieuses nous trouverait à ses côtés.
  • Quiconque, quelle que soit sa religion.

On doit pouvoir critiquer l’action d’un État et de son gouvernement sans être accusé d’antisémitisme. Réfléchir, analyser, comprendre et discuter vous disqualifie d’office. 

 

 

- Le diable rouge
Première cible de ces accusations infamantes : Jean-Luc Mélenchon. Qu’importe qu’il ait été le premier responsable politique français à réagir et à condamner l’attaque du Hamas et à exprimer l’horreur et la compassion pour toutes les victimes civiles. Parce qu’il a été le premier à réclamer le cessez-le-feu et à réaffirmer que c’est une guerre de territoire qui se joue au Proche-Orient, Jean-Luc Mélenchon fait l’objet d’une diabolisation médiatique et politique incessante. Matin, midi, soir et même la nuit, de façon continue ! La machine infernale fonctionne à plein régime.

 

Qu’importe que Mélenchon affirme sa « compassion » pour toutes les victimes, les médias lui reprochent son « manque de compassion » ! Qu’importe que Mélenchon rappelle qu’il s’agit d’une guerre de territoire et prône la solution à deux États comme le prévoit le droit international, les médias lui reprochent ses prétendues « ambiguïtés » ! Mélenchon critique le gouvernement d’extrême-droite d’Israël, donc « Mélenchon est antisémite » ou « complice du Hamas » !

 

🔴 Mais pourquoi Jean-Luc Mélenchon tout spécialement ? C’est vrai après tout. Est-il le seul à dire ce qu’il dit ? Non, loin de là.

  • Dominique de Villepin, ancien ministre des Affaires Étrangères et Premier ministre de Jacques Chirac le dit.
  • Gérard Araud, ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis et en Israël et tellement d’autres experts et organisations le disent.
  • Amnesty International, l’AFP et tant d’autres refusent de résumer le Hamas au qualificatif de « terroriste » par souci de précision.

Minorent-ils les actes de terreur et les crimes de guerre du Hamas ? Assurément non. Ils parlent de « crimes de guerre ». Est-ce un caprice rhétorique de leur part ? Non. C’est une référence précise au droit et un refus de succomber à des injonctions purement politiciennes. Sont-ils tous antisémites ? Surement pas.

 

🔴 Dès lors, si Jean-Luc Mélenchon est loin d’être le seul à porter la même analyse et la même explication de cette guerre, pourquoi est-il, lui spécialement, visé par des accusations infamantes ?

  • La première raison de cela, c’est que contrairement aux autres, Jean-Luc Mélenchon a fait 22% à l’élection présidentielle et porte un programme de rupture.
  • L’autre raison, c’est la recomposition politique que tentent d’imposer en France la macronie, la droite et l’extrême-droite sur le dos de la guerre de territoire qui se joue au Proche-Orient.
  • Un « nouveau front républicain » (dont on voit mal ce qui lui reste de République) contre La France insoumise, comme le décrivait Jean-Pierre Raffarin. 

 

- Le grand remplacement d’un racisme par un autre 
La marche du 12 novembre appelée par Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher fut une honte. Elle aurait pu, et même elle aurait dû, être un grand moment de rassemblement républicain. Au lieu de quoi, elle fut une instrumentalisation dangereuse de la lutte contre l’antisémitisme pour appuyer « le soutien inconditionnel » à l’État d’Israël affaibli dans l’opinion publique de par le massacre qu’il perpétue envers les civils de Gaza en réponse aux actes barbares du Hamas le 7 octobre. À la banderole de tête, c’était la nuit des morts-vivants. On trouvait là tout le vieux monde politique que la vague dégagiste a déjà emporté. Mêmes ceux dont on avait oublié l’existence ! Certaines personnalités participant à la marche interrogées par les médias sur leurs motivations clarifiaient : ils étaient là pour « soutenir Israël ». Ils ne se sont pourtant pas trompés de marche ?

 

Même l’absence du Président de la République qui venait, pour la première fois après trente jours de massacre et 10 000 morts à Gaza, d’appeler au cessez-le feu, a été vivement critiquée. Le communiqué du CRIF contre le Président de la République était inacceptable. Sur une chaine de télévision française, pour avoir réclamé le cessez-le-feu, Emmanuel Macron a été à son tour accusé d’antisémitisme. Où étaient les macronistes pour défendre leur champion ? Nulle part. Comprendre : lutter contre l’antisémitisme et soutenir Israël, c’est la même chose. Critiquer l’action de l’État israélien, c’est être antisémite. La messe est dite[8] !

 

Pire, cette marche a servi de grande lessiveuse à l’extrême-droite antisémite héritière de Pétain[7] . Elle a maintenant droit de cité dans le prétendu « arc républicain » puisque sa cible principale a changé. L’ennemi de l’intérieur aujourd’hui, c’est d’abord le musulman. Dès les premières minutes de la marche, les discours islamophobes de Zemmour et Maréchal Le Pen se faisaient entendre. Nous étions donc appelés à marcher contre le racisme avec des racistes ! Sur place, les juifs de gauche qui protestaient contre la présence de l’extrême-droite se voyaient retirer leurs pancartes par la police. Juste à côté, on voyait des porteurs de pancartes où l’on pouvait lire : « face à l’antisémitisme, une seule solution : remigration ! ». Ceux-là n’ont bien sûr pas été inquiétés. La substitution d’un racisme par un autre, le soutien inconditionnel à l’État d’Israël, la finalisation de l’opération de banalisation de l’extrême-droite. Voilà les buts politiques de la marche appelée par la Présidente de l’Assemblée nationale et le Président du Sénat.

 

Il aurait suffi qu’ils appellent à marcher « contre l’antisémitisme et tous les racismes » et le problème était réglé. Mais ils ne l’ont pas fait. Le soir même, des responsables politiques de droite, comme Edouard Philippe, continuaient d’affirmer que la présence de l’extrême-droite ne posait pas de problème.


Evidemment, nombre de participants étaient présents à juste titre pour le mot d’ordre « contre l’antisémitisme » et n’avaient aucune idée de l’opération politicienne dans laquelle ils étaient embarqués contre leur volonté. A ceux-là il ne s’agit pas de faire le procès. L’augmentation du nombre d’actes antisémites mérite notre vigilance et notre pleine mobilisation. L’augmentation des actes antimusulmans, tout autant. Tous les racismes disloquent la République et rendent impossible l’union populaire. 

 

 

- La " gochélézékologiste " plus solennelle ! 
Que des citoyens aient participé à cette marche sans avoir conscience des sous-entendus politiques qu’elle accomplissait, c’est évident. En revanche, que des responsables politiques de gauche y aient participé fièrement sans comprendre ce qui était en train de se jouer, est hautement improbable.

 

Pourquoi donc Fabien Roussel, Marine Tondelier et Olivier Faure ont estimé qu’il fallait être présents à cette marche, dans ces conditions, quitte à se faire traiter de « fachos » par quelques excités comme ce fut le cas devant les caméras dès leurs premiers pas ?

 

🔴 D’abord, la trouille. C’est elle qui dicte l’essentiel de leurs choix politiques.

  • Qu’importe qu’une énorme manipulation politique soit en cours, si elle s’appelle « marche contre l’antisémitisme », Roussel, Faure et Tondelier pensent qu’il est impossible d’assumer de ne pas y être sous peine d’être taxés à tort d’antisémitisme !
  • À Lille, c’est cette gauche qui a organisé le même jour un rassemblement contre l’antisémitisme. Et comme c’était prévisible, il a été récupéré  et détourné par la macronie, la droite et plusieurs nuances des soutiens inconditionnels d’Israël, et la gauche s’est faite grassement huer au rassemblement qu’elle avait elle-même appelé !
  • Les gros nuls ! Ce sont les mêmes qui participaient à la marche des policiers devant l’Assemblée nationale parce que, vous comprenez, même si des factieux y criaient que « le problème de la police, c’est la justice »[9], il fallait bien soutenir inconditionnellement les policiers !

Si on compte bien, ils ont peut-être participé à plus de manifestations avec Eric Zemmour qu’avec Jean-Luc Mélenchon !

 

Ils sont de cette gauche qui considère à tort qu’en donnant des gages de respectabilité au système, le système les caressera dans le sens du poil le jour où ils prétendront aux responsabilités. C’est une erreur d’évaluation absolue. Le système ne vous caresse dans le sens du poil que tant que vous ne représentez aucun danger pour lui. Mieux encore, si vous critiquez celui qui incarne la rupture ET la capacité d’accéder au pouvoir, alors vous avez automatiquement les faveurs du système.

Le meilleur exemple de cela s’appelle Fabien Roussel.

Un Fabien Roussel, communiste, à 22% n’aurait jamais les faveurs du système ! Mais Fabien Roussel ne fera jamais 22%. Le système le sait. Fabien Roussel aussi. De plus, Fabien Roussel est parfait dans le rôle de l’anti-Mélenchon. Du coup, le système aime vraiment beaucoup Fabien Roussel. On le présente même comme « l’homme de gauche préféré de la droite ». Et l’intéressé sourit. Il est content. Il pense qu’il élargit sa base. Il pense que ces gens qui l’aiment pour ces raisons voteront peut-être un jour pour lui. Ce que, naturellement, ils ne feront jamais parce que, même compatible avec le système, Fabien Roussel est communiste ! Je prends Fabien Roussel parce qu’il est l’exemple le plus évident[10]. Ça n’a rien, ou si peu, de personnel. Je pourrais prendre d’autres exemples chez ses amis de la gauche d’avant anti-Mélenchon. On a même les nôtres à La France insoumise ! C’est dire !

 

🔴 Je lance une annonce : vous êtes de gauche, vous avez toujours rêvé de passer à la télévision ? Dîtes du mal de Jean-Luc Mélenchon ! 

 

 

- Rompre la NUPES doit se payer cher

Si Jean-Luc Mélenchon et quelques-uns de ses compagnons de route n’avaient pas rompu avec le Parti socialiste après le référendum de 2005 pour reconstruire patiemment une gauche radicale digne de ce nom, point d’appui populaire solide, la gauche aujourd’hui en France serait à l’état résiduel des scores rikiki de nos concurrents de 2022. 

  • En 2017, ils ont pris les 19% de Mélenchon comme un accident de parcours.
  • En 2022, ils ont continué à le taper sans relâche et, même avec les communistes en moins, la mobilisation populaire nous a porté à 400 000 voix seulement du second tour.

Sans rancune, nous avons vu et saisi l’occasion qui se présentait de nous hisser à la hauteur de l’Histoire.

 

Aux législatives, la gauche pouvait se rassembler autour d’un programme de rupture et ainsi prétendre bâtir une majorité alternative. La NUPES[11] est née de cette volonté. La vérité, c’est qu’elle n’était pas vraiment partagée. Seule La France insoumise inscrivait le moment dans la grande Histoire. Les autres voulaient, en gros, l’un sauver ses sièges, l’autre avoir un groupe.

 

🔴 Avec le recul, je pense qu’ils auraient été prêts à signer « l’Avenir en Commun » tout entier pour avoir leurs « circos ».

  • Ils ont tout de même signé un programme de 650 mesures[11bis] !
  • La NUPES, c’est la gauche rassemblée avec La France insoumise dans la locomotive.

C’est donc une ligne politique. Pas juste un assemblage. C’est avec ça que nous avons gagné tous ensemble le premier tour des élections législatives. Il a manqué moins de 30 000[12] voix à l’échelle du pays pour que la NUPES remporte une majorité absolue (NDLR : Ces 10 circonscriptions où la Nupes a perdu par moins de 150 voix d’écart[12bis]). On ne l’aurait jamais fait si la NUPES avait été emmenée par Jadot, Hidalgo ou Roussel. Sommes-nous d’accord ?


Alors ce ne peut pas être « on change de conducteur à chaque virage » maintenant. Les gens ne veulent pas que la ligne de l’ancienne gauche dirige la coalition. Est-ce clair ? Sinon, ils auraient voté pour eux à la présidentielle ! Après deux présidentielles, on pouvait avoir l’illusion de croire que c’était compris. Leur en faudra-t-il une troisième comme ça avec le risque que Le Pen l’emporte au carrefour ? Hé ho ! On arrête quand les conneries ? On arrête quand de sacrifier les intérêts populaires sur celui des petits partis ?


🔴 La NUPES a été un immense espoir. Immense. Des gens attendaient que leur vie change tout de suite si ce programme s’appliquait. Les 151 députés élus l’ont été sur un programme et, la plupart du temps, avec la tête de Jean-Luc Mélenchon et le logo de La France insoumise sur leurs professions de foi. Quand il s’agissait de se faire élire avec sa tête sur les tracts, « Jean-Luc » était le meilleur. Mais maintenant que les élections intermédiaires approchent, « Jean-Luc » serait le problème ! On a même entendu qu’il fallait « lui couper Twitter » ! Le truc, c’est qu’un tweet de « Jean-Luc » fait une audience de masse quand leurs petits tours sur les plateaux télé intéressent une dizaine de personnes. Jean-Luc les surpasse toujours tous dans les sondages et de très loin.


Et bon sang, ce n’est pas une guerre d’égos ni même une question de personnes ! Ce n’est pas juste qu’il est le meilleur. Je pense personnellement qu’il a mis la barre bien trop haute pour que quiconque parmi les actuels prétendants « fasse mieux », c’est clair ! Mais ça, ça se travaille. Non, ce n’est pas la personne de Jean-Luc Mélenchon mais la ligne politique qu’il incarne qui emporte le plus l’adhésion populaire.


🔴 On aurait pu choisir de faire sans eux en 2022 compte tenu du rapport de force de la présidentielle. Je ne regrette pas notre décision de faire la NUPES. Il fallait le faire. Parce que la NUPES est incontestablement le chemin le plus court pour l’emporter. C’est la raison pour laquelle ceux qui sont en train de la faire exploser sur des prétextes à la noix pour mieux servir leurs petits intérêts boutiquiers devront le payer cher. Ruiner un tel espoir, ruiner les efforts des jeunes de la NUPES, ruiner tout ce travail acharné, rompre les engagements pris devant les électeurs, être aussi irresponsables en dispersant nos forces alors que l’extrême-droite menace et que les sondages montrent qu’ensemble aux européennes de juin prochain nous pourrions la battre… OUI, ruiner tout cela doit se payer cher.


Qu’il ne soit plus permis à aucun de ceux-là de se plaindre de la montée de l’extrême-droite. On ne peut pas se plaindre de la montée de l’extrême-droite tout en détruisant la coalition la plus capable de la battre ! C’est trop grave. Si l’extrême droite gagne, ce n’est pas eux qui en subiront le plus les conséquences ! A l’inverse, celles et ceux qui, d’où qu’ils viennent, veulent continuer à bâtir l’union populaire et rester fidèles au programme et à l’élan de la NUPES doivent être encouragés et accueillis à bras grands ouverts. 

 

 

- Eteindre l’incendie avec un filet d’eau tiède ?
Il n’y a pas d’avenir à gauche sans rupture avec le capitalisme. C’est la leçon des deux dernières élections présidentielles. Même si Hollande, Cazeneuve et Delga ne le comprennent pas, l’heure de la social-démocratie est révolue. On n’éteint pas un incendie avec un petit filet d’eau tiède. Or, ça crame de partout ! Partout en Europe, l’extrême-droite progresse sur les cendres chaudes d’un néolibéralisme qu’elle épouse discrètement[13]. En France, ils l’ont tous utilisée en l’aidant jusqu’à sa qualification au second tour, persuadés qu’à la fin, les Français voteraient toujours contre l’extrême-droite. Mais entre deux élections remportées face à l’extrême-droite, ils ont continué à mener des politiques qui sèment le désastre social sur lequel la même extrême-droite prospère tout en imposant son folklore identitaire. Le discours qui consiste à dire que le problème c’est l’immigré est plus facile à déployer et avaler que le discours qui explique que le problème c’est le financier.

 

🔴 Pour la première fois, je crois très probable que dans un face-à-face avec l’extrême-droite, le prochain cheval de la droite macroniste, qu’il s’appelle Philippe, Darmanin, Le Maire, Attal ou Véran, se fasse plier bien méchamment. Et je récuse absolument l’idée selon laquelle une gauche « recentrée », plus molle, social-démocrate ait le moindre avenir. Les gens sont à bout, ils souffrent, ils sont en colère, ils ont peur et ils ont de quoi et l’extrême-droite est aux portes du pouvoir : ce n’est pas l’heure des François Hollande !

 

🔴 Je suis en désaccord total avec ceux de mes camarades qui pensent que La France Insoumise étant la force motrice à gauche, elle doit polir son discours pour gagner en respectabilité, s’occuper un peu moins des quartiers populaires et aller chercher la gauche plus modérée, ce qui signerait une plus grande capacité à gouverner.

  • Ce discours petit bourgeois est consternant !
  • La gauche ne gagnera plus jamais sans mobilisation massive des milieux populaires les plus abstentionnistes.
  • A part les 2% de Roussel, je ne vois pas sur quel électorat existant mordre pour atteindre l’objectif. Qu’ils nous disent lequel ?

Bien sûr, on ne doit jamais renoncer à faire changer d’avis. Seul un effet puissant de vote utile, qui suppose d’avoir suffisamment de force de départ, fera passer les hésitants et l’eau tiède du côté du camp de la rupture. C’est ainsi que le plafond des 19% de 2017 est monté de trois points en 2022. Entre temps, on ne peut pas dire que Jean-Luc Mélenchon avait été particulièrement ménagé !

 

🔴 Mon expérience de terrain me conforte dans l’idée que le salut de la gauche passe par un sursaut de participation et que ce sursaut ne peut s’atteindre que par un travail de terrain acharné qui nécessite bien plus d’huile de coude que la rédaction de belles dissertations de salon à propos du « bon ton » à adopter !

 

Moi aussi, j’ai mes sujets préférés. Je préfère parler d’économie et d’industrie. Mais quand l’extrême-droite violente  instrumentalise des faits divers, descend faire des ratonnades dans la rue[14] et que le discours qui s’impose est celui d’un ennemi de l’intérieur, je ne vais pas me planquer en attendant que l’on puisse reparler d’économie et d’industrie sous prétexte que ce serait électoralement plus vendeur que la lutte antiraciste ! Tout ça, c’est du petit marketing politique imbécile. Nous ne vendons pas des savonnettes ! Nous devons assumer une responsabilité historique à l’heure où la fracture du pays peut mener au pire. 

 

 

- Alors, on fait quoi ?
D’abord, vérifions que nous sommes tous d’accord pour dire que, compte tenu de l’urgence de la situation, on n’a plus le temps mais juste des délais. Est-ce entendu ? Si oui, je propose qu’on arrête d’être la gauche qui se coupe sans cesse les cheveux en quatre, qui tergiverse et qui blablate, qui pense tous les six mois qu’elle doit tout recommencer à zéro, tout réinventer et tout réécrire alors qu’elle a le meilleur programme, que rien ne va plus alors qu’elle fait déjà tout ça dix fois mieux que tous les autres, qui pense et dit qu’elle fait tout mal.

 

🔴 À la place, on se retrousse les manches et on occupe le terrain tous azimuts du matin jusqu’au soir... On parle un peu moins et on agit encore plus.

👉 Au porte à porte dans les quartiers populaires les plus abstentionnistes[15], plus de la moitié des gens à qui on pose la question veulent être recontactés par La France insoumise ! Encore faut-il leur poser la question !

  • On les écoute, on s’intéresse à eux, à leur vie, à l’état de leur logement ;
  • On leur fait connaitre nos propositions ;
  • On se rend utile comme on peut pour aider ;
  • On fait s’inscrire sur les listes électorales ;
  • On mène des actions collectives ;
  • On gagne la confiance ;
  • On redonne confiance ;
  • Quand ils sont intéressés, on les accueille dans nos groupes d’action ;
  • On s’insère dans la vie de nos quartiers, de nos villes, de nos villages ;
  • On crée du lien direct avec les gens ;
  • On mène des actions de solidarité concrètes ;

Tout ça prend énormément de temps. Dépensons-le !

 

🔴 Faisons en sorte d’être toujours plus nombreux.

  • On se dresse en rempart intraitables contre les logiques de guerre civile ;
  • On fait République de tout bois envers et contre tout ;
  • On tient bon sur les principes, même quand c’est difficile et que tous les autres s’aplatissent comme des crêpes ;
  • On construit l’union populaire avec toutes les bonnes volontés ;
  • On affronte les partisans de la division du peuple et on contourne ceux qui se mettent en travers de son chemin.

Et surtout, surtout… on n’oublie jamais pour qui et pour quoi on fait tout ça. D’abord pour ceux qui souffrent et pour que la vie soit plus belle.


L’insoumission est un état d’esprit. Cultivons-le sans relâche !

  • Ça poussera.
  • Et ça fleurira. 

 

Notes :

[0] Jean-Luc Mélenchon : ce n’est pas en partant des anciens partis et de leur coalition que l’on parviendra à construire une majorité populaire sur un projet alternatif pour notre société.

[1Dans nos quartiers : violence, délinquance, drogue... il faut s'attaquer aux causes avant de réprimer !

[2] Le RN : discours de gauche.... et politique de droite par les actes... c'est ça l'extrême droite !

[3] Bolloré, Arnault, Drahi, Niel… Vers la fin des 9 oligarques détenant 90% des médias ?

[4] Guerre Israël-Hamas : ONU Plus de 14 000 morts, dont au moins les deux tiers étaient des enfants et des femmes

[4bisPrès de 15 000 morts à Gaza, trêve imminente... l'essentiel de ce jeudi

[5Le ministre israélien de la Défense, Yoav Galant, a déclaré que les Palestiniens sont " des animaux humains " et constitue un appel à commettre des crimes de guerre"

[6Chronologie : Palestine de 1917 à 2017

[7] 12 Novembre 2023 : « Le jour où l’extrême droite a été réhabilitée par la droite »

[8] Alerte : non, antisionisme et antisémitisme ne sont pas synonymes !

[9Désarroi au PS, au PCF et chez EELV après la manifestation des policiers

[10] Quatennens analyse Roussel

[11] La Nupes

[11bis] le programme de la Nupes

[12Législatives : « Le Monde » : la Nupes rate la victoire entre 0,13 et 0,25 % du total des voix

[12bis] Ces 10 circonscriptions où la Nupes a perdu par moins de 150 voix d’écart

[13Le RN : discours de gauche.... et politique de droite par les actes... c'est ça l'extrême droite !

[14Le terrorisme d'extrême droite s'incruste en France au service de l'extrême droite politique (RN - ZEMMOUR)

[15] Cagé, Piketty : à la conquête du 4ème bloc ?

 

Pour en savoir plus :

Quatennens analyse Roussel

Alliance selon les uns, reddition selon les autres... la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale, la fameuse Nupes, rebat les cartes de la gauche française.

- L’appel de ces députés NUPES pour l’union populaire : « Il faut continuer le combat pour le programme de rupture signé par chacun en 2022 »

- « Regroupons-nous autour du programme » : après le vote de la loi Immigration, Bompard propose une réunion d’urgence de la NUPES

- Manuel Bompard : Cagé, Piketty : à la conquête du 4ème bloc ?

 

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28 septembre 2023 4 28 /09 /septembre /2023 10:44
Sénatoriales 2023 en bois de sapin pour la Nupes

Le « plafond de verre » de la gauche, c’est elle qui le construit dans les élections.

D’aucuns encore se réjouissent de provoquer les mêmes dégâts aux élections européennes... puis les municipales...

et les présidentielles de 2027 ?

 

 

 

Sources : Jean-Luc Mélenchon | mis à jour le 30/09/2023

- Dans nombre de départements, les pronostiqueurs nous annonçaient entre 10 et 20 voix aux élections sénatoriales.

Ça ne s’est jamais passé comme ça. Dans une grande majorité de départements, les insoumis réalisent des scores bien plus significatifs. Ils multiplient par trois, quatre, cinq, six, dix le nombre des grands électeurs insoumis d’abord recensés comme tels. De la sorte, en dépit du caractère parfois très volontairement dépolitisées des candidatures, y compris celles de la « vieille gauche » se présentant comme la « gauche des territoires », le bulletin de vote LFI rassemble les grands électeurs !

 

Nous faisons ainsi[1] :

▶️ 133 voix en Isère.

▶️ 127 voix  en Seine-et-Marne.

▶️ 114 voix  en Essonne.

▶️ 95 voix  en Indre-et-Loire.

▶️ 111 voix  en Loire-Atlantique.

▶️ 99 voix en Meurthe-et-Moselle.

▶️ 91 voix dans le Nord.

 

D’aucuns prétendaient que nous agirions comme un « repoussoir ». Aujourd’hui ils en sont réduits à se demander ce qui a fait fuir loin d’eux tant de grands électeurs ! Le repoussoir n’est donc pas là où on l’attendait. À l’inverse, là où il a été possible d’apporter notre participation dans un cadre unitaire, le résultat a suivi. Dans la clarté de l’orientation programmatique, nous faisons élire deux sénateurs issus de la gauche de rupture (Val-d’Oise et Réunion). Ian Brossat, qui a cru pouvoir parler de victoire de la ligne Roussel, aurait mieux fait de se taire.

 

 

- Car si l’union s’était faite, comme nous le proposions, la NUPES aurait fait élire 11 sénateurs supplémentaires

Ou ? Dans l'Isère, la Loire-Atlantique, la Moselle, le Nord, le Pas-de-Calais, les Pyrénées-Orientales, Paris, l'Essonne, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis, les Français de l’étranger. Pas moins. Souvenons-nous que nous demandions une seule position éligible pour tout le pays. C’était trop, nous a-t-on répliqué. La division de la NUPES, attisée par les Roussellistes, a provoqué encore d’autres fractionnements et dissidences à gauche entre diverses variétés de socialistes, comme en Seine-Saint-Denis par exemple. Au final, le PCF perd deux ou trois sièges du fait de sa préférence pour le splendide isolement. Ainsi les diviseurs systématiques ont empêché la progression de tous. Leur éparpillement facilite l’élection des sénateurs d’extrême droite. Du coup, les équilibres au Sénat sont inchangés. Et la vieille gauche plafonne.

 

 

- Le « plafond de verre » de la gauche, c’est elle qui le construit dans les élections.

D’aucuns encore se réjouissent de provoquer les mêmes dégâts aux élections européennes. Puis, ce seront les élections municipales, pour lesquelles la vielle gauche prévoit de « décider à la base ». Ce qui veut dire que les Insoumis seront de nouveau ostracisés, partout où cela arrangera les roitelets locaux. Mieux vaut en tirer la leçon dès à présent !

 

Notes :

[1] Publication des candidatures et des résultats aux élections : Sénatoriales 2023

 

Pour en savoir plus :

- PS, PCF et EELV enterrent la NUPES pour les Sénatoriales de 2023

- Sénatoriales : La France insoumise dénonce un "enterrement de la Nupes" avant une possible alliance PS-EELV-PCF

Élections sénatoriales : la France insoumise défendra partout le programme de la NUPES

- Élections sénatoriales : le refus de l’union autour de la NUPES aura coûté à la gauche près de 10 sièges

-Sénatoriales 2023 : LFI a-t-elle fait perdre des sièges à la gauche, et combien ?

- « Les Français préfèrent Roussel » ? Un sondage IFOP dit lesquels….

Élections européennes 2024 POUR UNE LISTE UNIE DE LA NUPES : MOBILISATION CITOYENNE, APPEL À SIGNER MASSIVEMENT PAR TOUTES ET TOUS !

 

Sénatoriales 2023 en bois de sapin pour la Nupes
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9 septembre 2023 6 09 /09 /septembre /2023 08:53
A l'ordre du jour : Champ des perceptions et avenir de la NUPES
A l'ordre du jour : Champ des perceptions et avenir de la NUPES

Il va falloir choisir : l’unité ou un gouvernement d’extrême droite en France. Plutôt Le Pen que Mélenchon, Monsieur F. Roussel[0] ?

 

 

Il est urgent que la NUPES s’organise au niveau local pour mener des batailles idéologiques unitaires dans les villages des bourgs et les villes. C’est dès maintenant qu’il faut commencer ce travail et ne pas attendre la veille des élections.

Les jeunes de la NUPES qui ont fait un appel à l’unité[1] l’ont parfaitement compris.

 

Sources : Midi Insoumis Populaire et Citoyen  par Hervé Debonrivage | mis à jour le 30/09/2023

- Le percept, le concept est le réel.
Il n’est pas nécessaire d’être un expert en ingénierie sociale ou en marketing pour savoir que la perception du réel à plus d’importance que le réel lui-même dans l’imaginaire d’un individu qu’il soit considéré comme consommateur, producteur ou citoyen.

Dans un domaine proche, rappelons que pour Louis Althusser, l’idéologie et le rapport imaginaire des individus avec leurs conditions réelles d’existence vont de pair.

La manipulation des perceptions fait partie de toutes les formes de propagande.

  • Ainsi, en politique la forme rhétorique, le ton d’un discours à plus d’impact que son contenu argumentaire. Le comportement des acteurs politiques les uns envers les autres peut avoir plus d’importance que les programmes. Se pose alors la question centrale : qui a le contrôle de la manipulation du monde des perceptions ?

La réponse est simple : pour l’essentiel, les médias dominants[2].

 


- Examinons maintenant quelques exemples.
La réalité est que la NUPES est arrivée à se mettre d’accord sur 650 mesures pour un projet de gouvernement[3] : c’est cette réalité qui a permis de présenter un candidat unique de la gauche aux élections législatives de 2022.

 

Accueil Présidentielle 2022 France Entière

Cet accord a été rendu possible par le score de 22 % obtenus par Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle de 2022 Et la faiblesse des scores du PS, de EELV et du PCF[4].

 

Les médias n’ont pas beaucoup insisté sur l’existence de ce programme préférant présenter cette alliance comme purement opportuniste.

 

- Le temps passant, différentes prises de position individuelles de personnalité appartenant aux différentes composantes de la NUPES surviennent :

  • sur « l’affaire » Quatennens[5] ;
  • sur la politique « d’apartheid » du gouvernement israélien contre les palestiniens ;
  • sur ce que devrait être la stratégie de France Insoumise en milieu rural ;
  • des articles de Clémentine Autain dans Libération et de Raquel Garrido dans Le Parisien (repris par Gala) critiquant le manque de démocratie au sein de France Insoumise ;
  • une multitude de tweets, y compris de Mélenchon exprimant telle ou telle position.
  • tout cela, sans même parler d’une multitude d’interventions intempestives et irresponsables de type clanique de Fabien Roussel ;
  • une division pour les sénatoriales 2023 qui prive la NUPES de 10 parlementaires malgré la proposition d'union portée par LFI[5bis][5ter] ;
  • et enfin, pour couronner le tout, des prises de position, sans discussion préalable, de responsables de la NUPES pour se présenter isolé aux prochaines élections européennes.

 

 

- Toutes ses prises de position intempestives ont évidemment été montées en épingle par les médias répétant inlassablement : la NUPES se disloque, éclate, n’existe plus, etc.

Alors, que font apparaître les médias dans le monde des perceptions : il n’existe pas de projet de la NUPES, de la gauche en France. La NUPES n’est qu’un jeu d’appareil sans lendemain.

 

Et qui est victime de cette manipulation du monde des perceptions ? Des pauvres gens incultes, sans expérience politique… ? et bien, non ! Un homme comme Roger Martelli, (avec lequel je partage un grand nombre d’analyses politiques) tombe dans le panneau. À aucun moment dans son interview, il ne mentionne l’existence de ce projet de gouvernement.

  • Il ne parle à aucun moment du travail considérable d’élaboration collective qu’a demandé la mise au point de l’Avenir en commun[6].
  • Les 55 livrets thématiques (42 + 13) qui détaillent le programme de La France Insoumise, devenue première force politique de gauche en France, quoiqu’il en pense. Ces 55 livrets figurent-ils dans sa bibliothèque ? Y trouve-t-on le livre de Jacques Généreux « L’Autre société ?[6bis] » On peut en douter. Oui, il existe un projet de société à gauche mais encore faut-il qu’il soit connu y compris par les organisations de gauche !

 

À plusieurs reprises, j’ai constaté dans des interviews sur le site Regards, qu’il était affirmé que La France Insoumise avait des prétentions hégémoniques (ou accepterait mal le partage des responsabilités avec ses partenaires) et supporterait mal le pluralisme.

 

 

- Il s’agit là encore d’une fable construite par les médias dans le champ des perceptions.
Ségolène Royal, aux amphi d’été[7], a fait remarquer avec justesse, que " de nombreux candidats de France Insoumise à la députation se sont effacés pour permettre à des communistes, des socialistes, des écologistes de pouvoir se présenter dans certaines circonscriptions. Si la direction de France Insoumise avait appliqué des pourcentages obtenus aux élections présidentielles, pour la répartition des candidats dans les circonscriptions, ses partenaires auraient obtenu moins de députés ".

 

D’autre part, aux élections européennes prochaines, France Insoumise est d’accord pour permettre aux écologistes d’avoir toutes les têtes de liste[8] ! En réalité, prisonniers d’un esprit clanique, un certain nombre de responsables du PS, EELV et du PCF supporte mal que France insoumise soit devenue majoritaire : pour eux, majoritaire signifie hégémoniste !

  • Quand on affirme que France Insoumise manque de démocratie ou de pluralisme, ceux qui tiennent ce propos devraient faire l’effort d’analyser et de comprendre en détail comment se construit et fonctionne France Insoumise à tous les niveaux.
La France insoumise, comment ça marche ?

 

Certains députés élus insoumis comme Clémentine Autain semblent avoir une connaissance insuffisante du fonctionnement du mouvement auquel ils appartiennent. L’esprit accaparé par leur travail de député, certains parlementaires insoumis semblent avoir perdu le contact avec la réalité du fonctionnement de leur mouvement qui les a pourtant conduits à être élus. Rappelons le lien permettant d’accéder à la rubrique :

. « La France Insoumise, comment ça marche[9] ?

. Qu’est-ce que La France insoumise d'aujourd'hui[10] ? 

 

 

 

🔴 La France Insoumise échappe pour une large part à l’esprit de clan pour une raison très simple : ce n’est pas un parti mais un mouvement qui reste poreux avec son environnement social. Le parti est une forme moderne de clan ou de tribu avec son intérieur et son extérieur. Spontanément une autre organisation politique même idéologiquement très proche est perçue comme rivale, concurrentes et non comme partenaire confraternel.

🔴 Les vieux routiers de la politique perçoivent avec circonspection cette forme mouvement et préfèrent la forme parti, plus structurée, moins volatile, moins imprévisible.

🔴 C’est tout le mérite de Jean-Luc Mélenchon d’avoir été capable d’avoir tiré les conséquences des inconvénients de la forme parti et d’avoir eu la force d’imaginer, avec d’autres, une forme nouvelle qui peut avoir évidemment des inconvénients.

 

 

-  Résumons : d’un côté des prises de position publique individuelles dans des médias manipulateurs et sans aucune prise en compte de l’image renvoyée dans le champ des perceptions des électeurs.
L’image renvoyée est celle de la division, de l’incohérence, de personnalités à l’égo surdimensionné ou faisant passer les intérêts de leur clan avant tout. Cette image désastreuse n’est pas non plus sans effet sur les adhérents ou sympathisants des organisations de la NUPES qui vont finir par croire, eux aussi, qu’il n’existe pas de projet commun.

  • Et pendant ce temps, Marine Le Pen, silencieuse, grimpe dans les sondages !

 

D’un autre côté, une méconnaissance de la nature et du fonctionnement réel de France Insoumise de certains observateurs et acteurs politiques qui deviennent alors d’autant plus influençables par ce monde des perceptions construits et manipulées par les médias.

 

Fort heureusement, la plupart des cadres et adhérents de France Insoumise échappent à la critique précédente d’autant que cette organisation (la FI) est la seule à avoir proposé, dès le départ, unité de la NUPES pour les différentes élections à venir.

  • On ne peut qu’ apprécier par exemple, la discrétion, la fermeté tranquille de Manuel Bompard.

 

 

-  Réflexion sur les réactions claniques d’un certain nombre de responsables des partenaires de La France Insoumise.
En un temps record (6 ans), :

  • La France Insoumise acquiert une audience à gauche (21,95% aux présidentielles 2022).
  • Elle se distingue notamment par une certaine radicalité économique et écologique.
  • En même temps, ce n’est pas un mouvement d’extrême gauche : son anticapitalisme n’a pas la radicalité de Lutte ouvrière ou du NPA. Par exemple, il n’est pas question de nationaliser toutes les banques, toute l’industrie pharmaceutique. Ainsi, certains socialistes dans la lignée de Jaurès peuvent adhérer à France Insoumise.
  • Ainsi, le PCF se trouve concurrencé par un mouvement dont la radicalité économique est au moins égale à la sienne.
  • En outre, ce mouvement développe de nombreuses actions pour défendre les intérêts des classes populaires.

 

 🔴 Alors, que reste-t-il au PCF pour se distinguer ?

- Pas grand-chose sinon sa défense de l’énergie nucléaire et un écologisme moins radical ;

- Pour se distinguer médiatiquement, il ne lui reste plus que gesticulations, provocations en comptant sur l’appui des médias de droite voire d’extrême droite.

- Par un tel comportement désespéré et irresponsable, Fabien Roussel devient le diviseur remarqué au service du Capital.

 

Même réflexe identitaire : hier la crainte du PCF de se dissoudre dans le Front de Gauche, aujourd’hui la crainte de se dissoudre dans la NUPES avec ce redoutable solvant c’est France Insoumise !

 

🔴 Côté EELV, ce parti trouve un concurrent redoutable par son écologie radicale.

Plusieurs responsables écologistes sont d’ailleurs passés du côté de France Insoumise.

 

  • Alors que faire pour se distinguer et ne pas disparaître ? :

- Accentuer au maximum les éventuels points de divergence, notamment sur l’Europe.

- EELV défend l’idée d’une Europe fédérale et une Europe des régions.

- Ce n’est évidemment pas le cas de France Insoumise plus attachée à la notion de souveraineté nationale. Souveraineté populaire.

 

🔴  Enfin, pour le PS, comme vu ci-dessus, le programme de France Insoumise n’est pas d’un anticapitalisme ultra radical, loin de là.

François Ruffin n’a pas complètement tort de parler de programme social démocrate à l’ancienne.

 

  • Alors que reste-t-il pour éviter de disparaître et d’être absorbé par France Insoumise ?

- Encore une fois, l’Europe et peut-être une russophobie héritée de la guerre froide et de l’anticommunisme soviétique des socialistes.

- L’attachement à l’OTAN, comme pour une partie des Verts peut-être aussi une marque distinctive.

 

 

- En conclusion
Il est urgent que la NUPES s’organise au niveau local pour mener des batailles idéologiques unitaires dans les villages des bourgs et les villes. C’est dès maintenant qu’il faut commencer ce travail et ne pas attendre la veille des élections.

  • Les jeunes de la NUPES qui ont fait un appel à l’unité l’ont parfaitement compris.

 

Il va falloir choisir : l’unité ou un gouvernement d’extrême droite en France.

Plutôt Le Pen que Mélenchon, Monsieur F. Roussel ?

 

 

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- Mais pour Aurélie Trouvé, députée LFI-NUPES de Seine-Saint-Denis : à la NUPES, on a des désaccords mais on avance !

 

 


- Référendum d'initiative citoyenne, avenir de la NUPES, annonces de Macron sur la sécurité : retrouvez l'intégralité du passage de Manuel Bompard dans la matinale de Public Sénat du jeudi 5 octobre 2023.
Une liste Nupes aux européennes en 2024 ? 
" Si les appareils ne veulent pas faire l’union, j’appelle les électeurs à le faire. Nous souhaitons porter le programme de la Nupes. " et ine fine, " C'est aux électeurs de faire l'union ! "

 

A l'ordre du jour : Champ des perceptions et avenir de la NUPES
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6 septembre 2023 3 06 /09 /septembre /2023 17:15
Sondage inédit de Cluster17 : avec la NUPES, la victoire est possible ! 23-08-2023
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Sondage inédit de Cluster17 : avec la NUPES, la victoire est possible ! 23-08-2023

Aux dernières législatives, la #NUPES a redonné espoir à des millions de Français, en particulier à la jeunesse...

Nous ne pouvons pas abandonner la perspective de l'union parce que c'est la perspective de l'alternative et de l'espoir. La gauche, c'est le camp de ceux qui changent la vie !

Aujourd'hui, bravo les jeunes : l'avenir c'est vous !

 

Dépassons les blocages des appareils politiques. Travaillons à chaque étape pour faire gagner la gauche. Oui nous pouvons avoir un programme commun aux élections européennes !

La meilleure réponse au sectarisme des appareils des partis de la gauche d'avant c'est le projet européen partagé par les organisations de jeunesse. Pourquoi pas une liste commune de ces jeunes unionistes ?

 

 

Sources : Eric Durand | mis à jour le 01/10/2023

- Après avoir travaillé tout l’été pour un programme européen commun, les #JeunesNupes demandent à leurs partis de les recevoir rapidement. 
Ils ne laisseront pas doucher l’espoir levé par la #NUPES en 2022. 

Le débat que nous devons avoir sur l'union, c'est de dépasser les jeux d'appareil. Les Françaises et les Français de gauche nous attendent : 80% des sympathisants veulent une liste #NUPES aux européennes !

Ils ne laisseront pas faire la division, conférence de presse des jeunes de la NUPES...

Présentation des 166 mesures du programme commun des Jeunes de la #NUPES pour les européennes 👇

  • On nous disait que c'était impossible de se mettre d'accord, de dépasser les divergences... Ce programme, c'est l'alternative au marasme ambiant !

ATTENTION : la conférence commence à la 16iéme minute

 

 

🔴 Pour accéder au document, cliquez ICI 👇

 

FORUM EUROPÉEN JEUNES NUPES

 

🔴 Téléchargement du document, à votre disposition ICI 👇

 

 

 

- Revivez le Forum Européen des Jeunes de la NUPES du 25 juin 2023

 

 

Le regard des Français sur une candidature unique de la NUPES pour les élections européennes de 2024

 

 

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- Mais au fait, nous ne partons pas de rien !

Voici des lignes, parmi beaucoup d’autres, à propos de l’Union européenne, qui engagent EELV, le PCF, LE PS, GenerationsMvt et la  France Insoumise devant les Français.

Ce travail commun historique (le programme de la #Nupes[1]) et l’espoir qu’il a suscité, nous a fait gagner le 1er tour des élections législatives.

  • Et on veut nous le faire oublier une fois que chacun a ramassé sa petite part du gâteau en élus à l’Assemblée nationale ? 

 

Quel argument recevable justifierait que dans un moment politique aussi dangereux que celui que nous vivons, ce travail soit mis à la poubelle à l’occasion des élections européennes ? Poursuivons !

 

Élections européennes : les #jeunesNUPES envoient à la gauche un message d'union qu'il nous faut entendre ! 
Élections européennes : les #jeunesNUPES envoient à la gauche un message d'union qu'il nous faut entendre ! 
Élections européennes : les #jeunesNUPES envoient à la gauche un message d'union qu'il nous faut entendre ! 
Élections européennes : les #jeunesNUPES envoient à la gauche un message d'union qu'il nous faut entendre ! 

 

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- « Responsables de la NUPES : la jeunesse vous regarde »

Bravo aux 700 jeunes qui attendent énormément de la réunion programmatique des responsables de la Nupes ce lundi 2 octobre 2023. 

🔴 Ne nous décevez pas. 👇

 

Responsables de la NUPES : la jeunesse vous regarde !

 

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28 juillet 2023 5 28 /07 /juillet /2023 14:57
Lettre ouverte aux dirigeants plus qu'autistes (aveugles et sourds)

J’ai déjà écrit une première lettre ouverte sur l’obligation de l’union, approche et concept qui dépasse celui de la nécessité[0].
Le 28 juillet 2023, 3 h du matin, une nuit d’orage et de colère

Les dirigeants ne sont pas en effet seuls à décider, à partir de la situation de leur organisation, de leurs calculs politiciens, et de leurs fantasmes d’enfants égocentriques, les décisions prises le sont dans un cadre politique précis, qui surplombe les décisions prises : « Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas de plein gré, dans des circonstances librement choisies ; celles-ci, ils les trouvent au contraire toutes faites, données, héritage du passé. La tradition de toutes les générations mortes pèse comme un cauchemar sur le cerveau des vivants ». K.Marx, « Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte ».
Chaque dirigeant politique de la NUPES a donc une responsabilité historique, face à ce qui s’annonce et de dévoile un peu plus chaque jour, et ceux qui aujourd’hui refusent l’union, encore plus que les autres…

 

 

Sources : Fabrice Aubert économiste marxiste | 

- Ce qui s'annonce et se dévoile
Lors du premier mandat de Macron, on avait déjà vu les dérives, pas simplement néolibérales et économiques, mais aussi autoritaires, visant à réduire le pays à une simple « start-up » pour ne pas dire l’aveugler, pour l’empêcher de voir et se comprendre : « Suppression des observatoires de la délinquance, de la laïcité, des inégalités , de la pauvreté etc… » au nom des économies budgétaires (allouées par la suite aux cabinets Mc Kinsey sans doute). Or supprimer un observatoire, dont la mission est d’observer, c’est se rendre aveugle volontairement et se réveiller le lendemain avec des émeutes-révoltes urbaines que l’on n’avait pas vu venir

 

C’est surtout empêcher le pays lui-même (les citoyens) de savoir ce qu’il est, ce qu’ils sont. Or « la dictature s’épanouit sur le terrain de l’ignorance ».

 

Un observatoire c’est glace qui réfléchit ce que nous sommes comme Nation au tréfonds de nos rapports sociaux, et c’est là où pour un pouvoir néo-libéral autoritaire, le bât blesse

Rajoutons les petites phrases blessantes et humiliantes : « Les analphabètes », « des gens qui ne sont rien », « un pognon de dingue », « traverses la rue »… révélant le mépris du peuple comme les « Capet » en 1789.

 

C’est sans doute le mélange de tous ces aspects, avec la goutte qui fait déborder le vase, du prix de l’essence qui explique la première jacquerie des gilets jaunes[1], où le pouvoir du château trembla sur ses bases et fut déjà sauvé par les « nouveaux gardes suisses » du régime (Police). 

 

 

- De 2022 à nos jours dans le réel

Le second mandat de Macron fut obtenu lors d’une élection tronquée et truquée, tronquée car le monarque refusa tout débat démocratique, imposant son système de « lui » et les autres, truquée car choisissant par avance, via les médias aux ordres, son adversaire du second tour (Le Pen) (NDLR avec la complicité de la gauche PS - EELV - PCF qui refusèrent la proposition de fédération populaire proposée par LFI en avril 2019[2]) jouant la roue de secours du système, sans compter le rôle dévastateur sur l’opinion des sondages empêchant pour 200.000 voix Mélenchon d’être au second tour. La bourgeoisie affairiste immobilière et financière tremblait. A ce propos, Poutine n’aurait pas fait mieux. La France est-elle encore une République démocratique ?

 

 De la NUPES proposées par La France insoumise dans le cadre des législatives[3] [3bis] : Alors vient le coup de génie de la NUPES, et par l’alliance des « gauches » enfin unie (L.F.I, E.E.L.V, P.C.F, P.S, Génération) la NUPES gagne le premier tour de l’élection législative, alors s’organise concrètement le pseudo « l’arc Républicain [4» pour empêcher la matérialisation au second tour, préférant Le Pen à un député Insoumis. Voilà le réel.

 

Les crises sociales : Les crises sociales se succèdent jusqu’à celle des retraites, immense, profonde, soutenue. Unité syndicale sans faille permettant l’organisation et le succès de 14 journées de mobilisation[5].

 

La crise politique : c’est déjà un régime fragile, qui choisit de passer en force en utilisant tous les articles possibles de la constitution (du 37.1 au 49.3[6]), en vue d’empêcher le débat parlementaire et jamais les députés, détenteurs de la souveraineté du peuple, entre deux élections n‘ont pu voter le texte. 

 

La crise institutionnelle :  Le conseil constitutionnel aux ordres valide le texte, et de plus retoque la démarche de demande de référendum partagé[7]…

 

La crise des casseroles : Voilà que comme en 1789, devant la surdité du pouvoir engage la révolution pacifique des casseroles, élément historique ventant des profondeurs de notre histoire.

 

Coup d’Etat et dictature : Avec la réforme des retraites, la loi censée être votée par les députés, dans un régime démocratique, a été décidée par 12 personnes (le Président de la République, la première ministre, les 9 du conseil Constitutionnel et la Présidente de l’Assemblée nationale). « Les 12 salopards » étaient un film, mais désormais la réalité dépasse la fiction.

 

Dictature ? Pour les ignares, qui ne voient en dictature que le régime de Pinochet ou de Poutine, sachez que la définition de dictature, est : « Individu ou groupe d’individus détenant tous les pouvoirs », ce qui correspond exactement à ce qui s’est passé pour la loi sur les retraites (voir plus haut). Rappelons aussi que pour « Montesquieu » (forme de Mélenchon des temps passés), la démocratie se fonde sur le principe suivant : « je veux que par la disposition des choses, un pouvoir arrête le pouvoir[8] ». Or à aucun moment ce processus ne s’est vérifié. Le pouvoir est au-dessus du peuple.

 

Libertés en danger : Déjà lors des manifestations des gilets jaunes, la répression des « gardes suisses » du régime a été terrible entrainant éborgnement, mains arrachées et morts, car il s’agissait de planifier et d’organiser une politique de la peur et de la terreur, visant à dissuader de manifester…La prise de pouvoir de la police sur le pouvoir politique était déjà perceptible mettant en danger les libertés publiques des citoyens tel que rédigés en 1789, dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, au point que la France fut rappelé à l’ordre par le conseil de l’Europe et l’O.N.U, se déclarant préoccupé par les « droits de l’homme » en France[9].

 

La police au-dessus des lois et de la constitution[10] : Rappelons qu’avant l’actuel mouvement de la police, il y eut un précédent le 19 mai 2021, manifestant aux cris de « le problème de la police, c’est la justice[10bis] » et certains dirigeants syndicaux appelant à « rompre les digues de la constitution et de la loi ». Ceci devant être mis en relation avec l’appel des généraux[11]. 

 

La police tue : Oui la police tue, le cri d’alarme émis par Jean-Luc Mélenchon[12], une fois de plus avant tout le monde, à propos d’une jeune femme de 19 ans, tuée alors que passagère d’un véhicule ayant refusé d’obtempérer, et ce en plein Paris, où c’est connu les caméras de surveillance n’existent pas, sauf pour arrêter les « fauteurs de trouble en manifestation », mais jamais pour les « black books », c’est curieux, ça » (NDLR : « En Allemagne, il y a eu un tir mortel en dix ans pour refus d’obtempérer, contre 16 en France depuis un an et demi[13» )

 

Nahel : S’en est suivi l’assassinat du jeune Nahel, 17 ans et malheureusement pour la police, une citoyenne a filmé la scène, d’une horreur absolue et surtout contredisant la thèse des policiers, aussitôt reprise par les médias aux ordres, de la légitime défense.

 

Emeutes ou révoltes urbaines ? Les « gardes suisses » pris la main dans le sac, si je puis dire, les quartiers se révoltent, pas simplement pour Nahel, mais pour toutes les exactions commises par les « gardes suisses » du régime, depuis longtemps des contrôles au faciès aux arrestations illégitimes et violentes entrainant la mort (Traore). Le calme ne peut revenir que par la Justice… égale pour tous en Démocratie[14]. Les révoltes se propagent dans tout le Pays y compris en campagne comme lors de la « grande peur » précédant la nuit du 4 aout, mais en Macronistan, l’obscurité règne en maitre. Il faut « utiliser la constitution » et non l’appliquer. Décidément, « il fait bien noir, au pays des lumières » (Graffiti urbain).

 

La responsabilisation parentale individuelle : Tel est la nature des régimes néo-libéraux dictatoriaux, de ne jamais regarder ses responsabilités politiques (non-application du plan Borloo, rejeté par Macron[15]) et de toujours reporter la responsabilité sur les individus. Observons de plus que par principe les parents, pour leurs enfants font tout ce qu’il faut par principe, mais que peut faire une mère isolée, pour garder et éduquer ses enfants quand elle travaille à horaire décalé, comme femme de ménage, pour les cadres blancs des « tours du business » de la métropole affairiste ??? La « responsabilisation » individuelle se conjugue avec le « ruissellement ».
 

Ça pourrait être votre fils (sauf s’il est blanc et porte Rolex, étiquette de la bourgeoisie) : A Marseille en marge des « émeutes-révoltes urbaines » Hedi, un jeune à été tiré au champs de foire et ça pourrait être votre fils, sauf s’il est blanc et porte Rolex[16].  

 

De la république policière à la république fasciste ?

De la République policière à la république fasciste : Maintenant que la police a pris le pouvoir, la prochaine étape est le fascisme. Dirigeants plus qu’autistes (aveugles et sourds), comme citoyen et militant politique je vous demande de lire l’article de Frédéric Lordon, qui lui aussi alerte : De la république policière à la république fasciste[17] ? :

 

 

- On s’endort en république et en démocratie et on se réveille dans le fascisme
Il faut se rappeler l’Histoire : « celui qui ne connait pas l’Histoire est condamné à la revivre » K.Marx.

  • Le Régime était démocratique et républicain quand Mussolini prit le pouvoir ;
  • Le régime était démocratique et républicain quand Franco prit le pouvoir ;
  • Le régime était démocratique et républicain quand Hitler, pas fou, mais soutenu par la bourgeoisie industrielle, prit le pouvoir ;
  •  Le régime était démocratique et républicain quand Pétain prit le pouvoir imposant le régime de Vichy, la collaboration avec Hitler) et le pacte (« honneur, famille, patrie[18] »), en lieu et place de « liberté, égalité, fraternité ». 
  • Le régime était démocratique et républicain quand Pinochet prit le pouvoir au Chili (coup d’état fomenté par la C.I.A) et assassinant Allende et des dizaines de milliers d’opposants.

Dit autrement, on s’endort en république et en démocratie et on se réveille en dictature.

 

 

- Qu’est ce que vous ne comprenez pas ou vous ne voyez pas voir encore, dans les événements qui se succèdent et s’accumulent, toujours dans le même sens, dirigeants plus qu’autistes (aveugles et sourds) ?

  • Seul vos égos de petits dirigeants vous font fermer les yeux et les oreilles sur le réel du tsunami qui se prépare ! 
  • Savez-vous que « tant qu’il n’est pas au pouvoir, jamais le fascisme ne montre son vrai visage. Et qu’après il est trop tard »…
  • Dirigeant de pacotille d’EELV, du P.C.F et du P.S (les responsables de la F.I par leurs interventions ont compris ce qui se tramait et sont à hauteur de l’Histoire, ne cessant d’appeler à l’union[20]), savez-vous que le peuple vous regarde et que vous porterez pour l’Histoire, la trace indélébile d’une « gigantesque farce » : « Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d'ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce. » K.Marx / « Le 18 brumaire de Louis Bonaparte / 1851
    Depuis sa tombe le spectre revient et vous contemple en souriant dans sa barbe espiègle.

 

  • Même les jeunes ont compris l’urgence et l’ardente nécessité.

 

- Ma supplique de militant actif de plus de 50 ans d’activités, en quelques mots : " l’union n’est pas un souhait, un désir, ou même une nécessité, elle s’impose comme condition historique supérieure qui vous surplombe ".

  • MON APPEL : Quel que soient vos futures décisions n’ayant aucune confiance en vous (confiance, concept du marché), j’appelle à ce que partout en France (dans chaque commune) des « comités locaux de la liberté » se constituent regroupant de manière large des militants syndicaux, politiques, associatifs et des citoyens, en vue de défendre la démocratie. Sachons imposer aux dirigeants de pacotille l’ardente obligation de l’Union.
  • « Tant qu’il n’est pas au pouvoir, jamais le fascisme ne montre son vrai visage, après, il est trop tard ».


- P.S 1 : Observons que les temps actuels de crise sociale, financière économique et politique renvoie à la période des années 30 avec en plus la crise climatique et écologique. « L’histoire ne se répète pas, elle bégaie » (répétition en pire).
- P.S 2 : L’autisme est une maladie involontaire, mais souvent les autistes savent mieux voir et entendre… l’égocentrisme politique est une volonté individuelle qui refuse de voir et d’entendre.
 

Lettre ouverte aux dirigeants plus qu'autistes (aveugles et sourds)

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-  Face à la dérive anti NUPES de Roussel et Chassaigne, des communistes réagissent.

Une tribune est  signée par 206 membres du #PCF dont 15 maires et ex-maires, 13 parlementaires et ex, des élu-es municipaux, régionaux, départementaux.

" L'heure est grave, la démocratie vacille. L'heure est à l'union à gauche "

  • Si certains refusent de parler de problème systémique à propos de violences policières, les réactions collectives venant de policiers, de syndicats de police, et soutenues par la plus haute hiérarchie ne peuvent qu'inquiéter fortement la gauche et au-delà toutes celles et ceux qui sont attachés à la démocratie[19]...

 

L'heure est grave, la démocratie vacille. L'heure est à l'union à gauche

 

Notes :

[0] Face au risque du " fascisme-pétainiste " obligation de faire Nupes de tous bois

[1] les gilets jaunes

[2]  Je lance un appel à la création d'une Fédération populaire : et comment ça marche ?

[3]  La Nupes : une alliance inédite à gauche pour les législatives

[3bis] La coalition Nupes

[4« S'il existe encore un barrage pseudo-républicain en France, c'est désormais contre la gauche antilibérale »

[5Réforme retraites Macron

[6] Autoritarisme constitutionnel : de Weimar à Macron

[7] Retraites : Et le Conseil Constitutionnel se coucha à l’heure prévue

[8] Il faut que le pouvoir arrête le pouvoir » (Montesquieu)

[9] « Les conditions dans lesquelles les libertés d’expression et de réunion trouvent à s’exercer en France dans le cadre de la mobilisation sociale contre la réforme des retraites sont préoccupantes »

[10] Entretien de Jean-Luc Mélenchon avec Mediapart le 4 juillet 2023 : « Le pouvoir ne contrôle plus la police, il en a peur »

[10bis] " LE PROBLÈME DE LA POLICE, C'EST LA JUSTICE ": LES MAGISTRATS RÉPONDENT À LA PHRASE-CHOC DU SYNDICAT ALLIANCE

[11] L’appel des généraux ou le fascisme en embuscade

[12" La police tue" : après un contrôle routier mortel à Paris, la classe politique se déchire sur les mots de Jean-Luc Mélenchon

[13] « En Allemagne, il y a eu un tir mortel en dix ans pour refus d’obtempérer, contre 16 en France depuis un an et demi »

[14« La mort de Nahel, c’est l’étincelle » : les raisons de la colère

[15] Ce que contenait le plan Borloo pour les banlieues écarté par Macron en 2018 et qui revient dans l’actualité

[16] Hedi, 22 ans, a été touché par un tir de LBD, roué de coups et laissé pour mort par la BAC de Marseille

[17] De la république policière à la république fasciste ?

[18] Travail, Famille, Patrie

[19] Tribune signée par 206 communistes dont 15 maires et ex-maires, 13 parlementaires et ex, des élu-es municipaux, régionaux, départementaux.

[20Manuel Bompard : La NUPES doit être à la hauteur de l'Histoire

 

Pour en savoir plus :

- Face au risque du " fascisme-pétainiste " obligation de faire Nupes de tous bois

Jean-Luc Mélenchon : Après Borne, plus de limite au hors-sol

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23 juillet 2023 7 23 /07 /juillet /2023 17:49
« Arc républicain » : le grand renversement

« Vous sortez du champ républicain ! » Depuis des mois, la Macronie n’a que cette formule à la bouche pour invectiver la gauche de l’hémicycle. Tout en ménageant son extrême droite... un jeu dangereux ! 

Il faut arrêter de courir après le RN[1bis] !

 


« Hitler plutôt que le Front populaire » : cet adage venu de la bourgeoisie de la fin des années 1930 bourdonne dans ma tête. La formule de l’époque disait le choix dans l’ordre des ennemis. Le projet qui a débouché sur le nazisme apparaissait moins dangereux à une partie des classes dominantes que le partage des richesses soutenu par Léon Blum et ses alliés. Dans notre société contemporaine, déboussolée et en tension, le grand renversement à l’œuvre porte le sceau de cette hiérarchie des normes.
Jusqu’ici, et depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l’extrême droite était communément considérée comme le danger ultime pour notre pays. Il y a plus de soixante-dix ans que le front républicain signifie son bannissement. Or, c’est bel et bien à un retournement de l’adversaire principal auquel nous assistons cette année. Point d’orgue, mardi 4 juillet à l’Assemblée nationale, la Première ministre assénait explicitement que « la France Insoumise ne se situe plus dans le champ républicain
[0] ». Applaudissements nourris sur les bancs de Renaissance, de LR et du RN. Si ce genre d’outrances et mises au ban n’avaient pas cours depuis des mois, j’en serais restée clouée au siège.

 

 

Sources : Regards par Clémentine Autain

- Haro sur les insoumis/Nupes
L’angle d’attaque des macronistes est limpide depuis le début du quinquennat. D’une main, normaliser la présence du RN au sein des institutions républicaines. De l’autre, chercher à fracturer la Nupes, en tentant d’isoler LFI de ses partenaires et de l’exclure du front républicain. Dès le début du quinquennat, Emmanuel Macron et les siens ont choisi de légitimer le RN (NDLR : Législatives 2022 : seuls 7 candidats Ensemble sur 62 ont appelé à voter pour la Nupes contre le RN au second tour[2bis] en lui permettant d’accéder à deux vice-présidences de l’Assemblée nationale[1], en l’installant comme un parti tout à fait normal. En même temps que Yaël Braun-Pivet peut déclarer que Sébastien Chenu est un « très bon vice-président » de l’Assemblée nationale[2], les sanctions disproportionnées et les déclarations méprisantes à l’égard des députés insoumis se multiplient comme des petits pains. De cordon sanitaire avec le RN, il ne fut pas question, contrairement à « Renew », le groupe libéral au Parlement européen dominé par les macronistes qui a adopté le parti pris inverse. C’est à gauche toute que les flèches sont lancées. Aujourd’hui, Éric Dupond-Moretti ou Aurore Bergé reprennent sans sourciller la formule de Jordan Bardella : « La France incendiaire[3] ».

 

 

- Cette attitude doit se comprendre à l’aune de la tripolarisation de la vie politique[4].
Pour gagner, là où droite et gauche classiques y parvenaient autrefois de façon automatique – jusqu’au crash du 21 avril 2002…-, il faut désormais franchir la barre du second tour de l’élection présidentielle. Macron et les siens partent du principe que le RN sera forcément présent et qu’il leur reste donc à éliminer la gauche et les écologistes. La Nupes devient alors la cible privilégiée. La macronie n’a pas oublié que nous incarnons la première force d’opposition au gouvernement. Avec cette union, nous sommes arrivés en tête au premier tour des législatives : plus de 5,95 millions de voix, soit environ 100 000 de plus que la coalition macroniste. À l’évidence, Renaissance préfère se retrouver face à Marine Le Pen au second tour, espérant que le RN constitue, comme hier, l’assurance-vie de sa victoire. Cette stratégie est d’une dangerosité abyssale. Elle brise les repères historiques. Et, chemin faisant, elle dédiabolise, institutionnalise, banalise l’extrême droite. La macronie devait constituer un barrage au RN mais se révèle une passoire. Or qui peut dire aujourd’hui que le clan Le Pen ne peut pas gagner dans notre pays, comme nous le pensions tous il y a encore quelques années ?

 

 

- Le positionnement de Renaissance n’est pas seulement tacticien. Il correspond aussi à un glissement idéologique. 
En six ans de gouvernement, la pente dévalée est sévère. Partie avec le « ni droite, ni gauche[5] » en bandoulière, la macronie est devenue totalement hémiplégique. En 2018, Macron a rendu hommage à l’action militaire de Pétain. En 2019, il s’est confié à Valeurs Actuelles. En 2023, aucun poids lourd macroniste n’est venu défendre la rédaction du JDD contre la nomination de Geoffroy Lejeune. Et pour la rentrée parlementaire, deux grands textes à droite toute attendent les député.es : l’immigration et le conditionnement du RSA, soit les deux thèmes les plus chers à Marine Le Pen (NDLR : Macron : 7 ans de flirts avec l’extrême-droite[6]).


Désormais, chaque moment de tension politique devient l’occasion de montrer du doigt… la Nupes et plus encore LFI, accusée d’être violente, agitée, outrancière. Le renversement est à chaque fois édifiant. La macronie brutalise la démocratie avec ses 49.3 mais ce sont les insoumis qui auraient délégitimé les institutions républicaines. Elle interdit la manifestation à Sainte-Soline dénonçant une aberration environnementale et l’accueille avec un dispositif policier hors de proportion, préparant ainsi l’escalade de la violence, mais ce sont les manifestants qui sont d’épouvantables « écoterroristes ». Elle est responsable de l’impunité à l’égard des policiers et de la doctrine du maintien de l’ordre ayant débouché sur la mort de Nahel[7], après d’autres, mais ce sont les insoumis qui, défendant la justice et une police républicaine, sont tenus pour responsables des émeutes. On peut discuter de la stratégie des insoumis et de son profil politique mais l’inversion des responsabilités et de ceux qui défendent les principes républicains est proprement insensée.

 

 

- Leur arc réactionnaire
Au même moment, des leaders de la droite ayant longtemps appartenu à des familles très modérées ont basculé dans la surenchère avec les idées d’extrême droite. Pour tenter d’exister, il faut aller encore plus loin que Le Pen. Là non plus, de barrage et de frontière étanche, il n’est plus question. Il n’y a qu’à suivre les déclarations d’Éric Ciotti ou Bruno Retailleau pour s’en convaincre. Comme à chaque moment historique de conflictualité importante entre les dominants et les dominés, la droite fait passer les principes républicains au second plan. Et évidemment, la Nupes en général, et les insoumis en particulier, deviennent l’objet de tous les déchaînements. On commence avec Renaud Muselier qui stigmatise « une gauche sale et débraillée » et on finit avec Othman Nasrou qui affirme que « ce sont les insoumis qui tuent, aujourd’hui, par leur idéologie ».

 

La synthèse de ce grand renversement est donnée par Jean-Pierre Raffarin. L’ancien premier ministre déclarait en 2015 être prêt à travailler avec les socialistes contre « l’ennemi commun », le RN[8]. En 2023, il se félicite car « un front républicain anti-Nupes est en cours de constitution[9] ». Une nouvelle « sainte alliance » serait-elle née contre la gauche, dont toute l’histoire est pourtant marquée par la défense permanente et parfois bien seule des principes républicains ? Ce n’est pas un « arc républicain » mais un arc réactionnaire qui se constitue, se consolide[10]. Comme l’a bien résumé Thomas Legrand dans un édito pour Libération, « confondre l’arc républicain avec le cercle de la raison ou avec la culture gouvernementale est une erreur »[11]. C’est même une faute morale et politique aux répercussions potentiellement désastreuses pour notre pays.

 

 

- Ligne de crête et point de passage
La macronie joue avec le feu et, avec ses alliés, nous tend un piège. Le tout est de ne pas sauter dedans à pieds joints. Sans cesse, nous devons chercher à éviter les termes du débat médiatique et politique voulus par nos adversaires pour tenter d’imposer les nôtres. Par exemple, qu’avions-nous à gagner à l’installation d’un clivage sur le « calme » au moment des révoltes après la mort de Nahel ? Sur le fond, toute la Nupes défend la paix civile et sait combien les citoyen.nes des quartiers touchés par cette rage destructrice aspirent à une situation apaisée. Le sujet central n’est pas de savoir s’il faut ou non le calme mais comment y arriver. Gageons de porter le fer au bon endroit. Et d’éviter, comme le fait systématiquement désormais Fabien Roussel, de souffler sur les braises en se repaissant des angles d’attaque des droites contre Jean-Mélenchon et les insoumis, ou en enterrant la Nupes. C’est sur les solutions qu’il fallait centrer la confrontation avec nos adversaires en mettant en avant le fond commun à la Nupes, bien réel et substantiel[12]. Je ne dis pas que c’est facile devant le tsunami de mises en cause, je pointe la ligne de crête que nous devons inlassablement rechercher : tenir bon sur nos convictions en évitant le piège de la marginalisation. Je sais que nos adversaires, nombreux, se jettent sur le moindre mot pour nous discréditer et tenter de fracasser la Nupes. À nous de chercher à chaque fois le bon angle et les mots justes pour éviter les polémiques qui contournent les enjeux essentiels et nous divisent.

  • Oui, une tentative de déstabilisation à grande échelle est lancée contre nous.
  • Oui, elle est injuste et grossière.
  • Oui, elle vise à empêcher une issue progressiste aux crises que nous traversons, une alternative au néolibéralisme, une avancée pour la dynamique républicaine. La question est celle de notre attitude dans ce moment de grave basculement idéologique et politique.

Où est le point de passage ? Ma conviction est qu’il ne faut donner aucun bâton pour se faire battre et chérir l’union que représente aujourd’hui la Nupes, condition pour gagner.

 

 

- Le pays s’enfonce chaque jour un peu plus dans l’instabilité

Depuis les gilets-jaunes, la politique de Macron conduit à un embrasement permanent. Cette année a été celle d’un niveau de mobilisation exceptionnel, sur le terrain social et écologique. Parce que la voie de la médiation et de la raison a été systématiquement dévoyée, c’est le chemin de la violence qui gagne de plus en plus les esprits, face à l’injustice et à l’aveuglement. La droite se radicalise, des groupuscules néo-nazis se livrent à des ratonnades à Lyon, Lorient ou Nevers, des syndicats de police sont désormais contrôlés par l’extrême-droite[13][14]. En refusant de voir ce phénomène, en contribuant à l’alimenter, Macron et les siens passent à côté de l’histoire et contribuent, par leur surenchère, à la disparition programmée de sa famille politique, gangrénée par le racisme et l’étroitesse de vue.

 

Nous ne sommes décidément pas dans des temps calmes. Au regard de la gravité de la situation politique, notre responsabilité est immense. En dépit d’une Nupes aujourd’hui fragilisée, la perspective d’une victoire de la gauche et des écologistes reste un espoir crédible, un espoir puissant, un espoir que nous devons confirmer.

 

Notes

[0] LFI ne « se positionne pas dans le champ républicain » selon Élisabeth Borne

[1] Assemblée nationale : le RN obtient deux vice-présidents, la gauche s’insurge

[1bis] Il faut arrêter de courir après le RN

[2] Yaël Braun Pivet présidente de l'Assemblée nationale a jugé que le député du RN " n'est pas un bon, mais un très bon vice-président " au Palais Bourbon

[2bis] Législatives 2022 : seuls 7 candidats Ensemble sur 62 appellent à voter pour la Nupes contre le RN au second tour

[3] Tweet du compte « Caisses de grève »

[4] Les 3 blocs et l’avenir de l’Union populaire par Jean-Luc Mélenchon

[5] Emmanuel Macron, ovni politique “ ni de droite ni de gauche ”

[6] Macron : 7 ans de flirts avec l’extrême-droite

[7] Meurtre de Nahel : appel d’une centaine d’organisations contre les violences policières

[8L'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, appelle Les Républicains à " travailler avec le gouvernement car le Front national est un adversaire commun "

[9POUR JEAN-PIERRE RAFFARIN, " UN FRONT RÉPUBLICAIN ANTI-NUPES EST EN COURS DE CONSTITUTION "

[10] « S'il existe encore un barrage pseudo-républicain en France, c'est désormais contre la gauche antilibérale »

[11« Les insoumis ont autant leur place dans l’arc républicain que les sans-culottes« , à lire dans Libération le 7 juillet 2023.

[12J’invite à lire cet entretien croisé dans Médiapart qui, désossé, donne à voir les convergences sur la réforme nécessaire dans la police. L’insoumis Manuel Bompard et le socialiste Philippe Brun sont d’accord pour revenir sur la loi de 2017, en finir avec l’IGPN pour mettre en place une instance indépendante de contrôle de la police, introduire enfin le récépissé pour les contrôles d’identité ou encore investir dans la police de proximité. Ces points d’accords ne sont pas marginaux : ils dessinent bel et bien les contours d’une alternative.

[13Le chef de la DGSI pointe de façon très claire les menaces que font peser sur notre pays l’extrême droite et l’ultra-droite

[14Le terrorisme d'extrême droite s'incruste en France au service de l'extrême droite politique (RN - ZEMMOUR)

 

Pour en savoir plus :

Plutôt Hitler que le Front Populaire dans les années 30, plutôt Le Pen que Mélenchon aujourd’hui

- Retour à la raison sur les révoltes urbaines

 

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21 mai 2023 7 21 /05 /mai /2023 19:30
Martine Billard " NUPES : le scotch du capitaine Haddock ? "

Alors que le bloc bourgeois a clairement choisi l’extrême-droite plutôt que la NUPES, nous ne pouvons leur faire le cadeau de partir divisés et ainsi les installer comme la force politique alternative aux politiques libérales de Macron.

 

Jean-Luc Mélenchon : " NUPES : L’union est une construction, voter pour agir[11] ! "

 

Manuel Bompard : « Sans union aux européennes, la Nupes éclatera[12] » 

 

 

La NUPES[1] est née d’un accord entre les forces de gauche et écologiste après le premier tour de la présidentielle en vue des législatives. C’est un accord à la fois politique et électoral, ce qui n’est pas fréquent au sein de la gauche même si les Verts ont plusieurs fois passé des accords avec le PS. C’est même une grande première en ce qui concerne un accord englobant toutes les circonscriptions de métropole.

 

 

Sources : Martine Billard | mis à jour le 27/07/2023

- Petit retour en arrière pour construire l'avenir

  • 1997 : premier accord politique et électoral entre PS et Verts qui donne pour la première fois des député.e.s aux Verts : 8 mais pas assez pour constituer un groupe autonome (ils rejoindront le groupe RCV avec le Mouvement des Citoyens de Jean-Pierre Chevènement). Yves Cochet et Dominique Voynet deviendront ministres de Jospin. A l’époque le PCF obtient 9,94 % des voix et 34 député.e.s.

 

  • 2002 : l’élection présidentielle est marquée par l’arrivée au second tour de Jean-Marie Le Pen. Les législatives dans la foulée poussent la gauche à se serrer les coudes. Un accord politique minimal est signé entre PS et Verts accompagné d’un accord électoral laissant 58 circonscriptions aux Verts en échange de leur retrait dans 68 circonscriptions au profit du PS. Pour la première fois aussi le PS ne se présente pas dans certaines circonscriptions de député.e.s sortants PCF. Le PS n’a plus que 141 député.e.s (-115) , le PCF 21 (-13) et les Verts 3 (-5) ce qui les obligera à siéger en non-inscrits.

 

  • 2007 : les Verts refusent un accord avec le PS mais ce dernier soutient quand même les 3 sortants ainsi que François de Rugy élu en Loire-Atlantique dans le cadre d’un accord local. Le PS regagne quelques sièges en obtenant 186 mais le PCF continue à en perdre terminant à 15 député.e.s en dessous du nombre nécessaire à l’époque pour constituer un groupe. C’est ainsi que naîtra le groupe GDR regroupant communistes, Verts et des députés ultra-marins.

 

  • 2012 : signature d’un contrat de mandature entre PS et EELV[2], souvent qualifié d’a minima, plus un accord électoral censé garantir 25 à 30 député.e.s EELV en cas de victoire de la gauche. Il y aura 17 député.e.s EELV bien que la gauche ait gagné la majorité à l’Assemblée nationale après la victoire de François Hollande à la présidentielle. Il faut souligner qu’il y a eu une dizaine de dissidents PS contre des candidats EELV malgré l’accord.
    • Le Front de Gauche regroupant le PCF, le PG et d’autres forces va uni aux législatives mais 82 % des circonscriptions sont affectées au PCF. Au final 10 député.e .s sont élu.e.s dont 9 du PCF (-6) et un député PG sortant mais qui quitte rapidement le PG. Bien que le nombre nécessaire à la constitution d’un groupe ait été abaissé à 15, faute de les atteindre le PCF est obligé de continuer avec la formule GDR.

 

  • 2017 : Accord entre le PS et EELV laissant 42 circonscriptions à EELV contre 53 où ils ne se présentent pas face au PS. Mais ils n’obtiendront aucun député et le PS chute à 30 député.e.s. Le bilan du quinquennat Hollande est terrible pour le PS et EELV même si ces derniers n’y sont restés que 2 ans.
    • Le PCF et la France Insoumise n’arrivent pas à un accord. Pour plus de détails je renvoie là[3].
    • Le PCF obtient 10 député.e.s et ne peut toujours pas constituer de groupe communiste. Il choisit de reconduire la formule GDR avec des député.e.s ultra-marins.

👉 Par contre la France Insoumise obtient 17 député.e.s lui permettant de constituer son propre groupe.

 

🔴 Quand on fait un rapide bilan on voit que Les Verts puis EELV n’ont jamais réussi à obtenir des député.e.s hors accord avec le PS et que le PCF reflue depuis 2002, ce qui n’a rien à voir avec la FI qui n’est apparue qu’en 2016.

 

  • 2022 : je renvoie là aussi à mon billet de blog qui explique le contexte politique de l’accord (2017-2022 : deux contextes, deux stratégies[4]).
    • Ce qui s’est traduit par 31 député.e.s pour le PS (contre 30 sortants), 23 pour EELV soit un nombre jamais atteint, 11 pour le PCF (contre 10), 75 pour la FI.

👉 Dans le texte issu de son récent congrès, le PCF répète encore la fable que ses candidats auraient été en meilleure posture pour gagner dans certaines circonscriptions que la FI[5]. Sans vouloir être agressive il faut quand même rappeler que par exemple les circonscriptions 92-11 (Bagneux Malakoff) ou 69-4 (Vénissieux) anciennement communistes et régulièrement perdues par le PCF depuis 10 ans ont cette fois été gagnées par des candidats FI-NUPES. Pour plus de détails, là encore je vous renvoie à un précédent billet de blog (Premier bilan politique des législatives[6])

 

🔴 Donc il faut redire encore une fois que l’accord NUPES a profité à tout le monde en terme d’élu.e.s

 

Il faut d’ailleurs reconnaître que le PS (au moins sa majorité actuelle) et EELV remettent peu en cause les gains électoraux. C’est le contenu programmatique qui est plus souvent attaqué. Pourtant à l’Assemblée nationale nos député.e.s déposent des propositions de loi communes, votent les amendements des uns et des autres. Les désaccords existants étaient signalés dans l’accord[7] comme par exemple celui sur le nucléaire avec le PCF et en moindre mesure avec le PS. Ces attaques donnent donc l’impression qu’elles ont plutôt pour objet de chercher à amoindrir les points d’accord entre les différences forces afin de relativiser les possibilités d’alliance.


- Les élections européennes de 2024
Ces élections ont pour objet d’élire le Parlement européen dont il faut rappeler qu’il n’a pas le pouvoir d’initiative législative qui reste réservé à la Commission européenne et qu’au niveau budgétaire il ne peut qu’intervenir que sur les dépenses mais n’a pas la possibilité de proposer des recettes.

 

  • La première question à se poser pour ces futures élections est de savoir s’il y a la moindre possibilité d’avoir une majorité progressiste dans ce Parlement. Depuis 1999 c’est toujours la droite qui est en tête et le Parlement est géré par un accord de « gouvernement » entre droite et social-démocratie.

- Mais l’extrême-droite hélas se renforce dans de nombreux pays de l’Union et donc aussi au Parlement européen et la tentation d’une alliance de remplacement droite-extrême-droite est de plus en plus présente.

- Dans son billet Manon Aubry précise : " La présidente des socialistes au Parlement européen en a aussi pris conscience. Elle annonce (on attend de voir dans les actes !) que la coopération socialistes-libéraux-droite n’est plus possible, si la droite et les libéraux continuent à se rapprocher de l’extrême-droite "[8].

 

  • Dans ces conditions faire du débat sur Europe Fédérale ou pas le motif ou pas d’un accord est purement idéologique car la question ne se posera pas. La Commission européenne est composée d’un représentant par état et pareil les rapports de force au niveau des différents pays ne laissent pas envisager une bascule à « gauche ».

- La probabilité de modifier l’Union Européenne de l’intérieur n’est donc pas à l’ordre du jour au moins lors de ce renouvellement.

- Or rien n’empêche de préciser pendant une campagne commune pourquoi la question de l’Europe Fédérale n’est pas mise en avant sans que ses partisans renient leurs convictions.

- Comme l’a bien démontré Manon Aubry les différences de positionnement par rapport aux dossiers concrets que les parlementaires européens ont à traiter sont minimes[8].

- Les batailles à mener dans le prochain parlement tourneront encore beaucoup autour des questions de concurrence et de politique écologique pour lesquelles il y a peu de divergences.

 

  • La publication de 2 sondages, IFOP et Harris Interactive, démontreraient la nécessité de partir avec des listes séparées pour avoir plus d’élu.e .s.
SONDAGE. Européennes : le RN confirme sa première place, unie la gauche arrive ex aequo

 

Il y a plusieurs faiblesses à une telle conclusion.

- Les sondages pour les européennes se sont toujours révélés loin des résultats, notamment parce qu’il est très difficile de prévoir le taux de participation, qui est un des plus faibles de toutes les élections écartant de fait les classes populaires.

- Les électeurs perçoivent peu d’enjeux et donc ne votent pas du tout de la même façon que pour les élections nationales ou locales. Ensuite un évènement de dernier moment peut modifier du tout au tout les intentions de vote.

 

  • Mais je suis d’accord avec EELV sur un point (NDLR : sur les positionnements écologistes voir ici[10] ) :

- une liste NUPES ouvrira la voie à une liste écolo divers (conduite par Delphine Batho ?) et une liste PRG-PS dissidents.

- Maintenant les scores proposés dans ce scénario pour ces 2 types de liste me semblent peu crédibles. Or l’effet de seuil est très important puisqu’à 5 % cela donne autour de 4 sièges mais 4,99% c’est zéro.

- De la même façon rien ne dit qu’une liste PCF seul atteindrait les 5 % (l’IFOP les donne à 5 % Harris à 3 % et le score de Brossat en 2019 était de 2,49 % et celui de Roussel à la présidentielle 2,28 %.

Donc la vision de 10 député.e.s de plus en cas de listes séparées est basée sur une hypothèse plus qu’aléatoire.

 

  • Autre obstacle avancé par EELV, leur volonté de faire une campagne européenne. Mais même avec une liste unitaire rien n’empêche que chaque force ait en plus sa propre expression.

 

  • Ensuite ne concevoir l’intérêt de cette élection qu’en terme du nombre d’élu.e.s alors que cela aura peu d’effet sur la majorité à attendre au Parlement est avoir une analyse politique très restreinte des enjeux du moment.

 

 

- Et justement quels sont-ils ces enjeux des élections européennes de 2024 ?

  • Pour l’ensemble de l’Union Européenne, donner un coup d’arrêt à la montée des partis d’extrême-droite et de droite réactionnaire d’autant plus que l’urgence écologique impose des politiques que ces forces refusent totalement, sans oublier évidemment la défense de tous les droits : femmes, LGTBI+, migrants

 

  • Vu le poids de Le Pen dans l’extrême-droite européenne, l’enjeu de limiter le score du RN est fondamental pour l’Union Européenne et pour la France évidemment. Les laisser continuer à progresser aura forcément des répercussions sur la vie politique française.

 

  • Alors que le bloc bourgeois a clairement choisi l’extrême-droite plutôt que la NUPES, nous ne pouvons leur faire le cadeau de partir divisés et ainsi les installer comme la force politique alternative aux politiques libérales de Macron.

 

🔴 Alors oui il faut tout faire pour une liste NUPES avec un programme basé sur les batailles à mener pour les 5 ans de la législature concernée.

 

 

95% des insoumis·es soutiennent une liste NUPES aux élections européennes

 

Notes :

[1] Nupes

[2] Les principaux points de l'accord PS-EELV

[3] Législatives 2017 et candidatures PCF

[4] 2017-2022 : deux contextes, deux stratégies

[5] Le 39è congrès du PCF a abordé les questions de stratégie socialiste

[6] Premier bilan politique des législatives

[7] Programme partagé de gouvernement de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale

[8] Manon Aubry : " Liste commune NUPES aux européennes : je réponds sur le fond aux écologistes "

[9] Unie, la gauche arriverait en tête aux européennes, ex aequo avec le Rassemblement national, selon notre sondage.

[10] Positionnement des écologistes d'EELV

[11] Jean-Luc Mélenchon : voter pour agir !

[12] Manuel Bompard : « Sans union aux européennes, la Nupes éclatera »

 

Pour en savoir plus :

- Européennes 2024: La France insoumise plaide pour une liste commune

- Peut-on imaginer que la Nupes présente des candidatures communes aux élections européennes ? M. Bompard : " Il est trop tôt pour avoir cette discussion. Mais, à titre personnel, je pense qu’on devrait se fixer cette ambition et travailler à cette perspective. S’il y a une volonté partagée, nous devons être en capacité d’y parvenir. Les désaccords sont à relativiser. "

- Européennes : LFI prête à laisser la tête de liste à EELV pour une liste commune

- Le député Insoumis Manuel Bompard plaide toujours pour une liste commune de la Nupes aux européennes.

- Mélenchon annonce une « réunion au sommet » la semaine prochaine pour parler de l’avenir de la Nupes

- François Ruffin insiste pour une liste commune aux Européennes

- Manon Aubry : " Liste commune NUPES aux européennes : je réponds sur le fond aux écologistes "

- Consultation des insoumis : Votez sur l’approfondissement de la NUPES avec une liste commune aux élections européennes !

- Nupes : mais à quoi jouent les communistes ?

- juillet 2023 : PS, PCF et EELV enterrent la NUPES pour les Sénatoriales de 2023

- 95% des insoumis·es soutiennent une liste NUPES aux élections européennes

- Manuel Bompard : « La NUPES doit être à la hauteur de l’Histoire

 

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17 avril 2023 1 17 /04 /avril /2023 08:28
Retraites : Et le Conseil Constitutionnel se coucha à l’heure prévue

Sa décision crée une jurisprudence qui donne à tous les futurs gouvernements le droit de passer en force n’importe quelle réforme sociale,  qui renforce outrageusement l’exécutif et dont pourrait bien profiter Marine Le Pen[1]

 

Le Conseil constitutionnel n'a pas jugé en droit[1bis] !

 

 

L’attente était insoutenable. Les « sages » de la rue de Montpensier allaient-ils retoquer la loi sur les retraites ? Un peu ? Beaucoup ? Passionnément ? A la folie ? Pas du tout ?

Le Parlement a été piétiné. Les syndicats ont été ignorés et humiliés. Les manifestants ont été matraqués, gazés voire mutilés. Et le Conseil Constitutionnel s’est couché, sous la protection des gendarmes mobiles et de leurs blindés.

Le 14 avril, le Conseil Constitutionnel n’a pas seulement validé une loi, il a validé une façon de gouverner. Il a validé le fait de passer en force sans vote, après une procédure d’exception jamais utilisée auparavant, tout en étant minoritaire et mal élu, et face à un énorme mouvement social. C’est la gouvernance du 49-3 et de la grenade qui a été validée.

Dès à présent, cela signifie que ce sera la nouvelle norme. Qu’un autocrate sans légitimité ni majorité peut faire absolument ce qu’il veut, seul contre tous.

Après la décision du Conseil constitutionnel de valider la réforme des retraites, la bataille politique continue. Seule une France à l’arrêt, vraiment et longtemps s’il le faut, pourrait influer le cours de l’histoire.

 

 

Sources : Marugil  | mis à jour le 02/06/2023

-Le 16 mars dernier, Mme Borne annonçait le recours à l’article 49-3 pour faire passer en force la réforme des retraites dans une Assemblée Nationale protégée par des centaines de robocops et les canons à eau.
Un mois plus tard, M. Macron a une nouvelle fois offert au monde l’image d’un régime retranché dans une forteresse que sa garde prétorienne protège des gueux qui l’assaillent. Dans la novlangue du Macronistan, cela porte le doux nom de « chemin démocratique ».

 

Le Conseil Constitutionnel s'emploie à donner un habillage juridique à des décisions politiques qui vont 9 fois sur 10 dans le sens du gouvernement. Comment pourrait-il en aller autrement venant d’un aréopage d’anciens premiers ministres, d’anciens ministres, de hauts fonctionnaires ou ou de magistrats nommés en récompense de leurs services rendus ? Ainsi, l’ancienne directrice de cabinet de M. Dupond-Moretti a été nommée en 2022 par M. Richard Ferrand, alors président de l’Assemblée Nationale. Cinq ans plus tôt, elle était la responsable hiérarchique du procureur qui classa sans suite l’affaire des Mutuelles de Bretagne mettant en cause … M. Ferrand.

 

 

- Quiconque aurait des doutes sur le fait que le Conseil Constitutionnel est presque toujours du côté du manche devrait se souvenir des nombreuses lois scélérates qu’il a validées sans ciller depuis 2017.
Loi du 30 octobre 2017 relative à « la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme » (transposant les dispositions de l'état d'urgence dans le droit commun), loi du 30 juillet 2018 relative à « la protection du secret des affaires » (menaçant la liberté d'informer au motif de protéger les entreprises contre la divulgation d'informations stratégiques), loi du 10 avril 2019 « visant à renforcer et garantir le maintien de l'ordre public lors des manifestations » (portant atteinte à la liberté de manifester sous couvert de lutte contre les « casseurs »), lois d’état d’urgence sanitaire en 2020 et 2021 qui ont porté atteinte à la liberté de circulation, etc… etc. A ces atteintes répétées aux libertés publiques, le Conseil Constitutionnel n'a rien trouvé à redire, se limitant à censurer ici et là quelques dispositions de second ordre.

 

 

- Et maintenant, c'est le tour de casse de nos retraites
Aujourd’hui, les « sages » ont donc décidé de censurer les quelques dispositions introduites à dessein par le gouvernement afin de donner quelques os à ronger au Conseil Constitutionnel (index senior, contrat de fin de carrière pour les seniors, prévention de l’usure professionnelle) (NDLR et obtenir les voix des LR). Mais il a validé l’essentiel d’une loi examinée par le Parlement dans des conditions indignes d’une démocratie. Pour donner entière satisfaction à ceux qui les ont nommés, les gérontes ont également rejeté la demande de référendum d'initiative partagée déposée par les députés et sénateurs de gauche... (NDLR et valide le droit au mensonge pour les ministres : dans un attendu extravagant, il balaie l’absence de sincérité et de clarté des débats, notamment sur les 1 200 € de pension minimale et les mensonges sur le nombre de bénéficiaires).

 

  • Le Parlement a été piétiné. Les syndicats ont été ignorés et humiliés. Les manifestants ont été matraqués, gazés voire mutilés. Et le Conseil Constitutionnel s’est couché, sous la protection des gendarmes mobiles et de leurs blindés.

 

L’ordre règne au Macronistan.

 

 

----------------------------------

 

 

-  Et finalement... que contient le texte définitif de la réforme des retraites ?

Après de trois mois de débats, le Conseil constitutionnel a rendu son verdict sur la constitutionnalité de la réforme des retraites. France 24 fait le point sur les éléments qui ont été conservés et ceux retoqués après les examens de la commission mixte paritaire et du Conseil constitutionnel[3]... Cliquez 👇

 

Que contient le texte définitif de la réforme des retraites ?

 

- L'explication politique et en image de la décision du Conseil constitutionnel... qui n'est pas une décision de droit.

 

 

 

- Globalement...
Avec la jurisprudence issue de cette décision constitutionnelle, les neuf retraités de la rue Montpensier offrent à Emmanuel Macron et à ses successeurs le droit de passer outre le Parlement dès lors qu’une loi a des conséquences financières. On n’ose imaginer ce qu’une Marine Le Pen pourrait faire de cette extension du pouvoir exécutif[1].

 

  • Ne pas avoir mesuré les conséquences potentielles de leur décision, voilà bien leur plus grande faute.

 

 

- Réaction des député•s de l'intergroupe NUPES suite à la décision du Conseil constitutionnel

Avec la participation de notamment Mathilde Panot (LFI-NUPES),  Olivier Faure (SOC), Sandrine Rousseau (ECOLO), Stéphane Peu (GDR).

 

 

... ine fine : Le Conseil constitutionnel au service de Macron[4] !

 

 

- Face à la dérive autoritaire de nos institutions obsolètes, une seule réponse possible

La Ve République est organisée pour tenir les citoyen·nes loin des institutions. Ce régime n’est pas cohérent avec la République sociale, celle de la souveraineté populaire et de l’intervention démocratique des citoyen·nes.

 

Nous vivons dans une monarchie présidentielle issue d'un coup d'état la #6eRépublique s'impose et c'est possible[2].. Dans ce régime de pouvoir personnel, la présidente ou le président de la République cumule les fonctions de chef·fe de l’État et celles de chef·fe de facto du gouvernement et de la majorité parlementaire, en particulier depuis l’instauration du quinquennat et l’inversion du calendrier électoral sur décision de Jacques Chirac et de Lionel Jospin en 2001...

 

CONSTITUANTE Pour une 6e République de l’intervention populaire

 

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11 avril 2023 2 11 /04 /avril /2023 16:35
Le 39è congrès du PCF a abordé les questions de stratégie socialiste
Le 39è congrès du PCF a abordé les questions de stratégie socialiste
Le 39è congrès du PCF a abordé les questions de stratégie socialiste
Le 39è congrès du PCF a abordé les questions de stratégie socialiste
Le 39è congrès du PCF a abordé les questions de stratégie socialiste
Le 39è congrès du PCF a abordé les questions de stratégie socialiste

Fabien Roussel est-il devenu un adversaire de la #Nupes ?[7]

 

En perte de vitesse, le PCF en congrès, renoue avec les dogmes d’antan !

 

 

Le triomphe de Fabien Roussel lors du 39e congrès, qui s'est tenu du 7 au 10 avril 2023 à Marseille, signe aussi le retour d’expressions que les communistes avaient remisées dans les placards de l’histoire, comme celle d’« étape socialiste ». Un retour en arrière qui inquiète ce qui reste d’opposants.

 

 

Sources : Mediapart par Mathieu Dejean | mis à jour le 16/04/2023

- Un congrès moins consensuel qu’escompté ?
Derrière le résultat écrasant réalisé par la direction du Parti communiste français (PCF)[1] et son secrétaire national, Fabien Roussel, réélu haut la main avec 80,4 % des suffrages le 10 avril à Marseille[2], des querelles parfois vives ont divisé les sept cents congressistes réunis dans l’hémicycle du palais du Pharo. Lors de cet exercice de démocratie interne à ciel ouvert (les débats ont été diffusés en direct et sont visibles en ligne), où les délégué·es des différentes fédérations ont proposé des amendements au texte de la direction, une ligne de fracture est apparue sur la vision globale du projet communiste.

 

Durant l’examen de la quatrième partie du texte, intitulée « L’actualité brûlante du projet communiste », deux camps se sont opposés :

  • D’un côté, les partisans de la notion d’« étape » ou de « transition socialiste » (dont beaucoup de militant·es des Jeunesses communistes, qui y avaient consacré une contribution polémique) ;
  • et de l’autre, ceux qui s’appuient sur la théorie du « communisme déjà là » développée par le philosophe Bernard Friot, dont l’ancien secrétaire national, Pierre Laurent.

 

« Le congrès précédent était celui qui visait à sortir de l’effacement communiste. Celui-ci confirme cette volonté, et commence à penser les novations dont nous avons besoin pour remplir notre projet : comment renouer avec le meilleur de notre passé, tout en allant au-delà des symboles ? », résume l’économiste Frédéric Boccara, membre de la direction du PCF.

 

C’est notamment en raison du tournant stratégique survenu lors du congrès de 2018 (où pour la première fois la direction sortante a été mise en minorité, ouvrant la voie à Fabien Roussel) que le texte adopté lors de ce 39e congrès a rejeté le « communisme déjà-là » défendu dans la base commune alternative (le texte des opposant·es à Fabien Roussel[3]), jugé responsable d’une perte de visibilité.

 

 

- Le retour de « l’étape socialiste »
Pour comprendre cette polarisation, il faut se replonger dans l’histoire du PCF, car les deux notions sont très référencées.

  • Dans la sphère communiste, la nécessité d’une « étape socialiste » avant l’avènement du communisme renvoie à une innovation doctrinale associée par les militant·es à Georges Marchais – lui-même s’inspirant de Marx, pour qui il fallait « une première phase de la société communiste ».
  • Après le mouvement de Mai 68 et la crise tchécoslovaque, le PCF éprouve le besoin de se distinguer des pays socialistes : « Parce que l’expérience soviétique s’inscrit dans un contexte historique bien déterminé, il serait absurde de prétendre en faire un modèle impératif », écrivait Marchais dans Le Défi démocratique (Grasset, 1973).

 

Le secrétaire général de l’époque propose alors un socialisme « à la française[4] », dans lequel « les partis d’opposition auront toute leur place » de même que la « propriété privée ». En 1976, lors du XXIIe congrès, le PCF abandonne la « dictature du prolétariat ».

 

« À partir du moment où l’idée d’un projet plus spécifiquement français est affirmée, quelque chose s’est stabilisé autour du gradualisme : de la démocratie avancée au socialisme, puis au communisme », explique Guillaume Roubaud-Quashie, historien et membre de l’exécutif national du PCF. C’est donc une vision renvoyant à l’époque où le parti affirmait sa singularité et où son objectif central était la prise de pouvoir étatique qui a resurgi dans le débat. Une résurgence qui n’enchante pas Pierre Laurent : « C’est une conception datée qui renvoie en permanence le communisme à une utopie lointaine, par des étapes. On s’est débarrassé des modèles du socialisme des pays de l’Est, y revenir est une impasse. »

 

 

- Il y a donc un côté un peu rétro à reposer cette question aujourd’hui, comme pas mal de choses dans ce congrès

Si, pour l’instant, l’option d’un retour de la notion de « socialisme » (devenue taboue depuis l’effondrement de l’URSS et du « socialisme réel ») n’a pas emporté de majorité – le texte désigne le communisme comme un « processus révolutionnaire [qui] aura le caractère d’une transition vers une nouvelle civilisation », et le Conseil national est chargé de construire un débat sur « les conditions de ce processus » –, la direction du PCF voit le retour de ce lexique d’un œil plutôt bienveillant : « On a dit qu’on ne pouvait pas faire de choix prématuré, on a besoin d’un débat approfondi, mais cette envie témoigne d’une prise au sérieux de la question communiste dans le monde actuel », commente Guillaume Roubaud-Quashie.

 

Pour les opposant·es à Fabien Roussel cependant, c’est un regrettable revirement idéologique.
Pendant des décennies, des intellectuels du PCF l’ont aidé à faire son aggiornamento et à considérer que la lutte politique devait désormais prendre appui sur des îlots de communisme capables de déchirer la toile capitaliste, sans dogmatisme. Le philosophe communiste Lucien Sève avait commencé ce travail dans un livre paru en 1990 – Communisme : quel second souffle ? –, puis Bernard Vasseur a prolongé cette réflexion dans différents ouvrages. Le communisme ne devait plus être considéré comme une utopie, mais comme « un combat engagé au présent, une bataille au sein du capitalisme et travaillant à le subvertir en jouant de ses contradictions », soutenait-il par exemple.

 

« Lucien Sève nous a amenés à une lecture différente de Marx, et c’est dans cette voie-là qu’il faut avancer, mais cette réflexion n’est pas allée politiquement à son terme dans le parti, loin s’en faut », regrette Pierre Laurent, qui mesure le retour de bâton interne au moment de quitter ses fonctions dans les instances nationales. « Cela fait plusieurs années que, dans la doctrine du PCF, l’idée qu’il y aurait des étapes a été revisitée pour une construction du communisme vécue comme un mouvement perpétuel. Il y a donc un côté un peu rétro à reposer cette question aujourd’hui, comme pas mal de choses dans ce congrès », abonde le député de Seine-Saint-Denis Stéphane Peu.

 

 

- Un aggiornamento remis en cause
Aujourd’hui, les partisans de cette vision de la politique du PCF se retrouvent sous le terme de « communisme déjà là » forgé par Bernard Friot. Par cette expression, il désigne des enclaves anticapitalistes qui sont en germe dans la société et qui ne demandent qu’à grandir en partant de la base – la Sécurité sociale, le « salaire continué » (et non « différé ») des cotisations retraite, les acquis du communisme municipal ou encore la défense des communs.

 

L’amendement déposé par Émilie Lecroq, secrétaire de section PCF en Seine-Saint-Denis, témoigne de cette tendance : « Le communisme n’est pas une société lointaine, mais un processus continu qui, à partir des conditions réelles, émancipe les individus de la société. » Il a été rejeté par 77 % des congressistes, suivant l’avis de la direction, selon un implacable rapport de force qui s’est répété pour quasiment tous les amendements.

 

« La question que mon amendement soulève est celle du processus qu’on veut pour transformer la société : un processus étatiste qui passe par une prise de pouvoir ultérieure, ou un processus qui s’appuie dès à présent sur des luttes qui entrent en contradiction avec le capitalisme ?, explique-t-elle. Par exemple, si tout le monde n’est pas communiste dans le mouvement féministe, la volonté d’abolir le patriarcat est un levier pour prendre conscience de sa dimension capitaliste. C’est une stratégie de construction populaire. »

 

Celle-ci n’est pas loin d’évoquer la stratégie de « l’union populaire » chère à La France insoumise (LFI)[5], qui la met pour sa part au service de la « révolution citoyenne ». Mais, alors que le PCF s’est rétracté numériquement et que l’essentiel de ses militant·es en veulent désormais à la direction de Pierre Laurent d’avoir cédé aux prétentions " hégémoniques " des Insoumis, cette idée est, par ricochet, discréditée à leurs yeux. « Pierre Laurent soutient que le PCF doit suivre les mouvements, les accompagner, c’est une politique suiviste. Nous, nous pensons qu’il y a des prises de conscience qui ne sont pas spontanées », critique ainsi Frédéric Boccara.

 

 

- Celles et ceux qui ont plaidé pour le « communisme déjà là » ont ainsi été qualifiées de « sociaux-démocrates » ou de « communistes réformistes » pendant les débats.
Les opposant·es à Fabien Roussel, désormais très minoritaires, craignent donc un regain de dogmatisme au PCF, qui coïncide avec la défiance du secrétaire national pour la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes, dont il a été très peu question dans ce congrès). « Beaucoup de communistes noircissent à dessein le tableau, alors qu’il existe des potentiels majoritaires dans la société, parce qu’ils ne correspondent pas tout à fait à ce que l’on dit », regrette ainsi Antoine Guerrero, signataire de la base commune alternative. « Mais dans les mouvements sociaux, les gens pensent moins en termes d’appartenance politique que d’efficacité pour atteindre leurs objectifs », conclut-il.

 

 

-------------------------------------

 

 

🔴 Pour aller plus loin 

 

- Tout est dit par Robert Injey ex secrétaire fédéral du PCF des Alpes-Maritimes !

Après avoir dirigé le Parti communiste français dans les Alpes-Maritimes, Robert Injey s’enorgueillit de n’être plus qu’un militant d’un PCF dont il conteste les vélléités anti-Nupes.
" Les débats internes du PC m’affligent. On assiste à un rétrécissement du parti dans son ambition transformatrice de la société. Taper systématiquement sur Mélenchon et la Nupes, ce n’est pas ce dont a besoin notre peuple. Le Parti communiste n’est pas une fin en soi. C’est un outil qui doit être utile à changer la société.[5bis] "... pour lire la suite, Cliquez 👇

 

Robert Injey, invité de L'interview à la une: "Les débats internes au Parti communiste m’affligent"

 

 

- Manuel Bompard, coordinateur de La France Insoumise : « Fabien Roussel doit arrêter de tirer sur son camp[7] »

Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise : « Roussel doit arrêter de tirer sur son camp »

 

 

- Oui, construisons des collectifs locaux partout en France pour préparer l'alternative dont nous avons besoin !
Voilà une bonne proposition pour constituer une nouvelle étape de la #Nupes, voire un point d'appui pour construire un " Nouveau Front Populaire " ou une " Fédération populaire " comme le proposait Jean-Luc Mélenchon en 2019[6].

Le 39è congrès du PCF a abordé les questions de stratégie socialiste

 

- L’alliance forgée à gauche à l’occasion des législatives de 2022 semble fragile. Beaucoup semblent attendre un acte II de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) et il s’en trouve même pour espérer que ce cadre soit vite « dépassé ».
C’est le cas du député Fabien Roussel, secrétaire national Parti communiste français. Celui-ci ne manque aucune occasion de critiquer ses alliés et a même commencé à se rapprocher de Bernard Cazeneuve, l’ancien premier ministre de François Hollande. Est-il déjà venu le temps de faire le deuil de cette alliance inespérée des partis de la gauche ?

 

 

Notes :

[1] Résultat du vote des communistes pour le choix de la base commune du 39e Congrès du PCF

[2] Congrès du PCF : Fabien Roussel réélu à la tête du parti après une victoire écrasante

[3] Au PCF, l’opposition à Fabien Roussel fait entendre sa voix

[4] Rapport de M. Georges Marchais, secrétaire général du PCF, devant Le 24ème congrès du parti sur la stratégie du PCF, Saint-Ouen le 3 février 1982.

[5] Jean-Luc Melenchon : après l'union de la gauche, vite L'UNION POPULAIRE !

[5bisRobert Injey, invité de L'interview à la une : " Les débats internes au Parti communiste m’affligent "

[6] Fédération populaire : comment ça marche ?

[7] Manuel Bompard, coordinateur de La France Insoumise : « Roussel doit arrêter de tirer sur son camp »

 

Pour en savoir plus :

- Les dérives inacceptables de Fabien Roussel.

- Pourquoi la bourgeoisie adore-t-elle le « communiste » Fabien Roussel ?

Fabien Roussel : le communiste préféré de la droite

- Fabien Roussel contre la gauche

- Fabien Roussel, Don Quichotte d’un communisme introuvable

- La faute politique de Fabien Roussel secrétaire national du PCF

- Fabien Roussel et le 39ème congrès du PCF

- PCF : Fabien Roussel, acte II

- FABIEN ROUSSEL ET BERNARD CAZENEUVE SE SONT RENCONTRÉS

- L'alliance de gauche "Nupes est dépassée", juge le communiste Fabien Roussel

- Scandale : Fabien Roussel tend la main à Gérald Darmanin et Bernard Cazeneuve !

- Nupes : mais à quoi jouent les communistes ?

 

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18 janvier 2023 3 18 /01 /janvier /2023 09:51

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12 janvier 2023 4 12 /01 /janvier /2023 09:59
Retraites : l’heure de vérité... et de la mobilisation est venue !
Retraites : l’heure de vérité... et de la mobilisation est venue !
Retraites : l’heure de vérité... et de la mobilisation est venue !

La retraite à 64 ans : travaillez plus, pour gaver plus[1] !

 

... première action : signer la pétition 👉 ICI 

 

Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, la secrétaire d’État à l’Économie sociale et solidaire, Marlène Schiappa, et même Emmanuel Macron ont un point commun : il y a peu, tout report de l’âge de départ à la retraite leur apparaissait comme une véritable arnaque[1bis].

 

 

Emmanuel Macron est " déterminé ", ne cesse-t-il d’affirmer. Il veut laisser son empreinte, avec cette réforme, lors de son dernier quinquennat. Il ne laissera pas s’éterniser les débats à l’Assemblée nationale soit il reçoit le soutien des Républicains, déjà quasiment acquis, soit il utilise le 49-3 (NDLR : voir il intègre la réforme dans un projet de budget de la Sécu rectificatif, cette option pourrait permettre à l’exécutif d’éviter d’avoir recours à un 49-3 en jouant sur les délais d’examen des lois de financement de la Sécu prévus à l’article 47-1 de la Constitution. Au bout de 20 jours de débat à l’Assemblée, le texte pourrait être transmis sans vote au Sénat[2]). 
Pourtant, cette réforme est rejetée par 8 Français sur 10. Toutes les organisations syndicales y sont opposées et sont déterminées à construire, ensemble, des mobilisations unitaires, avec grèves et manifestations, en janvier et février.
Cela fait trente ans que des réformes sont présentées comme le seul moyen de « sauver le système », soit en reculant l’âge de départ à la retraite, soit en augmentant le nombre des annuités de cotisations, soit, comme maintenant, en procédant à ces deux régressions cumulées.
Pourtant, dans son dernier rapport, sorti en septembre 2022, le Conseil d’orientation des retraites (COR) affirme : « Les résultats de ce rapport ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite. »
Explications.

 

 

 PREMIER ARTICLE SUR LA RÉFORME MACRON... ICI 👉 : " Retraites : réforme Macron, un recul social sans précédent "

 

 

Sources : Yves Mestas | mis à jour le 18/02/2023

 

DEUXIÉME VOLET : L'HEURE DE VÉRITÉ... ET DE LA MOBILISATION SONT VENUES ! 👇

 

- Élisabeth Borne, Première ministre, vient d’annoncer le projet de réforme des retraites, dont le cœur est le report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans et une accélération de l’allongement de la durée de cotisation à 43 annuités.
Réforme qui sera présenté en conseil des ministres le 23 janvier, puis mis en débat à l’Assemblée nationale début février, pour un vote avant la fin du premier trimestre.

  • Quand Emmanuel Macron trouvait "hypocrite" de décaler l'âge légal de départ à la retraite
    Pourtant, Emmanuel Macron, le 25 avril 2019, tenait des propos bien différents : « Quand on est peu qualifié, quand on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver à 62 ans ! C’est ça, la réalité de notre pays ! Et on va expliquer aux gens : travaillez plus longtemps, jusqu’à 64 ans ! Franchement ce serait hypocrite de décaler l’âge légal[3] »
  • Décembre 2022, changement du discours d’Emmanuel Macron, sur TF1 : « Sans cette réforme, notre système de retraite par répartition est en danger. »
  • Ainsi, outre Emmanuel Macron, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, la secrétaire d’État à l’Économie sociale et solidaire, Marlène Schiappa, ont un point commun : il y a peu, tout report de l’âge de départ à la retraite leur apparaissait comme une véritable arnaque[1bis].

 

Alors, pourquoi ce revirement ?

Durant la campagne présidentielle 2022, le candidat Emmanuel Macron a signé le programme de stabilité envoyé à Bruxelles, qui spécifiait : « Ce programme de stabilité (est) en faveur (…..) de  la compétitivité des entreprises : c’est par exemple le cas de (…..) la baisse des impôts de production dès 2023. (…..) La maitrise des dépenses publiques repose principalement sur des réformes structurelles, la réforme des retraites notamment[4]. »

 

 

- Huitième réformes en trente ans
Depuis 1993, les attaques contre le système de retraite se succèdent, sous tous les gouvernements. C’est la huitième fois, depuis ternet ans, qu’un gouvernement entend réformer le système des retraites. Les discours se suivent et se ressemblent, depuis des décennies : « Il faut le réformer pour le sauver, car il est gravement déficitaire. » Cela fait donc trente ans que des réformes sont présentées comme le seul moyen de « sauver le système », soit en reculant l’âge de départ à la retraite, soit en augmentant le nombre des annuités de cotisations, soit, désormais, en procédant à ces deux régressions cumulées. Régulièrement, gouvernements, ministres, experts et médias inféodés expliquent qu’il faut faire une nouvelle réforme pour « sauver les retraites ». Mais ces réformes sont avant tout idéologiques.

 

 

- Que dit le Conseil d’orientation des retraites ?
Notre système de retraite serait donc en danger ? Ce n’est pas l’avis du Conseil d’orientation des retraites (COR). Créé en 2000, le COR est une structure rattachée à Matignon (Premier ministre), difficilement soupçonnable de positions gauchistes. Son rapport annuel est attentivement scruté par l’ensemble de la classe politique. Dans son dernier rapport de septembre 2022, nous pouvons lire : « Les résultats de ce rapport ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite[5]. »

 

 

🔴 Remise des pendules à l'heure pour démasquer les mensonges de Macron et ses sbires :
Assemblée nationale 19 janvier 2023 : " Les dépenses de retraites ne dérapent pas, elles sont relativement maîtrisées, dans la plupart des hypothèses, elles diminuent plutôt à terme ", indique le président du Conseil d'orientation des retraites (COR) Pierre-Louis Bras. 👇

 

 

🔴 Pour l'’économiste Gilles Raveaud chez BFM Business : « Il n’y a pas de problème de financement des retraites. » 👇

 

L’économiste Gilles Raveaud chez BFM Business : « Il n’y a pas de problème de financement des retraites. »

 

Notre système de retraite a enregistré un excédent de 900 millions d’euros en 2021, malgré la crise sanitaire. Celui-ci est de 3,2 milliards d’euros pour 2022. Pour évaluer la situation des années à venir, le taux de chômage a son importance. Le gouvernement prévoyait un taux de chômage de 8,4% en 2027. Il a révisé ses chiffres et prévoit maintenant 5% de chômage pour 2027. Dans ces projections, le COR se base sur les estimations gouvernementales jusqu’en 2027. Au-delà, il établit ses propres hypothèses. Le COR prévoit, 7% de chômage en 2032 ; il est donc obligé de simuler une récession entre 2027 et 2032 dans ses calculs. Ce qui lui permet de faire, prudemment (notez le conditionnel), cette hypothèse : « La situation financière du système de retraite se détériorerait avec un déficit allant de -0,5% de PIB à -0,8% de PIB », dans les 10 prochaines années. Cela représente environ 10 milliards d’euros par an, soit moins de 3% du budget des retraites qui est de 340 milliards d’euros. Un déficit faible et contrôlé, selon le rapport du COR : « À plus long terme, de 2032 jusqu’à 2070, malgré le vieillissement progressif de la population française, la part des dépenses de retraite dans la richesse nationale serait stable ou en diminution. »

 

Retraites : l’heure de vérité... et de la mobilisation est venue !

Le haut-commissaire au Plan, François Bayrou, qui soutient le président Macron, évoque une autre piste que celle du gouvernement. Elle consisterait à augmenter d’un point les cotisations patronales retraite, qui passeraient de 16,5% à 17,5% du salaire brut, et rapporteraient 7,5 milliards d’euros[6].

 

Car, le faible déficit des retraites à venir n’est pas la conséquence d’une dynamique incontrôlée des dépenses, mais bien d’un manque de ressources. L’octroi de primes (non-soumises à cotisation) en concurrence des augmentations de salaires, comme la « prime Macron » par exemple, est monnaie courante, depuis plusieurs années. De même, les exonérations de cotisations sur les bas salaires accordées aux entreprises assèchent la ressource des rentrées de cotisations dans les caisses de retraites[7].

 

Capitalisation vs/ répartition : le vrai match de cette réforme

 

 

- Les séniors sont évincés du marché du travail avant 62 ans
En 2021, selon la Dares[8] (service statistiques du ministère du travail), le taux d’emploi des plus de 60 ans est de 35,5%. Les entreprises poussent les salariés âgés vers la sortie, via des dispositifs comme les plans de départ volontaire, les ruptures conventionnelles en fin de carrière… Un phénomène qui ne touche pas que les ouvriers ; les cadres grisonnants sont, eux aussi, dans le viseur des employeurs. Pour les ouvriers, à 61 ans, le taux d’emploi est de 28% ; pour les sans diplôme, le taux est de 25%. Autant d’assurés sociaux qui sont en salle d’attente du « ni ni », c’est-à-dire ni en emploi ni en retraite.

 

Cela signifie que plus de 60% d’entre eux sont, soit au chômage suite à licenciement, soit en maladie, soit en invalidité, soit au RSA. Comme le dit le rédacteur en chef du magazine Santé & travail, « pour eux, reculer l’âge de départ, c’est les laisser dans la perspective de toucher une retraite plus faible puisqu’ils auront moins cotisé ». Selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), le taux de pauvreté des séniors ni en emploi ni en retraite atteint déjà, en effet, 32%[9] !

  • Les économies réalisées dans les caisses de retraites, ce sont les caisses de l’assurance-chômage, de l’assurance maladie et des minimas sociaux qui seront sollicitées pour les compenser.
Retraites : l’heure de vérité... et de la mobilisation est venue !

 

- La retraite à 64 ans génère-t-elle des économies ?
Le Trésor a calculé, fin janvier, les économies réalisées avec un passage progressif de l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans, à raison de trois mois de plus par an. Résultat, le solde du système s’améliorerait de 0,3% de produit intérieur brut (PIB), (environ 7,5 milliards d’euros à la valeur actuelle du PIB) d’ici 2027, et de 0,5% (12,5 milliards d’euros) d’ici 2032.

 

Une partie des économies réalisées sur les comptes des retraites sont annulées par l’augmentation des dépenses pour d’autres branches de la sécurité sociale ou pour les départements en charge d’une partie croissante de l’aide sociale[10]. Eloigner l’horizon de la retraite nécessite, pour certaines personnes, de rallonger les périodes de chômage, d’arrêt maladie ou de RSA. La Dares chiffre à 1,3 milliard d’euros les allocations chômage supplémentaires à verser avec un passage à 64 ans, tandis que la Drees évalue à 3,6 milliards d’euros la hausse du coût des autres prestations sociales ! Au total, cela représente environ 0,2% de PIB.

 

  • A contrario, le report de l’âge légal génère aussi des recettes pour les comptes publics. Tous ceux qui restent en emploi payent plus d’impôt sur le revenu et aussi de CSG, de même qu’ils continuent de cotiser aux différentes caisses… Le Trésor prévoit ainsi une hausse de 0,6% de PIB.

 

Au total, entre l’amélioration du solde des retraites (+0,5% de PIB), la hausse des dépenses des autres branches de la sécu (-0,2%) et les autres recettes (+0,6), le Trésor en conclut qu’un report de l’âge légal à 64 ans réduirait le déficit public de 0,9% de PIB dans 10 ans.

 

🔶 Retraites : la raison de ne pas faire comme nos voisins européens ? ▶️ Les retraités sont plus pauvres dans les pays où l’âge de départ est plus élevé. Simple, basique.

 

 

- Travailler plus longtemps, même pour les carrières longues et pénibles
🔴 Cette réforme reporte progressivement l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans, mais avec une accélération de la loi Touraine-Hollande[11] pour atteindre les 43 annuités de cotisations (172 trimestres) en 2027 au lieu de 2035. L’âge d’annulation de la décote restera à 67 ans.

  • La réforme s’appliquera ainsi, à partir du 1er septembre 2023 (voir le tableau, ci-dessous) :
  • Pour les personnes nées en 1961, départ possible à 62 ans et trois mois ;
  • Pour les personnes nées en 1964, départ possible à 63 ans ;
  • Pour les générations nées en 1968 et après, départ possible à 64 ans, à condition d’avoir 43 années de cotisations, soit 172 trimestres.

 

 

🔴 Les petites pensions des retraités actuels et des futurs retraités seraient revalorisées à hauteur de 100 € brut par mois, à compter du mois de septembre 2023... pour atteindre ultérieurement quasiment 1 200 € brut, soit 85% du SmicA condition d’avoir une carrière complète !

 

🔴 Les « carrières longues » et les « métiers pénibles » devront travailler plus longtemps, alors qu’il est déjà difficile aujourd’hui de bénéficier de ces reconnaissances. En 2022, seulement 125 784 personnes sont parties de manière anticipée à la retraite, grâce au dispositif « carrière longue », selon le ministère du Travail.

 

🔴 Actuellement pour profiter d’un départ anticipé pour « carrière longue », il faut avoir cotisé quatre ou cinq trimestres avant la fin de ses 18 ans, pour un départ à 58 ans, ou avoir cotisé quatre ou cinq trimestres avant la fin de ses 20 ans pour un départ à 60 ans.

 

🔴 Selon Élisabeth Borne, la réforme Macron sera « une amélioration pour les carrières longues ». En réalité, le départ sera toujours anticipé de deux, quatre ou six ans avant l’âge légal (64 ans), mais en travaillant donc deux ans de plus :

  • Ceux qui ont commencé à travailler à 14 ans, pourront partir à 58 ans ;
  • Ceux qui ont commencé à travailler à 15 ans, pourront partir à 59 ans ;
  • Ceux qui ont commencé à travailler à 16 ans, pourront partir à 60 ans, contre 58 ans actuellement ;
  • Et ainsi de suite…

 

 

🔴 Les « métiers pénibles » devront également travailler plus longtemps. Pourtant, en 2022 déjà, seulement 9596 personnes ont bénéficié du dispositif « pénibilité », selon le ministère du travail. Actuellement, un compte pénibilité existe, qui permet de bénéficier d’un départ anticipé au mieux de deux ans. Les critères de pénibilité qui sont pris en considération ne sont plus qu’au nombre de six ; ils étaient dix auparavant, mais quatre d’entre eux ont été supprimés en octobre 2017, soit cinq mois seulement après l’arrivée au pouvoir du président Macron. De quoi faire douter d’une réelle volonté d’améliorer ce dossier.

  • Pourtant de nombreux métiers devraient être mieux pris en compte : ouvriers de l’industrie ou du BTP, agents d’entretien, aides à domiciles, caissières…

 

 

🔴 Par ailleurs, les « régimes spéciaux » seraient supprimés. Les nouveaux embauchés à la RATP, dans la branche industries électriques et gazières (IEG) et à la Banque de France seront notamment affiliés au régime général pour la retraite, a précisé la cheffe du gouvernement. Ce « chiffon rouge » a toujours été utilisé par les gouvernements pour opposer les salariés les uns aux autres, monter l’opinion publique contre une catégorie de salariés, afin d’imposer une régression des droits existants ou futurs de l’ensemble des régimes. L’anticipation de départ à la retraite pour certaines fonctions professionnelles, pour des raisons de pénibilités, comme à la RATP, dans les IEG, à la SNCF, etc., devrait, au contraire, être étendue à de nombreux salariés du privé. Une exception au système général reste néanmoins prévue par le projet Macron pour les professions libérales, les avocats, ainsi que pour les marins, les salariés de l’Opéra de Paris et de la Comédie française.

  • Les fonctionnaires qui exercent des métiers pénibles (dits « de catégorie active ») verraient, en revanche, leur âge de départ lui aussi repoussé de deux ans. Concrètement, les pompiers, policiers ou infirmiers pourraient alors faire valoir leurs droits à la retraite à 54 ou 59 ans, selon le métier exercé, contre 52 et 57 ans actuellement.

 

Par William Martinet député France insoumise #nupes ⚠️ Retraite minimum à 1200€ ? Mensonge ! 🕐 2 minutes pour comprendre la dernière arnaque du gouvernement. #StopRetraiteMacron #ReformesDesRetraites

 

-  L’heure de vérité
Emmanuel Macron est déterminé, ne cesse-t-il d’affirmer. Il veut laisser son empreinte, avec cette réforme, lors de son dernier quinquennat. Il ne laissera pas s’éterniser les débats à l’Assemblée nationale :

  • soit il reçoit le soutien des Républicains, déjà quasiment acquis ;
  • soit il utilise le 49-3 ;
  • (NDLR : voir il intègre la réforme dans un projet de budget de la Sécu rectificatif, cette option pourrait permettre à l’exécutif d’éviter d’avoir recours à un 49-3 en jouant sur les délais d’examen des lois de financement de la Sécu prévus à l’article 47-1 de la Constitution. Au bout de 20 jours de débat à l’Assemblée, le texte pourrait être transmis sans vote au Sénat[2]). 

 

🔴 Pourtant, cette réforme est rejetée par 8 Français sur 10[12].

  • 60% des Français disent "soutenir" ou éprouver de la " sympathie " à l'égard de la mobilisation contre la réforme des retraites[13] ;
  • Le soutien à la mobilisation contre la réforme des retraites monte à 67% chez les employés, 65% chez les ouvriers et 68% chez les 50-64 ans[13] ;
  • 46% des personnes interrogées se disent prêtes " à se mobiliser " contre le projet du gouvernement " dans les prochaines semaines.[13] "

 

Toutes les organisations syndicales y sont opposées et sont déterminées à construire, ensemble, des mobilisations unitaires, avec grèves et manifestations, en janvier et février.

  • Réunis à la Bourse du travail, à Paris, les syndicats – la CFDT, Force ouvrière, la CFE-CGC, l’Unsa, Solidaires, la CFTC, la FSU et la CGT – ont appelé, mardi 10 janvier, les salariés à se mobiliser « fortement », lors d’une première journée de manifestations et de grève, le jeudi 19 janvier.

                              👇                                                                    Elles ont reçu le soutien politique de la #Nupes

COMMUNIQUÉ INTERSYNDICAL - RETRAITES : PREMIÈRE JOURNÉE DE MOBILISATION LE 19 JANVIER

👇                               

Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale - NUPES 11 janvier 2023

 

 

 

-  Une autre solution : le programme partagé de gouvernement de la NUPES[14]
📌 Garantir une retraite digne, ce qui signifie :

  • Restaurer le droit à la retraite à 60 ans à taux plein pour toutes et tous après quarante annuités de cotisation avec une attention particulière pour les carrières longues, discontinues et les métiers pénibles ;
  • Maintenir l’équilibre des retraites en soumettant à cotisation patronale les dividendes, participation, épargne salariale, rachats d’actions, heures supplémentaires, en augmentant de 0,25% par an le taux de cotisation vieillesse et en créant une surcotisation sur les hauts salaires ;
  • Rétablir les facteurs de pénibilité supprimés par Emmanuel Macron ;
  • Porter à minima au niveau du SMIC revalorisé toutes les pensions pour une carrière complète, et le minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté ;
  • Prendre en compte le revenu de solidarité active (RSA) pour valider des trimestres en vue de la retraite ;
  • Indexer le montant des retraites sur les salaires ;
  • Interdire au Fonds de réserve pour les retraites d’investir dans des secteurs polluants ;

📌 Augmenter les salaires et réduire les inégalités salariales dans l’entreprise :

  • Porter immédiatement le SMIC mensuel à 1 500 € net et accompagner les TPE/PME ;
  • Organiser une conférence sociale générale sur les salaires ainsi que dans chaque branche, qui aborderont notamment :
    • les augmentations de salaires, notamment pour les métiers occupés majoritairement par des femmes dans les secteurs du soin, du lien et du contact ;
    • les écarts de salaires : limiter l’écart de 1 à 20 entre le salaire le plus bas et celui le plus haut dans une entreprise ;
    • la répartition de la valeur : fixer un seuil minimal pour les revalorisations salariales, afin que la somme consacrée aux revalorisations salariales soit au moins égale à la croissance du retour à l’actionnaire (dividendes et rachats d’actions) ;
    • l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes (salaires, formations, carrière, promotions…) : augmentation des sanctions financières et pénales (amendes, refus d’attribution de marchés publics), création de commissions de contrôle salarié dans les entreprises ;
    • la formation, les parcours professionnels et les conditions de travail ;
  • Revaloriser le traitement des fonctionnaires et dégeler le point d’indice ;
  • Interdire les parachutes dorés et les retraites chapeaux ;
  • Supprimer les stock-options.

 

« Pour nos retraites, une seule solution, faire front ensemble » : 250 syndicalistes appellent à la grève du 19 et à la marche du 21 janvier[15] !

 

Retraites : l’heure de vérité... et de la mobilisation est venue !

Notes :

[1La retraite à 64 ans : travaillez plus, pour gaver plus

[1bis] Quand les (futurs) macronistes fustigeaient la retraite à 64 ans

[2] Retraites : après le 49-3, découvrez le 47-1, l’autre arme du gouvernement pour faire passer la réforme à l’Assemblée

[3] Quand Emmanuel Macron trouvait "hypocrite" de décaler l'âge légal de départ à la retraite

[4] La maitrise des dépenses publiques repose principalement sur des réformes structurelles, la réforme des retraites notamment comme le Président de la République s'y est engagé au cours de la campagne électorale. L'effort de maîtrise est réparti entre l'État, les collectivités territoriales et la sécurité sociale.

[5Rapport annuel du COR septembre 2022 - Evolutions et perspectives des retraites en France

[6] Réforme des retraites : François Bayrou veut « éclairer » l ....

[7] Pouvoir d'achat : pourquoi les primes sont une arnaque ?

[8] En 2021, selon la Dares (service statistiques du ministère du travail), le taux d’emploi des plus de 60 ans est de 35,5%.

[9] Pauvreté : 32% des seniors sans emploi ni retraite vivent sous le seuil de pauvreté en France

[10] Quel est le rôle du département en matière d'aide sociale ?

[11] Aujourd'hui, sur la remise en cause de nos retraites, E. Borne dit entrer dans le cadre de la réforme Touraine de Hollande et du PS de l'époque

[12] SONDAGE EXPLOSIF : 80% des Français sont contre la retraite à 64 ans

[13] SONDAGE BFMTV - 60% DES FRANÇAIS APPROUVENT LA MOBILISATION CONTRE LA RÉFORME DES RETRAITES

[14Programme partagé de gouvernement de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale

[15] « Pour nos retraites, faire front ensemble » : 250 syndicalistes appellent à la grève du 19 et à la marche du 21 janvier

 

Pour en savoir plus :

- Petit guide contre les bobards de la réforme des retraites

- Retraite à 64 ans : Élisabeth Borne déclare la guerre sociale à 80% des Français

- Qui ne sera pas dans la rue le 19 janvier 2023 pour s’opposer à la retraite à 64 ans ?

- Scandale : 157 milliards d’aides pour le CAC40 et pas 10 milliards pour financer nos retraites ?

Capitalisation vs/ répartition : le vrai match de cette réforme

- Pour les salariés de plus de 60 ans, un taux de sortie de CDI plus bas dans les petites entreprises

- La réforme des retraites, un non-sens écologique

ATTAC. : les sept perfidies de la réforme des retraites 2023

Avertissement : 9 000 morts supplémentaires avant la retraite si Macron fait passer sa réforme

- Retraite à 64 ans : travaillez 2 ans de plus pour financer les cadeaux aux assistés d’en haut

- Femmes, pauvres, carrières incomplètes… quelles sont les premières victimes des inégalités entre les retraites ?

- Retraite à 64 ans : le coup fatal de Macron aux associations ?

- Retraites : une taxe de 2% sur la fortune des milliardaires français suffirait à financer un éventuel déficit

- Les retraites par leur histoire

- Communiqué du groupe parlementaire LFI-NUPES : L’Assemblée nationale n’a pas voté la retraite à 64 ans

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12 décembre 2022 1 12 /12 /décembre /2022 15:56
Au PCF, l’opposition à Fabien Roussel fait entendre sa voix
Au PCF, l’opposition à Fabien Roussel fait entendre sa voix

« Il y a la tentation de la direction de faire un congrès pour ou contre Fabien Roussel. Or le fond du débat est stratégique »

 

Après un Conseil national tendu, le projet de la direction du parti communiste pour le prochain congrès[1] n’a obtenu que 58 % des suffrages exprimés. Un appel signé par trente-cinq cadres critique une perte de boussole idéologique. Un événement, dans un parti aux habitudes légitimistes.

 

 

Sources : Mediapart par Mathieu Dejean | mis à jour le 30/01/2023

-  Est-ce un début de fronde ?
Les oppositions internes à Fabien Roussel, élu il y a quatre ans sur la promesse d’une réaffirmation identitaire du Parti communiste (PCF), sont sorties de leur réserve lors d’un conseil national (CN) tendu, les 3 et 4 décembre à Paris. Alors que le parti centenaire prépare son 39e congrès, prévu à Marseille (Bouches-du-Rhône) début avril 2023, le résultat du vote sur le projet de « base commune » de la direction, censé fixer les grandes orientations pour les quatre prochaines années, témoigne d’une défiance qui gagne du terrain.

 

Le texte présenté par la direction a certes obtenu 58 % des suffrages exprimés par les membres du CN (composé de la direction et des cadres intermédiaires du parti) : 84 voix pour, 55 contre et 5 abstentions sur 185 inscrits. Sur le papier, Fabien Roussel peut donc se targuer d’avoir obtenu une majorité (qui n’équivaut cependant qu’à 45 % du total des membres du CN, en comptant les absent·es).

  • « Ce résultat montre qu’il y a un débat dans le parti, mais qu’une très large majorité de la direction, des secrétaires départementaux – et je suppose des adhérents – se retrouvent dans l’orientation proposée », défend Christian Picquet, proche du secrétaire national, qui préside la commission du texte. Il voit même dans ce résultat « l’indice d’une progression significative », car la proposition de candidature de Fabien Roussel à la présidentielle n’avait obtenu que 52% des voix du CN en 2021.

 

 

-  La fracture
Il n’en demeure pas moins que le PCF est « fracturé en deux », comme le dit l’ancienne secrétaire nationale de l’Union des étudiant·es communistes (UEC), Anaïs Fley, qui siège au CN. Le « grand parti de la classe ouvrière » avait en effet habitué ses adhérent·es à davantage de légitimisme : « Ce n’est pas dans la culture communiste d’avoir un résultat comme celui-ci. D’habitude on évite d’avoir des votes qui se divisent. Là, il y a eu un gros débat sur le texte, qui n’a pas évolué car son sens n’était pas amendable », décrit Hadrien Bortot, secrétaire de section dans le XIXe arrondissement de Paris, présent ce week-end sous la coupole de Colonel-Fabien, le siège du PCF.

 

Signe supplémentaire de crispation : à la demande de Fabienne Haloui, secrétaire fédérale du PCF du Vaucluse, le vote s’est fait à bulletin secret, ce qui a irrité la direction. « Ce n’est pas commun au PCF de faire un vote à bulletin secret, confirme Christian Picquet. Je ne suis pas convaincu que ça avait véritablement un objet, mais c’est de droit dans nos statuts, et on y a accédé, ça ne nous a pas effrayés. »

 

Mardi 6 décembre, trente-cinq membres du CN ont cependant signé un appel confirmant l’ouverture d’un front oppositionnel. Parmi les signataires, des habitué·es de la fronde qui avaient notamment soutenu le texte « Pour un printemps du communisme » en 2018 (12 % des suffrages exprimés), comme Frank Mouly. Mais aussi des proches de l’ancien secrétaire national, Pierre Laurent, qui n’ont pas pour habitude de sortir du rang.

 

🔴 « Il y a la tentation de la direction de faire un congrès pour ou contre Fabien Roussel. Or le fond du débat est stratégique ». Hadrien Bortot, membre du Conseil national

 

Ils affirment que le texte de la direction « ne fait pas base commune », et regrettent en particulier une « non-prise en compte du risque imminent de prise de pouvoir par l’extrême droite » et « l’absence de discussion ouverte sur la Nupes et sur la conception du rassemblement portée par le PCF ». « Il y a la tentation de la direction de faire un congrès pour ou contre Fabien Roussel. Or le fond du débat est stratégique, politique, il s’agit d’une vision de ce que doit être le PCF dans la gauche », commente Hadrien Bortot, un des signataires. S’ils réunissent trois cents cotisants venant d’au moins trente fédérations d’ici le 8 janvier, il y aura donc une base commune alternative de leur part.

 

En cause, des divergences sur le bilan électoral du parti ces quatre dernières années : « L’objectif de la direction est de dire qu’on a volé de victoire en victoire pendant quatre ans… Comment construire une suite qui ait un tout petit peu d’efficacité à partir d’un bilan aussi déconnecté de la réalité ? », s’inquiète ainsi Frank Mouly, qui a manifesté sa « surprise » au CN.

 

Les communistes se divisent aussi sur l’analyse de la présidentielle. La direction met le score décevant de Fabien Roussel (2,3 % des suffrages exprimés) sur le compte de « l’hyper-présidentialisation de la vie politique » dont aurait bénéficié Jean-Luc Mélenchon. La stratégie de celui-ci, qualifiée à plusieurs reprises dans le texte de « populiste de gauche », aurait permis de répondre à « l’attente de radicalité de certains secteurs de la société et de tout un pan de la jeunesse, mais [en] ignorant délibérément la question stratégique clé de la reconquête des fractions du monde du travail qui se sont détournées de la politique ».

 

 

-  Le spectre de l’extrême droite
Quant à la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes), elle a atteint un « plafond de verre », lit-on dans le texte qui sera bientôt envoyé aux adhérent·es. « Manifestement, Jean-Luc Mélenchon pense que le monde du travail, le salariat, doit se fondre dans un peuple qu’il mythifie, critique Christian Picquet. Il dit que le peuple est le nouvel acteur du changement, qui a son expression politique à travers LFI. Nous, nous disons que l’acteur du changement est le monde du travail, qui est la force motrice de l’union de tous ceux qui ont intérêt au dépassement du capitalisme. »

 

Cette manière de suggérer, en creux, que la Nupes serait le réceptacle d’une gauche « sans le peuple » a été contestée pendant le CN par des délégués soucieux de travailler au rassemblement à gauche. « Le rôle du PCF serait, pour la direction, d’aller conquérir des électorats des zones rurales et périphériques, mais poser la question en ces termes, c’est tomber dans un piège, estime ainsi Antoine Guerreiro, ancien secrétaire national de l’UEC et militant dans le Val-de-Marne. C’est faire fi de toutes les catégories de population qui se sont rassemblées autour de la Nupes, comme s’il fallait les séparer des autres. De plus, si la Nupes ne suffit pas, alors il faut proposer autre chose qui puisse faire ses preuves. »

 

Réforme des retraites : Fabien Roussel demande un référendum "plutôt qu'un blocage du pays"
Fabien Roussel veut un référendum "plutôt qu'un blocage du pays"

« Ce texte est habilement construit, mais on se pose comme des donneurs de leçons, et on ne prend aucun engagement. C’est la porte ouverte à ce qu’au final, toute la ligne politique du parti soit dictée par Fabien Roussel », abonde la jeune membre du CN Anaïs Fley. Les sorties médiatiques de celui-ci (Fabien Roussel) , comme sur la « gauche des allocations » à la Fête de l’Humanité en septembre[3], ou encore ces jours-ci sur le référendum sur les retraites (dans une interview à Ouest-France, il déclare que le PCF est le « meilleur allié » des chefs d’entreprise, et qu’il vaut mieux un référendum « qu’un blocage du pays, avec manifs, grèves et compagnies[4] ») ont fini par lui valoir des inimitiés.

 

 

-  Chacun à gauche doit faire une analyse critique, y compris le PCF.

Chaque force de gauche travaille bien trop souvent dans son propre couloir.

Laurence Cohen, sénatrice et membre du Conseil national du PCF : « Enfin, le danger d’une possible accession au pouvoir de l’extrême droite en 2027 est négligé aux yeux de ces communistes, hétérodoxes malgré eux ». « On a en France une gauche extrêmement affaiblie et un Rassemblement national en dynamique. Dans cette situation, chacun à gauche doit faire une analyse critique, y compris le PCF. Chaque force de gauche travaille bien trop souvent dans son propre couloir », affirme la sénatrice communiste Laurence Cohen, qui appelle de ses vœux « un texte qui ne donne pas dès le départ des conclusions ».

 

Certains communistes ne digèrent pas le choix fait en 2022 d’une candidature « quoi qu’il en coûte » de Fabien Roussel, alors que le Rassemblement national (RN) aurait pu être éliminé au premier tour : « Alors que l’exigence d’empêcher l’extrême droite d’accéder au second tour montait dans la campagne, on est apparu comme un obstacle à cet objectif, avec les conséquences que l’on sait : la force de propulsion dont le RN a bénéficié pour les législatives. C’est une faute grave, qui est passée sous le tapis », juge ainsi Frank Mouly.

 

Les critiques longtemps restées mezza-voce à l’intérieur du PCF se font donc entendre plus distinctement[2]. De là à présager un résultat inattendu au congrès d’avril, il y a cependant un pas. En 2018, le courant des « rénovateurs » ne pesait plus que 12% des voix. Cette fois-ci, une alliance avec d’anciens soutiens de Pierre Laurent pourrait se dessiner.

 

  • Celui-ci, qui préside le Conseil national, avait réuni 38 % des voix en 2018 sur sa propre « base commune ». Pour la première fois de l’histoire du PCF, les militants communistes avaient mis en minorité leur équipe dirigeante, propulsant Fabien Roussel à la tête du parti. Un coup de tonnerre que certains espèrent désormais répéter, en sens inverse.

 

 

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- Un texte premier alternatif à celui de la direction autour de Roussel est proposé aux militants du PCF.
Le 1er texte alternatif « Urgence de communisme », se veut une proposition de base commune différente de celle votée par le Conseil national, début décembre. Les signataires interrogent l’orientation et la stratégie de la direction sortante.

 

Il est soutenu par les anciens dirigeants du PCF (Marie-Georges Buffet et Pierre Laurent), ainsi que par des députés du PCF proches de la France insoumise et favorables à la NUPES. Il est également soutenu par Bernard Friot, qui voit ses thèses reprises, de façon édulcorée, dans ce texte.

  • Lire le texte alternatif à celui de Fabien Roussel ICI

ou ci-dessous 👇

L'ancienne députée européenne Marie-Pierre Vieu, la maire de Chevilly-Larue Stéphanie Daumin et la conseillère départementale de Seine-Saint-Denis Emilie Lecroq, sont les invitées de #LaMidinale pour aborder le sujet dutexte alternatif .

 

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9 décembre 2022 5 09 /12 /décembre /2022 08:53
Olivier Faure aux côtés d'Hélène Geoffroy, sa concurrente, lors du dernier congrès du PS, à Villeurbanne, en 2021

Olivier Faure aux côtés d'Hélène Geoffroy, sa concurrente, lors du dernier congrès du PS, à Villeurbanne, en 2021

L’union de la gauche sans LFI, ça n’a aucun sens politique, c’est suicidaire !

 

 

Le Parti socialiste entre dans sa campagne pour le congrès, qui se tiendra fin janvier 2023 à Marseille. Olivier Faure, le premier secrétaire sortant, pourrait être challengé par deux autres motions.

Derrière Olivier Faure, Hélène Geoffroy et Nicolas Mayer-Rossignol, trois équipes se disputent la direction du Parti socialiste. Mi-janvier, les adhérents les départageront sur la base de « textes d’orientation » aux stratégies bien distinctes.

La principale ligne de fracture : le rapport à la Nupes. Les socialistes ont fixé leur rendez-vous : à Marseille, du 27 au 29 janvier 2023.

 

 

Sources : Mediapart par Fabien Escalona | mis à jour le 26/01/2023

-  Dans leur affrontement pour la tête du Parti socialiste (PS), ses élites dirigeantes en passent encore par la production de textes collectifs.
C’est en effet sur cette base qu’elles seront départagées par les membres du parti à jour de leur cotisation, au cours d’un vote organisé le 12 janvier prochain, préalable au renouvellement de la direction qui sera acté lors du congrès prévu à Marseille à la fin du même mois.

 

Dévoilés il y a une semaine, trois « textes d’orientations » (TO) sont ainsi censés sublimer les luttes de pouvoir internes, par leur affirmation respective d’un cap doctrinal et stratégique singulier. Il y a celui des soutiens d’Olivier Faure, député et actuel premier secrétaire ; celui des soutiens d’Hélène Geoffroy, son opposante en 2021, maire de Vaulx-en-Velin ; et enfin celui des soutiens de Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen cherchant à incarner une voie médiane. Mediapart a passé en revue ces dissertations d’une grosse vingtaine de pages.

 

 

-  À première vue, les différences ne sautent pas aux yeux.

Tous les signataires de ces textes s’affirment conscients des grandes crises du moment, en tirent la conclusion qu’un retour des socialistes au pouvoir est nécessaire, sur la base d’une union de la gauche dans laquelle ils auront regagné en influence, afin de mettre en œuvre des politiques écologistes, féministes et de justice sociale, propres à regagner la confiance des catégories populaires.

 

Derrière ces passages obligés, des différences d’approche se logent malgré tout. Si elles servent bien sûr à se démarquer les uns des autres, il serait excessif de les considérer comme totalement artificielles.

  • D’une part, une fois écrites noir sur blanc, elles engagent un minimum les équipes qui les portent.
  • D’autre part, ces différences sont assez cohérentes pour traduire des degrés de radicalité distincts quant à la manière d’aborder la conflictualité sociale et la question écologique.
  • Enfin, leurs implications seraient lourdes en ce qui concerne la préservation (ou pas) de l’union des gauches la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) – à laquelle participe actuellement le PS.

 

 

-  La participation à la Nupes en suspens

Hélène Geoffroy
Hélène Geoffroy

C’est sur cet aspect stratégique que les positions sont les plus tranchées. Si l’union de la gauche est vantée dans son principe, tout le monde n’en a pas la même conception. Le texte d’Hélène Geoffroy, en particulier, tire à boulets rouges contre le choix de s’intégrer à la Nupes[1]. Cet « accord “sauve-qui-peut” », sans légitimité militante, aurait transformé le PS en « filiale » de La France insoumise (LFI)[2].

 

Or le parti (N.D.L.R. " mouvement " pas " parti ") de Jean-Luc Mélenchon n’est pas considéré comme un partenaire digne des socialistes, comme l’atteste le passage déplorant que « c’est désormais le cynisme qui prime, un populisme qui heurte nos valeurs, qui théorise l’apport des voix du RN lors des motions de censure votées récemment ». Exagérée, cette dernière affirmation colle au discours anti-LFI primaire de certains membres de la majorité présidentielle, de même que l’usage du vocable « extrême gauche » pour désigner cette force politique.

 

L’union trouvée aux législatives est clairement venue nourrir le refrain que les soutiens d’Hélène Geoffroy martelaient déjà lors du dernier congrès, à savoir celui de l’abandon d’une identité socialiste originale par la direction sortante. La conclusion pratique de ce diagnostic est assumée : dès février 2023, un PS dirigé par cette équipe procéderait à la « suspension de la participation à la Nupes et [à la] réintégration des candidats aux législatives exclus » pour s’être présentés en dissidents.

Olivier Faure
Olivier Faure

 

Le texte d’Oliver Faure, au contraire, défend son choix en renvoyant ses concurrents à l’évanescence de tout chemin alternatif : « Nous entendons ceux qui disent “ l’union, oui, mais une autre union ”. Mais laquelle ? Personne n’a jamais apporté de réponse à cette question. » Les scores réalisés par le PS aux élections de portée nationale tenues depuis 2017, de même que ceux des candidatures dissidentes lors des législatives de juin dernier, ne laissent guère entrevoir, en effet, de martingale électorale plus crédible.

 

L’accord de la Nupes était la seule façon pour la direction sortante d’éviter d’affronter l’actuel congrès avec pour seul bilan, catastrophique, le score piteux d’Anne Hidalgo à l’élection présidentielle. Puisqu’ils ne peuvent pas dire les choses aussi frontalement, les « fauristes » insistent sur les bénéfices collectifs qu’en a tirés le PS, « de retour au cœur de la gauche » après avoir sauvé une trentaine de sièges à l’Assemblée. Et pour désamorcer les craintes de disparition, ils minimisent le caractère contraignant de cette union.

 

« La Nupes […] est une coordination de groupes parlementaires et un espace de dialogue permanent, écrivent-ils. […] Nous assumons d’être engagés dans cette union tout en nous distinguant et contestant, lorsque c’est nécessaire, la stratégie ou la communication de nos partenaires. » Sur les sujets internationaux notamment, les positions des députés socialistes se sont effectivement distinguées de celles de LFI. « Il ne suffit pas de revendiquer une place plus importante au sein de l’union : il faut la mériter et la gagner auprès des électeurs », ajoute la direction sortante, qui compte bien s’y employer.

Nicolas Mayer-Rossignol
Nicolas Mayer-Rossignol

 

À cet égard, les tournures de phrases du texte de Nicolas Mayer-Rossignol traduisent assez bien une position au milieu du gué, qui gagne en œcuménisme ce qu’elle perd en courage et en clarté : « Pour nous, l’accord électoral Nupes, qu’il fût jugé nécessaire ou pas, respectueux ou pas de notre implantation, a été le produit de l’état “ comateux ” de la gauche sociale et écologique depuis 2017. […] Elle (sic) ne peut pas être le cadre politique durable de l’Union de toute la Gauche et des écologistes pour gagner. »


D’où une vague proposition d’« états généraux de la transformation sociale et écologiste », dont on ne voit pas pourquoi le cadre, au demeurant imprécis, serait préféré par les partenaires actuellement rassemblés dans la Nupes. Par rapport au texte de l’opposition la plus ancienne à Olivier Faure, les reproches à LFI sont moins crus et adressés de manière plus vague, même si la force mélenchoniste est clairement visée par la distinction établie entre « radicalité » et « démagogies et populismes ».

 

 

-  « Front de classe » contre « socialisme écologique » ?
Sur le fond du cap politique, les trois documents n’offrent pas un éventail de positions aussi large qu’à l’époque où des personnalités comme Dominique Strauss-Kahn et Jean-Luc Mélenchon cohabitaient dans le même parti.

 

C’est logique : depuis 2017 en particulier, les départs vers la « grande coalition » macroniste et une scission de l’aile gauche ont sérieusement réduit la diversité idéologique du parti. Cela se sent notamment à propos de l’intégration européenne : un énième appel à une refonte des traités est commun à tous les textes d’orientation, mais sans réelle stratégie à l’appui, ce qui n’empêche pas certains de rejeter explicitement la désobéissance promue par les Insoumis.

 

On observe néanmoins que plus la proximité avec la Nupes est défendue, plus la politique générale préconisée est ancrée à gauche en termes idéologiques. Il en résulte une configuration originale.

  • Alors que la direction du PS avait historiquement campé sur un centre de gravité lui permettant de s’appuyer tantôt sur des sensibilités plus conservatrices, tantôt sur des sensibilités plus transformatrices, c’est l’équipe de Mayer-Rossignol qui tente d’incarner cet espace – soit pour être faiseuse de rois, soit pour ravir directement la tête du parti.


Les balancements et les évitements rhétoriques typiques de ce positionnement se retrouvent sans coup férir dans le texte intitulé « Refondations ! » :

  • La proportionnelle sera introduite, mais seulement pour la moitié des députés.
  • Les inégalités seront combattues « à la racine », mais le mode de production capitaliste n’est jamais nommé en tant que tel.
  • De même, la planification écologique est mise en avant mais presque incidemment, sans aucune précision sur ses modalités et son degré de contrainte.

 

C’est finalement la direction sortante qui se retrouve dans la posture la plus « radicale ».

  • Elle affiche l’ambition d’un « socialisme écologique », poursuivant « la justice et l’émancipation » en prenant au sérieux « la limitation des ressources dans un monde fini », et nomme les personnes dont elle défendra les intérêts (celles qui sont pénalisées par les « déterminismes sociaux »), mais aussi les groupes dont les intérêts matériels seront lésés par la « bifurcation » à accomplir ceux qui vivent du travail des autres » et « les 10 % les plus riches »).

 

À cet égard, une certaine confusion peut naître de l’emploi, dans le texte d’Hélène Geoffroy, de la notion de « front de classe » comme base sociale d’un PS refondé. La notion provient en ligne directe des années 1970, lorsque le parti s’était reconstruit sous l’égide de François Mitterrand, sur une ligne fort à gauche.
À l’époque, comme l’expliquait le politiste Paul Bacot, ce front de classe désignait « l’ensemble du salariat exploité » et d’autres couches non salariées partageant « une situation de totale dépendance par rapport aux sociétés capitalistes » (comme certains paysans et artisans). Il s’agissait par là de désigner un projet de dépassement du capitalisme grâce à la coalition des forces qui y avaient intérêt.
Et ce projet impliquait simultanément l’union de la gauche avec l’autre composante majeure de l’époque : le Parti communiste, en dépit de sa complaisance avec les régimes du bloc de l’Est.

 

À lire le texte de l’opposition la plus farouche à Olivier Faure, on en est très loin.

  • Premièrement, parce que l’union avec LFI est rejetée en parallèle, ce qui rend la portée stratégique de la notion contradictoire.
  • Deuxièmement, parce que les composantes de ce front de classe version 2022 sont tellement nombreuses qu’elles semblent désigner la société tout entière : les « catégories populaires », les « classes moyennes », mais aussi « les classes favorisées […] parties chez LREM [le parti macroniste – ndlr] ».

 

De manière symptomatique, aucun adversaire social n’est désigné, qui empêcherait de faire « France commune » ou de satisfaire les intérêts des personnes les plus fragiles. Quant à la « transition écologique », elle est réduite à une stratégie d’« efficacité plus que [de] sobriété énergétique », ce que tous les écolos conséquents dénoncent. Alors que les autres textes envisagent de diversifier les indicateurs de richesses et de progrès social, celui-ci parle uniquement d’une « croissance nouvelle » assez mal définie.

 

Au sein du petit milieu auquel le socialisme français a été réduit, certes plus homogène qu’avant, les trois lignes qui s’affronteront au congrès de Marseille restent donc bien identifiables. Selon celle qui l’emportera, la dynamique d’ensemble de la fragile union des gauches (#Nupes) en sera forcément affectée.

 

Notes :

[1Nupes  

[2la France insoumise

 

Pour en savoir plus :

- Le 80e congrès du PS pour les nuls

- Congrès PS : le socialiste converti au macronisme François Rebsamen a voté pour faire battre Olivier Faure

Des socialistes anti-Olivier Faure ont offert un million d’euros au Parti radical de gauche 👇

Congrès du Parti socialiste : un PS coupé en deux et plus... la chute prémice à l'éclatement ?

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13 novembre 2022 7 13 /11 /novembre /2022 21:24
Pour une majorité populaire : renforcer la France insoumise pour gagner !
Pour une majorité populaire : renforcer la France insoumise pour gagner !

La France insoumise n’existe jamais pour elle-même mais toujours pour la mise en mouvement du peuple avec un objectif :  « se réorganiser pour aller chercher ceux qui manquent »[1] !

 

Entré dans une phase de réorganisation : notre ambition est la pérennité d’un très grand mouvement collectif dans lequel nous saurons une fois de plus nous dépasser comme nous l’avons fait déjà tant fois en si peu d’années[2]

 

 

Six mois après une élection par défaut et par contrainte, Emmanuel Macron semble déjà à bout de souffle. La victoire de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) au premier tour des élections législatives a débouché sur l’absence de majorité pour le président de la République et son gouvernement. D’ailleurs, la première ministre s’est dérobée au vote de confiance et gouverne depuis à coup de 49.3 pour imposer son projet.

Christian Rodriguez a un message à faire passer à tous les insoumis[3] : « Les relations fortes entre nous tous, c’est le plus précieux. Ce qui nous unit, ce n’est pas seulement une candidature, une élection. Ce qui nous unit, c’est la lutte. La France insoumise, l’Insoumission, ça permet de faire avancer la lutte. Il ne faut pas lâcher. On perd, on revient, on remonte la montagne. C’est un éternel engagement. Que faire d’autre ? Je te disais que j’allais mourir à 18 ans. J’ai la force pour me battre jusqu’au bout. Je ne vois pas d’autre horizon que la lutte. On se bat, on échoue, on se bat, on échoue, jusqu’à la victoire ! ».

 

 

 PREMIER ARTICLE SUR LA CONSTRUCTION DU MOUVEMENT INSOUMIS ICI 👉 : " NI PARTI NI AVANT GARDE, LE MOUVEMENT INSOUMIS "

 

 

SECOND ARTICLE ICI

👉 : LE MOUVEMENT FRANCE INSOUMISE ET SON MODE D'ENRACINEMENT

🖍Dans le second article, Jean-Luc Mélenchon traite de la forme du Mouvement en relation avec son fondement théorique dans la thèse de l’Ere du peuple[9]. Où l’on trouve l’explication du mot « gazeux » à propos du Mouvement.

 

 

 

 

Sources : La France insoumise | mis à jour le 26/08/2023

 

TROISIÈME ARTICLE : VOICI LA NOUVELLE ORGANISATION DU MOUVEMENT PROPOSÉE ET VALIDÉE PAR L'ASSEMBLÉE REPRÉSENTATIVE DU 10 DÉCEMBRE 2022

 

- Emmanuel Macron se révèle donc incapable de faire face à l’explosion des prix, à l’augmentation de la pauvreté et de la précarité, et à l’aggravation de la crise climatique.

Il ne reste au pouvoir qu’en utilisant les pires instruments d’une 5ème République aujourd’hui à bout de souffle. Pire encore, il veut reporter l’âge de départ à la retraite à 65 ans, une mesure inacceptable qui pénalisera en premier lieu les catégories populaires. Construire et faire gagner une majorité populaire est un objectif toujours plus nécessaire !

 

 

- Le mouvement de la France insoumise est né en 2016 pour soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon et son programme l’Avenir en commun[4] à l’élection présidentielle de 2017.

Le résultat inédit réalisé à cette occasion s’est traduit par l’élection d’un groupe de 17 député·es à l’Assemblée nationale qui a jeté les bases d’une véritable alternative à la politique d’Emmanuel Macron. Depuis lors, dans les institutions comme dans la rue, la France insoumise a été de toutes les batailles et de tous les combats. Elle a enrichi considérablement son programme, l’Avenir en commun, en y intégrant le travail réalisé par les associations, les ONGs, les organisations syndicales ou les collectifs citoyens tout comme celui réalisé par nos parlementaires. Ce travail conséquent nous a permis de réaliser un résultat historique en 2022 et de construire la Nouvelle Union populaire écologique et sociales (NUPES) : 22% des voix pour la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle et 75 député·es de la France insoumise élu·es au sein de la NUPES.

 

 

- Ce résultat est le fruit d’une stratégie claire et partagée de rassemblement de notre peuple dans l’action et dans le vote, autour d’un programme en rupture avec le système capitaliste.

Notre objectif, qui est plus que jamais à portée de luttes et de voix, reste le même : faire gagner une majorité populaire pour transformer la vie de millions de gens. Nous devons donc franchir une nouvelle étape du déploiement de notre mouvement.

 

 

- Ce document (plan de travail pour renforcer la France insoumise pour gagner !) est le résultat d’un processus engagé au moment des AMFIS d’été à travers plusieurs ateliers organisés sur l’avenir de la France insoumise.

Ce processus a été conduit par la Coordination des espaces de la France insoumise qui s’est réunie à 20 reprises depuis juillet pour une durée totale d’environ 50 heures. Il a été alimenté par des contributions des membres des différents espaces de la France insoumise, du réseau des élu·es locaux·ales et par un atelier organisé lors du séminaire de rentrée de l’intergroupe parlementaire (Assemblée nationale et Parlement européen) des 22 et 23 septembre.

 

🔴 Il a permis d’aboutir sur un plan de travail en 17 points regroupés autour de quatre axes principaux (cliquez ICI pour voir le détail des 17 points de la partie 1).

 

Pour une majorité populaire : renforcer la France insoumise pour gagner !
Pour une majorité populaire : renforcer la France insoumise pour gagner !
Pour une majorité populaire : renforcer la France insoumise pour gagner !
Pour une majorité populaire : renforcer la France insoumise pour gagner !

 

- Ce plan de travail sera enrichi et précisé lors d’une Assemblée représentative du mouvement, prévue le samedi 10 décembre prochain

 

🔴 Elle travaillera à la mise en œuvre et à l’enrichissement des différents axes de travail et installera pour un an, à partir des pôles nationaux, la nouvelle Coordination des espaces du mouvement. (cliquez ICI pour voir le détail de la partie 2).

 

Il sera mis en œuvre dans les prochaines semaines et dans les prochains mois. Chaque point sera précisé et annoncé à l’ensemble des insoumis·es au moment de sa mise en place.

 

La Coordination des espaces se réunit de manière hebdomadaire. Sa composition est paritaire. Peuvent en être membres les personnes qui militent au sein de la France insoumise, prennent en charge un des pôles nationaux du mouvement et ne sont ni salarié·e du mouvement, ni collaborateur·rice d’élu·e. Les élu·es qui sont à jour de leurs cotisations et les parlementaires qui reversent l’intégralité du financement public au mouvement peuvent également en être membres.

 

La présence y est obligatoire :

  • tout espace non représenté lors de deux réunions successives devra modifier ses représentant·es au sein de la Coordination des espaces ;
  • et toute personne non présente lors de trois réunions successives pourra être remplacée.

La Coordination des espaces sera renouvelée chaque année sur la base d’un rapport d’activité de chacun des espaces du mouvement.

 

Par la suite, la France insoumise se réunira au moins deux fois par an en Assemblée représentative. Elle regroupe les membres de la Coordination des espaces, un binôme paritaire en charge de l’animation de chaque pôle du mouvement, ainsi qu’un·e insoumis·e tiré·e au sort parmi les animateur·rices de groupes d’action certifiés de chaque département, des outre-mer et des français·es de l’étranger. Sa composition est paritaire : les départements sont représentés alternativement par une femme et par un homme. L’Assemblée représentative fait le lien entre la Coordination des espaces et les groupes d’action du mouvement.

 

 

- Voici la nouvelle organisation du mouvement proposée et validée par l'Assemblée Représentative du 10 décembre 2022[5]

  • La coordination des espaces assure la réalisation de nos campagnes, actions et événements.
  • Le conseil politique est l’espace d’échanges sur les orientations stratégiques et les campagnes du mouvement.

 

Pour une majorité populaire : renforcer la France insoumise pour gagner !
Pour une majorité populaire : renforcer la France insoumise pour gagner !Pour une majorité populaire : renforcer la France insoumise pour gagner !

 

- Pour une majorité populaire[5] !

  • Découvrez la nouvelle stratégie de la France insoumise sur ces visuels :
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- Analyse de Jean-Luc Mélenchon... " On change pour que ça change "
Ce que j'en retiens :

  • " ...Surtout, il faut savoir ménager le seul outil dont nous disposons... Notre mouvement appartient d’abord à la cause qu’il sert... LE PEUPLE !
  • L’organisation reste centrée sur des objectifs d’action et de conquête de secteurs nouveaux de la population et des territoires.
  • Tout le monde a sa place sur le pont de combat. "

 

📌 J'en conclus que, la France insoumise n'est pas au service d'une mêlée confuse d’ambitions présidentielles... mais toujours pour la mise en mouvement du peuple avec un objectif :  « se réorganiser pour aller chercher ceux qui manquent » et GAGNER !

 

On change pour que ça change

 

 

- Un certain nombre de choses ont été dites qui ne correspondent pas à la réalité
Manuel Bompard revient sur les critiques contre la nouvelle organisation de la France insoumise, et
explique le nouveau processus de travail.

 

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19 septembre 2022 1 19 /09 /septembre /2022 10:57
Crise politique : le miroir électoral

Les ceintures populaires des métropoles se sont portées un peu plus vers la gauche et les espaces extramétropolitains sont allés un peu plus vers l’extrême droite : les deux constats ne s’opposent pas l’un à l’autre ; ils sont deux faces de la même réalité.

 

Abstention, rapport des forces gauche/droite, vote des fonctionnaires, ancrage des idées d’extrême droite... Le résultat du cycle électoral 2022 continue de nourrir de vigoureux débats à gauche. Deux enquêtes récentes fournissent de nouveaux éléments de compréhension. Analyse de Roger Martelli.

Deux rapports viennent compléter les regards portés sur les élections de l’année. Le premier est paru cet été sur le site de Fondapol, la fondation de droite présidée par Dominique Reynié, sous le titre « Mutations politiques et majorité de gouvernement dans une France à droite[1] ». Le second est une note de recherche du politiste Luc Rouban, paru sur le site du Cevipof et portant sur « le vote des fonctionnaires à l’élection présidentielle de 2022[2] ». Les deux études s’appuient sur des données de l’institut de sondage OpinionWay, téléchargeables sur le site de Fondapol[3]. Nous en résumons ici les principales conclusions.

 

Sources : Regards.fr par Roger Martelli | mis à jour le 29/11/2022

- Abstention : vers l’infini et au-delà ?
La crise politique s’épaissit. L’abstention grandit, d’élection en élection. À la présidentielle, elle est passée de 15,3% en 1965 à 27,9% en 2022. Aux législatives, elle s’incruste au-delà du seuil des 50%. L’enquête OpinionWay nous en livre les ressorts, sociologiques et politiques.

 

(1) La colonne additionne le pourcentage des interviewés qui répondent : « Parce qu’aucun candidat ne correspond à mes idées », « C’est ma façon de protester contre le système politique actuel », « C’est la même politique qui est menée quel que soit le résultat » et « Mon vote ne sert à rien ».

 

L’abstention législative garde les caractéristiques sociologiques qui séparent les catégories les plus aisées (35% d’abstentions chez les revenus mensuels supérieurs à 3500 euros) et les chômeurs (75% d’abstentions). L’âge, les faibles revenus, les statuts jugés inférieurs et les formations courtes continuent de creuser la distance des individus avec le fait électoral. Mais le motif de la prise de distance reste ouvertement politique : la moitié des abstentionnistes invoquent l’absence d’intérêt pour une élection dont on estime volontiers qu’elle ne sert à rien.

 

La dimension protestataire du vote est renforcée par la distribution des résultats. Les partis dominants n’ont plus le vent en poupe. Le PS et l’UMP se partageaient 56% des suffrages présidentiels en 2012, 26% en 2017 et 6% à peine en 2022. Le total des suffrages obtenus par Macron, Pécresse et Hidalgo approche tout juste le quart des électeurs inscrits (en 2017 encore, les candidats supposés « gouvernementaux » en totalisaient 38,2%).

 

 

- Tout va bien pour le RN !
Si la coalition des députés composant la Nupes forme le second bloc derrière la majorité relative macronienne, c’est le Rassemblement national qui peut se présenter comme le premier groupe d’opposition. Le plus préoccupant est que ses réserves électorales semblent loin d’être négligeables : 55% seulement des électeurs de Marine Le Pen du mois d’avril sont allés aux urnes en juin et ils sont plus nombreux (58%) que ceux de Jean-Luc Mélenchon (40%) à expliquer que leur absence est un geste de protestation contre le système électoral.

 

Quelle que soit l’élection de référence, présidentielle ou législative, premier ou second tour, l’extrême droite est le courant politique qui a le plus progressé en cinq ans. Cette progression n’est pas seulement l’effet d’un choix par défaut : 39% des électeurs se disent « tout à fait » ou « plutôt d’accord » avec les idées du RN (le pourcentage est de 28% pour LFI). Du coup, près de la moitié des interrogés (47%) voient comme « une bonne chose » l’entrée en force de l’extrême droite à l’Assemblée.

 

Les élections suggèrent donc, tout à la fois, une poussée de l’extrême droite – y compris en dehors de ses zones de force devenues traditionnelles – et une droitisation de la droite. C’est là encore près de la moitié (47%) des électeurs LR qui se disent proches des idées du RN, au point que les électeurs de droite sont plus nombreux (39%) à souhaiter un accord de LR avec le RN qu’avec la Macronie (34%). Voilà qui n’a rien d’étonnant, si l’on tient compte de ce que, pour 59% d’entre eux, le RN est capable de gouverner et que, aux yeux de 52%, le parti lepéniste incarne même une société dans laquelle ils souhaiteraient vivre.

 

Du point de vue idéologique, on aurait tort de sous-estimer le poids persistant des enjeux migratoires. Il est vrai que la plupart des sondages suggèrent depuis quelques mois que l’immigration n’est plus dans le trio de tête des sujets qui « préoccupent » les Français (la palme revient en général au pouvoir d’achat, à l’insécurité et aux enjeux sanitaires).

 

Mais ce n’est pas parce que les mots de l’immigration n’affleurent pas sur le terrain qu’ils n’agissent pas, confortant la conviction classique selon laquelle le RN « dit tout haut ce que les Français pensent tout bas »… Quand OpinionWay propose par exemple à ses interlocuteurs l’item « La plupart des immigrés ne partagent pas les valeurs de notre pays et cela pose des problèmes de cohabitation », plus de 90% des proches de l’extrême droite répondent affirmativement. Mais 80% des électeurs de la droite classique en font de même et les deux tiers des « sans préférence partisane » et des abstentionnistes. Au total, ce n’est qu’une courte majorité de 53% qui repousse l’idée centrale de la grande menace migratoire.

 

 

- Fonctionnaires : une citadelle pour la gauche ?
Pour le Cevipof, Luc Rouban a scruté plus particulièrement le comportement des fonctionnaires.

Nous l’avons résumé ici en deux tableaux, le premier qui synthétise le vote salarié en fonction des statuts du public, le second qui mesure les grandes évolutions entre 2017 et 2022.

 

[cliquez sur le graphique pour l’agrandir]

 

Le premier tableau confirme, dans le monde du salariat, la tripartition observée dans l’ensemble des suffrages exprimés. La droite et l’extrême droite (37% et 34%) sont en tête chez les salariés du privé, où la gauche est au-dessous de sa moyenne nationale (28%). En revanche la gauche est en tête (37%) dans la fonction publique d’État où elle dépasse sensiblement sa moyenne nationale et où l’extrême droite est plus à la traîne (28%). Les situations sont plus équilibrées dans les entreprises publiques, la fonction publique territoriale et la fonction publique hospitalière.

 

Les zones de force de la gauche restent dans le monde enseignant (49%) et les catégories A de la fonction publique (43%), celles de la droite macronisée restent du côté des cadres du privé et celles de l’extrême droite chez les policiers et militaires[5]. Mais cette situation a évolué entre 2017 et 2022, parfois de façon sensible.

Entre les présidentielles de ces années-là, la gauche radicale s’est renforcée chez les employés du privé, les fonctionnaires d’État et les catégories A, tandis que la droite a reculé dans la fonction publique d’État et les catégories A. Ce recul a droite est d’abord celui de la droite classique : à l’exception du monde enseignant – éloigné par quelques années de « blanquerisme » militant – la Macronie résiste plutôt bien, notamment en milieu hospitalier.

 

  • Mais, une fois de plus, c’est le Rassemblement national qui tire les marrons du feu. Il progresse de plus de 10% chez les cadres du privé, les enseignants et les hospitaliers et il se consolide sensiblement du côté des entreprises publiques et de la territoriale. La perte de confiance dans l’institution publique et la confusion grandissante du privé et du public brouillent les perceptions et déplacent les rapports de force électoraux.
  • Le second tour amplifie encore le mouvement. Marine Le Pen gagne 9% entre 2017 et 2022 dans la fonction publique d’État, 7% dans la territoriale et jusqu’à 15% chez les hospitaliers. Elle progresse dans toutes les catégories de fonctionnaires : 7% chez les « A », 13% chez les « B » et 9% chez les « C » (où elle attire les votes de 46% d’entre eux, quasiment la moitié de la catégorie).
  • Ayant pris ses distances avec l’ultralibéralisme de la droite traditionnelle, le RN a installé l’extrême droite comme une concurrente de la gauche sur le terrain du « social ». S’arc-boutant sur la défense des agents publics les plus défavorisés, Marine Le Pen a permis que, par un étonnant paradoxe, la protestation contre la confusion du privé et du public tourne avant tout au bénéfice de l’extrême droite, sans que le macronisme soit pour autant irrémédiablement distancé.

 

 

- Le devoir de lucidité
Malgré le grand retour de la gauche au sein de l’hémicycle (la Nupes rate la victoire entre 0,13 et 0,25 % du total des voix[4]), le cycle électoral de l’année 2022 a tourné plutôt en faveur de l’extrême droite. L’image des « deux France » chère à Christophe Guilluy est certes trop simple pour être retenue. Mais la gauche aurait tort de sous-estimer une réalité globale marquée par une conjonction, qui n’est hélas pas propre à la France et qui juxtapose une translation vers la droite du champ politique et une division accentuée des catégories populaires.

 

La spectaculaire abstention de la consultation législative, notamment dans les catégories populaires, atténue l’image sociologique dessinée par le premier tour de la présidentielle d’avril. Mais elle ne contredit pas les tendances alors dégagées. Le tableau ci-dessous reprend les données de l’enquête OpinionWay, en triant les pourcentages de pénétration des votes Nupes et RN, de part et d’autre de leur moyenne nationale.

 

[cliquez sur le graphique pour l’agrandir]

 

  • Plus que le vote Mélenchon d’avril, le vote en faveur de la Nupes est assez homogène : elle obtient rarement moins de 20% et rarement plus de 33%. Mais le profil général de cet électorat est typé : les pourcentages les plus élevés concernent les catégories jeunes, notamment lycéennes et étudiantes, les « CSP + » et les professions intermédiaires, les formations au-delà du baccalauréat, les revenus moyens et les grandes villes avec en tête l’aire urbaine de Paris et l’Île-de-France.
  • De son côté, le profil du vote RN est plus éclaté mais reste dominé par les catégories les plus populaires et les moins pourvues en « capital » matériel et culturel, installé en dehors de l’espace métropolitain et francilien.

 

La crise voue chaque situation à l’instabilité et rien n’indique que l’extrême droite a gagné définitivement la bataille de l’hégémonie et engagé inexorablement le processus qui peut la conduire au pouvoir. Mais elle a pour l’instant marqué des points importants, sur les terrains où elle est attendue (la protection, l’identité, l’immigration) et sur ceux où on l’attendait beaucoup moins (le social, la peur de l’avenir, la colère devenue ressentiment).

 

La gauche va mieux, elle s’est renforcée sur son flanc gauche et elle s’est réunie entre mai et juin. Mais elle reste dans ses basses eaux, n’a que partiellement regagné des points dans les milieux populaires et elle se retrouve profondément déséquilibrée. Elle est plus que concurrencée par l’extrême droite sur le terrain de la colère et n’a pas encore convaincu que ses projets de société sont renouvelés, pertinents et réalisables. Le temps de l’entre-deux est celui des possibles : le problème est qu’il en est des progressifs et d’autres trop tangibles et régressifs. Promouvoir les uns et conjurer les autres n’est pas qu’une affaire de volonté : c’est avant tout une question de pensée – et donc de repensée – et un processus maîtrisé de pratique populaire partagée.

 

Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu.  Bertolt Brecht

 

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- Retrouvez la conférence des #AMFIS2022 intitulée : « Vote RN et « assistanat » : que fait-on ?

Retrouvez la conférence des AMFIS 2022 intitulée : " Vote RN et " assistanat " : que fait-on ? ", avec : François Ruffin, député LFI-NUPES * Alma Dufour, députée LFI-NUPES * Charlotte Leduc, députée LFI-NUPES

 

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1 septembre 2022 4 01 /09 /septembre /2022 13:00
Refondation de la gauche : construire une « politique d’union populaire »

Jean-Luc Mélenchon : " Nous sommes le mouvement de la révolution citoyenne en France.[3] "

 

Le débat sur la transformation du mouvement qui a propulsé notre candidat à la présidentielle à près de 22% est lancé[0].

 

Construire une « politique d’union populaire » : c’est la tâche de la rentrée pour les militants de la Nupes.

 

Communiqué unitaire : Face à l’urgence sociale et écologique, construire une large convergence[1]

 

Quel avenir pour la NUPES. Lors de son discours de clôture des Amfis - l’université d’été de la France insoumise - Jean-Luc Mélenchon a appelé à la constitution partout d’ « assemblées populaires citoyennes » de la Nupes. Pour prédire l’avenir de l’alliance, c’est là qu’il faut regarder. Construire une « politique d’union populaire » : c’est la tâche de la rentrée pour les militants de la Nupes.

 

 

Sources : Razmig Keucheyan, sociologue, université Paris Cité - Cédric Durand, économiste, université de Genève | mis à jour le 26/09/2022 

- Le score de Jean-Luc Mélenchon aux présidentielles et celui de la France insoumise aux législatives sont des exceptions en Europe.
La social-démocratie gouverne en Allemagne, en Espagne, au Portugal, et dans les quatre pays scandinaves. Elle participe à une coalition en Belgique et jusqu’à récemment en Italie.

 

Le parti démocrate étatsunien n’appartient pas à la famille sociale-démocrate. Mais depuis la seconde moitié du 20e siècle, les politiques qu’il met en œuvre sont convergentes avec les siennes. La présidence Biden peut donc être ajoutée à la liste. Si on n’assiste pas aujourd’hui à un tsunami social-démocrate du type de celui qui a déferlé sur les pays occidentaux dans les années 1990, à l’époque de Blair, Schröder, Jospin et Clinton, cette famille politique est loin d’avoir disparu.

 

 

- Que le programme de la Nupes soit basé sur celui de la plus à gauche de ses composantes, la France insoumise, est donc un cas unique.
De fait, les partis de la gauche « radicale » européenne, Podemos, Syriza ou encore le Labour de Corbyn, sont en crise. Il en va de même de la gauche du parti démocrate, pour laquelle se pose désormais l’enjeu de la succession de Bernie Sanders.

 

On comprend mieux l’attitude conciliante d’Olivier Faure depuis les législatives : attentif à ce qui se passe au-delà de nos frontières, il sait sans doute que la tendance internationale joue en sa faveur. Plusieurs dignitaires socialistes, parmi lesquels Lionel Jospin, ont d’ailleurs fait savoir qu’à leurs yeux, l’hégémonie de la France insoumise sur la gauche était une parenthèse appelée à se refermer.

 


- Pourtant, une droitisation de la gauche serait catastrophique.
Le néolibéralisme est en crise. Or la social-démocratie n’a pas de logiciel de substitution à proposer. Et pour cause : elle ne s’est pas renouvelée intellectuellement au cours des dernières décennies, en France ou ailleurs. La France insoumise, elle, en a un : le « gouvernement par les besoins », qui permet de répondre conjointement à la crise économique et écologique, par une transformation en profondeur du capitalisme, et peut-être son dépassement.

 

 

- Comment conjurer ce risque ?
Le Programme commun a échoué, dit le philosophe Louis Althusser dans un texte de la fin des années 1970, parce qu’il a été conçu comme un contrat, un contrat entre appareils. Le PS et le PCF se considéraient comme « propriétaires » du contrat : quand il a cessé de correspondre à leurs intérêts, ils l’ont rompu.

  • À cette conception de l’alliance comme contrat, Althusser en oppose une autre : celle de l’alliance comme combat. Il faut alors « concevoir cette politique d’union comme politique de masse et de lutte : comme une politique d’union populaire, associant le contrat signé “au sommet” à une lutte unitaire à la base. »
  • Dans ce cas, l’alliance comme « contrat au sommet » s’enracine dans la société, au sein des classes populaires et moyennes en particulier, qu’elle politise et met en mouvement. Les appareils cessent alors d’être les seuls « propriétaires » de l’alliance. Des modalités novatrices d’interaction entre la base et le sommet se mettent en place, car la base se structure. Les pratiques politiques quotidiennes rapprochent les militants des composantes de l’alliance. Elle s’élargit par en bas.

 

 

- Lors des législatives, des assemblées de la Nupes ont fleuri dans de nombreux endroits.
Les militants des composantes ont convergé pour mener le combat électoral ensemble, comme comme dans les Pyrénées-Orientales. Lors de son discours de clôture des Amfis - l’université d’été de la France insoumise - Jean-Luc Mélenchon a appelé à la constitution partout d’ « assemblées populaires citoyennes » de la Nupes[2]. Pour prédire l’avenir de l’alliance, c’est là qu’il faut regarder.

 

 

- La Nupes marque une étape importante mais fragile dans le long cours de la refondation de la gauche.
Avec ces assemblées, l’auto-organisation politique de celles et ceux qui ont fait les mouvements sociaux de ces dernières années et portés les campagnes du printemps peut lui donner un caractère durable. Les partis enrichis par les dividendes électoraux du rassemblement doivent soutenir matériellement ce processus, à travers par exemple la mise à disposition de locaux et d’outils numériques d’éducation populaire pour les militants.


Si ces assemblées deviennent permanentes, elle se transformeront en véritable force politique, permettant de régénérer des appareils affaiblis. L’enjeu est aussi de préserver des revirements tactiques des uns ou des autres ce bien commun qu’est l’alliance. Une telle force politique sera enfin un point d’appui pour la mise en œuvre du programme de la Nupes en cas d’arrivée au pouvoir : elle obligera les dirigeants à tenir parole. 

 

 

- Construire une « politique d’union populaire » : c’est la tâche de la rentrée pour les militants de la Nupes.

  • Parfois, les exceptions sont des avant-gardes.
  • Paraissant d’abord isolées, elles préfigurent en fait un tournant à l’échelle internationale.
  • Qu’en sera-t-il du réagencement en cours de la gauche française ?
  • La réponse dépend de la capacité de convergence à la base des militants de la Nupes.

 

-----------------------------

 

- Le 28 août 2022, Jean-Luc Mélenchon clôturait les universités d’été de la France insoumise (AMFIS) lors d’un meeting de la NUPES à Châteauneuf-sur-Isère dans la Drôme.

A cette occasion,,il a notamment :

  • Il a accueilli favorablement la proposition du premier secrétaire socialiste Olivier Faure d’organiser un référendum d’initiative partagée sur ce sujet. Il a également appelé à l’organisation d’une grande marche mi-octobre réunissant les partis de la NUPES, les syndicats, les associations, contre la vie chère. Soulignant la crise politique dans laquelle était entré le pouvoir macroniste, il a fini en appelant chacune et chacun à l’action.
  • appelé à la constitution partout d’ « assemblées populaires citoyennes » de la Nupes

Notes :

[0Clémentine Autain : " LFI : franchir un cap pour gagner "

[1Communiqué unitaire signé par : L’Alternative, Attac France, la CGT, la Confédération Paysanne, Convergence Nationale, la Fondation Copernic, Europe Écologie les Verts, la FSU, Génération·s, la France Insoumise, MAN, le Nouveau Parti Anticapitaliste, OXFAM France, Solidaires, le Parti Communiste Français, le Parti Socialiste, l’UNEF.

[2] Appel de Jean-Luc Mélenchon à la constitution partout d’ « assemblées populaires citoyennes » de la Nupes

[3Jean-Luc Melenchon : " Nous sommes le mouvement de la révolution citoyenne en France. "

 

Pour en savoir plus :

Les insoumis du Jura : Appel pour la constitution d'un Front populaire politique et social

Pyrénées-Orientales - Des assemblées populaires de circonscription pour la Nupes

- TRIBUNE. Pour perpétuer la NUPES, il faut la faire vivre !

- Manuel Bompard : « La NUPES, une force d’alternative prête à gouverner demain »

- Chérir, pérenniser et élargir la NUPES pour permettre l’alternance !

- Comment la Nupes veut défier le pouvoir ?

Amfis 2012 : Génération Mélenchon, du Parti de Gauche à la Nouvelle Union Populaire avec : Adrien Quatennens, député LFI-NUPES.

- Clémentine Autain : Face à l’extrême droite, quelle stratégie populaire ?

Quelle stratégie pour la gauche ? Avec quelles implications concrètes ? Jean-Christophe Sellin et Hélène Le Cacheux, co-coordinateurs nationaux du Parti de Gauche, versent leur réflexion au débat.

- Les 3 blocs et l’avenir de l’Union populaire par Jean-Luc Mélenchon

 

Refondation de la gauche : construire une « politique d’union populaire »
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5 août 2022 5 05 /08 /août /2022 13:35
Une proposition légitime de résolution du PCF assimilant Israël à " un régime d'apartheid " crée de hystérie au sein de la majorité gouvernementale LREM/RN/LR
Une proposition légitime de résolution du PCF assimilant Israël à " un régime d'apartheid " crée de hystérie au sein de la majorité gouvernementale LREM/RN/LR

Apartheid Israélien, il y a urgence à mettre fin au bal des Hypocrites... et en tout état de cause, « Critiquer l’exécutif israélien, ce n’est pas être antisémite »

 

Pour faire la clarté : L’apartheid est un terme afrikaans qui signifie « séparation » et désigne la politique dite " de développement séparé " instaurée par le Parti national afrikaner (NP) en 1948, dans une Union sud-africaine encore sous domination britannique[0].

A juste titre, la proposition de résolution du groupe parlementaire PCF #Nupes[1" condamne l'institutionnalisation par Israël d'un régime d'apartheid à l'encontre du peuple palestinien[0bis] " et veut faire reconnaître le boycott des produits israéliens par l'Assemblée nationale, avec le soutien de 38 députés PCF, PS et un écologiste et LFI de l'intergroupe #Nupes cosignateurs.

 

Les Palestiniens priés d’emprunter des bus différents des colons
Voilà qui justifie la résolution contre le régime d'apartheid israélien

 

Sources : Durand Eric  mis à jour le 11/08/2022

- Tout d'abord, pour expliquer l'agitation parlementaire, retour sur un concept non négociable " Non, antisionisme et antisémitisme ne sont pas synonymes "... et pourtant remis en cause par la macronie

Tout part des propos de Manuel Valls (1er Ministre de François Hollande)[1bis], selon qui l’antisionisme est « tout simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël ». Prononcée le 7 mars 2016 lors du dernier dîner annuel du Crif (Conseil représentatif des juifs de France)[2], organisme principalement consacré à la défense des gouvernements israéliens successifs auprès des autorités françaises,, cette accusation vise à faire peser un soupçon indistinct d’infamie sur les mouvements de solidarité avec les Palestiniens. et a été contestée, notamment par Pascal Boniface, Fondateur et directeur de l’Institut de recherches internationales et stratégiques (Iris)[2bis]

  • Et ils ne lâchent rien en la matière. Le 12 Novembre 2019 a été présenté à l’Assemblée nationale une résolution LREM visant à assimiler la critique du sionisme à un acte antisémite[3].
    • En réaction, 125 universitaires juifs lancent un appel à l’Assemblée Nationale : " Ne soutenez pas la proposition de résolution assimilant l’antisionisme à l’antisémitisme et approuvant la définition de l’IHRA "[4].
    • Le 3 décembre 2019, L'assemblée nationale adoptait la définition de l'antisémitisme de l'IHRA appelée « RÉSOLUTION MAILLARD (député LREM) [4bis] » (texte résolution n° 2403[5])... et dont le contenu fait débat. (Pour la Ligue des Droits de l'Homme, il s'agit d'UN TEXTE AMBIGU ET TRÈS CONTROVERSÉ[6]).
    • Précision : La résolution de l’Assemblée Nationale est un acte par lequel l’Assemblée émet un avis sur une question déterminée. Cette résolution est de faite, non contraignante mais constitue une restriction à la liberté d’expression, cela peut s’assimiler à un délit d’opinion[6].
    • Et aujourd'hui, dénoncer et combattre le régime d'apartheid israéliens ferait de nous des antisémites... nous ne céderons pas !

 

 

- C'est dans ce cadre que lors de la présentation de la résolution du PCF[1], le 2 août les masques sont définitivement tombés

En l'absence de majorité, dans un contexte socio-économique hyper tendu, ce 2 août, le gouvernement a abattu sa dernière carte face à l'opposition de gauche en la vouant aux gémonies de l'antisémitisme.

 

Ce fut d'abord le très sioniste soutien du gouvernement Netanyahou, M Habib[10] qui sonna la charge. Ses insultes auraient pu en " toucher une sans faire bouger l'autre ", tant l'homme est connu pour ces outrances pro israéliennes et islamophobes. Cependant, le garde des sceaux, qui au lendemain des législatives fut l'un des tous premiers à tendre la main à l'extrême droite, reprend à son compte les accusations. Puis Éric Dupond-Moretti qui a mis de l'huile sur le feu. Enfin ce fut au tour de Madame Borne, première ministre sans portefeuille ni pouvoir de tenter avec ses gros sabots de scinder l'opposition de gauche en déclarant que bien sûr PCF EELV et PS étaient dans le champ républicain tout en excluant LFI.

 

Dans cette ambiance particulièrement pesante où l'accusation d'antisémitisme est portée contre les députés et les partis de la NUPES, ce sont toutes les composantes de gauche que l’on veut délégitimer en les accusant d’antisémitisme. 

 

C'est ainsi que le député communiste Jean-Paul Lecoq, premier signataire de la résolution sur Israël[1] déposée par plusieurs élus de la Nupes, a vivement protesté. Et à l'initiative des députés de la France insoumise, la quasi-totalité des élus de gauche ont quitté l'hémicycle.

 

 

- Et c'est dans ce contexte que l'Union Juive Française pour la Paix dénonce : " l'Apartheid, le bal des Hypocrites[9] "
Selon elle (extrait), l’institutionnalisation de l’apartheid par Israël ne fait plus aucun doute pour les juristes internationaux, qu’ils opèrent dans les institutions officielles ou dans les grandes ONG...

  • Non, le crime d’apartheid ne se juge pas par l’identité de forme avec le régime imposé par le pouvoir blanc en Afrique du Sud[0], maintenant honni par tous quand il bénéficiait jusqu’à sa chute du soutien de bien des discoureurs d’aujourd’hui (notamment le soutien permanent d’Israël, soit dit en passant).
  • Oui par le refus du droit au retour des réfugiés, par les discriminations institutionnelles entre Juifs et Palestiniens en Israël même comme dans les territoires occupés, par le blocus de Gaza, Israël coche de nombreuses cases de l’énumération des caractéristiques d’un régime d’apartheid dans les différentes conventions internationales sur le crime d’apartheid.

 

Et le crime d’apartheid ne résume pas à lui seul tous les crimes de guerre et crimes contre l’humanité que commet Israël.

 

Nous avons déjà dénoncé la campagne de calomnies qui s’est immédiatement développée dès la publication de ce projet de résolution[1] : les défenseurs inconditionnels du sionisme, sans le moindre argument pour critiquer l’argumentation du projet de résolution, ont aussitôt brandi hors de toute décence l’argument de l’antisémitisme, dès lors que les fondements de la création d’Israël sont interrogés. Cette campagne d’une droite sioniste décomplexée (la LICRA, le CRIF, Goldnadel, Prasquier, Aurore Bergé, Sylvain Maillard, Meyer Habib[10]…) bénéficie du silence des autorités de l’État, occupées à recevoir avec les honneurs le commanditaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, avant que cet après-midi même le Garde des Sceaux crée le buzz en relançant l’accusation inepte d’antisémitisme contre « l’extrême gauche ». Cette campagne se déroule au moment où précisément Israël est dans un temps fort de colonisation, notamment à Jérusalem Est, et dans un temps fort de discriminations légales visant à favoriser les expulsions et les départs des Palestiniens.

 

Cependant, nous devons dire un mot des critiques adressées au projet de résolution par ceux qui se veulent progressistes, mais veulent encore aujourd’hui protéger l’État d’Israël des accusations portées par le projet, en cherchant à tout prix et contre toute évidence à ne voir dans les crimes commis que le résultat des politiques des gouvernements de droite....

 

On voit le Centre Medem, faisant fi de ses origines antisionistes du Bund, dénoncer de même ce projet. Lui aussi fait semblant de croire que seul le régime sud-africain mérite le terme d’apartheid. Et il ose même reprocher au projet d’ignorer « (…) délibérément la participation active des citoyens arabes aux instances de la démocratie israélienne », faisant probablement référence au parti de la droite islamiste arabe un temps associé en roue de secours aux projets réactionnaires du gouvernement Bennett !

 

  • Non, la destruction des Juifs d’Europe n’autorise pas Israël à se parer de cette Histoire pour justifier d’être hors-la-loi commune. L’égalité des droits est un combat qui vaut pour toutes et tous. Il vaut pour ici comme pour là-bas. Nous le poursuivrons sans relâche.
Une proposition légitime de résolution du PCF assimilant Israël à " un régime d'apartheid " crée de hystérie au sein de la majorité gouvernementale LREM/RN/LR

Notes :

 [0L’apartheid est un terme afrikaans qui signifie « séparation » et désigne la politique dite " de développement séparé " instaurée par le Parti national afrikaner (NP) en 1948, dans une Union sud-africaine encore sous domination britannique

[0bisLes Palestiniens priés d’emprunter des bus différents des colons

[1Proposition de résolution de M. Jean-Paul Lecoq condamnant l'institutionnalisation par Israël d'un régime d'apartheid à l'encontre du peuple palestinien

[1bisManuel Valls

[2Dîner du Crif: pour Valls, «l'antisionisme est synonyme de l'antisémitisme»

[2bis] Fondateur et directeur de l’Institut de recherches internationales et stratégiques (Iris), Pascal Boniface publie un ouvrage pour répondre à ses détracteurs, parmi lesquels l’ancien premier ministre Manuel Valls, qui l’estampillent « antisémite » 

[3] PROPOSITION DE RÉSOLUTION visant à lutter contre l’antisémitisme

[4Sionisme et ainsi de suite… par Jean-Luc Mélenchon

[4bis] Le 28 mai 2019, le député Sylvain Maillard avait participé à une conférence aux côtés de Yossi Dagan, un leader militant des colons, qui préside une autorité de l’État Israélien en charge des colonies en Cisjordanie occupée.

[5Analyse du scrutin public n° 2338 sur la proposition de résolution visant à lutter contre l’antisémitisme

[6] DÉCRYPTAGE DE LA RÉSOLUTION DITE « RÉSOLUTION MAILLARD »

[9] Apartheid, le bal des Hypocrites

[10] Un député français (UDI) “porte-parole” de Benyamin Netanyahou à l’Assemblée nationale

 

Pour en savoir plus :

- Non, antisionisme et antisémitisme ne sont pas synonymes

- Antisémitisme : en finir avec le poison de la rumeur par Manuel Bompard

- Dans un contexte particulièrement pesant où l'accusation d'antisémitisme est portée contre les députés et les partis de la NUPES, des communistes ont décidé de répondre à une tribune de Michel Onfray ciblant le PCF parue le 31 juillet dans le JDD.

- Corbyn n’est pas antisémite. Son vrai péché est de se battre contre l’injustice dans le monde, dont sa version israélienne.

- L’Afrique du Sud demande qu’Israël soit déclaré "État d’apartheid"

- Contre vents et marées, la résistance palestinienne, debout !

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4 août 2022 4 04 /08 /août /2022 19:34
 Merci Hollande et Macron : la France est devenue le plus mauvais élève européen des accidents du travail !

De plus en plus d'accidents du travail mortels dans l'Hexagone... il faut en finir avec la souffrance au travail... et surtout pas allonger la durée de vie au travail comme le propose Macron en réformant les retraites !

 

La Confédération européenne des syndicats (CES) a publié le 28 avril une enquête consacrée à la mortalité au travail dans laquelle la France s’illustre tristement avec le deuxième taux de mortalité rapporté à la population au travail[0]...

 

et de son côté, lOIT fait de la santé et sécurité au travail un droit fondamental[1]...

 

« Ils étaient ouvrier du bâtiment, menuisier, jeune saisonnier, conducteur de poids lourd... Ils sont tous morts au travail entre le 18 et le 21 juillet 2022 », a dénoncé la CGT du ministère du Travail dans un communiqué publié mercredi. Se référant au comptage effectué par le professeur d'histoire Mathieu Lépine sur son compte Twitter « Accident du travail : silence des ouvriers meurent[1bis] », la CGT déplore les décès de neuf personnes en seulement quatre jours.

S'ajoute à cela la mort, le 27 juillet, de deux ouvriers qui intervenaient sur le chantier d'un téléphérique à Chamonix, en Haute-Savoie[2].

Et le 3 août, à Bergerac : huit blessés dont quatre graves après une explosion dans une usine classée Seveso[3].

 

Sources : Durand Eric | mis à jour le 05/03/2024

- 2017, dans la continuité de la Loi Myriam El Khomri adoptée sous la houlette de Hollande et Valls, qui lui sert de point d'appui, Emmanuel Macron fait passer la réforme du code du Travail.

Dans sa Loi Travail (ordonnances travail[6]) figure (titre 1) la fusion des instances représentatives du personnel : Dans les entreprises de plus de 50 salariés,  une instance unique nommée " comité social et économique " (CSE) remplacera et fusionnera le comité d'entreprise, le comité d'hygiène de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) et les délégués du personnel....  

 

Résultat :

Une commission " santé, sécurité et conditions de travail " (CSSCT) a été instaurée dans toutes les entreprises et établissements de plus de 300 salariés. Mais le CHSCT était quant à lui obligatoire dans toutes les entreprises de plus de 50 salariés.

  • La plupart des entreprises comprises entre 50 et 300 salariés ne disposeront donc plus d'une instance représentative du personnel dédiée aux risques professionnels ;
  • La commission dans les entreprises de plus 300 salariés ne s'est pas substituer réellement aux CHSCT. Ses prérogatives et missions telles que définies, notamment à l’article L 4612-1 du Code du travail, ne sont pas reprises dans le texte[7] ! ;
  • Et les chiffres le confirment : le taux d’entreprises disposant d’une instance dédiée aux questions de santé, de sécurité et de conditions de travail est passé de 53,1 % en 2018  à 21 % en 2020[6bis]... résultat une entreprise sur cinq est hors la loi[6bis]....

 

- Quatre ans après l’adoption des ordonnances travail, les premiers résultats sont là : une dégradation prévisible[8] des conditions de travail, une souffrance au travail qui ne cesse de croitre 

Et ce qui suit en est l'une dés conséquences des plus désastreuses :

  • 3,5 accidents mortels pour 100 000 salariés français, pire résultat en Europe, voilà le fruit des politiques de Hollande et Macron soit plus de deux fois plus que la moyenne de l'UE (1,7 accident mortel pour 100 000 salariés).

Les données d'Eurostat, une direction générale de la Commission européenne chargée de produire des informations statistiques à l'échelle de l'UE sont la source de ces chiffres (les plus récents en la matière mais qui remontent à 2019) qui montrent qu'il y a en France 3,5 accidents du travail mortels pour 100 000 salariés, soit plus de deux fois plus que la moyenne de l'UE (1,7 accident mortel pour 100 000 salariés).

 

L'Hexagone détient donc bel et bien le bonnet d'âne des accidents du travail mortels, devant la Bulgarie (3,4 pour 100 000 salariés) et le Luxembourg (3,13). Les Pays-Bas sont quant à eux les meilleurs élèves, avec seulement 0,48 accident du travail mortels pour 100 000 salariés.

 

 

  • La France occupe également la première place du triste podium des pays où ont lieu le plus d'accidents du travail non-mortels, proportionnellement à la population.

En 2019, on en a recensé 3425 pour 100 000 salariés. C'est plus qu'au Portugal (2681) et en Espagne (2513), qui sont respectivement en deuxième et troisième positions en la matière.

 

 

 

- Alors quelles réponses apporter pour faire face à cette dégradation su vécu au travail ?

Oui, il y à urgence à abroger les lois travail initiées par François Hollande et Emmanuel Macron et en finir avec la souffrance au travail

La CGT porte des exigences et actions fortes de la part du gouvernement :

  • Une politique pénale du travail sévère, poursuivant et condamnant fermement la délinquance patronale ;
  • Le renforcement des droits de retrait et d’alerte des salarié.es ;
  • La suppression des régimes de précarisation des travailleur.ses ;
  • La suppression du recours massif à la sous-traitance dans les activités telles que le BTP, le nettoyage… ;
  • L’engagement de la responsabilité civile et pénale des donneurs d’ordre pour les accidents du travail chez les sous-traitants,
  • Des évolutions de la réglementation pour protéger la santé et la sécurité des travailleur.ses : rétablissement  de la dérogation pour l’affectation des jeunes à des travaux dits dangereux, adoption de règles précises pour prévenir les risques liés aux fortes chaleurs, …
  • Le retour des CHSCT comme contre-pouvoir pour la protection de la santé des travailleur.ses ;
  • Le doublement des effectifs de l’inspection du travail et des services de prévention (Carsat, médecine du travail), assurer leur indépendance et leur donner de nouveaux et véritables pouvoirs coercitifs (nouveaux arrêts d’activité notamment)[4].

 

 

- En définitive, tout commence par des actes politiques forts

 

Le tout passe en effet par l'abrogation des lois travail initiées par François Hollande et les ordonnances d'Emmanuel Macron... comme souhaité par 63 % des Français qui se prononcent pour[9], et qui, pour se faire, peuvent compter sur le soutien de la France insoumise[10], et de la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale #Nupes[11].

 

Monument aux victimes de l'amiante à Condé  sur Noireau (Calvados)

Monument aux victimes de l'amiante à Condé sur Noireau (Calvados)

Notes :

[0LA SOUS-ESTIMATION DE LA MORTALITÉ DUE AU TRAVAIL

[1L’OIT fait de la santé et sécurité au travail un droit fondamental

[1bisAccident du travail : silence des ouvriers meurent

[2] Le décès de deux ouvriers sur le chantier du Montenvers à Chamonix

[3] Bergerac: huit blessés dont un grave après une explosion dans une usine classée Seveso

[4] Accidents du travail : La France triste leader européen de la mort au travail

[5] Loi Travail (ordonnances travail) : les principales mesures

[6Ordonnance n° 2017-1386 du 22 septembre 2017 relative à la nouvelle organisation du dialogue social et économique dans l'entreprise

[6bis] le taux d’entreprises disposant d’une instance dédiée aux questions de santé, de sécurité et de conditions de travail est passé de 53,1 % en 2018  à 21 % en 2020

[7] Loi travail XXL #13 : suppression du CHSCT

[8]  La dilution du CHSCT par les nouvelles ordonnances sur le travail pourrait avoir des conséquences en chaîne sur le bien-être des salariés.

[963 % des Français qui se prononcent pour l'abrogation des lois travail initiées par François Hollande et Emmanuel Macron (Harris Interactive, juillet 2021).

[10] Programme l'Avenir en Commun : En finir avec la souffrance au travail

[11] #Nupes : En finir avec la souffrance au travail

 

Pour en savoir plus :

CFDT : BILAN DE LA RÉFORME DES CSE... ALERTE SUR L’ÉPUISEMENT ET LE DÉCOURAGEMENT DES ÉLUS

- Où sont situés les 1 300 sites Seveso en France, et quels sont les risques ?

- La sous-déclaration des accidents du travail est une pratique courante des entreprises

- Pénibilité au travail : la Cour des comptes critique la réforme sous le premier quinquennat Macron

- CGT : Les cancers professionnels, une épidémie silencieuse

- Retraites : 2,5 millions de salariés en burn out sévère, on accélère encore ? 

- Retraites : la France championne d’Europe des accidents du travail

- CGT : Le naufrage du traitement judiciaire des accidents de travail

- Travailler, et mourir avant la retraite : un quart des hommes et 13 % des femmes les plus pauvres meurent avant 62 ans

- TRIBUNE. Le député LFI Aurélien Saintoul : « Mort au travail : en finir avec le tabou et l’impunité »

- Accidents du travail : 738 tués en 2022, ces décès dont vous n’entendez jamais parler

- Accidents du travail : 738 tués en 2022, ces décès dont vous n’entendez jamais parler

 

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  • Pour une Révolution citoyenne par les urnes
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT  de 1978 à 2022.
  • Retraité SNCF, engagé politiquement depuis l'âge de 15 ans, militant du PCF de 1971 à 2008, adhérent au Parti de Gauche et à la France Insoumise depuis leur création, ex secrétaire de syndicat, d'Union locale et conseiller Prud'homme CGT de 1978 à 2022.

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